Tremble. Notre président fait peur au monde de la finance. Si, si. Il ne réforme pas assez vite, ne va pas assez loin. Certes, il a improvisé un mini plan de rigueur à l’interne (qui, on le notera avec intérêt, via la réforme de la taxation des plus-values sur les résidences secondaires, frappe même son cœur de cible électoral) et son brave Baroin fait la tournée des banques US histoire d'apaiser les marchés en attendant le prochain point G qui va (same players insert coins) changer le monde.
Le climat éco va donc cahin-chaos continuer à se détériorer et la note de la dette française va probablement être dégradée (rappelons que notre néo-taxeur de sodas a creusé le déficit de 400 milliards en 4 ans). Notre Monarque minaude, parade à l'étranger, en appelle au passé, courbera le dos, pouponnera bientôt, en attendant son échéance de 2012. Il a pour lui une certaine atonie du peuple et un éparpillement du mécontentement. Pour l'instant, l’indignation ne prend pas. Voyons-y encore une bonne robustesse des services publics, de la protection sociale, des congés payés, une bonne part de soumission (faute d'imagination et par peur d'avoir à y perdre quelque chose) à l'évangile de l'indépassable capitalisme pyramidal. Fort de son succès à faire avaler aux Français l'arnaque de la réforme des retraites, il envisage déjà, via ses sbires, de repousser toujours plus loin les limites avec un âge de départ à 67 ans au prétexte d'une convergence avec l'Allemagne (Une convergence sélective ne s'appliquant pas, par exemple, à l'abandon du nucléaire et ne prenant pas en compte notre différence démographique avec l'Allemagne ni la durée de cotisation fixée là-bas à 35 ans et ici à 42). Malgré la hausse violente de la pauvreté, le peuple du milieu n’a pas encore goûté de la vraie bonne grosse politique d'austérité. Le désarroi grec ne provoque encore que quelques frissons exotiques en ouverture de JT, et il n'est pas rare que dans les conversations de gens qui ont pourtant un cerveau soit repris mot pour mot l'argumentaire des bourreaux ("Mais tu ne te rends pas compte Seb ? La dette !". N'oublions pas aussi, mais comment les oublier tant ils cannibalisent le mental français, que pour une partie de la société (qui vote beaucoup, n'a plus toujours toute sa tête), ce quiquennat a été très profitable (exonérations, cadeaux fiscaux, bonne retraite, hausse des prix de l’immobilier...).
Si notre président arrive à godiller dans la dette pour les six prochains mois avec des signes encourageants (notons cette communication sur la réduction du déficit de la sécurité sociale[1]), avec son argumentaire de campagne classique (promesse de gnouf pour les pas-comme-nous et travaux forcés pour les assistés), nous nous dirigeons donc tranquille vers une élection Hollande / Sarkozy ne remettant pas en cause les grandes lignes de la diète qui se profile derrière. Il y a bien une ligne offensive à gauche et à la gauche de la gauche contre la spéculation et les banques, mais celle-ci remet trop en cause l'ordre établi pour obtenir les soutiens nécessaires qu'ils soient financiers, médiatiques et populaire (tout cela étant inextricablement lié).
Mais un semestre c’est long, spécialement dans un contexte d'anxiété financière globale ou même Christine Lagarde perd de son optimisme légendaire. Imaginons donc que les efforts de notre président (coincé entre son irrépressible envie de se faire réélire et donc de ne pas se faire encore un peu plus détester et l’injonction des créanciers à taper sur les peuples) foirent et qu’avant Noel, à ce classement absurde, notre pays et ses banques se retrouvent en AA- (houlalala). Il sera obligé de passer la vitesse supérieure avec la phase 2 et l'annonce d'un vrai gros plan de rigueur (pas l’amuse-gueule à 11 milliards qui a nous a été servi avec moult précautions oratoires). Il sera question, entre autres, d’une vraie casse de la fonction publique avec dégraissage au Destop des effectifs et baisses des salaires pour les autres (ou augmentation du temps de travail, ce qui revient au même), hausse de la TVA et équarrissage des prestations sociales (bref, le trip des trépanés de l’Ifrap auquel TF1 et affidés nous conditionnent à touches plus ou moins nuancées depuis des années). Là seulement, le peuple sentira passer la douloureuse : chute nette du niveau de vie, baisse ou fin des allocs ayant pour conséquence des cascades de découverts bancaires, des services réduits ou fermés, un accès aux soins impossible…
Ajoutons à cela, la montée des affaires tachant les partis de gouvernements, nous voilà conduits vers des cataclysmes démocratiques comme il en arrive une ou deux fois par siècle lorsque, écoeuré, les peuples désespérés courent crier leur colère dans l'isoloir des solutions simples.
