Bonne nouvelle de l'été : Vous vous êtes rués dans les salles de cinéma en juillet. Un cru exceptionnel il paraît.
Tempérons tambours et trompettes :
Le haut de la liste ressemble à la tête de gondole d’un magasin de jouets. Peu de films français et beaucoup de gros budgets américains.
Bien sur, nous autres crédules spectateurs incapables de citer plus de 3 longs-métrages français sur les 200 produits cette année pour lesquels nous aurions acheté un billet, restons confiants dans les commentaires dithyrambiques des ministres de la culture successifs nous affirmant que le cinéma français ne s'est jamais aussi bien porté.
La majorité des films français ne sont pas rentables en salle. Selon la logique du moment et le vocabulaire d'usage, ce secteur devrait être nécessairement réformé pour devenir moderne et compétitif. Comprendre : Lessivé et entièrement soumis à la loi du marché.
Notre cinéma a t-il vraiment de quoi se réjouir d'un box-office faisant la part belle au cinéma ricain ?
Dans un de ces paradoxes à la française, oui.
Explications.
Précisons que le cinéma français est très réglementé et largement subventionné par l'état via le CNC (centre national de la cinématographie). Les chaînes de télévision ont ainsi l'obligation de contribuer massivement au financement des films. Ensuite, le cinéma est un business sinon lucratif, au moins pérenne, pour la filière locale. Une fois que le producteur a dit au CNC et aux télés "le film va me coûter 100" et que les deux incontournables organismes de financement lui ont filé 75, son boulot commence : Il va tourner le film à son vrai prix : 50.
En retour, pour bénéficier de la batterie d'aides, le producteur a l'obligation de reverser de l'argent dans son seul secteur d'activité, selon un calendrier précis, et donc de régulièrement embaucher. Pas question d’empocher tous les bénéfices pour aller spéculer sur le Nasdaq ou dans l’immobilier à St-Barth. No way. C'est une des raisons du volume considérable de films français produits chaque année.
Est également prélevée sur chaque entrée en salle une taxe pour le financement de nos futurs films.
Une surtaxe est spécifiquement ponctionnée sur les films américains. Ce qui nous amène à la petite contradiction annuelle camouflée par nos ministres de la culture successifs : Une baisse de la fréquentation des films américains profitant aux films français n'est pas une excellente nouvelle. D’un point de vue comptable, c'est du manque à gagner. Encore plus lorsque la performance tricolore s’explique par 2 ou 3 hits (type Bienvenue chez les ch’tis) cachant la forêt des films affichant 15 entrées payantes.
Inversement. Nombreux sont les réalisateurs qui ont pu tourner leur premier film grâce aux entrées de Titanic.
De là à dire que tout ce petit monde aurait tendance à favoriser l'invasion massive sur nos écrans des bouzaces US au lieu de se casser la tête à faire des bons films, c'est un autre débat.
La dynamique des salles est simple mais personne dans le métier ne s’en vante : Pour que le cinéma français continue à bien se porter, il ne faut pas qu’il marche trop bien.
J’ai longtemps ragé contre ce système dont, pour cause de Natural Born fuck you attitude, je n'ai jamais bénéficié mais je constate qu’il fait travailler des techniciens et des comédiens, qu’il permet à des producteurs passionnés de maintenir leur activité, à des jeunes réalisateurs de se lancer,d'expérimenter, aux chaînes d’avoir des programmes en stock et de faire du talk-show via la promo. Bref, il génère de l'activité et, cerise sur le gâteau, peu importe le gouvernement, il rend toujours fier son ministre en charge.
Donc, je m'interroge. Si la profession semble satisfaite de cet équilibre pas vraiment néo-libéral encadré par des lois d'état très strictes, pourquoi ne pas étendre ce type de politique à d'autres secteurs économiques ?
Éducation, santé, logement, industrie, banque : C'est le film à l'inverse qui est actuellement joué.
Tempérons tambours et trompettes :
Le haut de la liste ressemble à la tête de gondole d’un magasin de jouets. Peu de films français et beaucoup de gros budgets américains.
Bien sur, nous autres crédules spectateurs incapables de citer plus de 3 longs-métrages français sur les 200 produits cette année pour lesquels nous aurions acheté un billet, restons confiants dans les commentaires dithyrambiques des ministres de la culture successifs nous affirmant que le cinéma français ne s'est jamais aussi bien porté.
