31 janvier 2023

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Réforme des retraites : n'avoir aucune idée de ce qu'est le travail

J’entendais ce matin Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, un peu fatigué à l’antenne d’RMC. Il est bien conscient des risques d’enlisement d’un mouvement de contestation morcelé quand bien même ce mouvement est soutenu par une majorité des français. 

Avec 72% des Français opposés à la réforme Macron des retraites, la bataille actuelle est un de ces moments de vérité collectifs assez rares de la société française. La défaite n’est une option pour personne. Si Macron recule, il peut légitimement penser que son quinquennat est terminé. En revanche, si les Français (majoritaires quand même) cèdent par désertion, ils auront dégringolé un pallier de plus vers la désintégration sociale du pays déjà bien amorcée. Macron pourra terminer son quinquennat tranquille avec encore plus de morgue et préparer le terrain pour le clone banquier suivant. 

Le combat comptable autour de cette réforme est simple : on vous vole quatre ans de vie et des dizaines de milliers d’euros. Mais il y a aussi le combat philosophique. Ce que l’on attend du travail. De l'école à la télé : il y a obligation morale, avant même financière, à travailler. Le travail doit se suffire à lui-même, de votre seul présence à son chevet est censée colmater tous ses incohérences et absurdités : Les mauvais salaires (commencer se loger sans aide familiale même avec un boulot quand on est jeune, et quand on est moins jeune : comment acheter quand on est pas marié ?) mais aussi les temps de trajets (pourquoi donc ce n’est pas rémunéré ?), sa prise globale du temps (on pourrait tout à fait travailler beaucoup moins, alors que nous avons gagné des capacités de production hallucinantes en quelques décennies). La question de la pénibilité évidemment est au centre de la pièce. Mais, tout travail où tu ne te lèves pas pour toi et tu ne disposes pas de ton temps EST par définition pénible. Point. Après, suivant le poste, l'encadrement, la paye et les conditions, on s’enfonce du "très" au "super" pénible. 

On peut être de gauche ou de droite, chacun concèdera que te dire que tu vas devoir te taper 44 ans de boulot de merde pour vaguement pouvoir profiter d’une aumône à la fin d’un parcours à la Squid Games (si tu es encore vivant), ce n’était pas clairement un super mouv' marketing à lancer en pleine inflation et à deux doigts d’une troisième guerre mondiale.  Sans compter que tout le monde a désormais bien compris, avec une poignée de riches s'accaparant à vitesse grand V la quasi intégralité de cette planète, que le travail est finalement l'activité la moins enrichissante. 

Le monde de Macron est à l’agonie et avec sa réforme pour satisfaire l'UE et les marchés il nous entraîne dans son délire comptable (qui sera de toutes les façons remis sur la table d'ici quelques années). Le débat ne devrait pas seulement se focaliser sur cette fin de vie aménagée qu’on appelle la retraite mais sur ce que nous faisons au présent de ce fardeau nommé travail. Et quand je dis travail, c'est pour la plupart de salariat dont je parle : cette drogue occidentale au confort de la paye qui tombe chaque fin de mois et qui est au fond la cause de tous nos maux, de notre docilité sociale et nous sort de la merde tout autant qu'elle nous fige dans le mal-être. 

Martinez a dit une chose juste ce matin : il faut bien que ces gens (Macron et son régiment de couillons) n’aient aucune conscience de ce qu’est le travail pour imposer une telle réforme. C’est tout à fait ça. Le grand problème de ce pouvoir (et ce n’est pas d’hier) est sa déconnexion complète avec le peuple qu’il représente. C’est son péché d’orgueil et probablement par là qu’il périra aujourd’hui ou un autre jour. Macron a commis l’erreur de leur lancer, fier de lui comme tous les cons, que les Français n’étaient que ses électeurs, dont la finalité et leur bonheur seraient d’être des esclaves, salariés et imposables, jusqu’au cimetière. 

C’était déjà vrai, mais ce n’était pas le bon moment pour leur rappeler. 

À tout à l’heure dans la rue.

3 comments:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Je ne me souviens pas d'un seul billet où je ne fus pas d'accord avec vous, même sur des points de détails.
Ne cessez pas de nous en écrire d'autres, c'est toujours rassurant de se dire qu'on n'est pas seul à penser ce qu'on pense...

Bonne journée

Jean

Seb Musset a dit…

Merci à vous, Jean.

tom a dit…

je suis pour une solution equitable: enlever la retraite pour tous (et surtout les politiques et les boomers)
le seul travail qui vaille c'est celui que l'on a envie de faire sans meme etre payé(ou juste en bonus), essentiellement.
car aller dans une mine de charbon c'est du travail, composer une chanson de musique, c'est aussi du travail. le travail est un mot fourre tout dénué de sens-a eviter autant que possible.
en ce qui me concerne, la nature est a la fois mon travail et ma retraire. faire mon potager, aller pecher, fabriquer une cabane, le pieds, le plaisir, la gratification. et pourtant c'est utile, dirais-je meme un travail, mais quel plaisir!

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