15 novembre 2011

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Le bonheur néolibéral, c'est pour quand ?

Jour de douleur dans la galaxie libérale. C'est aujourd'hui le cinquième anniversaire de la mort de Milton Friedman, fondateur de l'école de Chicago. A cette occasion, et alors que dirigeants et journalistes (si, si un peu quand même) n'ont plus en tête que de "rassurer les marchés" (ces innocentes entités) quitte à broyer les peuples (ces empêcheurs d'empocher plus) en nous jouant à domicile un remake péteux de la "stratégie du choc", nous avons décidé à plusieurs blogueurs de poser une question aux gourous, chefs de réseau, lieutenants et attachés de presse du tout marché...

A l'attention de: Jean-Michel Aphatie, Jacques Attali, Christophe Barbier, Eric Brunet, Yves Calvi, Monique Canto-Sperber, Jean-François Copé, Arnaud Dassier, Sophie De Menthon, Michel Godet, Eric Le Boucher, Alain Madelin, Alain Minc, Hervé Novelli, Catherine Ney, Laurence Parisot, Jean Quatremer, Pascal Salin, Hugues Serraf, Guy Sorman, Jean-Marc Sylvestre, Pierre-André Taguieff, Yves Thréard, Agnès Verdier-Molinié, Laurent Wauquiez. 

"Madame, Monsieur,

Vous vous définissez vous-même comme étant de sensibilité « libérale » sur le plan économique et c’est bien évidemment votre droit le plus strict. Vous ne verrez donc pas d’inconvénients à être sollicité afin de répondre à une simple question.

Nous, blogueurs et citoyens de sensibilité de gauche, sommes depuis une trentaine d’années face à votre discours nous assurant que le libéralisme économique – ou néolibéralisme si vous préférez – ne sera qu’une promesse de bonheur et de liberté pour tout un chacun, humbles comme aisés, et qu’un passage, certes douloureux mais que vous nous assurez « nécessaire », par une période de temps plus ou moins difficile où serait mise en place une sévère mais juste « rigueur » économique, finira, à terme, par porter des fruits dont tout le monde sans exceptions profitera…

Disons le net : nous sommes sceptiques.

Non pas que nous mettions en doute votre bonne foi quant à ces affirmations : votre sur-présence médiatique depuis tant d’années nous a convaincu de votre sincérité. Mais tout de même, tout le monde finit par se demander, à force :

Ce fameux « bonheur néolibéral » qu’on nous promet depuis 30 ans, ça vient quand ?

Parce que dans un pays comprenant 8 millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté et des salariés pressés comme des citrons en permanence, et où malheureusement il semble bien qu’une fraction fort malhonnête de personnes trouvent à s’enrichir en se contentant de siéger dans des conseils d’administration, il est quelque peu délicat de percevoir les bienfaits de ces fameux « marchés » que vous défendez pourtant mordicus en dépit du bon sens.

Comme toujours, vous répondrez à cela qu’il faut « poursuivre les réformes » parce qu’on a « pas assez libéralisé » ; mais soyons sérieux : il vous faut clairement admettre que vous vous êtes plantés. Qu’en 30 ans vous n’avez pas été foutus de faire quelque chose de bien. Et que le néolibéralisme n’a conduit qu’une fraction infime de gens très riches à encore plus s’enrichir au détriment de tous les autres.

Notre question sera donc : pourquoi ne pas admettre que votre idéologie est nuisible pour la majorité, que vous vous êtes plantés, et que dans l’intérêt général vis-à-vis duquel vos idées sont objectivement nuisibles, il serait mieux que vous laissiez tomber et passiez à autre chose ?

Dans l’attente de votre réponse, veuillez Madame Monsieur agréer l’expression de nos salutations distinguées."