La majorité des films français ne sont pas rentables en salle. Selon la logique du moment et le vocabulaire d'usage, ce secteur devrait être nécessairement réformé pour devenir moderne et compétitif. Comprendre : Lessivé et entièrement soumis à la loi du marché.
Notre cinéma a t-il vraiment de quoi se réjouir d'un box-office faisant la part belle au cinéma ricain ?
Dans un de ces paradoxes à la française, oui.
Explications.
Précisons que le cinéma français est très réglementé et largement subventionné par l'état via le CNC (centre national de la cinématographie). Les chaînes de télévision ont ainsi l'obligation de contribuer massivement au financement des films. Ensuite, le cinéma est un business sinon lucratif, au moins pérenne, pour la filière locale. Une fois que le producteur a dit au CNC et aux télés "le film va me coûter 100" et que les deux incontournables organismes de financement lui ont filé 75, son boulot commence : Il va tourner le film à son vrai prix : 50.
En retour, pour bénéficier de la batterie d'aides, le producteur a l'obligation de reverser de l'argent dans son seul secteur d'activité, selon un calendrier précis, et donc de régulièrement embaucher. Pas question d’empocher tous les bénéfices pour aller spéculer sur le Nasdaq ou dans l’immobilier à St-Barth. No way. C'est une des raisons du volume considérable de films français produits chaque année.
Est également prélevée sur chaque entrée en salle une taxe pour le financement de nos futurs films.
Une surtaxe est spécifiquement ponctionnée sur les films américains. Ce qui nous amène à la petite contradiction annuelle camouflée par nos ministres de la culture successifs : Une baisse de la fréquentation des films américains profitant aux films français n'est pas une excellente nouvelle. D’un point de vue comptable, c'est du manque à gagner. Encore plus lorsque la performance tricolore s’explique par 2 ou 3 hits (type Bienvenue chez les ch’tis) cachant la forêt des films affichant 15 entrées payantes.
Inversement. Nombreux sont les réalisateurs qui ont pu tourner leur premier film grâce aux entrées de Titanic.
De là à dire que tout ce petit monde aurait tendance à favoriser l'invasion massive sur nos écrans des bouzaces US au lieu de se casser la tête à faire des bons films, c'est un autre débat.
La dynamique des salles est simple mais personne dans le métier ne s’en vante : Pour que le cinéma français continue à bien se porter, il ne faut pas qu’il marche trop bien.
J’ai longtemps ragé contre ce système dont, pour cause de Natural Born fuck you attitude, je n'ai jamais bénéficié mais je constate qu’il fait travailler des techniciens et des comédiens, qu’il permet à des producteurs passionnés de maintenir leur activité, à des jeunes réalisateurs de se lancer,d'expérimenter, aux chaînes d’avoir des programmes en stock et de faire du talk-show via la promo. Bref, il génère de l'activité et, cerise sur le gâteau, peu importe le gouvernement, il rend toujours fier son ministre en charge.
Donc, je m'interroge. Si la profession semble satisfaite de cet équilibre pas vraiment néo-libéral encadré par des lois d'état très strictes, pourquoi ne pas étendre ce type de politique à d'autres secteurs économiques ?
Éducation, santé, logement, industrie, banque : C'est le film à l'inverse qui est actuellement joué.
3 comments:
mais ya t il eut de bons films français cette année ? Le dernier que j'aie été voir est le JCVD de mabrouk el mechri, plutôt sympathique.
Pour l'application du système à d'autres domaines: oui ça serait bien.
Bonsoir,
A moitié hors sujet : ton film " la maison" m'a plu ( je l'avais copié sur mon disque dur pour pouvoir le visionner pendant mes vacances, d'ou ce retour en léger décalé).
Fait avec la bite et le couteau pour la forme ( et encore vu le prix des vielles ferme sur paruvendu.fr :) je me demande ce que la location de la batisse t'as coutée :p ) mais le contenu met le doigt ou il le faut.
oui c'est excellent, bonne montée en puissance. On retrouve le schéma de la tv réalité, de l'entreprise et de la société humaine ( dans laquelle, jadis, on sacrifiait régulièrement pour que tout le monde "aille bien", ce qu'on continue à faire, symboliquement).
J'ai connu le milieu de l'entreprise et le film m'a donc particulièrement parlé.
Il faut participer au festival du cinéma brut ou/et voir avec les gens de groland et leur festival. Peut être que c'est déjà fait je ne sais pas.
P.S il faut enlever le double post
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