Depuis l'entreprise de démolition de l'image de Domota au lendemain de la victoire de sa mobilisation en Guadeloupe, rien de nouveau dans le domaine du mépris de la grogne sociale par notre droite métropolitaine prise de réflexes pavloviens à l'évocation des mots "grève" et "syndicat".
Le 19 mars dernier. Au matin de la journée d'action nationale contre la politique sociale et fiscale du gouvernement, avant même que Le Figaro nous ponde sa Une en triptyque démagogue (surenchère syndicale, exception française des manifestations et violence de la CGT), à ma surprise, les premiers à dégainer les arguments anti-manifestation furent Ben et Martin deux amis étudiants pas réputés pour voter à droite.
Se basant sur un article d'actu-chômage, mes amis les rebelles se déclarèrent "pas emballés" pour se joindre à la fête "parce que c'est pas une grève de plus qui va changer les choses" puisque maintenant "il faut en passer directement à l’étape supérieure, la seule vraiment constructive : La grève générale reconductible."
Il ne faudrait donc pas faire grève au prétexte qu’il faut plus de grève ?
- Ouais, les syndicats ici c'est n'importe quoi, c'est à se demander s'ils veulent changer les choses ! Me rétorqua Ben, le plus vénère.
Je tentais de faire comprendre à mes jeunes amis qu'avant d'avoir "la Guadeloupe à Paris", il leur restait à convaincre les plus coriaces d'entre les français, les durs de durs , et au passage les plus nombreux : Les extrémistes ultra-modérés de la classe moyenne incrédule. Ce jeudi, ils se terraient encore chez eux, apeurés par les perturbations causées par la gangrène syndicaliste, à regarder le gendarme télévisé de 13h leur faisant, pour la seconde fois de l'année, le journal des trains arrivant à l’heure.
Pour que ça bouge, pas de secret : A chaque opportunité, faut se bouger ! Histoire d'être...comment dire...nombreux.
Bref, jeudi matin, sur plusieurs sites internet et dans la bouche de mes deux copains, le discours était le même que celui de Catherine Ney sur Europe 1 : La grève ça sert à rien, c’est inutile et les syndicats c’est rien que des pourris.
Mes amis, c'est pas d'hier que les chefs de la contestation légale pensent en gestionnaires et pas en révolutionnaires. A moi aussi, la baronnie syndicale des quinquas pépères ayant leur rond de serviette sur les plateaux télés ne m'évoque que des images de ventres repus, de tapes dans le dos, de blagues salasses échangées dans la fumée de Montecristo après une bonne ripaille, dans l'arrière-salle d'un deux étoiles discret où, sur un coin de nappe, furent calculés au stylo à bille estampillé Révolution marque déposée, les opaques subsides à se partager cette année.
Sur ce long boulevard de la colère jonché de boutiques en liquidation judiciaire, défilèrent aussi des néophytes du barouf social, des petites dames âgées tendance Chanel avec des panneaux pour la sauvegarde des retraites, des secrétaires appelant leurs boss jadis vénérés à les payer plus sinon "ça va chier", des solitaires avec leurs cartons bricolés petit commerçant étouffé et un petit monde de droite en pleine repentance : Excusez ma terminologie limite UMP mais j’y vois plus qu’un énorme progrès : Un gigantesque pas en avant !
En 50 jours, on est passé du rêve générale au désir de potence. Que l'intéressé nous mente c'est une chose, mais qu'il ne se mente pas: Il était bel et bien la cible de la manifestation.
Passé le trophée de la mobilisation, cette masse d'anonymes submergeant leurs couleurs est embarrassante pour les barons syndicalistes : C'est la preuve par l'image que le management de la rage sociale leur glisse entre les doigts. Ce qui, là aussi, devrait vous réjouir. Pour ma part, leur cuisine interne est le cadet de mes soucis. Que le syndicat le plus efficace pour défendre les salariés rafle la mise, tant mieux pour tous.
Prenez les organisations syndicales pour ce qu’elles représentent : Le dernier rempart avant la soumission générale. La flamme du syndicat inconnu brûle encore dans sa base, c'est le principal. Elle est essentielle. Sans braises pas de reprise de feu.
Peu importe que l’unité soit de bric et de broc. Avant de reconduire les grèves, il faut déjà les assurer et en faire des triomphes de mobilisation. C'est ce qui marque l'opinion.
