Attention, billet deux tons sur le même thème : La soumission coupable des salariés (et surtout des plus jeunes). Vidéo pour les pressés et texte pour les autres.
Même quand j'ai décidé de prendre un peu de recul et de ne plus m'en occuper, les échos des désordres salariaux viennent me provoquer.
Le temps d'un week-end, Loralie me rend visite dans ma retraite forestière.
Loralie "manage" sa boutique parisienne en juillet selon les échéanciers et les indicateurs de performance de sa direction, en abusant d'employés dits contrats sparadraps, avec horaires abracadabrants tirés au minimum suivant les estimations de fréquentation.
Même quand j'ai décidé de prendre un peu de recul et de ne plus m'en occuper, les échos des désordres salariaux viennent me provoquer.
Le temps d'un week-end, Loralie me rend visite dans ma retraite forestière.
Loralie "manage" sa boutique parisienne en juillet selon les échéanciers et les indicateurs de performance de sa direction, en abusant d'employés dits contrats sparadraps, avec horaires abracadabrants tirés au minimum suivant les estimations de fréquentation.
LORALIE LA RESPONSABLE
Oh Seb Musset, c'est affreux : Les jeunes ne veulent plus travailler !
Loralie, pas bien âgée, 28 ans tout au plus, est elle aussi payée au plancher de sa tranche salariale. Elle table mensuellement sur ce complément illusoire : Cette fameuse prime sur résultats calculée au plus juste par quelque mathématicien des hautes sphères pour qu'elle la rate à chaque fois, mais d’un cheveu c’est trop bête, histoire de ne pas perdre l'espoir de la décrocher le mois suivant.
LORALIE LA RESPONSABLE
Mes jeunes me claquent entre les mains, les uns après les autres. Ils ne se présentent plus à leur poste de travail et sans me prévenir en plus. Depuis trois mois c’est l’hémorragie. Ils sont découragés.
SEB MUSSET
Sans blague ! Les loyers dans ta ville sont de 1000 euros en moyenne et tu les payes 800 pour du temps partiel avec des horaires pourris. Ajoute à ça les frais de transport et la formule du midi au troquet du coin à 12.50 - TVA à 5.5 incluse -, faut être sacrément con, idéologiquement lessivé par la doctrine de "La France qui se lève tôt" ou avoir le couteau sous la gorge pour accepter un boulot dans ces conditions.
LORALIE LA RESPONSABLE
Oui mais que faire ?
SEB MUSSET
Toi tu fais ce que tu veux, moi je brosse régulièrement les profiteurs avec mon karcher à dire non. Sors la tête de tes indicateurs et de tes taux de rendements et fais pression sur ta direction pour qu'ils embauchent des gens pour te seconder. Arrête de stresser pour rien. C'est tout ce stress que tu gardes pour toi qui engraisse chaque jour un peu plus celui qui t'exploite. (N.D.L.R Une entreprise cotée au CAC 40)
Elle y pense et puis oublie. Avec les prix qui se cassent la gueule, elle espère enfin pouvoir acheter. Sa banque est de nouveau prête à prêter. Youpi ! Bien malin celui qui pourra dire au fond, quel est le plus coupable des deux ? Le patron qui abuse ou le salarié qui se laisse abuser chaque jour un peu plus, sans moufeter.
Quelques heures plus tard.
Suite à l'invitation d'une amie d'enfance, je me faufile incognito avec carnet et appétit dans un barbecue de sexagénaires CSP+ en villégiature dans leur résidence secondaire, voire tertiaire, de l’arrière-pays. J'y contemple un festin des générations de 7 à 77 ans aveuglées, comme tout bon beauf de base, par les pipoles et le pognon. Entre deux résumés du dernier épisode de Fringe, la question du travail en France est timidement abordée.
SYLVANIE, LA FIFILLE A SA MAMAN (24 ans, Bac +36 en école de commerce, deux pièces à Paris et voiture payés par papa, sirotant à la paille son coke light lemon lime)
Trop dure la crise. Je ne trouve rien...
LA MAMAN A SA FIFILLE (60 ans, au foyer depuis 24 ans)
Tu pourrais faire des efforts Sylvanie. On t'a proposé un stage d'été à la "Broud" et tu l'as refusé !
SEB MUSSET (qui ne peut s'empêcher de l'ouvrir en milieu hostile)
Grand bien lui fasse. Ne pas vouloir travailler pour rien est une preuve de bonne santé mentale.