CSP, SeeMee, ValerieCG, vogelsong, sebmusset, dadavidov, intox2007, MipMip, Jegoun, Ohoceane, AlterOueb, monolectedrclehmann, Gael et chaque lecteur, blogueur se sentant concerné.
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D'ailleurs... 
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P.S personnel : Nous comptons sur le lecteur pour faire tourner, avec nous, cette lettre et inonder avec les courriels et formulaires des émissions de télés et de radios toute la semaine.  En vous remerciant.
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hashtag : #bonheur_neoliberal
Illustrations : La mélodie du bonheur, R.Wise / RobotMonster A.Minc

20 comments:

Unknown a dit…

Oui. Tout simplement.

Ce qui est nuisance n'est tout simplement pas de l'ordre de la liberté.

Par définition.

Sotica a dit…

Complètement d'accord avec cette lettre. Je l'ai d'ailleurs reproduite sur mon blog.

Anonyme a dit…

Ce texte serait plus convaincant si en plus de dénoncer il proposait.
Ou alors s'il citait en exemple un pays où ça va mieux (Cuba ?, la Corée du Nord ?).
De toutes façons la terminologie (pas seulement dans cet article, mais quasiment partout) est inadaptée et trompeuse. Car ce que défendent ces gens ce n'est pas le "libéralisme", mais le "socialisme pour les riches". "Socialisme" car il repose sur un appareil d'état surpuissant et hyper-interventionniste. Et "pour les riches" n'a pas besoin d'explications.

Claribelle a dit…

Dans la mesure où vous attendez une amende honorable de la part de personnes qui n'admettent jamais s'être trompées, vous risquez de ne pas avoir beaucoup de réponses... :o))


NB: la phrase du 2ème paragraphe est particulièrement alambiquée et j'ai dû la relire plusieurs fois pour bien la comprendre. Le "nous sommes" du début ne renvoie à rien sinon à "face à votre discours" ce qui ne concerne donc pas que les blogueurs de gauche mais tout le monde (ou alors écrire tout de suite "nous sommes sceptiques face à..." ou encore "nous sommes comme tous les Français face à ..."); l'emploi de "nous assurant que le libéralisme ne sera qu'une promesse" est curieux (le "ne sera que" est réducteur, la réalisation de la promesse devient hypothétique) alors qu'ils nous serinent que le libéralisme SERA LA promesse du bonheur et de la liberté (donc avec réalisation garantie !); enfin, à la fin de la phrase, j'ai eu un peu de mal pour trouver le sujet de "finira" (c'est "un passage" - pour ceux qui auraient n'auraient pas compris non plus).
Sinon, j'aime bien l'expression "une fraction fort malhonnête de personnes trouvent à s'enrichir" un peu plus loin.

Eric a dit…

Contrairement au communisme, le libéralisme n'a jamais promis le bonheur pour tous, mais que chacun puisse chercher son propre bonheur.

Rafo a dit…

@Anonyme : en gros, vous nous expliquez que le jour où un cuisinier prépare un plat infect pour les clients du resto, c'est au clients qui trouvent ça dégueu de proposer une autre recette, pas au cuisinier qu'on paie pourtant pour qu'il prépare de bons plats.

....

OK.

Tassin a dit…

@ Eric :
En 30 ans de recherche on n'a toujours pas mis la main dessus à ce fichu bonheur...

Ça me rappelle une autre forme de bonheur promise par nos dirigeants, le consumérisme.

"On nous dit le progrès c'est le bonheur faites un pas en avant. Et c'est le progrès, mais ce n'est jamais le bonheur. Et si la solution c'était de faire un pas de côté?"

Eric a dit…

@Tassin
Parce que vous attendez que le bonheur arrive tous cuit ?

Le rôle de la société est-il d'apporter le bonheur ou de permettre à chacun de rechercher le sien ?

ZapPow a dit…

@ Anonyme 10:59

Curieuse manie que celle d'opposer systématiquement à toute critique de notre système la Corée du Nord et Cuba, comme s'il n'existait pas d'autre choix.

ZapPow a dit…

@ Eric

Le rôle de la société est-il d'apporter le bonheur ou de permettre à chacun de rechercher le sien ?