Simulation 1 : Imaginons une dégradation rapide du contexte, avec forte contestation : Sarkozy se retrouve éjecté du second tour. Sachant que les législatives sont derrière, dans le match FN / PS pour qui crois-tu qu'une large partie de l’UMP va se prononcer ?
Simulation 2 : Post 2012. Dans une période de redéfinition par le bas des standards (et La France plongeant en retard et de très-haut, la chute n'en sera que plus violente), la soumission s'émoussera laissant place à de sporadiques explosions de violence (rappelle-toi les émeutes anglaises et la diligence de la classe dirigeante à qualifier de délinquance et punir une misère qu'elle a générée). Pour préserver rentes, mandats et prés carrés loin de la colère des chômeurs, des mal-logés (tant qu'il n'y a pas de volonté politique d'en finir avec ce dernier far-west, il n'y aura pas de retour en arrière) et des exclus intégrés (le précariat), il faudra plus que du Money Drop à la télé et des Post-it wars au bureau, mais de l'ordre et de la terreur à chaque coin de rue. Note que, préventivement, se drapant derrière un "marché de l'immobilier" auquel chacun se plie, les grandes villes sont déjà des citadelles nettoyées de leurs pauvres.
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Quel calcul s’opérera dans la tête du patronat, des élites, des publicistes, des possédants, des rentiers si le climat social tourne à la franche hostilité ?
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Quel calcul s’opérera dans la tête du patronat, des élites, des publicistes, des possédants, des rentiers si le climat social tourne à la franche hostilité ?
Vers quel gouvernement conduiront-ils les peuples ? A l’ère du chacun-pour-soi, de recroquevillement des possédants sur leurs valeurs, dans un pays où du haut en bas de l'échelle sociale les valeurs de droite triomphent (surtout en fantasme) mais où le parti qui les incarne traditionnellement est discrédité, viseront-ils un socialisme gestionnaire (un parti taxé de beaucoup de choses, mais rarement de sécuritaire) avec croissants risques de soubresauts ? Ou s'orienteront-ils directement vers une droite redéfinie sur son extrême avec promesse de coups de trique pour les moins méritants (à savoir dans la tête de chacun : "l'autre" ou celui en-dessous de soi) ?
[1] Bien sûr, ne voir aucun lien entre cette annonce issue de la progression des déremboursements, la hausse consécutive des tarifs des complémentaires et le retour de la tuberculose dans le 93.
15 comments:
La tuberculose, LA maladie des pauvres...
Je cite: "baisses des salaires pour les autres (ou augmentation du temps de travail, ce qui revient au même)"
Je ne suis pas d'accord, ça n'est pas la même chose. Les "petits" salaires préfèreront la hausse du temps de travail (fin des RTT ou diminution des congés) plutôt que risquer de ne plus pouvoir finir le mois vu que les loyers (et les prix en général), eux, continuent d'augmenter.
Par contre, ce n'est pas ça qui aidera à résorber le chômage !
@claribelle > Arnaque fondamentale du "travailler plus pour gagner plus". Le smic et le seuil de pauvreté sont presque équivalents. Les salaires doivent être revalorisés avant de consentir a une hausse horaire.
J'adore notre gouvernement sioniste !
Le pire n'est jamais certain la dégradation de la note de la France n'est pas sûre, et de toute façon ça n'est pas ça le danger, mais bien + le défaut d'un ou plusieurs Etats sur leur dette qui activerait les CDS et le krach obligataire. Nous n'en sommes pas là et peut être même que nous avons vécu le pire de cette crise, essentiellement boursière. Quant à la crise réelle, elle dure depuis 30 ans, mais s’accélère juste avec la crise financière, pour créer la crise de civiliation qui achèvera la démocratie et le "pouvoir d'achat" : et pour cette dernière phase, gageons que UMP et PS sont complices, d'autant plus que le peuple soumis n'a pas abandonné le culte du veau d'or, même s'il va le tondre...
@anonyme: grave !
La tuberculose est contagieuse . Si les pauvres sont malades , d'une façon ou d'une autre , ça se fera sentir , même en douceur mais ça se fera sentir , chez les Français moyens et les riches .