Le principal reproche que je ferais à la manifestation de jeudi dernier (à Paris), ce n'est pas "la sono ringarde" ou "la confiture des revendications" mais son déficit en jeunes. Sur le réseau, ce sont pourtant les premiers à se plaindre, à raison, qu'on ne les écoute jamais.
Contester la contestation du bout de son clavier parce qu'elle n'est pas assez guadeloupéenne, c'est s'aligner sur ces salariés aigris appelant RMC pour se plaindre des syndicats preneurs d'otage, être à l'unisson des commentaires d'internautes du Figaro.fr les traitant de mauvais citoyens, cautionner le grand ça sert à rien de la propagande Medefo-gouvernementale. Cette dernière, aidée par ce travail de sape n'a plus qu'à, entre une offensive de com' sécuritaire la veille et un discours de Fillion le soir même, marginaliser cette journée et la réduire à un happening anecdotique pour rétrogrades sous cloche.
Mécanique de droite à laquelle, jeunes amis de gauche, vous avez contribué.
Alors oui, cette promesse des barons le 20 au matin, d'une décision d'action concertée à définir bientôt pour agir au mieux a de quoi décevoir les plus affamés. A eux, à nous, de trouver de nouvelles voies et de nouvelles opportunités, sans dénigrer celles qui ont fait leurs preuves.
La meilleure méthode pour rester motivé ?
Compter sur ses ennemis. Eux ne se défilent jamais.
Se basant sur un article d'actu-chômage, mes amis les rebelles se déclarèrent "pas emballés" pour se joindre à la fête "parce que c'est pas une grève de plus qui va changer les choses" puisque maintenant "il faut en passer directement à l’étape supérieure, la seule vraiment constructive : La grève générale reconductible."
Il ne faudrait donc pas faire grève au prétexte qu’il faut plus de grève ?
- Ouais, les syndicats ici c'est n'importe quoi, c'est à se demander s'ils veulent changer les choses ! Me rétorqua Ben, le plus vénère.
Je tentais de faire comprendre à mes jeunes amis qu'avant d'avoir "la Guadeloupe à Paris", il leur restait à convaincre les plus coriaces d'entre les français, les durs de durs , et au passage les plus nombreux : Les extrémistes ultra-modérés de la classe moyenne incrédule. Ce jeudi, ils se terraient encore chez eux, apeurés par les perturbations causées par la gangrène syndicaliste, à regarder le gendarme télévisé de 13h leur faisant, pour la seconde fois de l'année, le journal des trains arrivant à l’heure.
Pour que ça bouge, pas de secret : A chaque opportunité, faut se bouger ! Histoire d'être...comment dire...nombreux.
Bref, jeudi matin, sur plusieurs sites internet et dans la bouche de mes deux copains, le discours était le même que celui de Catherine Ney sur Europe 1 : La grève ça sert à rien, c’est inutile et les syndicats c’est rien que des pourris.
Mes amis, c'est pas d'hier que les chefs de la contestation légale pensent en gestionnaires et pas en révolutionnaires. A moi aussi, la baronnie syndicale des quinquas pépères ayant leur rond de serviette sur les plateaux télés ne m'évoque que des images de ventres repus, de tapes dans le dos, de blagues salasses échangées dans la fumée de Montecristo après une bonne ripaille, dans l'arrière-salle d'un deux étoiles discret où, sur un coin de nappe, furent calculés au stylo à bille estampillé Révolution marque déposée, les opaques subsides à se partager cette année.
Vous savez (vous me le répétez à longueur de journée) qu'il ne faut pas croire le journal télévisé.
Le mouvement de jeudi dernier ne s'arrêtait pas aux interviews de ces barons arrivés en berlines blindées pour la photo 10 minutes avant le défilé avant d'en repartir 3 mètres plus loin, auréolés des chiffres de la forte mobilisation nationale. La protestation ne se limitait pas non plus au panorama des défilés ordonnés des organisations accréditées avec tee-shirts réglementaires, slogans autorisés et ballons de couleur pour les reconnaître, filmés d'assez loin pour qu'aucune revendication non-homologuée ne soit lisible.
