Je profite de ma peur de l’extérieur pour rattraper en une matinée plusieurs journées d’écriture. Dans les soucis combinés de profiter de cette première journée de printemps, de réduire drastiquement mes dépenses, de volonté de modeler mon corps jusqu’au dernier souffle, je marche à travers la ville pour rejoindre Lou dans une courte pause amoureuse dans un square non loin de Baker Street, quartier qui, malgré le roucoulement compressé du marteau piqueur d’un chantier préolympique, ne donne pas la sensation d’être au cœur d’une mégalopole. On est, à la rigueur, dans une rue commerçante de Bordeaux un jour de faible affluence.
Lou et moi sommes ici sans être là. Les pauses sont courtes, le travail jamais bien loin. Déjà trente minutes. Je reprends ma randonnée urbaine en guise de sport quotidien. Je remonte la north circular road, éventé par les traînées de gaz d’échappement des bolides anglais. Malgré l’apparente étroitesse de la ville, les espaces de circulation sont amples et aériens. Les espaces verts succèdent aux squares et aux rives de canaux aménagées à l’écart du brouhaha. Passé l’échangeur à l’ouest d’Edgware, le long de Harrow Road, je quitte le centre touristique et glisse le long du quartier islamique qui me sépare de Kensal Green. On est à mille lieux de la discrétion gênée des quartiers équivalents en France. A Londres, les vitrines halal sont bien visibles et les enseignes calligraphiées en arabe, fières. Quelques imams se détendent bien en vue, narguilés à la barbe. Les regards des piétons sont bienveillants. Il y a bien quelques crack-heads et autres imitations à capuches de gang members californiens pour apeurer le bon blanc que je ne manque pas d’incarner au cœur de cette zone à nette dominante musulmane. Je poursuis mon chemin me sentant, sans pouvoir l’expliquer, plus en sécurité, sûrement moins épié, que dans mon ancien quartier français.
Lou et moi sommes ici sans être là. Les pauses sont courtes, le travail jamais bien loin. Déjà trente minutes. Je reprends ma randonnée urbaine en guise de sport quotidien. Je remonte la north circular road, éventé par les traînées de gaz d’échappement des bolides anglais. Malgré l’apparente étroitesse de la ville, les espaces de circulation sont amples et aériens. Les espaces verts succèdent aux squares et aux rives de canaux aménagées à l’écart du brouhaha. Passé l’échangeur à l’ouest d’Edgware, le long de Harrow Road, je quitte le centre touristique et glisse le long du quartier islamique qui me sépare de Kensal Green. On est à mille lieux de la discrétion gênée des quartiers équivalents en France. A Londres, les vitrines halal sont bien visibles et les enseignes calligraphiées en arabe, fières. Quelques imams se détendent bien en vue, narguilés à la barbe. Les regards des piétons sont bienveillants. Il y a bien quelques crack-heads et autres imitations à capuches de gang members californiens pour apeurer le bon blanc que je ne manque pas d’incarner au cœur de cette zone à nette dominante musulmane. Je poursuis mon chemin me sentant, sans pouvoir l’expliquer, plus en sécurité, sûrement moins épié, que dans mon ancien quartier français.
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