Intéressante question, mais vaine, en ce sens que quelle que soit la réponse, elle n'a à ce jour pu être ni validée, ni invalidée, s'agissant là d'un débat philosophique, où toute réponse est subjective.

Pozdé ! a dit…

A l' attention de votre curiosité, vous devriez regarder les conférences de Francois Asselineau

http://u-p-r.fr

Cordialement.

T-Buster a dit…

Sinon le pays le plus libéral d'Europe est la suisse. Il est aussi le pays ou le pouvoir d'achats est le plus important, les droits politiques les plus avancés pour les citoyens. Une dette jugulée et en régression. Et son principal problème est qu'il est le seul pays d'Europe qui va bien.... Côme quoi le libéralisme n'est pas si mal que cela

Rafo a dit…

@T-Buster : la suisse n'a pas tout à fait le même mode de financement que la zone Euro. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle ne s'y trouve pas. Et puis, c'est un paradis fiscal, attirant donc d'énormes capitaux. Ainsi, même une fiscalité légère suffit largement à faire vivre le pays.
Et il y a des pauvres aussi en Suisse, tous ne sont pas banquiers.

Stéphane Grangier a dit…

Tout à fait d'accord avec cette initiative salutaire.
Cependant, rajoute un Reichfuhrer sur l'illustration derrière Heidi , et ça colle nickel.#NidaigleLibéral

Eric a dit…

Visiblement, vous avez une réponse ici : http://www.contrepoints.org/2011/11/17/56032-le-bonheur-du-socialisme-de-nos-jours-pour-tous

pOlO a dit…

REPONSE A L'AUTEUR : le régime en France n'est pas libéral, c'est pour ça que ça ne marche pas. Les pays libéraux sont plutot les suivants : Amérique du Nord, pays d'Europe du Nord, Suisse, Australie / NZ, qq petits pays d'Asie.

Le socialisme, de gauche ou de droite, ne marche pas. L'Etat représente 55% du PIB en France, je ne comprend pas votre volonté de persister à qualifier la politique étatique de libérale alors qu'elle est au plus ploutocratique.

Par ailleurs, alors que vous mettez très bien le doigt sur le problème de la rente avec l'immobilier "à la française", comment ne faites vous pas le lien évident avec l'ensemble du "modèle sociale français" qui ne fait que redistribuer la richesse créée par les actifs ves les inactifs (d'où la productivité très forte justement ... des actifs, qui doivent soutenir tous les inactifs en France).

Au plaisir de lire votre réponse. Courage, vous touchez au but.