Ben et Martin, soyez reconnaissants aux syndicats d'avoir généré le rassemblement d'une population les dépassant très largement. D'où, à Paris, un bordel inhabituel presque paralysant avec ces cortèges de salariés du privé en orbite autour de La Place de la Nation qui en croisaient d'autres, en révolution opposée, tout aussi enragés et même pas syndiqués. Si vous étiez venus, vous auriez vu la volonté d'en découdre de ces vendeuses en tailleur, avec imitations Ray-Ban en guise de serre-tête, qui se pensaient protégées à vie dans leurs magasins de luxe et dont je ne pouvais croire il y a juste deux mois que je les verrais hurler, ici et avant vous, leur colère. Croyez-moi, cela rassure quand à l'éventualité d'un changement de société. Le mouvement de jeudi dernier ne s'arrêtait pas aux interviews de ces barons arrivés en berlines blindées pour la photo 10 minutes avant le défilé avant d'en repartir 3 mètres plus loin, auréolés des chiffres de la forte mobilisation nationale. La protestation ne se limitait pas non plus au panorama des défilés ordonnés des organisations accréditées avec tee-shirts réglementaires, slogans autorisés et ballons de couleur pour les reconnaître, filmés d'assez loin pour qu'aucune revendication non-homologuée ne soit lisible.
Sur ce long boulevard de la colère jonché de boutiques en liquidation judiciaire, défilèrent aussi des néophytes du barouf social, des petites dames âgées tendance Chanel avec des panneaux pour la sauvegarde des retraites, des secrétaires appelant leurs boss jadis vénérés à les payer plus sinon "ça va chier", des solitaires avec leurs cartons bricolés petit commerçant étouffé et un petit monde de droite en pleine repentance : Excusez ma terminologie limite UMP mais j’y vois plus qu’un énorme progrès : Un gigantesque pas en avant !
En 50 jours, on est passé du rêve générale au désir de potence. Que l'intéressé nous mente c'est une chose, mais qu'il ne se mente pas: Il était bel et bien la cible de la manifestation.
Passé le trophée de la mobilisation, cette masse d'anonymes submergeant leurs couleurs est embarrassante pour les barons syndicalistes : C'est la preuve par l'image que le management de la rage sociale leur glisse entre les doigts. Ce qui, là aussi, devrait vous réjouir. Pour ma part, leur cuisine interne est le cadet de mes soucis. Que le syndicat le plus efficace pour défendre les salariés rafle la mise, tant mieux pour tous.
Prenez les organisations syndicales pour ce qu’elles représentent : Le dernier rempart avant la soumission générale. La flamme du syndicat inconnu brûle encore dans sa base, c'est le principal. Elle est essentielle. Sans braises pas de reprise de feu.
Peu importe que l’unité soit de bric et de broc. Avant de reconduire les grèves, il faut déjà les assurer et en faire des triomphes de mobilisation. C'est ce qui marque l'opinion.
Le principal reproche que je ferais à la manifestation de jeudi dernier (à Paris), ce n'est pas "la sono ringarde" ou "la confiture des revendications" mais son déficit en jeunes. Sur le réseau, ce sont pourtant les premiers à se plaindre, à raison, qu'on ne les écoute jamais.
Contester la contestation du bout de son clavier parce qu'elle n'est pas assez guadeloupéenne, c'est s'aligner sur ces salariés aigris appelant RMC pour se plaindre des syndicats preneurs d'otage, être à l'unisson des commentaires d'internautes du Figaro.fr les traitant de mauvais citoyens, cautionner le grand ça sert à rien de la propagande Medefo-gouvernementale. Cette dernière, aidée par ce travail de sape n'a plus qu'à, entre une offensive de com' sécuritaire la veille et un discours de Fillion le soir même, marginaliser cette journée et la réduire à un happening anecdotique pour rétrogrades sous cloche.
Mécanique de droite à laquelle, jeunes amis de gauche, vous avez contribué.
Alors oui, cette promesse des barons le 20 au matin, d'une décision d'action concertée à définir bientôt pour agir au mieux a de quoi décevoir les plus affamés. A eux, à nous, de trouver de nouvelles voies et de nouvelles opportunités, sans dénigrer celles qui ont fait leurs preuves.
La meilleure méthode pour rester motivé ?
Compter sur ses ennemis. Eux ne se défilent jamais.
9 comments:
Nous sommes donc d'accord: manif de petits bourgeois ou aspirants, demandant plus de sécurité du même système, pour que rien ne change pour eux.
Point de jeunes, ni de prolos (hormis les futurs diplômés es-licenciements).
Compter sur les classes moyennes pour "changer le monde" est une pure folie.
Un autre Séb
D'accord avec qui "autre SEB"?
Nous ne devons ni lire le même texte ni participer aux mêmes manifs...
Disons que je dis ça."à vue de NAY "comme dirait Catherine.
Cordialement
Connais-tu alain soral ?
> Connais-tu alain soral ?