Peine perdue. Une de perdue pour le marché, 350 de récoltées. Trop nombreuses sont encore les Sylvanie de ce pays qui acceptent de bosser pour des clopinettes l'été parce que papa et maman les nantis, les ont persuadées qu'il fallait privilégier la valeur travail. Croyez bien que si ces courageuses devaient compter sur le seul revenu de leur turbin estival pour croûter, elle ne s'activerait pas aussi guillerette en stage recommandé dans ces grosses entreprises qui, pour les mêmes fonctions cumulées, auraient les moyens d'embaucher trois CDI (ceux qui se présentent au guichet de leur banque ou de leur assureur durant les vacances d'été savent de quoi je parle.)
Avant d'être touché par cette crise qui permet de niveler les critères communs à la baisse et de remodeler fingers in the nose la législation du travail, le salariat a largement été sapé par cette nouvelle génération de salariés de l'humanitaire : Ces fils et filles de classes moyennes, euphorisés aux diplômes et trépanés au sarkozysme de leur parents qui pouvaient se permettre de bosser pour rien d'un stage à l'autre tout en croyant selon les termes de l’évangile libérale que cela leur ferait une expérience, qu’ils pourraient faire leur preuve voir qu’ils auraient un pied dans l’entreprise. Depuis 20 ans c'est la même chanson et pour quel résultat : Chômage des jeunes comme jamais et stagnation des salaires comme toujours.
Et toi le clodo, quinqua licencié parce que tu coutais trop cher, garde-toi bien de leur demander une piécette : Ces Sylvanie et leurs parents te sortiront qu'"il ne faut pas encourager les feignants !"
Je ne dis rien et reprends du roti bio aux épices exotiques issues d'un commerce équitable à 32 jours de cargo. On bouffe bien chez les rupins. Dans ce genre d'environnement où personne n'est disposé à vous écouter, il vaut mieux ne rien dire, se goinfrer et noter. L'équilibre social de la collectivité étant le cadet des soucis de mes hôtes qui se flattent d'être les courageux fer de lance d'une nation triomphante alors qu'ils contribuent activement à son naufrage social et libertaire, d'autres sujets sont abordés.
Et dans ces cas d'urgence, on ne cherche pas bien loin : Le conducteur du JT de Chazal ou la une du Fig Mag feront l'affaire.
LA FIFILLE A SA MAMAN
Michael Jackson était quand même le plus grand.
LA MAMAN A SA FIFILLE
Vous avez vu ces crashes d'avion... Ça fait peur. On est bien tous ensemble... en famille.
Oh Seb Musset, c'est affreux : Les jeunes ne veulent plus travailler !
Loralie, pas bien âgée, 28 ans tout au plus, est elle aussi payée au plancher de sa tranche salariale. Elle table mensuellement sur ce complément illusoire : Cette fameuse prime sur résultats calculée au plus juste par quelque mathématicien des hautes sphères pour qu'elle la rate à chaque fois, mais d’un cheveu c’est trop bête, histoire de ne pas perdre l'espoir de la décrocher le mois suivant.
LORALIE LA RESPONSABLE
Mes jeunes me claquent entre les mains, les uns après les autres. Ils ne se présentent plus à leur poste de travail et sans me prévenir en plus. Depuis trois mois c’est l’hémorragie. Ils sont découragés.
SEB MUSSET
Sans blague ! Les loyers dans ta ville sont de 1000 euros en moyenne et tu les payes 800 pour du temps partiel avec des horaires pourris. Ajoute à ça les frais de transport et la formule du midi au troquet du coin à 12.50 - TVA à 5.5 incluse -, faut être sacrément con, idéologiquement lessivé par la doctrine de "La France qui se lève tôt" ou avoir le couteau sous la gorge pour accepter un boulot dans ces conditions.
LORALIE LA RESPONSABLE
Oui mais que faire ?
SEB MUSSET
Toi tu fais ce que tu veux, moi je brosse régulièrement les profiteurs avec mon karcher à dire non. Sors la tête de tes indicateurs et de tes taux de rendements et fais pression sur ta direction pour qu'ils embauchent des gens pour te seconder. Arrête de stresser pour rien. C'est tout ce stress que tu gardes pour toi qui engraisse chaque jour un peu plus celui qui t'exploite. (N.D.L.R Une entreprise cotée au CAC 40)
Elle y pense et puis oublie. Avec les prix qui se cassent la gueule, elle espère enfin pouvoir acheter. Sa banque est de nouveau prête à prêter. Youpi ! Bien malin celui qui pourra dire au fond, quel est le plus coupable des deux ? Le patron qui abuse ou le salarié qui se laisse abuser chaque jour un peu plus, sans moufeter.
Quelques heures plus tard.
Suite à l'invitation d'une amie d'enfance, je me faufile incognito avec carnet et appétit dans un barbecue de sexagénaires CSP+ en villégiature dans leur résidence secondaire, voire tertiaire, de l’arrière-pays. J'y contemple un festin des générations de 7 à 77 ans aveuglées, comme tout bon beauf de base, par les pipoles et le pognon. Entre deux résumés du dernier épisode de Fringe, la question du travail en France est timidement abordée.