Anonyme a dit…

« Madame, Monsieur,
Vous vous définissez vous-même comme étant de sensibilité « anti-libérale » sur le plan économique et c’est bien évidemment votre droit le plus strict. Vous ne verrez cependant pas d’inconvénients à être sollicité afin de répondre à une simple question.
Nous, blogueurs et citoyens de sensibilité libérale, sommes confrontés depuis l'enfance et notre éducation nationale-marxiste à votre discours nous assurant que le libéralisme économique – ou néolibéralisme si vous préférez – n'est qu'un enfer responsable de toutes les catastrophes depuis la mort d'un affamé au soudan jusqu'à celle d'un ours blanc sur l'absence de banquise, en passant par le chômage, l'éducation nationale sinistrée, etc. (car tous les problèmes, absolument tous, sont imputés au néolibéralisme). Pendant que plus de « solidarité » et plus de « réglementation », certes contraignante mais promesse de « justice sociale », finira, à terme, par porter des fruits dont tout le monde sans exceptions, et en commençant par les plus démunis, profitera…
Disons le net : nous sommes sceptiques.
Non pas que nous mettions en doute votre bonne foi quant à ces affirmations : votre sur-présence médiatique et institutionnelle depuis tant d’années nous a convaincu de votre sincérité. Mais tout de même, tout le monde finit par se demander, à force :
Ce fameux « croquemitaine néolibéral » avec lequel on nous fait peur depuis 30 ans, où est-il ?
Parce que dans un pays où la dépense socialisée est passée de 40% à 56 % du PIB, où travailler est passible d'amendes fiscales et sociales si lourdes que des millions de personnes sont réduites au chômage pendant que les salariés, les employeurs, et les travailleurs indépendants qui restent sont pressés comme des citrons, où on réglemente jusqu'au type d'ampoule électrique qu'il est possible d'acheter en attendant la vérification que ce sont bien "5 fruits et légumes par jour" qui passent par notre bouche, et où malheureusement il semble bien qu’une fraction fort malhonnête de personnes trouvent à exploiter les ressources publiques pour alimenter leurs lubies et leur clientèle électorale voire leur propre portefeuille, il est quelque peu délicat de percevoir ce fameux néolibéralisme dont vous affirmez pourtant mordicus en dépit du bon sens qu'il est le coupable.
Comme toujours, vous répondrez à cela qu’il faut « poursuivre la lutte » parce qu’on n'a « pas assez réglementé » ; mais soyons sérieux : il vous faut clairement admettre que vous vous êtes plantés. Qu’en 30 ans vous n’avez pas été foutus de faire quelque chose de bien. Que le néolibéralisme n'a pas plus d'effet sur les français que la licorne rose invisible, et que les fausses « solidarités » obligatoires dont vous prônez et obtenez le développement depuis trente ans ne sont pas la solution, mais le problème, à commencer par l'étouffement de la vraie solidarité, libre, volontaire.
Notre question sera donc : pourquoi ne pas admettre que votre idéologie est nuisible pour la majorité, que vous vous êtes plantés, et que dans l’intérêt général vis-à-vis duquel vos idées sont objectivement nuisibles, il serait mieux que vous laissiez tomber et passiez à autre chose ?
Dans l’attente de votre réponse, veuillez Madame Monsieur agréer l’expression de nos salutations distinguées. »

Anonyme a dit…

@Anonyme

La réponse : ce n'est ni une affaire de libéralisme, ni une affaire de répartition et encore moins de socialisme,d e capitalisme ou encore de communisme.
C'est juste la volonté de cartels et d'une petite élite de tout contrôler, et de se remplir les poches, quel que soit le système. C'est pour ça que l'on vit dans le "néolibéralisme" : le communisme pour très riches.

Eusèbe a dit…

Que c'est fatigant les contre-exemples foireux...
La suisse, pays surtout riche de son secret bancaire et de l'évasion fiscale (non coopératif, mais c'est un micro pays, elle peut oser), les "pays du nord" : suède avec un taux d'imposition plus fort qu'en France et pratiquant une désinflation compétitive (non coopérative par définition, mais c'est un micro pays, elle peut oser) depuis 20 ans, ou Norvège, (micro)état pétrolier , Canada, dégoulinant de matières premières : hou les voilà les beaux exemples ultra libéraux.
Du grand n'importequoi.

Les Copés, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnait.
Hé bien, il n'y a que des libero-Copé qui ont osé contre-poster, dirait on...

T-Buster a dit…

@Eusèbe
Oui en effet arrêtez de dire n'importe quoi.
La Suisse n'est plus un paradis fiscal. elle remplis les critères de l'OCDE à se sujet.
Bon c'est vrai la France refuse de signer un l'accord d'imposition. Mais c'est vrai que ce gouvernement socialiste de droite, est tellement habituer à prendre de l'argent gratuit dans la poche de ses contribuables, qu'ils ne peut se résoudre a être limiter par un accord à ne pas pouvoir en prendre encore plus.
Par contre, il transpire dans votre message une supériorité face à ces états que vous considérez comme microscopique, qui dénote bien un état d'esprit d'un autre âge, qui ankylose complètement la France. c'est qui justement cela empêche toute réforme qui ont justement si bien marché dans ces états que vous snobez.
Et n'oubliez pas, la France est le pays le moins libéral d'Europe.

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