21 novembre 2007

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WORKING-CLASS HERO où comment, en pleine baisse du pouvoir d'achat, j'ai encore envoyé chier mon patron.

Boulevard de Sébastopol, A gauche, voitures qui jouent à pousse-pousse dans une confiture de bordel mêlant au septième jour de grève vélos, vélibs, scooters, piétons éparses et camions de livraison. Grève qui, au-delà du symbole et du fond, est l’extériorisation maladroite d’un mécontentement social complexe mais massif, est encore à ce jour relatée à sens unique par les médias : sens du capital donc du manque à gagner.

A droite, meutes de cyclistes disciplinés, moulinant plus ou moins aisément selon l’expérience, sur engins de qualités variables. Parmi eux, encore pour peu, j’y pédale sereinement, méprisant de ma selle le conflit qui, selon les souhaits de la cellule communication du présiment, oppose salariés esclaves du secteur public et salariés esclaves du secteur privé. De constitution mentale défiante envers toute soumission, j’ai refusé à la première heure de signer quelque contrat de travail que ce soit entravant ma liberté de me tirer à ma guise à la moindre montée de pression et je travaille donc par piges, au jour le jour. Moins bon pour la retraite mais mieux pour les nerfs donc pour la durée de vie. Dommage, j’y étais presque. J’en étais à deux mois de présence au sein de la société et j’avais encaissé des épisodes plus éprouvants nerveusement que cette anicroche de fin de journée au sujet du remontage d’un trois-minutes bouche-trou sur la culture de l’olivier à Aubervilliers. Ça y est, c est fini. Majestueux, je me lève et contemple mon calme qui a tout du détachement qui a lui-même tout de la coupe pleine, lorsque je prononce ces mots simples provocants la stupeur de mes jeunes compagnons de galère* dopés à la naïveté, aux croyances et à la bonne volonté, j'ai nommé les stagiaires :

SM
Bon bah si c’est comme ça j’me casse.

Pistes de montage ouvertes, l’air frais du Boulevard embouteillé m’appelle, pas le temps de finir mon thé à la menthe, pas l’envie d’ailleurs. Un signe de main gantée à une Laurence silencieuse au sourire gêné. Elle sera le seul regret de cette expérience. James accuse le coup, arc-bouté sur son propre montage. Menaces de la directrice de production dans une tentative instinctive d’avoir le dernier mot, je lui laisse. Je n’ai absolument pas envie de me battre, plus maintenant, pas pour ça, pas à ce prix là. Bien envie de lui hurler dessus que je l’emmerde mais, tout dans ma désinvolture à son égard depuis quelques jours l’indiquait. Et puis, ce départ sans heurts ni joute verbale, exempt de la moindre justification, a tout du coup poing dans la gueule mettant chaos n’importe quel interlocuteur. Je tourne accidentellement le dos à Guenièvre que j’oublie de saluer lorsque je quitte les lieux pas triomphant, juste heureux. James presque révérencieux me tient la porte de sortie pour la première fois, partagé entre le soulagement d’être débarrassé en moins de trois minutes d’un concurrent dans la petite entreprise au sein de laquelle il compte bien gravir un à un tous les échelons et l’admiration de cet épilogue jusqu’au-boutiste de mon comportement de working-Dandy des deux derniers mois. Des scènes comme celles-ci, au regard des incohérences nerveuses de La veuve Ténardier en charge des programmes, il en a déjà quelques-unes au compteur. Dans l’audiovisuel comme ailleurs, seuls les plus aptes à fermer leur gueules survivent socialement.

Je redescends en vélo sous un ciel de merde au grésil la rue du Faubourg st martin, les salariés du privé en veulent toujours aux privilégiés du service public ainsi qu’à leurs régimes spéciaux. Le peuple jaloux d’un conducteur de train ! Le monde social infantilisé est cul par-dessus tête, les pauvres crachent sur d’autres pauvres au prétexte que les seconds sont plus avantagés sur les premiers. Rappelez-vous bande de cons que l’existence de Dieu n’a jamais été prouvée et que, jusqu’à preuve du contraire, à la fin, les derniers seront encore les derniers.

Quelque soit l’issu du conflit, ce mouvement national aura moins deux mérites : faire fermer sa gueule au présiment pendant une semaine et souligner au Stabilo Boss la totale incompétence de la petite frappe au gros cul doré de Neuilly à résoudre quelque problème que ce soit des français** qu’il est censé représenter. Ceux, minoritaires dans son entourage proche, gagnant moins de cent mille euros par mois.

Après quelques media-training avec journalistes en heures supplémentaires pour des cabinets conseils, notre présiment sort ce soir de son mutisme inédit et s’apprête enfin à baisser son caleçon

NS TV (version école des fans)
J’irai jusqu’au bout de mes engagements mais, avec ma baguette magique, je vais arroser tout le monde avant noël avec du fric que je n’ai pas.

Poursuite du conflit ou pas, nous avons, au sujet du faux problème des régimes spéciaux, assisté à une belle intoxication médiatique à la française. Un régime spécial me dérangeant, entre autres élites moralisantes, est celui de l’augmentation de 200% du salaire du présiment de la république au prétexte que les grands patrons gagnent beaucoup plus**. Jusqu’à quand, cons de français, allez-vous vous faire rouler dans la farine ultra-libérale ?


* terme, comme "pris en otage", à utiliser avec des pincettes ces jours-ci tant certains salariés, à proximité d’un encartage UMP, s’en sont accaparé l’exclusivité, se considérant avec conviction comme de réelles victimes de guerre. On n’est jamais QUE prisonnier de soi-même.

** à peu de mots près ce qu’a déclaré le porte-parole de L’Elysée, stagiaire souffre-douleur du présiment à qui il a promit la mairie de Neuilly et couille molle notoire, David Martinon.

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