Je rentre dans mon village par les petites routes périphériques encombrées des véhicules des touristes européens. Où sont les Français ? Probablement sur le chantier de leurs pavillons. C’est que ces vieux là, qu’ils aient trente ou soixante-dix ans, sont pris depuis trois ans d’une hystérie bâtisseuse que la promesse sarkozienne de déduction fiscale sur les intérêts d’emprunts a ravivée d’un cran. Ils construisent, font, refont, décorent et re-décorent encore. On ne peut plus faire trente mètres dans un coin de ce pays sans se heurter à une pancarte permis de construire, sans devoir contourner un chantier, éviter une bétonneuse et ses maçons polonais. Les agrégats formatés de parpaings gris s’enfilent à l’horizon de ce qui fut il y a encore quelques années des champs. A la place des vaches, ces merveilles de constructions beiges à la Française dont la laideur d’ensemble le dispute au souci d’originalité dont chacun de leurs nobles propriétaires à crédit fera preuve bien à la vue de ses voisins dans le peu de marge et avec le maigre sens esthétique lui restant. Qui de ses volets fuchsia, qui de sa fontaine en plâtre rouge, de sa collection de nain de jardin, de son étage en verrière ou de son salon d’hiver en faux marbre avec panneaux solaires ! Autant de perles décoratives qui font de ces pollutions immobilières des atrocités non biodégradables empiétant inexorablement sur des terres vierges, car le Français, même le plus soucieux d’écologie, au même titre qu’il lui paraît inconcevable de ne pas se reproduire, Le Français donc, cette contradiction faite peuple, veut faire construire. Tradition aristocratique oblige. Et puis à longueur de spots, on lui dit que c’est bien d’acheter même, et surtout, sans rien. C’est tendance. Cela correspond à un cycle économique qui après l’automobile, la bourse et les nouvelles technologies fait du bâtiment et de la banque les fer-de -lance de tout un pays. Alors Le Français construit pour des raisons diverses : parce qu’il ne peut pas louer ou parce qu’il va pouvoir revendre, parce que les taux d’intérêts sont bas ou parce qu’il va faire une bonne affaire, il bâtit, il refait, il s’y croit, il s’y plait. Et tant pis si tout ça, une fois que ça sera construit, refait et que tous seront propriétaires, si tout ça ne vaut donc mathématiquement plus grand chose puisque tout le monde l’aura. En attendant, c’est bien du terrain immaculé depuis la nuit des temps qui est ravagé.
Une fois les cent maisons atteintes par zone pavillonnaire, celle-ci n’attend plus que son centre commercial avec parking de trois cents places. Une fois le centre commercial construit, il faut le relier à l’autre zone pavillonnaire par souci de rentabilité. La construction d’une rocade est envisagée. Trois ans de laborieux chantier plus tard, ca y est, elle est faite. Des bouchons du matin au soir. On se rend compte vite qu’elle ne suffit pas. Il faut en construire une autre. Entre les deux rocades, il reste du terrain en friche et, suprême hérésie, non construit. On y amalgamera à la va-vite une ZAC en tôle avec produits chimiques qui fera la fierté des locaux et remplira de ses multiples taxes professionnelles collectées les caisses de la municipalité. On dresse des pylônes électriques car il faut alimenter tout ce beau monde. C’est que les nouveaux temples sociaux poussent comme des champignons en bordure d’agglomération. Ils sont avides d’électricité. Ils s’appellent Leroy-Merlin ou Bricomarché. Le Français - toujours lui on le retrouve des que ça sent la peinture neuve - s’y rend en pèlerinage quotidien sa bible à la main : le catalogue du mois en cours. Les parkings de ces camps de concentration volontaire sont gavés avant même l’ouverture du rideau de fer jusqu’à la clôture des caisses, toutes les heures de la journée tous les jours de la semaine et le dimanche avec. Le reste du temps entre quelques heures de travail salariées et facultatives pour les rares Français n’étant pas encore retraités et parce que, en gros, tout ce qui n’est pas lui lui fait peur, il refait son intérieur à la perfection dans le respect des commandements amicaux des émissions déco d’M6. Il en sera blasé la saison prochaine mais bon, jusque là il sera à la fois tendance et original sans que cela lui paraisse antinomique, ni à lui ni à son voisin ni à celui d’après, d’à côté et de l’autre bout du pays.
Une fois les cent maisons atteintes par zone pavillonnaire, celle-ci n’attend plus que son centre commercial avec parking de trois cents places. Une fois le centre commercial construit, il faut le relier à l’autre zone pavillonnaire par souci de rentabilité. La construction d’une rocade est envisagée. Trois ans de laborieux chantier plus tard, ca y est, elle est faite. Des bouchons du matin au soir. On se rend compte vite qu’elle ne suffit pas. Il faut en construire une autre. Entre les deux rocades, il reste du terrain en friche et, suprême hérésie, non construit. On y amalgamera à la va-vite une ZAC en tôle avec produits chimiques qui fera la fierté des locaux et remplira de ses multiples taxes professionnelles collectées les caisses de la municipalité. On dresse des pylônes électriques car il faut alimenter tout ce beau monde. C’est que les nouveaux temples sociaux poussent comme des champignons en bordure d’agglomération. Ils sont avides d’électricité. Ils s’appellent Leroy-Merlin ou Bricomarché. Le Français - toujours lui on le retrouve des que ça sent la peinture neuve - s’y rend en pèlerinage quotidien sa bible à la main : le catalogue du mois en cours. Les parkings de ces camps de concentration volontaire sont gavés avant même l’ouverture du rideau de fer jusqu’à la clôture des caisses, toutes les heures de la journée tous les jours de la semaine et le dimanche avec. Le reste du temps entre quelques heures de travail salariées et facultatives pour les rares Français n’étant pas encore retraités et parce que, en gros, tout ce qui n’est pas lui lui fait peur, il refait son intérieur à la perfection dans le respect des commandements amicaux des émissions déco d’M6. Il en sera blasé la saison prochaine mais bon, jusque là il sera à la fois tendance et original sans que cela lui paraisse antinomique, ni à lui ni à son voisin ni à celui d’après, d’à côté et de l’autre bout du pays.
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