29 mai 2024

Comment la gauche s'enterre ?

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À la demande d’un lecteur qui m’interrogeait sur la curieuse disparition en ligne des interviews de Jean-Luc Mélenchon effectuées avec des camarades blogueurs il y a 14 ans, je me replongeais récemment dans leur contenu et mesurais le canyon de désolation qui sépare le Mélenchon de 2010 de celui de 2024. 

Reposons le contexte : En 2010, Mélenchon vient de quitter le PS et a créé le Parti De Gauche. Toute la classe politique le prend pour un rigolo. Mélenchon incarne alors un modèle de renouveau la gauche sociale, plus musclée et plus « littéraire », face à un socialisme totalement dévoyé. En un mot, Mélenchon c’était l’espoir d’un retour à une gauche plus « pure ». Oui, je sais, lancé comme ça 14 ans après ça peut paraitre un peu foufou. 

À la réécoute, la prose Mélenchonienne d'alors me parait pesante et je m’étonne de cette fascination qu’il exerçait sur nous mais il faut lui reconnaître de bonnes analyses et un art assuré de la punchline. En outre, il s'exprimait bien mieux que la concurrence d’alors y compris, et surtout, à gauche. 

Sur les 4 heures d’interview, nous n’avions diffusé en 2010 que la partie consacrée à son rapport conflictuel avec les médias. Je n’ai pas encore revisionné l’intégralité des rushes réalisés peu avant la campagne électorale des régionales de 2010 mais je peux garantir une chose : jamais les mots Islam, musulman ou Palestine n’ont été prononcés et il n’a pas été question de religion ni de communautarisme. Tout ce qui est devenu son fond de commerce politique en 2024 n’était même pas dans son champ des possibles idéologique en 2010. Moi ou un des blogueurs présents aurions tenu le quart de la moitié du discours que tiennent lui, ses députés et ses candidats LFI en 2024, que le Mélenchon de 2010 aurait mis fin à l’interview en déclarant que l’on ne discute pas avec les obscurantisme et les fachos. 

Mélenchon parlait alors des gens. Etait-il déjà dans le cynisme et le calcul électoral d’une union des anti sarkozystes ? Oui probablement mais au moins contribuait-il, sans discriminer, à faire avancer la question sociale et la contradiction économique dans un débat politique verrouillé par les éléments de langage des soldats UMP qui, eux, soufflaient alors sur les braises du communautarisme.  

Aujourd’hui, fort de la percée de LFI à l'Assemblée en 2022, Jean-Luc Mélenchon est le gourou prédicateur d'un camp de petits-bourgeois putchistes à la dérive. La Palestine est devenu le sujet unique de la campagne LFI pour les européennes. J’imaginais que LFI s’intéressait à la défense des travailleurs français et de leurs intérêts, mais il semble plus important d’aller grossièrement tapiner quelques voix, qu’ils n’auront pas d’ailleurs, en brandissant du drapeau Palestinien à l’assemblée ou de branler de l’antisémitisme dans les universités de fils-à-papa. 

Ce qui est valable pour LFI vaut pour EELV, l’autre grand perdant des sondages. Déjà bien mal en point avec son discours castrateur sur l’écologie dont chacun comprend peu à peu les effets indésirables à l'heure de l'inflation, EELV s’enfonce encore un peu en focalisant sa communication hors-sol sur des sujets anecdotiques. J’entendais encore hier une sénatrice EELV défendre les bloqueurs de puberté pour les mineurs qui veulent changer de sexe (vous savez ces enfants qui ont besoin d’une autorisation parentale pour se faire tatouer, mais à qui le lobby pharmaceutique applaudit des deux mains pour leur faire subir des protocoles coûteux et irréversibles pour changer de sexe parce que, bon, les choupinets ne sentent "pas biens comme ça"). Non la question des « trans » n’est pas un sujet. On ne fait pas de 0,00000001% de la population un axe de campagne politique sérieux. La défense de minorités, c’est le boulot des associations, pas des partis politiques visant les plus hautes responsabilités. On parle de la déconnexion du gouvernement avec les Français, c’est faire peu de cas de la stratosphère urbano boboïque sur laquelle orbitent les élu.e.s EELV. Les soucis et journées d'ielles ne correspondent en rien au réel de la majorité des Français. J’imaginais que EELV avait comme priorité l’environnement, le combat contre les industriels, le mal-logement, et non la définition de ce qui doit être ou ne pas être dans votre slip de vos enfants. De même, j’aurais aimé les entendre défendre le « mon corps, mon choix » au moment où le pouvoir entreprenait un coup de pression national pour vacciner en vain et à l’aveugle toute la population. Non là bizarrement c’était silence radio. 

