[update 22.05.09 / 23.44]
Appelons-le Thomas. C'était un lycéen de 17 ans.
Il était fier de son « gun » : Un revolver en argent comme celui de Mel Gibson dans Lethal Weapon qu’il exposait à chaque soirée devant les minettes impressionnées en certifiant que ça le sécurisait.
Il l'avait acheté à un ami - appelons-le Dimitri - collectionneur averti de 22 ans qui dans le garage de ses parents stockait grenades, pistolets et mitraillettes, bref de quoi faire sa petite guerre personnelle. Avoir une arme pour les lycéens du coin n'était pas bien compliqué. Un peu d'argent de poche, et hop, n'importe quel gentil fils à maman pouvait se balader "équipé".
Nous vivions tous les trois à quelques maisons de distance dans une banlieue tranquille de l’ouest de Paris qui votait déjà aux deux tiers à droite.
Un samedi soir, Thomas est mort. Tabassé à la batte de base-ball par quatre loustics, des copains de lycée que j'avais croisé en soirée l'avant-veille et dont un était plus jeune que lui.
L'expédition punitive avait pour objet une histoire de fille. Crime passionnel en bande organisée.
Tom n’eut pas le temps de se servir de son "gun". Dans la confusion l'arme a disparu.
Cette mise à mort se joua en comité privé dans le square pour enfants de la zone pavillonnaire, à la tombée de la nuit alors qu’à la télé Les grosses têtes débutaient tout juste.
Victime et meurtriers étaient tous de bonnes familles. De la France du milieu pur jus, du fils de cadre moyen avec mères au foyer. Blancs bien sur, garantis zéro métissage. Le point commun majeur que l'on pouvait établir entre cette jeunesse sans histoires apparentes et celle des banlieues plus compliquées, résidait dans cet abandon complet des parents pour l'éducation de leurs enfants qu'ils laissaient aux bons soins de l'éducation nationale et des séries télés.
L’enquête prouvera que Thomas agonisa pendant plusieurs dizaines de minutes dans d’atroces souffrances, qu'il se traîna sur la pelouse vers les habitations et que, très probablement, les riverains entendirent ses hurlements.
Aucun d’entre eux n’intervint estimant peut-être que l’insécurité c’était une affaire pour la police municipale. Cette dernière venait d'être renforcée en fanfare par le maire RPR pour une citoyenneté plus sûre. C'est con, pour une fois qu'il se passait quelque chose dans un quartier par ailleurs réputé chez les jeunes pour le profond ennui, qualifié de mortel, qui y régnait à l'année.
Nous fûmes sonnés par ce lynchage. Le premier recensé ici depuis la libération.
La PJ ramassa les morceaux du cerveau pour l’autopsie. Les coupables furent vite arrêtés. Tous dénoncés. Ils peinèrent à expliquer leur démence, mise sur le compte du côté collectif de l'équipée.
Dimitri n'a jamais été inquiété, pas même entendu lors de l'enquête puisque la seule arme récupérée fut une batte en aluminium ensanglantée de marque Reebok achetée chez Decathlon.
Ce massacre survenant dans une région estampillée eden pour La France des proprios peinards à salaires sympas, n’aura fait que 2 lignes dans le journal local et une brève en fin de JT chez PPDA. Pas assez saignant, ou trop.
Et puis plus rien. Fait divers ne vaut pas généralité.
Thomas aurait aujourd’hui 17 ans de plus.
Car, voyez-vous, tout cela s'est produit en 1992.
Thomas, j’y pense régulièrement, surtout lorsque d'opportunes polémiques relatives à la karcherisation de la racaille dans les zones en difficulté, à la montée de la violence chez les jeunes ou encore à la nécessité du renforcement de la présence policière dans les écoles remontent à la surface des talk-shows et des libres-antennes au gré d'évènements tragiques, aussi exceptionnels que classiques, médiatiquement optimisés pour mobiliser une audience qui aime trembler et se dédouaner de ses responsabilités.
Je suis récemment retourné sur le théâtre, aujourd'hui fleuri, du "malheureux évènement". Aucun signe du drame. Quelques enfants jouaient au gendarme et au voleur avec des pistolets à eau. Le maire RPR de la ville est devenu UMP (ça fait plus jeune) et c'est toujours le même (mais il est plus vieux et a fait pas loin de 80% au dernier scrutin). Ici comme ailleurs on a toujours du mal a supporter la violence des autres.