SYLVANIE, LA FIFILLE A SA MAMAN (24 ans, Bac +36 en école de commerce, deux pièces à Paris et voiture payés par papa, sirotant à la paille son coke light lemon lime)
Trop dure la crise. Je ne trouve rien...
LA MAMAN A SA FIFILLE (60 ans, au foyer depuis 24 ans)
Tu pourrais faire des efforts Sylvanie. On t'a proposé un stage d'été à la "Broud" et tu l'as refusé !
SEB MUSSET (qui ne peut s'empêcher de l'ouvrir en milieu hostile)
Grand bien lui fasse. Ne pas vouloir travailler pour rien est une preuve de bonne santé mentale.
Peine perdue. Une de perdue pour le marché, 350 de récoltées. Trop nombreuses sont encore les Sylvanie de ce pays qui acceptent de bosser pour des clopinettes l'été parce que papa et maman les nantis, les ont persuadées qu'il fallait privilégier la valeur travail. Croyez bien que si ces courageuses devaient compter sur le seul revenu de leur turbin estival pour croûter, elle ne s'activerait pas aussi guillerette en stage recommandé dans ces grosses entreprises qui, pour les mêmes fonctions cumulées, auraient les moyens d'embaucher trois CDI (ceux qui se présentent au guichet de leur banque ou de leur assureur durant les vacances d'été savent de quoi je parle.)
Avant d'être touché par cette crise qui permet de niveler les critères communs à la baisse et de remodeler fingers in the nose la législation du travail, le salariat a largement été sapé par cette nouvelle génération de salariés de l'humanitaire : Ces fils et filles de classes moyennes, euphorisés aux diplômes et trépanés au sarkozysme de leur parents qui pouvaient se permettre de bosser pour rien d'un stage à l'autre tout en croyant selon les termes de l’évangile libérale que cela leur ferait une expérience, qu’ils pourraient faire leur preuve voir qu’ils auraient un pied dans l’entreprise. Depuis 20 ans c'est la même chanson et pour quel résultat : Chômage des jeunes comme jamais et stagnation des salaires comme toujours.
Et toi le clodo, quinqua licencié parce que tu coutais trop cher, garde-toi bien de leur demander une piécette : Ces Sylvanie et leurs parents te sortiront qu'"il ne faut pas encourager les feignants !"
Je ne dis rien et reprends du roti bio aux épices exotiques issues d'un commerce équitable à 32 jours de cargo. On bouffe bien chez les rupins. Dans ce genre d'environnement où personne n'est disposé à vous écouter, il vaut mieux ne rien dire, se goinfrer et noter. L'équilibre social de la collectivité étant le cadet des soucis de mes hôtes qui se flattent d'être les courageux fer de lance d'une nation triomphante alors qu'ils contribuent activement à son naufrage social et libertaire, d'autres sujets sont abordés.
Et dans ces cas d'urgence, on ne cherche pas bien loin : Le conducteur du JT de Chazal ou la une du Fig Mag feront l'affaire.
LA FIFILLE A SA MAMAN
Michael Jackson était quand même le plus grand.
LA MAMAN A SA FIFILLE
Vous avez vu ces crashes d'avion... Ça fait peur. On est bien tous ensemble... en famille.
La maman à sa fifille lance un regard perçant à Seb Musset. Toi l'outrecuidant, tu ne seras plus jamais invité au banquet des bienheureux.
Références citées dans la vidéo :
Camille Peugny : http://www.dailymotion.com/bookmarks/sebmusset/video/x9th7s_camille-peugny-franceinfo-09-07-200_news
Francis Veber, Le jouet (inédit en DVD, un film a forgé ma vision de l'entreprise !) : http://www.youtube.com/watch?v=pFeS1ne3XpY&feature=PlayList&p=32F6BFCFAD1D437D&playnext=1&playnext_from=PL&index=3
British Airways et le travail gratuit. (A ce propos j'ai été un peu généreux - ou en avance - sur le nombre de salariés bénévoles dans la vidéo.)
15 comments:
Avec quel argent, connard ? Hé hé…
toalement vrai.
Combien de fois j'ai entendu : "tu sais jonathan, tu devrais accepter n'importe quel travail, ça te changerait les idées, ça te mettrait un pied à l'étrier? Non j'ai pas raison?" dixit la vieille dans sa retraite pourrie qui vote sarko et qui a peur des arabes du coin parce qu'ils ne disent pas bonjour et écoutent de la musique de "sauvage".
J'en ai raz le cul de ce monde de blaireaux. A croire que t'es un terroriste dès que tu penses pas à la tf1.
