Imagine. Tu habites un pavillon en banlieue dans un lotissement à la fraîche avec le jardinet qui le fait. C'était un peu cher, mais c'est un "choix de vie", et puis "c'était d'abord pour les enfants".
Imagine. Ton jardinet est quotidiennement traversé par 2 millions de voitures, qui vont et viennent de la ville à une vitesse moyenne de 7 kilomètres-heure, et ça pue gras dés 6 heures. En plus de ruiner la perspective du jardin paysager, ça t’embête un peu ces fumées au cul des charrettes moches s'entassant sous ton nez. D'autant que tu vois bien qu'il y a un énorme gâchis d'espace. Peu de personnes dans des voitures qui, elles, s'étalent sur toute la pelouse. Et puis, 7 km/h, ils iraient plus vite à pied non ?
Imagine que tout est prévu. Lors des printemps précoces, des hivers tardifs, des étés qui s'éternisent, des pics de froid, de chaleur, des périodes trop longtemps tièdes et des jours sans vent, des panneaux encouragent les automobilistes venant de la cité à ne pas prendre leur voiture et à privilégier le vélo ou les transports en commun pour traverser ton jardin. Certains te feront remarquer que l'on ne peut lire les panneaux que depuis le volant de sa voiture. Ne les écoute pas : ce sont des ayatollahs verts. Avec eux, le dialogue est impossible. Si tu les écoutes, ils vont finir par te persuader que le diesel est un attentat sanitaire dont il faudrait cesser la fabrication sur le champ.
Tu noteras pour ta part que les jours de gros réchauffement d'autres panneaux, orientés différemment, te conseillent de ne pas faire de sport ni de vélo avec toute cette pollution, car ce serait préjudiciable pour ta santé et surtout celle de tes enfants. Et là, tu te dis : faudrait savoir. C'est dangereux ou pas cette chape marron qui pique la gorge sous un ciel pourtant bleu sur toute la France ? Le maire du lotissement ne se moquerait pas un peu de ses ouailles ? Si danger il y a, quel est le plus important : le droit de se déplacer en chars à cancer depuis la ville jusque dans ton jardinet, ou ton droit d'y respirer et de ne pas le voir monopolisé par du conducteur en solitaire ?
Maintenant, remplace jardinet par rue et lotissement par ville.
Mais c'est vrai, j'oubliais : l'habitant de la ville est un bobo, mi-humain mi-piéton. Son choix de vie est con. Il l'a bien cherché et ses poumons sont en acier.
Illustration : Infectés de A.Pastor (2012)
P.S : En rapport avec ceci... Un ami blogueur développe une application Iphone pour signaler en temps réel les niveaux de pollution dans les plus grands jardinets de la planète, en vous créant des alertes personnalisées. La version bêta est ici.
3 comments:
merci pour le lien.
Hier France2 a diffusé un truc sur la conquête de la mairie de Paris avec Barbier et Théart qui commentaient. Le con du figaro "Delanoé c'est celui qui bouté la voiture hors de paris"
Voilà le niveau de la droite débile.
Je pense à tous les couples que j'ai connus, qui ont explosé en vol entre la fin des années 90 et le début des années 2010, (éphém)ère de la néo-ruralité où ils en avaient pris pour trente ans à engraisser les actionnaires des boîtes de crédit pour devenir proprios d'un mazet en parpaings ceint d'un jardinet à pistoche, à 15, 20, 30 kilomètres du bassin d'emplois le plus proche. Et les gamins qui grandissaient, demandeurs d'activités et de loisirs que ne proposait pas le bled à vieux où ils avaient acheté ou fait construire, cela représentait de quatre à cinq aller-retour par semaine, parfois plus, à bord du 4X4 à crédit, en plus du boulot et des courses. Je suis retourné il y a quelque temps dans le bled à vieux déserté depuis par les néo-ruraux. Il n'est plus habité que de pancartes à vendre et à louer. Trop cher. Même pour les bobos qui, comme eux, sont retournés faire grimper les prix de l'immo dans les villes.
un peu caricatural tout ça....
J'habite à 45 km de Paris et je bosse chez moi, pas vraiment à la campagne mais pas du tout en ville. Donc a priori je ne me sens pas visé par cette description. Mais ça ne correspond pas du tout à ce que j'ai vécu et à ce que j'observe autour de moi.
D'abord la majorité des gens qui habitent près de moi travaillent pas trop loin de chez eux. Ceux là prennent souvent leur voiture, mais c'est parce qu'il n'y a rien d'autre, ou parce que les transports en commun sont vraiment pourris. Les autres, en grand nombre même s'ils ne sont pas majoritaires, travaillent à Paris ou dans une autre banlieue, et ils prennent les transports en commun. Et là je pense qu'ils vivent un enfer. J'ai dû parfois faire les mêmes trajets, et je ne comprends pas comment on peut s'habituer à faire ça tous les jours, gaspiller plusieurs heures par jour dans des bétaillères. Et il est clair que dans l'organisation actuelle de l'économie en IDF il est impossible que ça se passe autrement. Je pense que le centre même (Paris) ne peut pas vivre comme il vit sans des millions de banlieusards qui se transportent comme ils peuvent (c'est comme ça dans toutes les métropoles de la planète). C'est donc un peu facile de les critiquer.
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