Ami salarié… T’ai-je raconté comment je vénérai dans les années 90 les États-Unis, ce pays où l’on pouvait entreprendre sans frein, où l’on pouvait consommer 24 hours a day, où les centres commerciaux m'accueillaient bras ouverts le dimanche, où l’on pouvait dévorer ce que l’on voulait, partout et sans limite aucune ?
Je trainais alors dans une Californie d’abondance, celle de l'interminable vallée de banlieues pavillonnaires où s’étalait en maisons clonées ce qui me paraissait alors la quintessence de l’épanouissement humain : la classe moyenne idéale, avec ses deux voitures dans le garage et ses chaînes câblées, peuplant relaxée, de barbecues en matchs de foot, les productions Spielberg de mon enfance.[1]
Je mettrai plusieurs années et plusieurs visites dans l'autre Amérique pour saisir que :
1 / les États-Unis, c’est aussi grand et contradictoire que le concept de classe moyenne.
2 / si tu peux y entreprendre sans frein et rapidement, il n’y a également aucune fin à ta chute encore plus expéditive.
3 / Que consommer est relativement aisé quand tu "prévois" de régler en différé.
4 / Qu'une existence passée à la rembourser dans le stress, est un projet de vie tout pourri.
5 / Que l’opportunité (alors aisée) d’avoir un job sans sécurité ni garanties, à deux heures d'embouteillages de chez soi, quasi sans congés et globalement pas terriblement payé rapporté aux frais cachés américains (choses auxquelles, je ne faisais pas attention en France…), ce n'était pas si top.
6 / Que l'Amérique, c'est pété de pauvres et que l'esclavagisme n'y pas disparu, il s'est juste sophistiqué[2]
7 / Que je n'ai plus besoin d'y aller pour être dépaysé. En vingt ans, mon beau pays a rattrape à grandes enjambées son modèle américain mais en pire (La France subissant une poussiéreuse suprématie générationnelle renforçant les effets dévastateurs de cette cavalcade dans le mur).
Mon plus gros choc US reste ce séjour en 2004 à Détroit et dans son apocalyptique banlieue (taux de pauvreté hallucinant, chômage et clochardisation massifs, maisons qui s'écroulent, routes défoncées, abandon des missions de service public, bâtiments fantômes, magasins et parkings vides...). Ville plus grande en superficie que Paris et probablement plus pauvre que la plus pauvre des villes françaises, berceau des Big Three de l'automobile Ford, Chrysler et General Motors.
Faisons court (si,si). C'est à Détroit, Michigan regroupant alors la totalité des chaines de montage automobile du pays, que naît au début du siècle dernier le fordisme (travail répétitif à la chaine, standardisation couplé à ce principe tout bête de payer plus les salariés pour éviter qu'ils se barrent mais aussi pour qu’ils consomment : ce modèle de société qui nous a drivé jusqu'à présent).
Sur les lignes d'assemblage de Motor City sont conjointement lancés le travail répétitif à la con qui améliore la productivité[3], la société de consommation et l'intégration sociale par le standing via l'étalage d'objets manufacturés par le salarié (ou des gens à proximité payés au même tarif que lui). Ce modèle connaitra son apogée au lendemain de la seconde guerre mondiale. En 1953, les big three détiennent le taux soviétique de 93% des ventes intérieures de véhicules et le Michigan sera l'état américain au salaire médian le plus élevé, comptant le plus de propriétaires individuels. Les ouvriers de l'automobile y sont massivement syndiqués.
Limites du modèle : d'un côté, il exige toujours plus de consommation, de l'autre, l'avidité des humaine et la dérégulation mondiale embrasant le bazar dans le dernier quart de siècle, actionnaires et direction margeront de plus en plus sur la bête humaine.
Dés les années 50 les entreprises automobiles délocalisent dans le sud des USA, le coût du travail est moins cher et / car on y compte moins de syndicats. Face à la concurrence asiatique avec ses modèles moins gourmands en carburant, à partir des années 70, elles délocalisent tout court. Ce sera le début de la chute des big three qui n'ont jamais su réinventer leurs modèles au fil des années de crise.
Depuis dix ans déjà, les équipementiers automobiles du Michigan licencient en masse avec bazookage des acquis sociaux sur fond chantage au chômage pour ceux qui restent.
