Après le récit du drame, d'une voix douce, la journaliste enchaîne sur le réquisitoire du soir :
"- Ces adolescents auraient commencé à s'insulter avec des mots et cela nous conduit, bien sûr, à poser cette question : comment protéger ces adolescents dont plus des deux tiers savent lire, écrire et parler ? Vous allez voir, il y a des moyens de limiter les risques... Un reportage de Jean-Edgar Cnil et Edwige Loppsi."
Dans la salle à manger, Clarence et sa mère feuillettent le cahier de textes Twilight de la collégienne. Il déborde d'annotations, de photos, de dessins et aussi, un peu, de devoirs scolaires..
COMMENTAIRE JOURNALISTE
" - C'est l'une des activités préférées de cette collégienne : consulter son cahier de textes pour voir ce que ses camarades y inscrivent. Clarence y met des photos et des commentaires sur son humeur du moment : un journal intime que sa mère regarde régulièrement, ses amis peuvent le lire et commenter, ce qu'elle fait aussi avec ses copines en classe."
CLEMENCE (un peu intimidé par l'axe, pourtant nuancé, du journaliste)
" - Je lis les commentaires, ce qui me permet de me rappeler des anciens amis, des amis qu'on ne voit plus parce qu'on s'est fâché avec."
REPRISE DU COMMENTAIRE JOURNALISTE
" - Sur les cahiers de textes des collégiens, Rhodia ou Super Conquérant, vous pouvez donner de nombreuses informations personnelles : adresse, date de naissance, goûts musicaux, opinion politique, et même emploi du temps. Des données qui peuvent être répétées, avec des mots, à des amis qui, eux, vous sont étrangers. Tout dépend de la manière dont vous avez organisé votre profil. Ce paramétrage n'est pas forcément la priorité des adolescents au collège mais s'ils ne le font pas, la rumeur peut prendre par défaut les modes de propagations les plus basiques. Aux parents d'être vigilants et d'accompagner leurs enfants quand ils s'inscrivent dans cette plateforme communautaire qu'est la vie en société."
Plans de coupes d'adolescents qui parlent entre eux tandis que d'autres se glissent des mots à l'oreille. Clarence glisse un secret à Théo qui va le répéter à Sacha qui le confesse à Jéremy et tu vas voir que ce salopiaud va le répéter.
Interview d'une experte. C'est une experte car le plan est fixe. A l'inverse des ados, son image n'est pas floutée. Elle fait face à une feuille et des stylos et garde une totale maîtrise d'elle puisqu'elle n'écrit rien :
MELANIE MINITELLE de l'association "Osons la fermer" (s'exprime en langue des signes) :
" - L'utilisation des mots effectivement c'est un problème. Il suffit de limiter les temps de lecture et d'expression à la maison, dans une pièce commune où chacun passe à tour de rôle avec des temps dédiés pour les parents, pour les ados, pour les enfants."
REPRISE DU COMMENTAIRE
" - Mais avec les mots, comme dans les dialogues ou les déclarations d'amour, d'amitié et de rupture, certains ados peuvent déraper. Pour les parents qui veulent rester vigilants, il existe des outils afin de contrôler les phrases, les amis et même les propos auxquels leurs ados peuvent être confrontés."
Interview d'un autre expert. Plan fixe dans une pièce avec des gommes, du chatterton et des sécateurs accrochés au mur :
CHRISTOPHE VAN DE LAPEURE
" - Vous pouvez décider que votre enfant ne pourra plus discuter dans la cour de récré avec une liste d'amis que vous aurez établie vous même. S'il y a une insulte, ça va être considéré comme violent, et hop, l'ado va se taire automatiquement. C'est scientifiquement prouvé. Et hop, merci pour la pub."
REPRISE DU COMMENTAIRE
" - Selon une étude menée par cette société, moins d'un parent sur deux en Europe a installé un tel outil de contrôle parental. Pff... Les adultes sont souvent dépassés face aux technologies ancestrales de communication... Ce qui est loin d'être le cas des jeunes collégiens."
Inquiétant plan final d'une adolescente, stylo à la main, plongée dans un cahier Clairfontaine.
