Cela reste toujours étrange pour moi de voir tous ces gens cracher sur Bertrand Cantat plus de vingt ans après des faits dont on (Ici, Netflix) parle encore puisque coupable et victime portent l’étiquette « people ».
Avant la mort de Marie, le mec était aveuglément adulé par le public de gauche et la presse de gauche, ce qui, déjà à l’époque, avait tendance à m’exaspérer.
Je trouvais Noir Désir, bien que sympathique sur scène, largement surestimé. Et je me rappelle des prises de position politiques de Bertrand Cantat, collectivement élevé au rang de penseur et porte-drapeau de la nouvelle génération, dignes du niveau « OK Podium / Jeune et Jolie » (en résumé : « À bas les méchants fascistes et Jean-Marie Messier ! » – l’ancien patron de Canal+, qui occupait alors dans l’imaginaire gaucho-LFIste la place qu’occupe aujourd’hui Bolloré, également patron de Canal).
Puis, le drame : la mort de Marie une nuit d’été à Vilnius. Après un temps de stupeur (« Non, ce n’est pas possible, on nous ment, ce n’est pas lui »), Cantat est devenu, en 2015/2025, pour ces mêmes personnes, l’incarnation absolue du mal (ou du mâle, ce qui revient aujourd’hui à peu près au même). Le temps que la nouvelle génération ne connaisse Cantat que comme un meurtrier et que l’ancienne oublie à quel point elle l’avait déifié.
Au-delà du drame pour lequel le chanteur a payé devant la justice (on peut considérer que ce n’est pas assez, comme tant d’autres jugements dans tant d’autres domaines) et continuera de payer jusqu’à la fin de ses jours, ce qui me fascine ici c’est l’opinion publique et les mouvements de croyance : du culte aveugle à la condamnation tout aussi aveugle. Cette persistance dans les jugements définitifs que l’on croit intimes et éclairés par notre grandeur d’âme, mais qui ne sont, au fond, que le prix d’entrée minimal à la grande pensée sectaire, sans nuance aucune, le plus souvent basée sur un fantasme rassurant.
J’espère que le documentaire de Netflix en parle au moins un peu. Vous me raconterez. Je goute peu leurs pratiques en matière de documentaires en général.
2 comments:
La vie et l'opinion des "vedettes", puis les reflux et les éructations de leurs "fans"…
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@Acquavite8
Que Bertrand Cantat soit un sale type, cela ne fait aucun doute dans mon esprit. Mais c'est aussi un homme de talent. La question est toujours la même. Le personnage public est-il dissociable de son alter ego du champ privé ? Non. Pour autant, il est tout à fait acceptable de dissocier l'être humain de son œuvre quand elle est de qualité. Cantat rejoint cette longue liste des Depardieu et des Céline.
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