En novembre 2005, le dirigeant le "local 651" du syndicat auto UAW chez Delphi, (premier équipementier de GM à se mettre en faillite), Russ Reynolds, déclarait dans le Monde :
" - Il n'y a plus aucune loyauté aux États-Unis envers les ouvriers et aucune loyauté des grandes entreprises pour ce pays. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre, l'enjeu est trop grand. Si nous acceptons de voir nos salaires amputés des deux tiers, non seulement nous serons dans la misère, mais toute l'industrie automobile suivra."
Ce n'était déjà pas l'avis de tous les syndicats à l'époque. Dans le même article, nous apprenions que Bill Jordan du "local 599" considérait lui que "une grève chez Delphi serait sans doute la fin de la société et conduirait aussi General Motors à la faillite, ce n'est pas dans notre intérêt" avant d'ajouter un "[General Motors] ne peut pas lutter contre la compétition en payant les retraites de 500 000 personnes. Dans les autres pays, cela est de la responsabilité des gouvernements.[4]" tout droit sorti d'un brainstorming patronal de crise.
Le plan de sauvetage de Delphi était lui aussi, limpide : licencier les deux-tiers des employés US, ramener les salaires des autres de 26 à 9 dollars de l'heure, en favorisant la division syndicale. Cela n'a rien sauvé du tout. 5 ans plus tard, fort de son propre sauvetage d'état : GM rachète Delphi.
You got the message ? D'un côté le sauvetage de la grosse compagnie GM, de l'autre le dégraissage dans les plus petites au profit final de la première. Quant aux chômeurs du Michigan : GM vivant ou pas, ils n'ont pour la plupart pas retrouvé d'emploi.
En 2009, le gouvernement fédéral conditionne son entrée dans GM à la cessation d'actifs et à des réductions de personnel. Comme pour Delphi, l'avantage non-négligeable d'être sous chapitre 11, est de ne pas avoir à rembourser les dettes et de pouvoir renégocier les avantages sociaux, sous ultimatum du genre "c'est la fin de tes congés ou la fin de ton emploi".
GM a licencié, liquidant ses filiales les plus encombrantes, réussissant (selon ses critères) son optimisation sociale en imposant une négociation idéologique à sens unique, basée sur l'engagement, le sacrifice, la dernière chance, à base de réduction des salaires, de suppression des retraites et des programmes de soins, tablant sur une soumission des syndicats, la trahison de leurs dirigeants, voire la disparition pure et simple de la représentation syndicale (on ne va pas s'emmerder non plus) comme c'est envisagé pour ses nouvelles usines "bio".
Ah oui, j'oubliai : depuis quelques mois, GM est bénéficiaire. Bagnoles, banksters et bingo commencent par la même lettre.
Et les salariés de GM Strasbourg là dedans ? Même méthode, même finalité :
Le jour de la semaine passée où, comme leurs collègues du Michigan cinq ans plus tôt, les salariés alsaciens de GM capitulaient à 70% face au chantage à la productivité mexicaine pour la reprise de leur usine par la maison mère de Détroit[5], la firme lançait une nouvelle marque low-cost en Chine.
Le temps d'opérer sa transition sur le marché asiatique où GM bénéficiera d'une "marque" qui fera triper, trimer et s'étriper 3 milliards de consommateurs qui, eux aussi, veulent croquer de l'american way of life vu à la télé, les européens et les américains, de par leur compétences et leurs quelques économies, sont priés de faire tourner le bousin au plus rentable.
A peu près au même moment où General Motors se félicitait de l'accord syndical de Strasbourg, tentant même une dernière salve, la compagnie annonçait à Wall Street le rachat pour 3.5 milliards de dollars d'AmeriCredit, organisme spécialisé dans la vente auto en leasing et le crédit voiture "subprime". On n'est jamais trop prudent. Appauvrir ? Pourquoi pas, si tes salariés ne moufetent pas et que tu contrôles le business des piécettes qui leur restent. L'automobile est toujours du point de vue des banques, des lobbys, des escrocs, de l'état des potes et des ponctions diverses, un best market.
Questions locales :
- Sur fond de baisse de l'euro, La France va t-elle conditionner ses relocalisations à la violente dégradation des acquis sociaux et des conditions de travail, s'orienter vers le tiers-monde social au nom du sempiternel "ailleurs, ils l'ont fait" ?
- Va t-elle, dans ce temps de latence attendant que le marché asiatique prenne massivement le relais de la consommation, poussivement tirer sa croissance en s'appuyant, comme les états-unis avant elle, sur la consommation à crédit pour pauvres ?
