Vendredi dernier, comme à son habitude, le pique-assiette de Kiev est venu quémander encore quelques milliards à la Maison Blanche. Mais cette fois, le taulier a demandé des comptes : un petit retour sur investissement pour les brouettes de thune déversées depuis trois ans. Le ton est monté, des noms d’oiseaux ont fusé et Zelensky est reparti en slip de camouflage, remis à sa place (c'est pas en position de négocier) sous les caméras du monde entier par Trump et son vice-président, JD Vance (sur qui, au passage, je mets un billet pour la future présidence US en 2029).
L'humiliation ! titre-t-on en Europe. Aussitôt branle-bas de combat à la tête de nos irréprochables démocraties du vieux continent pour prendre la tête de la contre-attaque des résistants (de la part de mecs qui ont imposé le pass sanitaire, annulent les élections quand les résultats ne leur plaisent pas, réduisent une à une toutes les libertés fondamentales, ça ne manque pas de paprika). Bref, opération câlino-thérapie expresse pour Volodymyr, dès sa descente d’avion à Londres, par nos parodies de leaders européens.
Et on repart en fanfare sur les ondes comme il y a trois ans, sous les clameurs des journalistes de palais, dans un de ces vortex de débilité dont notre Europe à l’agonie, et sa cour consanguine d'élites autoproclamées de la pensée éclairé, ont le secret. Une partie du peuple n’est pas en reste : alors que le moindre soupçon de patriotisme français vous catalogue immédiatement à la droite radicale de l'extrême-droite, voilà qu’on ressort sur Facebook les drapeaux ukrainiens et que l’on se félicite à la TV des milliardaires (mais les gentils milliardaires hein, pas Bolloré) que la guerre puisse continuer encore un peu. Purée, on l'a échappé belle, avec Trump on n'est passé pas loin du cessez-le-feu dis donc ! L'Europe assure qu’elle ne laissera pas tomber « mon amour » face au méchant Poutine… Peu importe que ça coute des centaines de milliards, ces larves ataviques, aussi appelées « peuple », sont là pour payer.
Bref, aucune leçon tirée des trois dernières années.
Je ne vais prétendre à aucune analyse géopolitique autre que celle du pragmatisme le plus élémentaire. Ma position sur le soutien à l'Ukraine est rigoureusement la même qu’en février 2022 : soit on a les moyens de faire la guerre, soit on ne les a pas. Et là c'est simple on ne les a pas. L’Europe n’a pas d’armée, la France est couverte de dettes et ni l’un pas plus que l’autre ne sont foutus de sécuriser leurs propres frontières. Pourquoi diable irions-nous nous mêler de celles de l’Ukraine ?
N’importe qui d’un peu sensé devrait tenir, en gros ou en raffiné, ce discours.
Seulement voilà, en Europe, on a depuis longtemps quitté le terrain du rationnel. En France, c'est même devenu un mode de gouvernance, et d'opposition. Comprenez bien : en France, on n’a pas de pognon, mais on a des « valeurs » – quitte à ce qu’elles occultent totalement la réalité ou les mathématiques. Ici, on assurait fièrement au plus haut sommet de l'Etat en mars 2002 qu'on ferait « plier l’économie russe » en deux mois, comme on était certain en octobre dernier que Trump, l’autre grand méchant (attention Guignol : un nazi!), ne serait jamais réélu – alors que tout l’annonçait pour celui qui se donnait juste la peine de sortir de ses fantasmes et ses phobies pour observer les faits et écouter les gens. L’Europe a eu faux sur toute la ligne dans son soutien inconditionnel à l'Ukraine, mais (comme pour le Covid), son biais d’investissement est tel qu’elle passera désormais tout son temps, pour prouver qu'elle n'a pas eu tort, à poursuivre sa chimère mortifère de guerre au lieu de résoudre un problème dont la solution est aujourd’hui, comme hier : ce n’est pas notre putain de problème !
Trump fait du business, l’Europe fait de la morale. Chacun son domaine de compétences.
Maintenant que Trump a officialisé en live la rupture avec l’Ukraine, l’Europe va se retrouver seule en charge du boulet qui pille le frigo d'un côté et rempli les morgues de l'autre. Et un tel entêtement à désirer la guerre, sous les yeux de BRICS goguenards, ça peut vite tourner en grosse couillonnade, du genre de celles dont on met des décennies à se relever. On a déjà assez de problèmes chez nous : faillites d’entreprises, services publics à la ramasse, déserts médicaux, dette abyssale, sans parler des meurtres à chaque coin de rue … Quant à l’humanisme qu’on nous sommes d’avoir à grandes tartines de moraline : que nos politiques en pantoufles à 10K mensuels depuis la nuit des temps, et autres journalistes parisiens qui veulent cette guerre, la payent avec leurs petites économies. Qu’ils enfilent leurs treillis et, encore mieux : qu’ils envoient leurs enfants au front.
On pourra commencer à parler de « nos valeurs ».
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