Rien de nouveau donc.
Ah si, j'ai noté qu'une caméra de surveillance était braquée sur moi.
Appelons-le Thomas. C'était un lycéen de 17 ans.
Il était fier de son « gun » : Un revolver en argent comme celui de Mel Gibson dans Lethal Weapon qu’il exposait à chaque soirée devant les minettes impressionnées en certifiant que ça le sécurisait.
Il l'avait acheté à un ami - appelons-le Dimitri - collectionneur averti de 22 ans qui dans le garage de ses parents stockait grenades, pistolets et mitraillettes, bref de quoi faire sa petite guerre personnelle. Avoir une arme pour les lycéens du coin n'était pas bien compliqué. Un peu d'argent de poche, et hop, n'importe quel gentil fils à maman pouvait se balader "équipé".
Nous vivions tous les trois à quelques maisons de distance dans une banlieue tranquille de l’ouest de Paris qui votait déjà aux deux tiers à droite.
Un samedi soir, Thomas est mort. Tabassé à la batte de base-ball par quatre loustics, des copains de lycée que j'avais croisé en soirée l'avant-veille et dont un était plus jeune que lui.
L'expédition punitive avait pour objet une histoire de fille. Crime passionnel en bande organisée.
Tom n’eut pas le temps de se servir de son "gun". Dans la confusion l'arme a disparu.
Cette mise à mort se joua en comité privé dans le square pour enfants de la zone pavillonnaire, à la tombée de la nuit alors qu’à la télé Les grosses têtes débutaient tout juste.
Victime et meurtriers étaient tous de bonnes familles. De la France du milieu pur jus, du fils de cadre moyen avec mères au foyer. Blancs bien sur, garantis zéro métissage. Le point commun majeur que l'on pouvait établir entre cette jeunesse sans histoires apparentes et celle des banlieues plus compliquées, résidait dans cet abandon complet des parents pour l'éducation de leurs enfants qu'ils laissaient aux bons soins de l'éducation nationale et des séries télés.
L’enquête prouvera que Thomas agonisa pendant plusieurs dizaines de minutes dans d’atroces souffrances, qu'il se traîna sur la pelouse vers les habitations et que, très probablement, les riverains entendirent ses hurlements.
Aucun d’entre eux n’intervint estimant peut-être que l’insécurité c’était une affaire pour la police municipale. Cette dernière venait d'être renforcée en fanfare par le maire RPR pour une citoyenneté plus sûre. C'est con, pour une fois qu'il se passait quelque chose dans un quartier par ailleurs réputé chez les jeunes pour le profond ennui, qualifié de mortel, qui y régnait à l'année.
Nous fûmes sonnés par ce lynchage. Le premier recensé ici depuis la libération.
La PJ ramassa les morceaux du cerveau pour l’autopsie. Les coupables furent vite arrêtés. Tous dénoncés. Ils peinèrent à expliquer leur démence, mise sur le compte du côté collectif de l'équipée.
Dimitri n'a jamais été inquiété, pas même entendu lors de l'enquête puisque la seule arme récupérée fut une batte en aluminium ensanglantée de marque Reebok achetée chez Decathlon.
Ce massacre survenant dans une région estampillée eden pour La France des proprios peinards à salaires sympas, n’aura fait que 2 lignes dans le journal local et une brève en fin de JT chez PPDA. Pas assez saignant, ou trop.
Et puis plus rien. Fait divers ne vaut pas généralité.
Thomas aurait aujourd’hui 17 ans de plus.
Car, voyez-vous, tout cela s'est produit en 1992.
Thomas, j’y pense régulièrement, surtout lorsque d'opportunes polémiques relatives à la karcherisation de la racaille dans les zones en difficulté, à la montée de la violence chez les jeunes ou encore à la nécessité du renforcement de la présence policière dans les écoles remontent à la surface des talk-shows et des libres-antennes au gré d'évènements tragiques, aussi exceptionnels que classiques, médiatiquement optimisés pour mobiliser une audience qui aime trembler et se dédouaner de ses responsabilités.