Depuis quelques mois une idéologie mortifère émane et domine à gauche. Dans la parfaite continuité des thématiques mises en avant par la macronie, on y parle plus que des menaces sur l'avortement (comme s'il était en péril), "droit à l’enfant" et utérus à louer, changement de sexe (euphémisme pour mutilation), marchandisation des corps comme conquête individuelle et euthanasie comme unique avancée sociale. Comment la gauche s’enterre n’est pas une question mais un constat qui me désole. Depuis sa percée à l’Assemblée nationale (occasion en or transformée en fiasco en moins de temps qu’il faut pour le dire), LFI est un repoussoir transpartisan. Ils auront réussi cette union-là. 

Chez EELV, les cas sont à la fois plus simples et plus graves. La naïveté stratosphérique est confondante chez certaines des têtes médiatisées. Beaucoup croient sincèrement à leurs conneries. Le wokisme ambiant leur a juste permis de passer en vitesse démultipliée, sans plus aucun filtre de raison ou de décence. J’entends par wokisme : gommer tout discours de lutte sociale ou économique pour piédestaliser la défense de communautés et plus largement de « la victime » d’une oppression (généralement blanche, catholique - même de très loin - et masculine de plus de 50 ans). 

C’est bien là l’écueil des élites d’extrême-gauche qui pensent se refaire une santé sur le créneau de la défense hypocrite des minorités, des opprimés fantasmés et des causes délocalisées les plus hors sujet possibles. La médiatisation de leurs outrances permet une exposition médiatique, mais ce faisant ils clivent l’opinion. Mais comme c’est aussi leur seule façon d’exister dans cet éco-système du spectacle fonctionnant sur le buzz et le clash, ils resserrent le discours sur ces seules thématiques. La conséquence est de mettre en avant et de griser leurs militants les plus timbrés, tout en se vidant progressivement de leurs sympathisants et de leurs électeurs plus rationnels, les plus nombreux. 

Ainsi, dans un de ces paradoxes qu'aurait pu souligner le Mélenchon de 2010, le succès médiatique de LFI lui assure son échec électoral (l'esprit taquin notera que c'était le rôle qu'occupait le FN dans cet éco-système jusque-là). 

Ça demandera confirmation sur cette élection, et surtout les suivantes, mais si l’on fait une synthèse de tous les sondages à quelques semaines des votes, celui de gauche se tasse dans ce pays et celui de droite se renforce. Selon sa propre grille d’analyse de l'extrême-gauche, le combat qu'elle mène contre l’extreme-droite depuis des décennies est un échec. Pensez-vous qu’il y aura une remise en question, une fois le Rassemblement National au pouvoir ? Non. La réalité ne leur convenant pas, ils la tordront encore un peu plus. Et dans ce grand récit picaresque des bons (nous) contre des méchants (tous les autres), ceux qui ne sont pas de son avis seront encore et toujours des connards d'intolérants à détruire. 

Le jour où les auto proclamés progressistes arrêteront de prendre de haut leurs contemporains en leur  assénant à coup de moral et de menaces ce qu’il est autorisé de penser ou non, la gauche comme alternative politique aura fait un grand bon en avant dans la crédibilité et l’on songera peut-être à considérer Mélenchon et ses disciples dans la course aux élections avec autre chose que la plus grande des méfiances.





24 mai 2024

Le rêve européen ou la dégringolade française

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Les chaînes d'info-feuilleton mettent le paquet, le service public télévisé titre chaque débat de la campagne L'évènement et, vous l'aurez perçu, il y a comme une fébrilité gouvernementale à l'approche de la raclée promise pour les tocards de Renaissance. Le 9 juin, le peuple est convoqué à voter « pour l’Europe »  à travers l’élection de ses représentants nationaux au parlement européen. Vous avez bien compris bande d'abrutis : c’est la démocratie et il convient d’être pour l'Europe sinon c’est le fascisme. Décréter ce qu’est le fascisme suffit t-il à définir par défaut ce que serait la démocratie, c’est à dire tout le reste? Mm...

Dès que l’on se penche un peu sur le cas de l’Union Européenne avouons qu'on n’est plus totalement dans le domaine démocratique. 

1/ C'est quoi l’Union européenne ? 

