25 septembre 2015

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C'est pas moi c'est Macron !


J'essaye de relativiser et parfois même je m'agace de la posture facile d'un Michel Onfray surfant sur le mécontentement général pour se réfugier dans un abstentionnisme dandy (phase 1 d'une campagne marketing vers sa candidature à la présidentielle), mais s'il y en a un qui cristallise mon mécontentement envers ce gouvernement c'est bien Emmanuel Macron, le ministre de l’Économie, de l'Industrie et du Numérique. Il a même réussi à éclipser Valls de ma hit list. A tel point que je me demande si celui qui n'est pas socialiste et encore moins citoyen lambda, qui vit clairement dans une bulle, où ne flotte que des "entrepreneurs" et "investisseurs", sans même avoir la légitimité d'un scrutin à son actif (ce qui, quel que soit le bord politique, demande un minimum de contact avec les gens) n'est pas là précisément pour ça.

Macron est à Hollande ce que Frédéric Lefebvre était à Sarkozy : un lanceur de trucs à ne pas dire (ou à ne pas avouer quand on est président) histoire de faire le buzz et de sonder le niveau de résignation de l'opinion. Soit il est "recadré", soit "il a le mérite de dire les choses" soit les deux, en attendant il occupe le temps d'antenne.

Vous vous souvenez de Frédéric Lefebvre ? Non. Normal. Et pourtant, il était un pilier du dispositif média de Sarkozy président. Pendant une bonne moitié du quinquennat, entre deux lectures de Zadig et Voltaire et avant de virer mystique, son rôle a été d'occuper les ondes chaque matin et de faire le débat pour le reste de la journée, voire de la semaine, zapping inclus,  voulant un jour faire travailler les malades et le lendemain redéfinissant l'internet à la sauce Neuilly... 

Macron est au moins utile à ça. Ne pas se fier à son look de gendre idéal, c'est l'interface RMC-GrandesGueules-GrossesTêtes du gouvernement. Mieux vaut taper sur les 35 heures plutôt de lutter  contre les abus des entreprises préférant jongler avec les "auto entrepreneurs" et les stagiaires  plutôt que d'embaucher pour de vrais postes normalement payés. Mieux vaut cracher sur les fonctionnaires que de reconnaitre avoir dilapidé des milliards en CICE pour les mêmes entreprises sans que cela se traduise par la moindre embauche (spécialement lors d'une énième publication désastreuse des chiffres du chômage). Rappelons d'ailleurs que selon Macron, s'il y a du chômage c'est la faute au salariat. Après on peut toujours dire, ou faire dire par son premier Ministre, sur le ton de la plaisanterie qu'on n'a pas dit ça et que les phrases sont sorties du contexte, à ce niveau de répétitions il ne s'agit pas d'accidents mais bien d'une mécanique. En comparaison, Frédéric Lefebvre était un petit joueur.

Macron révèle tout haut ce que construit progressivement ce gouvernement dans le prolongement économique du précédent : une société où chacun devra être le sous-traitant de l'autre et le donneur d'ordre d'un troisième. Une société où le commerce fait enfin loi au-dessus de tout. Une société  débarrassée du collectif (hors commémorations, tensions sécuritaires ou incantations pour un monde meilleur) visant l'individualisation de chacun ou plutôt son isolement définitif. Une société où les gouvernements enfin débarrassés du cambouis pourront enfin se consacrer pleinement à faire ce qu'ils font de mieux : des phrases en 140 caractères.

5 comments:

Julien Laroche a dit…

Je me suis toujours dit que Jean-Michel Truong avait vu juste dans son excellent roman "Le successeur de Pierre" dans lequel il décrit une bourse aux missions. Un salariat totalement disparu, seul subsiste des indépendants qui se déchire pour le moindre contrat en offrant leur service pour toujours moins cher et avec des délais toujours plus courts.
Nous nous acheminons en douceur vers un monde à cette image...

Anonyme a dit…

"... n'existe qu'avec votre soutien et vos commentaires".
Cela fait des années que je te lis (je me demande si cela ne fait pas 10 ans), et j'ai du écrire 4 commentaires à tous casser.

Alors, comme ça, un samedi matin, je te dis : j'adore te lire, j'aimais tes vidéos et je vais me sortir les doigts et aller acheter un de tes bouquin.

DrT.

Elie Arié a dit…



1-Il me semble évident que Macron ne fait pas des dérapages incontrôlés : il assume aujourd'hui le rôle de "lanceur de pavés dans la mare", autrefois tenu par Manuel Valls, mais que celui-ci a dû abandonner depuis qu'il est Premier ministre, et obligé de tenir un discours qui tienne compte des différents courants du PS, y inclus des "frondeurs";

2-Il suffit de voir d'ailleurs la façon très relative dont François Hollande l'a "recadré" : il a déclaré qu'il était très attaché au statut de la fonction publique; Macron a confirmé qu'il n'existait actuellement aucun projet gouvernemental pour le modifier, sans rien retirer de ses propos : ce qui signifie qu'il faudra bien se pencher sur la question un jour ;

3- Nul doute que c'est ce que fera le gouvernement en place après les élections de 2017, quel qu'en soit le vainqueur ( ex-UMP, PS, ou même FN.);

4- Cela ne se fera évidemment pas en une seule fois, il n'y aura pas de "Grand Soir" du statut de la Fonction Publique", mais cela se passera comme à La Poste, dont tous les salariés étaient des fonctionnaires il y a quelques années; ceux qui ont été embauchés comme fonctionnaires conservent leur statut, mais les nouveaux embauchés le sont en CDI ou en CDD, et remplaceront progressivement tous les anciens à mesure qu'ils partiront à la retraite.

Elie Arié a dit…

1-Il me semble évident que Macron ne fait pas des dérapages incontrôlés : il assume aujourd'hui le rôle de "lanceur de pavés dans la mare", autrefois tenu par Manuel Valls, mais que celui-ci a dû abandonner depuis qu'il est Premier ministre, et obligé de tenir un discours qui tienne compte des différents courants du PS, y inclus des "frondeurs";

2-Il suffit de voir d'ailleurs la façon très relative dont François Hollande l'a "recadré" : il a déclaré qu'il était très attaché au statut de la fonction publique; Macron a confirmé qu'il n'existait actuellement aucun projet gouvernemental pour le modifier, sans rien retirer de ses propos : ce qui signifie qu'il faudra bien se pencher sur la question un jour ;

3- Nul doute que c'est ce que fera le gouvernement en place après les élections de 2017, quel qu'en soit le vainqueur ( ex-UMP, PS, ou même FN.);

4- Cela ne se fera évidemment pas en une seule fois, il n'y aura pas de "Grand Soir" du statut de la Fonction Publique", mais cela se passera comme à La Poste, dont tous les salariés étaient des fonctionnaires il y a quelques années; ceux qui ont été embauchés comme fonctionnaires conservent leur statut, mais les nouveaux embauchés le sont en CDI ou en CDD, et remplaceront progressivement tous les anciens à mesure qu'ils partiront à la retraite.

Ursulou a dit…

Macron/Vals:la perte de controle de la gauche:à vouloir faire de la politique de droite,à vouloir nous faire croire que la rose nest plus rose , les francais nont plus de repere politique ! L'abstention devrait deje etre un signe depuis des annees:mais nos cadors politiques s'en moquent:le principal est detre elu,le bien des electeurs passe apres!!

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