[1] pour son succès le modèle US, comme le "modèle anglais" une décennie plus tard, nécessitant une pulvérisation publi-culturelle continue).
[2] c'est tout con, fallait créer des classes intermédiaires de la pauvreté, générant alternativement peur et condescendance chez celle du dessus).
[3] qui évoluera au fil du siècle en "jobs - non-identifiables mais cumulables - de merde".
[4] enfin, jusqu'à présent...
[5] gel des salaires, pas d'intéressement jusqu'en 2013 et une renonciation à plus d'un tiers des jours de RTT actuels.
1 / les États-Unis, c’est aussi grand et contradictoire que le concept de classe moyenne.
2 / si tu peux y entreprendre sans frein et rapidement, il n’y a également aucune fin à ta chute encore plus expéditive.
3 / Que consommer est relativement aisé quand tu "prévois" de régler en différé.
4 / Qu'une existence passée à la rembourser dans le stress, est un projet de vie tout pourri.
5 / Que l’opportunité (alors aisée) d’avoir un job sans sécurité ni garanties, à deux heures d'embouteillages de chez soi, quasi sans congés et globalement pas terriblement payé rapporté aux frais cachés américains (choses auxquelles, je ne faisais pas attention en France…), ce n'était pas si top.
6 / Que l'Amérique, c'est pété de pauvres et que l'esclavagisme n'y pas disparu, il s'est juste sophistiqué[2]
7 / Que je n'ai plus besoin d'y aller pour être dépaysé. En vingt ans, mon beau pays a rattrape à grandes enjambées son modèle américain mais en pire (La France subissant une poussiéreuse suprématie générationnelle renforçant les effets dévastateurs de cette cavalcade dans le mur).
Mon plus gros choc US reste ce séjour en 2004 à Détroit et dans son apocalyptique banlieue (taux de pauvreté hallucinant, chômage et clochardisation massifs, maisons qui s'écroulent, routes défoncées, abandon des missions de service public, bâtiments fantômes, magasins et parkings vides...). Ville plus grande en superficie que Paris et probablement plus pauvre que la plus pauvre des villes françaises, berceau des Big Three de l'automobile Ford, Chrysler et General Motors.
Faisons court (si,si). C'est à Détroit, Michigan regroupant alors la totalité des chaines de montage automobile du pays, que naît au début du siècle dernier le fordisme (travail répétitif à la chaine, standardisation couplé à ce principe tout bête de payer plus les salariés pour éviter qu'ils se barrent mais aussi pour qu’ils consomment : ce modèle de société qui nous a drivé jusqu'à présent).
Sur les lignes d'assemblage de Motor City sont conjointement lancés le travail répétitif à la con qui améliore la productivité[3], la société de consommation et l'intégration sociale par le standing via l'étalage d'objets manufacturés par le salarié (ou des gens à proximité payés au même tarif que lui). Ce modèle connaitra son apogée au lendemain de la seconde guerre mondiale. En 1953, les big three détiennent le taux soviétique de 93% des ventes intérieures de véhicules et le Michigan sera l'état américain au salaire médian le plus élevé, comptant le plus de propriétaires individuels. Les ouvriers de l'automobile y sont massivement syndiqués.
Limites du modèle : d'un côté, il exige toujours plus de consommation, de l'autre, l'avidité des humaine et la dérégulation mondiale embrasant le bazar dans le dernier quart de siècle, actionnaires et direction margeront de plus en plus sur la bête humaine.
Dés les années 50 les entreprises automobiles délocalisent dans le sud des USA, le coût du travail est moins cher et / car on y compte moins de syndicats. Face à la concurrence asiatique avec ses modèles moins gourmands en carburant, à partir des années 70, elles délocalisent tout court. Ce sera le début de la chute des big three qui n'ont jamais su réinventer leurs modèles au fil des années de crise.
(Détroit, General Motors autoplant, années 50)
La crise de la consommation américaine accélérée par l'éclatement de la bulle des subprimes (la banlieue de Détroit, riche en pauvres, fut la première touchée) aurait du mettre une fin pure et simple aux big three et à General Motors déjà considérablement endettée.