J'ai hâte de voir un mec s'immoler parce qu'on ne le fait pas travailler.
Ce jour là je pourrais crever.
C'est vrai qu'avec des "crises" y'a vraiment moyen de tester le manque de cohérence du peuple (enfin de tester s'il y a une ligne idéologique globale) qui, d'une part ne cesse de se plaindre de bosser et supplie dès qu'elle n'a plus de boulot.
Bof de toute façon on a tous été bizuté dans un nouveau taf par ces lâches qui viennent chialer voir torturer leur geolier pour retourner en taule... c'est pathétique...
En tout cas bravo Seb et GF pour votre ton qui correspond assez bien a mes coups de gueule.
Ca fait vraiment du bien tant je me sens seul parfois... je passe dans ces cas me ressourcer ;)
idem que les 2 post précédents.
Pour le texte: Il manque le discours écolo à la "fille à sa maman" et tout y est ;)
Merci Seb. Ca fait du bien à lire.
On se rend compte en lisant ce billet à quel point nous sommes tous formatés - du point de vue de l'employeur - et interchangeables.
C'est le turn-over à donf. Ca évite de trop s'attacher à ses salarié(e)s.
Mais le travail reste quand même une valeur (disent-ils).
Le travail c'est la santé. Depuis le temps qu'on vous le dit.
Pourtant, quand Henri Salvador chantait ça, c'était au second degré !
On est en pleine régression.
Je prends plaisir à lire ce blog même si je m´y exprime pas (ou peu désormais...^^)
Du coup je tenais à le dire... parce que cela fait plaisir à entendre je crois...
Bougeons nous pour des conditions de vie plus justes!
Bonne continuation...
Le grand emprunt. Objectif : consommer l'emprunt des français moyens, pour relancer l'économie. Méthode : proposer un emprunt citoyen à 4%. Résultat : enrichir les rentiers en actions à raison de 15% par an minimum (non-imposé car bouclier fiscal), avec l'argent des autres pour 3.5% net (soit 4% brut imposé à 30%).
A propos de l'endettement et de la soumission (dont tu parles dans la vidéo), ça va tellement vite si on n'y est pas préparé pendant l'enfance et le début de l'adolescence.
On se trouve pris dans l'engrenage (gagner sa croûte, payer son loyer etc) et pour en sortir c'est d'autant plus dur si on n'y a pas été préparé avant.
L'éducation joue un rôle essentiel pour ça.
@goelan:
l'éducation des parents alors; l'école c'est mort, le ministère de la culture ridicule.
Mais la proportion de parents conscients à mon avis est très faible, pour ce que j'ai vu .
Selon moi l'exemple de seb concerne la majorité de la classe moyenne.
@ Delkend :
Oui oui, je voulais parler de l'éducation des parents, bien sûr.
Et d'une manière plus large, celle qu'on reçoit dans son environnement humain (au-delà des parents).
L'école ne fait que prodiguer un conditionnement.
Par exemple, en réduisant la culture exclusivement à l'art, en prenant soin d'en ôter la politique et la philosophie (dont ne bénéficient, à dose microscopique, que ceux/celles qui font des études supérieures (ou appelées ainsi).
" Nous sommes payés à ne rien ETRE "
Le piège est en effet au niveau de l'éducation par le parents déjà...
Chacun de père en fils se refile des conneries, des virus mentaux... des inepties non vérifiées... des évidence comme le travail c'est bien... il faut bosser... réussir.. être le premier...
Alors on passe sa vie a essayer de faire plaisir a papa et a maman à mémé et pépé et au voisin... pis on a une vie de sous-merde toute l'année a plat ventre devant un petit chef .. un patron ou simplement un connard de collègue qui pense que tu va lui piquer sa place dont tu te tapes éperdument. Alors il faudra que tu joues son jeu absurde que tu te défendes... alors que toi t'irais bien juste tuer un pack de bière à l'ombre d'un arbre ou détrousser une bonne amie...
Bien d'accord.
Ce que vous décrivez est parfaitement vérifié dans mon cas.
J'ai dû me déséduquer de mes parents (sans leur en vouloir).
Philosophie du travail, c'est mon truc : Morceaux choisis
Méthode de travail : FT vs ADB
L'UMP : La liberté de travailler
Cadre troque harcelement moral contre lutte sociale
La trahison du Dimanche
Intervention MAGISTRALE et VISIONNAIRE de Loic Wacquant. Ca date de la gauche plurielle.
Il y parle des "auto-entrepreneurs" de maintenant.
Je conseille la lecture d'un livre qui s'intitule "discours sur la servitude volontaire", par de la Boethie.
Ou comment les gens sont les bourreaux de leur propre asservissement.
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