Je suis récemment retourné sur le théâtre, aujourd'hui fleuri, du "malheureux évènement". Aucun signe du drame. Quelques enfants jouaient au gendarme et au voleur avec des pistolets à eau. Le maire RPR de la ville est devenu UMP (ça fait plus jeune) et c'est toujours le même (mais il est plus vieux et a fait pas loin de 80% au dernier scrutin). Ici comme ailleurs on a toujours du mal a supporter la violence des autres.
Rien de nouveau donc.
Ah si, j'ai noté qu'une caméra de surveillance était braquée sur moi.
11 comments:
60 M ?
Humblement, dans la dernière phrase, était au lieu d'été
Merci pour votre blog
Shame on me. Merci pour cette veille des coups de fatigue orthographiques
Tiens, y a une vieille drame qui vient de mourir écrasée par un type nommé "Yousouf" à Saint-cyr l'Ecole, aura t'elle droit également à un article?
Pas en 1992, hein, en 2009, tout prêt de chez vous.
En plus , vous pourrez vous défouler politique, le maire est Ump.
C'est bien ce que j'écris. On trouve ce que l'on veut dans le grand catalogue quotidien du fait-divers. Toutes les combinaisons mortelles sont possibles.
Le crime en lui-même ne veut tout simplement rien dire, c'est son exposition médiatique, et l'accumulation d'autres actes isolés qui lui donne un "sens", éminément politique.
Montée de la violence ? Peut-être mais en amont (déresponsabilisation, violences sociales...) et encore, tout dépend du regard.
On pourrait se satisfaire, vu le désarroi économique de nombres de français (7.5 millions de pauvres tout de même), qu'il n'y ait pas plus de violence au quotidien.
Pour avoir vécu les 20 premières années de ma vie dans la riante cité de Creil plateau (point de départ des affaires de foulards islamiques, haut symbole bien visible de l'égalité homme/femme et de la laïcité, dans les écoles)... Envoyé chez les "bonnes soeurs" afin d'éviter cela et ayant donc grandi à mi temps dans un milieu de fils et filles à papa, j'ai également eu l'occasion de vérifier que la violence n'est pas que chez les moins nantis, pas forcément basanée... et absolument pas nouvelle!
Niveau fréquence/gravité, le thermomètre a depuis été cassé par des generations de politiques, le dernier et le plus appliqué étant un certain pompier pyromane aux initiales NS...
Dont le fils (a papa) n'assume même pas ses cartons en scooteur... et pour qui on sort les analyses ADN quand il se le fait piquer!
L'exemple vient donc d'en haut, c'est la vraie nouveauté et elle insupporte un nb croissants de gens.
La violence est très surement pratiquée par la nomenklatura économique. J'en ai fréquenté des échantillons, ils sont vraiment dingos, à un point pas imaginable.
Mais le pire c'est qu'ils se démerdent très bien. Il faut étudier ça pour comprendre l'ampleur du problème. Ca relève de la psychiatrie de haut vol.
@ vincent > oui, pour une partie.
"Montée de la violence ? Peut-être mais en amont (déresponsabilisation, violences sociales...) et encore, tout dépend du regard. "
Tout doit être critiqué et condamné.
Les causes et les conséquences.
Les gauchistes nous invitent à subir les conséquences si nous n'admettons pas les causes (et même si nous les admettons).
Et les droitards se plaignent des conséquences sans remettre en question les causes.
Ni l'un ni l'autre sont satisfaisant.
La violence de l'hyper-classe rencontre celle du sous-prolétariat, et les deux doivent être pointé et condamné séverement.
Aucune raison de laisser les criminels en col blanc sous prétexte que les criminels en basket blanches pullulent et inversement.
Je suis content de constater que je ne suis pas le seul à me méfier autant des fils à papa que de la racaille de banlieue.
J'emploi ces mots pour faire court, n'y voyez aucun jugement. Au moins tout le monde comprends ce que je veux dire.
Les fils à papa que je fréquente (au taff) ont grandi, mais ils sont toujours aussi cons et aussi dingues. De vrais dangers publics. Que feraient-ils dans une position où ils pourraient donner libre court à leur instinct ?
Dénoncer la politique sécuritaire mise en place est une chose... mettre des idées éclairées sur la table en est une autre.
DONC : que proposes-tu Seb ?
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