Drivée par un management autiste, General Motors est depuis des années le symbole du déclin du Michigan. Après avoir englouti des milliards de dollars d'aides, cramé les futures retraites de ses employés à la bourse, elle sera placée en juin 2009 sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, de fait nationalisée par le gouvernement fédéral à hauteur de 60%, tandis que Détroit et sa région poursuivent leur agonie avec un taux de chômage "officiel" à 12.6 %, probablement du double. Depuis dix ans déjà, les équipementiers automobiles du Michigan licencient en masse avec bazookage des acquis sociaux sur fond chantage au chômage pour ceux qui restent.
En novembre 2005, le dirigeant le "local 651" du syndicat auto UAW chez Delphi, (premier équipementier de GM à se mettre en faillite), Russ Reynolds, déclarait dans le Monde :
" - Il n'y a plus aucune loyauté aux États-Unis envers les ouvriers et aucune loyauté des grandes entreprises pour ce pays. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre, l'enjeu est trop grand. Si nous acceptons de voir nos salaires amputés des deux tiers, non seulement nous serons dans la misère, mais toute l'industrie automobile suivra."
Ce n'était déjà pas l'avis de tous les syndicats à l'époque. Dans le même article, nous apprenions que Bill Jordan du "local 599" considérait lui que "une grève chez Delphi serait sans doute la fin de la société et conduirait aussi General Motors à la faillite, ce n'est pas dans notre intérêt" avant d'ajouter un "[General Motors] ne peut pas lutter contre la compétition en payant les retraites de 500 000 personnes. Dans les autres pays, cela est de la responsabilité des gouvernements.[4]" tout droit sorti d'un brainstorming patronal de crise.
Le plan de sauvetage de Delphi était lui aussi, limpide : licencier les deux-tiers des employés US, ramener les salaires des autres de 26 à 9 dollars de l'heure, en favorisant la division syndicale. Cela n'a rien sauvé du tout. 5 ans plus tard, fort de son propre sauvetage d'état : GM rachète Delphi.
You got the message ? D'un côté le sauvetage de la grosse compagnie GM, de l'autre le dégraissage dans les plus petites au profit final de la première. Quant aux chômeurs du Michigan : GM vivant ou pas, ils n'ont pour la plupart pas retrouvé d'emploi.
En 2009, le gouvernement fédéral conditionne son entrée dans GM à la cessation d'actifs et à des réductions de personnel. Comme pour Delphi, l'avantage non-négligeable d'être sous chapitre 11, est de ne pas avoir à rembourser les dettes et de pouvoir renégocier les avantages sociaux, sous ultimatum du genre "c'est la fin de tes congés ou la fin de ton emploi".
GM a licencié, liquidant ses filiales les plus encombrantes, réussissant (selon ses critères) son optimisation sociale en imposant une négociation idéologique à sens unique, basée sur l'engagement, le sacrifice, la dernière chance, à base de réduction des salaires, de suppression des retraites et des programmes de soins, tablant sur une soumission des syndicats, la trahison de leurs dirigeants, voire la disparition pure et simple de la représentation syndicale (on ne va pas s'emmerder non plus) comme c'est envisagé pour ses nouvelles usines "bio".
Ah oui, j'oubliai : depuis quelques mois, GM est bénéficiaire. Bagnoles, banksters et bingo commencent par la même lettre.
Et les salariés de GM Strasbourg là dedans ? Même méthode, même finalité :
Le jour de la semaine passée où, comme leurs collègues du Michigan cinq ans plus tôt, les salariés alsaciens de GM capitulaient à 70% face au chantage à la productivité mexicaine pour la reprise de leur usine par la maison mère de Détroit[5], la firme lançait une nouvelle marque low-cost en Chine.
Le temps d'opérer sa transition sur le marché asiatique où GM bénéficiera d'une "marque" qui fera triper, trimer et s'étriper 3 milliards de consommateurs qui, eux aussi, veulent croquer de l'american way of life vu à la télé, les européens et les américains, de par leur compétences et leurs quelques économies, sont priés de faire tourner le bousin au plus rentable.
A peu près au même moment où General Motors se félicitait de l'accord syndical de Strasbourg, tentant même une dernière salve, la compagnie annonçait à Wall Street le rachat pour 3.5 milliards de dollars d'AmeriCredit, organisme spécialisé dans la vente auto en leasing et le crédit voiture "subprime". On n'est jamais trop prudent. Appauvrir ? Pourquoi pas, si tes salariés ne moufetent pas et que tu contrôles le business des piécettes qui leur restent. L'automobile est toujours du point de vue des banques, des lobbys, des escrocs, de l'état des potes et des ponctions diverses, un best market.