* * *
Voilà comment, à quelques mots, dans une dimension parallèle de l'humanité préservée de l'invention d'internet, le journal télévisé de 20h du 22 juin 2011 sur le service public, aurait probablement expliqué la mort d'une collégienne de 14 ans tabassée par un garçon de 15.
Le pearltree "Internet, c'est le mal". (Sponsorisé par Jacques Séguéla et l'association des chaînes de télévision françaises).
Le pearltree "Internet, c'est le mal". (Sponsorisé par Jacques Séguéla et l'association des chaînes de télévision françaises).
10 comments:
Au moins, maintenant que tout ça c'est la faute de Facebook, on innocente les jeux vidéos violents et le hard rock
"Non, tou sa cé la fôte des profs gochiszte qui pou risent la têteu dez jeun aveq lheur maidiocritai est ki fon pa leurre boullot en étang tou le tan en grève donk ki s'okupe plu dé jeûns ki deuv yen chaumeur par l'heur fôts.
eureusemen, ke l'UMP é las pour i maîttre 2 l'orde... com dize mais vieu.
Vie vement 2012 kon vaute pacque aprè, c la fain du mond..."
@Anonyme vu que tu utilises pas toutes les touches de ton clavier, tu dois surement pas utiliser toutes tes capacités intellectuelles...
@ Anonyme n° 2 : Je trouve ton commentaire destiné à l'anonyme n 1 peu taquin, mais très juste.
Anonyme n° 3 lol
Pas d'accord avec toi sur ce coup là. Facebook est une véritable arène dans laquelle les gosses se jettent en pâture chaque soir. Bien placé pour avoir une ado qui en use beaucoup. Et dans son collège, les bagarres dues à Fb se sont terminées 2 fois à l'hôpital avec des côte cassées et épaules luxées. Je ne dis pas que c'est FB le problème, mais c'est le vecteur. Vecteur et amplificateur des pulsions incontrôlées de nos chers ado. Tu imagines, si, il y a 20 ans, si on avait pu passer des messages nominatifs et "insultants" à l'antenne de Fun radio ?
é las...
@Anonyme-numéro-je-compte-plus : "Tu imagines, si, il y a 20 ans, si on avait pu passer des messages nominatifs et "insultants" à l'antenne de Fun radio ?"
Je pense que ces messages auraient surtout été à l'attention de Fun Radio elle-même.
Pour revenir au sujet, il n'est pas si saugrenu que ça, nos gosses ne savent déjà plus écrire. Etape suivante : qu'ils ne sachent plus déchiffrer les touches sur un clavier (mais d'ici-là, on pourra poster sur FB en vocal).
De Anonyme 1 à anonyme 2 :
Je tiens à te rassurer, je jouis bien de toutes mes facultés intellectuelles. J'ai voulu faire un peu de dérision sur un sujet hyper grave, mais j'avais oublié que j'étais sur un site "hyper sérieux" (genre Figaro/Le Monde) ou les commentateurs se doivent toujours de garder une rectitude morale (et intellectuelle) totale ainsi qu'un balai coincé dans le fondement...
Donc le "pôv type" que je suis s'incline bien bas et demande pardon à tous les commentateurs professionnels qui auraient pu se sentir blessés par ma très médiocre contribution, avant d'aller me flageller avec des orties fraîchement coupées...
Cordialement,
@+, Kevingrosseteub77 (kikoolol, XD, MDR)
En tout cas moi j'ai bien ri en lisant cet article. J'aimerai qd meme rappeler que ce genre de violence, yen avait deja avant, bon peut etre pas jusqu'a la mort mais qd meme. Moi j'etait dans un college ou les filles surtt etaient hyper violentes, et mes annees colleges ne remontent qu'a une douzaine d'annee et yavait pas encore tous ces trucs genre fb. Donc comment se fait il qu'a chaque generaton , il y ai les memes violences mais qu'a chaque fois on leur trouve des justifications differentes ?
ps: bientot le pb sera reglé, la plupart des ados sont deja pas foutu d'ecrire convenablement, ya plus qu'a attendre qu'ils ne sachent plus s'exprimer a l'oral. Pour certains le processus a deja commancé d'ailleurs, pour ce que j'en ai vu
Marie Drucker c'est le mal
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