@Robin
"le défaut d'un ou plusieurs Etats sur leur dette qui activerait les CDS et le krach obligataire", contrairement à ce que vous dites, nous en sommes là!
La zone euro va bientôt exploser. La France est énormément exposée.
C'est qui les kékés sur votre photo ? 25 ans et (déjà) une Rolex ? On dirait Lancar au 1er plan.
Attendez de voir la défaite de la droite au Sénat ce dimanche. Rien que de voir leur tronche, on se réjouit déjà. Maintenant, c'est vrai que pour les lendemains chantants, avec leurs successeurs...
Vous écrivez que l'indignation ne prend pas. Je crois au contraire que le peuple est bien au-delà de l'indignation. C'est l'exaspération qui domine, ce qui rend la situation explosive. Les gens "en place" le savent.
Les partis politiques n'ont plus aucune légitimité électorale, nos pitoyables syndicats font dans la magouille, les médias sont corrompus et la chose publique tourne pour des intérêts particuliers (quand on pense que sarko a fait de l'Ifrap une fondation d'utilité publique, avec avantages fiscaux à la clé... pouvait-on tomber plus bas).
Explosive la situation.
@anonyme > l'indignation est là, mais s'arrête au même endroit. Un apéro facebook mobilise plus qu'une marche contre telle ou telle mesure.
Je sais que ce n'est pas nouveau, mais ne somme nous pas encore une fois face à la stratégie du choc de Naomi Klein. Le choc étant l'un des scénarios que tu évoques, la stratégie étant proposer des solutions (ambiance chicago ou chili 70) à un corps sociale anesthesié par le choc qui n a plus les ressources pour réagir.
Tom
@ Anonyme : n'allez pas plus vite que la musique alors que nous sommes loin d'être les chefs d'orchestre et que comme le dit Seb le peuple est plus résigné et con/sommateur (toujours) que indigné. Des indignés il y en avait 50 à Paris je crois l'autre jour : quand on en arrive à de tels chiffres minables, cela signifie bien que le peuple est aux ordres du système et certainement pas indigné (je parle de la majorité pas de ceux qui s'indigneront toujours (il s'en ajoute peut être un peu mais on en perd aussi pas mal qui sont résignés, y compris les syndicats on dirait)
Non nous n'en sommes pas au krach obligataire, si la Grèce fait défaut ce sera mi octobre, si on passe mi octobre sans problème c'est que le plus gros de la crise financière est passé (à court terme). Par contre la crise de civilisation et la chute de la démocratie sont en route, et en ce sens la stratégie du choc a tout son sens (hélas) : tous aux abris....
d'ailleurs regardez ce qui arrive et arrivera aux quelques révoltés, vu qu'ils sont pas nombreux
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2011/09/25/80-indignes-de-wall-street-arretes-a-new-york_1577538_3222.html
Je parle de cela depuis 2007 entre les 2 tours de l'élection ! Et Seb en parle aussi pour l'avenir et il abien raison...y a que la bourse qui va remonter, tout le reste va baisser les droits, le "pouvoir" d'achat etc...
Celui dont la pensée ne va pas loin verra les ennuis de près. Kong Fou Tseu.
Le patron de Dexia s’appelle Pierre Mariani : c’est un proche de Nicolas Sarkozy.
En 2010, Pierre Mariani a gagné 1 809 411 euros.
http://www.lesechos.fr/diaporamas/voir_diaporama.php?id_diap=DIAP290411932_114660
A propos de Pierre Mariani, voici un extrait de Wikipedia :
Le successeur d’Axel Miller, Pierre Mariani, un proche de Nicolas Sarkozy, s’est octroyé un salaire fixe en hausse de 30 % par rapport à Axel Miller.
Le conseil d’administration de Dexia a accepté «à l’unanimité» le 13 novembre 2008 de porter à un million d’euros le salaire annuel du directeur général et de fixer à 2,25 millions d’euros son bonus maximum. Axel Miller ne touchait «que» 825 000 euros de fixe, et son bonus était plafonné à 1,8 million d’euros.
C’est le comité des rémunérations, composé notamment de Denis Kessler, ex-numéro 2 du Medef, et d’Augustin de Romanet, directeur général de la Caisse des dépôts, qui a fait ses propositions.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dexia#Salaire_de_Pierre_Mariani
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