Questions locales :
- Sur fond de baisse de l'euro, La France va t-elle conditionner ses relocalisations à la violente dégradation des acquis sociaux et des conditions de travail, s'orienter vers le tiers-monde social au nom du sempiternel "ailleurs, ils l'ont fait" ?
- Va t-elle, dans ce temps de latence attendant que le marché asiatique prenne massivement le relais de la consommation, poussivement tirer sa croissance en s'appuyant, comme les états-unis avant elle, sur la consommation à crédit pour pauvres ?
Dans les deux cas, par caresse ou chantage mais toujours en lui cachant la vérité, gouvernement et patronnât soumettent respectivement, le citoyen et le salarié à un discours carré, sans échappatoire, de sorte à ce qu'en permanence, croyant agir pour ses intérêts, épousant la logique binaire de la trique immédiate et de la récompense après, le citoyen-salarié renforce une pression dont il sera la seule victime.
[1] pour son succès le modèle US, comme le "modèle anglais" une décennie plus tard, nécessitant une pulvérisation publi-culturelle continue).
[2] c'est tout con, fallait créer des classes intermédiaires de la pauvreté, générant alternativement peur et condescendance chez celle du dessus).
[3] qui évoluera au fil du siècle en "jobs - non-identifiables mais cumulables - de merde".
[4] enfin, jusqu'à présent...
[5] gel des salaires, pas d'intéressement jusqu'en 2013 et une renonciation à plus d'un tiers des jours de RTT actuels.
10 comments:
Toujours dans l'est, les salariés agricoles dégustent grâce à une convention collective...
L'échappatoire existe, peut-être même au pluriel, mais il ne faut pas compter sur les médias dominants pour le(s) faire connaitre aux masses...
résumé (plus que résumé, explication approfondie plutôt) génial, de la pensée de marché et de ses conséquences sur l'être humain, autant individuellement que collectivement.
c est un peu court de resumer l echec de GM par la concurrence asiatique
GM a perdu dans les annees 70-80 surtout par la non qualite de sa production. Et une fois le client perdu, il ne revient plus (et achete une autre toyota)
GM etait une societe riche qui a l epoque pouvait se permettre de jeter de l argent sur les problemes (comme ca on en entendait plus parler, les personnes etant trop bien payes pour secouer le cocotier)
GM a quand meme fait des choses innovantes recemment, comme par ex produire des voitures electiques (pas unqiuement des prototypes cf http://en.wikipedia.org/wiki/General_Motors_EV1). Mais un mangement a courte vue et purement financier a coule cette societe
Sinon dire que Delphi est une petite societe comme dans ce texte est assez amusant. Delphi etait une branche de GM qui a ete rendue independante (probablement pour des raisons purement boursiere) mais qui etait a l epoque le premier equipementier auto mondial ...
@cdg > Pour les US, le crash de GM c'est un ensemble qui va de la voiture de daube à l'inadaptation aux nouveaux monde de consommation.
Dans le cas de Delphi, ce qui intéressant ici c'est la méthode employée et les discours de l'époque qui en rappellent d'autres actuels et locaux.
Bonjour,
je rentre de Detroit et j'aimerais apporter une petite précision quand au terme de banlieue appliqué aux USA et à Detroit, en particulier.
Ce ne sont pas les territoires les plus éloignés du centre ville (downtown) qui concentrent abandon et dévastation mais bien l'inverse.
Quelles soient à majorité blanche ou noire (à savoir que depuis les années 70 Detroit à un maire noir), habitent en banlieue les riches détenteurs du pouvoir économique et politique de la ville et les classes moyennes dans des quartiers pavillonnaires coquets. On y trouve également les sièges de grandes entreprises ou d'administrations fédérales, et surtout des magasins de tout ordre que l'on ne trouve plus du tout en ville.
Le centre ville de Detroit, tracé en étoile à partir d'un point zéro qui est le building de GM construit sur le front du fleuve, est une succession de bâtiments vide ou sous exploité, jusqu'à un premier quadrillage autoroutier. Cette partie là représente une dizaine de km2 pas plus. Les seules attractions sont le stade des Tigers ou se pressent les amateurs de Baseball de tout le Michigan et les deux casinos dans lesquels la ville a investi un gros paquet de pognon et qui attirent un peu de monde mais pas assez pour être rentable.