En préalable à tout débat sur l’importance de la prochaine élection, rappelons que l’UE telle qu’elle est aujourd'hui c’est d’abord un truc CONTRE lequel les Français ont voté par REFERENDUM en 2005, mais qui leur a été imposé deux ans après par de grands démocrates.

L'UE c’est un truc autoritariste, réunissant dans une spirale sans fin des pays (dont on ne sait plus trop le nombre et qu'on ne connait pas) qui n’ont rien en commun, culturellement, socialement ou historiquement. Le tout est dirigé par des gens non élus. Le parlement, lui, est là pour la décoration, les virgules dans les paragraphes dictés par le lobby du moment, et les rentes conséquentes des députés qui y pantouflent. 

Alors que nous avons la même monnaie depuis 20 ans, et que chaque pays a perdu sa souveraineté dans presque tous les domaines, les pays de l'UE n’ont jamais eu de fiscalité commune. La conséquence de cette stupidité (à croire que c'était conçu pour) est de favoriser un dumping salarial interne à l’union. Comme si notre notre répugnance nationale au protectionnisme ne suffisait pas, La France s’est tirée une balle dans le pied supplémentaire en se mettant en compétition avec des pays « alliés » dont la principale qualité est d'être autant de paradis fiscaux ou de proximité pour travail à bas coût. 

On a beau connaître le contexte historique et comprendre les traumatismes qui ont favorisé cette union, je me demande encore ce que La France (qui construisait tout il y a encore 60 ans : voiture, textile, machines, une France qui était autonome et en pointe sur l'énergie électrique, pouvait nourrir son pays seul, possédait l’arme nucléaire) est allée foutre dans cette galère où elle ne pouvait que perdre des plumes. Au nom d’un rêve d’Etats-Unis d’Europe, la France a tout abandonné. Nous voulions devenir les Etats-Unis alors que nous étions les Etats-Unis. 

En attendant, ces quinze dernières années La France s’appauvrit à vue d’oeil. En comparaison, depuis 2009, le PIB par américain a progressé de +80% par rapport au nôtre. 

Regardez autour de vous alors que vous lisez ces lignes : plus rien ou presque de ce que vous voyez à ce moment précis n’est construit en France. Je tape ce texte avec un ordinateur américain fabriqué en Chine, via un logiciel que je loue à une entreprise qui optimise sa fiscalité hors de l’UE pour y payer le moins d’impôt possible. Et après avoir inventé toutes les technologies pour se les faire chaparder, tandis que nous étions tout occupé à « construire l’Europe » ces 40 ans dernières années, La France a raté le train des nouvelles technologies. Toutes les entreprises qui contrôlent nos données et dictent notre environnement numérique sont étrangères et n’existaient pas la plupart il y a 30 ans. Consolons-nous en nous disant que cette fois nous n’avons même pas eu à perdre notre "souveraineté numérique", nous ne l’avons jamais eue. 

...Ah oui mais maintenant on a le nutriscore et des bouchons en plastique collés à la bouteille. Ça valait bien quelques sacrifices non ?

2 / Alors pourquoi voter ? 

Je suis étonné qu’il y ait encore un électeur sur deux (prévu) pour cotiser à ce simulacre quinquennal de démocratie visant à légitimer symboliquement le cartel de non élus à sa tête et dont le seul but visible est de démanteler, un à un, les services publiques de chaque pays et d’arracher à ces derniers toute trace de spécificité culturelle. 

Adolescent des années 80, on m’a servi de l’Europe à toutes les sauces. Ça allait être merveilleux, on allait pouvoir voyager sans passeport, les pays disparaitraient, il n’y aurait plus d’inflation et pas de guerre. 40 ans après, il n’y a que les marchandises et les clandestins qui voyagent vraiment librement dans l’union. L’inflation y explose. On n’y parle que de guerre et les nationalismes ne se sont jamais aussi bien portés. Les pays ont perdu le contrôle de leurs frontières, de leur création monétaire et l’UE est l'alibi de nos gouvernements locaux pour justifier leur impuissance crasse : « c’est pas nous, c’est l’Europe ». Purée oui, un vrai succès. 

Je n’avais pas quinze ans que j’avais l’intuition que ce machin que l’on me vendait de force à l’école du progrès fleurait bon l’arnaque de VRP en canapés contrefaits. J’ai voté contre Maastricht dès que j’ai en ai eu le droit (opinion impopulaire à l’époque dans ma classe d’âge) et non au référendum en 2005 (là nous étions passés à 55% à la grande surprise de la clique aristomédiatique, globalement la même qu’aujourd’hui). 

