21 février 2008

DERIVE CONTINENTALE

Une amie me raconte durant quatre heures un voyage fantastique au pays de la masse morte : un endroit préfabriqué comme il y en a des milliers de milliers. Un lieu générique et mystérieux où il est question de poussettes à huit roues, de lampes fleur numérotées, de dvd en promotion à la fnac à 9.99 qu’il faut acheter par quatre pour bénéficier d’un gratuit. C'est une contrée accessible par ascenseur après délivrance de digicode. Un univers de divertissement pour initiés délimité aux murs d’un logis en traites à régler où l’individu est le piston d’un tout et la vie de couple une vitrine à achalander sans discontinuer. Un monde où le reste du monde se voit à la télé et les mots "conséquence", "responsabilité" ou "libre-arbitre" n’ont jamais l'opportunité d'être cités.
Le capitalisme a triomphé. Pour peu, s’il avait un peu de suite dans les idées, le néo-prolétaire, sédentaire consommateur avide, prierait chaque soir vers son dieu Leclerc pour qu’il lui permette d’accéder à un peu plus de pouvoir d’achat, le seul paradis sur terre possible et, comme tous paradis, jamais accessible. Mais, des idées, ces nouveaux pauvres d’esprit là n’en ont guère d’autres que celle dictées par le consensus et les disciples de Seguéla.

2 comments:

Anonyme a dit…

Après une dizaine d'articles dévorés, je vais finalement me coucher satisfaite que mes cyber-vagabondages nocturnes se soldent sur une touche d'intelligence ! Merci ...

labilbe a dit…

En effet, çà fait un moment que le lis et je le trouve bon ce petit ;)

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