Viennent ensuite les quartiers qui sont la ville de Detroit et qui sont décrit dans ton texte par "[ton] plus gros choc". Ce ne sont absolument pas des banlieues ! C'est la ville historique !
Néanmoins, les Detroiters sont des gens adorables et surtout ils ne se laissent pas faire. Ils prennent à bras le corps leur avenir et s'adaptent à ce qui pourrait se comparer à une ville en transition malgré eux.
www.blog-a-vifs.org
@jean-Paul A-Vif(s) > Arrivant là par hasard, je ne m'attendais pas du tout à ça. J'avais vu des villes "oubliées" en Amérique, mais un truc à cette échelle jamais.
Le choc graphique effectivement : c'est la ville elle-même.
Après, la banlieue où j'ai gravité restait bien plus économiquement touchée - comparé à tout ce que j'ai vu ailleurs aux US en terme de zones pavillonnaires de grandes villes américaine, type classe moyenne.
Je me rappelle de centres commerciaux désertés avec des magasins type Gap avec des effectifs ultra-réduits, des Mac do fermés !, d'une voirie à l'abandon : bref, une autre Amérique que celle que je connaissais mais conservant les traces de l'ancienne... avec le sentiment que la vie s'y était arrêtée dans les années 80.
@jean-Paul A-Vif(s)> by the way... bravo pour ton blog.
Petite précision un peu sarcastique. La première ville d'importance à plonger dans la dette fût Cleveland qui avait une forte population afro. Structurellement plus précaire mais voulant aussi leur part de rêve, l'endettement y était plus élevé que n'importe où ailleurs. J'écris ça parce que j'ai entendu lors du Blitz télévisuel accompagnant la crise des subprimes, des gens dire tout naturellement qu'ils ne pensaient pas être touchés par la crise parce qu'ils n'étaient pas noirs. Et ça n'était pas des propos racistes à proprement parlé. C'était de la surprise d'être touché d'abord et la réelle conviction que les afro-américains n'étaient pas foutus de placer du pognon en banque. On peut apprécier à travers cela le boulot de sape qui a été orchestré pour détacher la réalité de Cleveland du reste du territoire.
Autre précision: GM a effectivement lancé l'EV-1 en location longue durée, mais c'était sous l'impulsion de l'état californien qui à cette époque voulait faire passer la première loi limitant les rejets de CO2, avec la volonté de taxer très fortement les véhicules qui ne rentreraient pas dans la norme. Plusieurs états se montraient inéressé par l'initiative. Le lobby pétrolier à fait son boulot et l'EV-1 a été proprement détruite en même temps que GM rachetait Hummer avec le succès qu'on connait. Ça a eut une répercussion notable cependant: Toyota a pris peur. Ils pensaient que GM avait une vision en développant l'EV-1 et c'est donc à ce moment qu'ils ont commencer à réfléchir sur une bagnole qui deviendra en 2001 la première Prius.
C,est très bien expliqué dans le film Who killed the electric car.
Le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, a déclaré mercredi l'état d'urgence budgétaire dans son Etat. Il a mis la pression sur les parlementaires locaux qui n'ont pas réussi jusqu'ici à se mettre d'accord sur un budget en équilibre.
M. Schwarzenegger a ordonné trois jours de chômage technique non rémunéré par mois à partir d'août pour des milliers de fonctionnaires californiens afin de conserver des fonds suffisants pour payer les obligations de la dette et assurer les services essentiels.
Le vote du budget accuse plusieurs semaines de retard alors que le déficit budgétaire atteint 19 milliards de dollars au total.
Des observateurs estiment qu'il pourrait encore falloir plusieurs semaines avant de parvenir à un accord entre le gouverneur républicain et l'assemblée à majorité démocrate, un délai qui pourrait encore faire baisser la note de la Californie.
M. Schwarzenegger souligne dans un communiqué que faute d'accord sur le budget, le cabinet californien sera à court d'argent dès octobre.
http://www.romandie.com/infos/ats/display2.asp?page=20100728234743240172019048094_brf063.xml
Les USA, c'est tellement contrasté qu'on se demande en fait si le pays existe: entre Orange County et cette banlieue que tu as vu, il n'y a pas de rapport réel...si ce n'est que la richesse de l'une et la pauvreté de l'autre sont liées...
Enregistrer un commentaire