Désormais tout vote pour un candidat qui se déclare pro-européen serait du masochisme. Bien sûr, se déclarer pro européen est la cotisation obligatoire pour entrer dans le club fermé de la représentation médiatique. Sinon bien évidemment je le rappelle : tu es fasciste. 

 3 / La fin de l’Europe 

Aujourd’hui la question est entendue : le futur est dans le local, le plus loin possible de cette union contre nature. Et si l’on posait la question par référendum d’une sortie de l’Europe aux habitants des pays de l’union en carton, le « Non » l’emporterait massivement. Plus aucun gouvernant ne s’avance d'ailleurs à poser la question depuis le Brexit. Malgré ce qui nous est répété du matin au soir, aucun européen ne veut vraiment au fond de lui de l’Europe telle qu’elle est aujourd’hui, sauf peut-être les Ukrainiens (alors qu’ils sont russes va comprendre).

J’ai désormais la conviction que la plupart des gens de ma génération, après avoir vu sa création, assisteront à l’effondrement de ce bazar conçu sans les peuples et contre les pays. Comme quoi j’aurais connu le cycle complet tel un un prototype lambda de la génération « GUE », les gogos européens a qui on aurait fait miroiter de l’utopie et de l’ouverture pour leur faire gober un quotidien de privations et de stagnation salariale, de restrictions des libertés et une dégradation de la qualité de vie, de la culture et de l’alimentation.

Notez qu’il est déjà assez savoureux, et parfaitement logique, de voir le parlement européen (cette chambre de validation législative des désirs des plus grosses compagnies mondiales) basculer pays après pays, scrutin après scrutin, aux mains de ceux qui, historiquement, n’en ont jamais voulu.


21 mai 2024

Le QR Code des JO à Paris : l'happy-hour sécuritaire

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"Ce laissez-passer sera délivré sous la forme d’un QR code à présenter lors de contrôles pour accéder à la « zone grise », périmètre autour de la Seine. En sont exemptées les personnes disposant d’un billet ou d’une accréditation". Le Monde, 13 mai 2024 

Je m’étonne de l'étonnement teinté d'effroi de la part d’amis de gauche (si si, il en reste) qui n’ont rien trouvé à dire au Pass sanitaire puis vaccinal : « Non, c’est vrai qu’il y aura besoin d’un QR code pour rentrer chez soi pendant les Jeux Olympiques de Paris ? » 

Malheureusement oui, ça va QR coder cet été pour ceusses coincés à Paris. Il est probale que l'on puisse toujours partout ailleurs sur le territoire attaquer à l’arme lourde des commerces ou libérer des délinquants en mode narco commando Navy Seals à un péage (mais va pas t’amuser à fair un excès de vitesse de 5km/h sinon 135 balles... payables pas CB oui).

Mais, ce dispositif à scanner n'est qu'un hors d'oeuvre. 

Le QR code est facile à mettre en échec. Son but n’est pas d'être efficace mais de tapisser les esprits 

Le bordel à QR nécessite une logistique humaine : faut remplir un dossier en ligne, télverser des justificatifs et surtout embaucher des humains, donc potentiellement non fiables et corruptibles, et à qui il faut en plus verser un salaire, pour flasher les codes. Bref, le QR Code c’est encore le moyen âge sécuritaire et c’est très facile à mettre en échec. Vu qu’il fonctionne exclusivement sur la soumission, il suffit de ne pas s’y soumettre, en ne s’enregistrant pas dans la base de données. Rien n'est plus fort que les maths. 10000 personnes se pointent à 10h sans code à la sortie du métro contrôlée par un « bénévole JO » et à 10h01 l’affaire est réglée. 

Le QR code est une frontière d’abord fantasmée. Les génies en charge de ce machin n’ont pas vu la série des Die Hard ou The Inside Man, le basique de toute bonne formation au terrorisme et au grand banditisme. Rien n’empêchera une équipe surarmée de s’installer au préalable dans un logement de la zone pseudo sécurisée avec suffisamment de fusils mitrailleurs et de boites de cassoulet pour tenir trois semaines de siège. De plus, ce n’est pas ce genre de pataqués adminstrativo-numérique qui stoppera dans leur détermination des terroristes ayant souvent intégré le suicide dans leur stratégie. 

La lutte contre le terrorisme est un slogan. Le QR code est un des éléments d’acharnement systématique des autorités pour vous éloigner vous et moi du théâtre des estivales bacchanales pognonesques à prétexte sportif entre sponsors. Les gens sont le véritable ennemi de ces jeux olympiques dont on veut nous faire gober au forceps qu’ils sont PO-PU-LAI-RES. On notera d’ailleurs qu’une invitation d’un sponsor suffit à entrer dans le périmètre. Paye ton barrage. 