Si ça s'adresse à Musset, visiblement, oui, vu le lien vers "Égalité et Réconciliation" (entre qui? Pourquoi?) et le nom de Soral dans la liste des "Lectures du moment".
Je remarque que celui vers le site d'Alain de Benoist (théoricien bien funky de l'extrême droite païenne) a disparu. Si l'alternative au supermarché esclavagiste passe par le FN version branchouille ou le GRECE sauce ethnico-runique, on n'a pas fini de rigoler...
J'étais à la manif, mais je comprends quand même Ben et Martin.
Il ne s'agit pas de réclamer le grand soir ou la grève générale insurrectionnelle, mais mais on voit bien que ces journées de grèves tout les 2 mois c'est n'importe quoi.
Si tu te rappelle de 95 ou du CPE, il y a avait une grève au moins une fois par semaine. La tu peux foutre la pression, d'autant que tu peux faire évoluer la stratégie au jour le jour.
Mais 2 mois entre chaque manif qui ça fait chier ? qui ça menace ?
D'ailleurs je pense que c'est délibéré de la part des directions des grands syndicats. Ça leur permet de diminuer la pression, tout en cassant le mouvement par démoralisation. Tu ne peux pas construire une lutte fondée sur la grève en manifestant tout les 2 mois.
Ce n'est pas étonnant de la part de la CFDT, pour la CGT, et bien, j'ai l'impression qu'elle se CFDTise ces dernier temps (la direction j'entend).
Et je pense que Ben et Martin en sont de bon exemples. Ce doit être plus grave encore pour des personnes dont l'accès à la grève, s'engager juste pour un jour, en sachant qu'il n'y aura pas de lendemain, elles doivent se dire à quoi bon ?
Ceci dit j'espère que ça va rater, et que la base débordera...
a Vlg > C'est tout le paradoxe. Mais bon, si justement elles sont peu nombreuses, autant se servir des "tribunes sociales" ultra-médiatisées pour faire du déferlement massif et surtout rester unis.
C'est une bataille des images qu'il faut d'abord remporter.
A côté de chez moi, il y a une fac bloquée depuis des mois et personne n'en parle. Il faudra malheureusement un drame, ou une bavure (vu le nombre de CRS postés en réserve ca ne tardera pas) pour que cela bouge, et encore.
a mtglr et anonyme > Il y a aussi Orwell et Leautaud, dans ma liste de livres et ça n'en fait pas des intimes. Il en va de même avec Soral.
Ses livres, notamment le dernier, valent le détour. L'engagement politique du personnage c'est un autre terrain sur lequel je ne le suis pas.
Le lien vers ER, c'est un coup de pouce, vieux de 2 ans, à leur initiative. Je sais que nous avons également des lecteurs communs au même titre que d'autres blogs cités en lien.
Pour AdB, je le connais mal. Sa présence dans les liens se justifiait par le souvenir que j'avais de quelques textes sur la décroissance.
A vrai dire, je l'ai surtout laissé parce que je me suis aperçu cela gênait du monde.
Mais bon, fatigué d'avoir 4 courriels par jour sur un personnage qui m'est globalement étranger, je l'ai viré de la liste.
le 3 et le 4 avril! super manif contre l'Otan à Strasbourg et à Baden-baden! Ce sera l'occasion d'envoyer un signal à Sarko!
Je ne ferai pas dans l'analyse poussée et réfléchie, ni dans la délicatesse et la finesse.. mais une seule chose à l'encontre du "système" (pour résumer beaucoup de choses) me vient à l'esprit:
http://nonofutur.free.fr/Down/Musique/Reprises/hellboy_and_nono_futur_-_sodomie_pour_them.mp3
Entendu dans ma boite, quelques employés inconscients du tertiaire (ayant dû fournir le gros du bataillon des électeurs sarkozystes), proférant ces vérités incontournables "Mais pourquoi ils font grève ?" "J'ai entendu ce matin à la radio : Y a pas de vraies raisons !" "En France, on fait grève pour rien !" "Et puis ils devraient être déjà contents d'avoir du travail !"...
Ceux qui ainsi s'expriment émargent en moyenne à 1300 euros par mois... Le reste du temps, ils pestent contre la "pression", le "stress", les "bénéfices énormes de la boite alors que nous on est jamais augmentés !"... Rien à faire, la connexion ne se fait pas dans les têtes de ces téléphages rêvant juste de vacances à la mer, d'écrans LCD, de nouvelle bagnole et d'accession à la propriété... Désespérant !
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