Le QR code, l’apéritif des restrictions de liberté 

Le QR code est une étape technique, avant d’entrer dans le dur du dossier. Pas loin de basculer dans l’obsolescence avant le Covid, le code à mosaïque est abondamment utilisé depuis dans les médias et la publicité. Il fait partie de notre paysage mental, un inoffensif cheval de Troie entre l’accès au divertissement (places de ciné ou de concert) et la liberté de mouvement (ce qu’était le pass vaccinal). La discrimination s’opère par les utilisateurs eux-mêmes, sans parfois même l’intervention d’un tiers, n’est-ce pas fabuleux ? Mais répétons-le, cette méthode connait des limites techniques et humaines. 

Le vrai QR ce sera votre visage : la reconnaissance faciale couplée à l’interconnection de toutes vos données et traces numériques, liées en une identité désactivable en un clic par les autorités ou une compagnie privée (c'est bientôt pareil). Attendez quelques années et/ou l’opportunité d’une crise pour le déploiement, vous avez déjà fait le plus gros du boulot. Vos visages, vos voix, vos empreintes sont déjà stockés dans banques de données (par ailleurs hébergées à l'étranger). Les paramètres de votre identité ne vous appartiennent déjà plus. 

Le QR Code des JO c’est de la rigolade, à prendre au sérieux. Sa fonction est plus idéologique que pratique. Il est là pour nous conditionner au déploiement progressif de dispositifs sécuritaires bien plus poussés que l’Etat concocte (ou plutôt fait concocter). Contre le terrorisme ? Oui pourquoi pas si ça peut aider. Le but premier des futurs dispositifs sera d'empêcher sur le terrain les explosions de colère sociale et de prévenir la violence interne des citoyens, suite aux désastreuses politiques sociales et économiques de leurs gouvernants. 

Commencer par les riches, pour contrôler les pauvres. 

Couteux, pas pratique, nul à endiguer le risque sécuritaire qu’il est censé combattre…. Alors pourquoi mettre en place ce QR code dans le quartier le plus aisé de France, au risque de se mettre à dos le riche autochtone gêné dans son quotdien ? 

Est-ce du déploiement marketing, une politique d’offre, segment par segment ? Le QR code est un de ces dispositifs qui créent des privilégiés et des exclus et protègent les premiers des derniers. Et ça tombe bien, autant être exclus on n’aime pas, autant être traités en VIP, on adore ça ! 

Si la seule vertu du QR code olympique est de maintenir les Français aka les gens aka les pauvres aka la racaille hors des zones à revenus privilégiés et à fort pouvoir d’achat (le boulevard St-Germain st ses alentours d’où proviennent et où vivent les deux tiers de la classe politique et médiatique), ce sera là une option vite indispensable au confort de vie germanopratin. Quelle merveilleuse idée que ce blindage supplémentaire préservant par code l'élite de la crasseuse réalité de la plèbe ! Il est vrai que leurs mondes deviennent difficilement conciliables, sans risque de basculer dans la violence des uns sur les autres. 

Il n’y aura alors à l’instar de l’écran plat, du smartphone ou de la voiture électrique qu’à reproduire le principe en le déclinant de zone en zone et de classe en classe, la peur de l’autre plus pauvre que soi étant une des caractéristiques les plus équitablement réparties entre chaque classe sociale. La ville serait préservée de la zone pavillonnaire, la zone pavillonnaire de la cité d’à côté et la cité des hordes non identifiées. Le QR code montrant à termes son inefficacité à garantir cette étanchéité, les esprits seront alors prêts à adopter la radicalité technique, voire demandeurs d’un dispositif infaillible. 

Il en va du bridage des libertés de déplacement comme de l’esprit olympique : l’important c’est de participer. C’est pour cela que si d’aventure vous êtes coincés dans cette ville de merde cet été, nous vous invitons à ne pas remplir de dossier pour obtention d’un QR Code ou à boycotter tout séjour et / ou commerce dans la zone. Pour ceux qui habitent dans la zone : n’y habitez plus (vous avez les moyens).  

J'ai conscience que tout cela n'est guère enthousiasmant. C'est pour cela que je tiens à conclure sur une note positive et à rassurer les lecteurs : A travers vos impôts et les taxes versées, vous participerez toutes et tous à ces belles olympiades !



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