"Le temps du changement". Tel était l'intitulé de l’université d’été du PS ce week-end à La Rochelle. "Le temps du changement" avec la typo habituelle, mais en italique pour insuffler un peu plus du dynamisme à l’action d’un gouvernement qui communique en mode "Rome ne s’est pas réformée en 100 jours" et tente d’apaiser les impatiences suscitées par l'alternance.
La gestion médiatique du temps est capitale dans la communication gouvernementale à l'orée d'une rentrée aussi sombre sur le plan social qu'économique. Les chiffres sont mauvais, les sondages aussi. Il faut du résultat, vite. D’où l’utilité d’un Manuel Valls au sein du gouvernement Hollande. Il use d'une méthode connue: 1 / Faire l’agenda pour détourner l’attention des sujets qui fâchent ou des traités qui gênent. 2 / Produire du résultat (ou une impression de résultat) vite visible, une dose d'action, un shoot de mouvement "intransigeant" et sans concession, pas "politiquement correct", dans un gouvernement qui a opté pour le temps long et déroule de la tempérance depuis le 6 mai. Bref, il contente le Zemmour qui sommeille en nous et au passage se construit une image de présidentiable alors qu'il est arrivé avant-dernier aux primaires socialistes.
Le discours de Manuel Valls concluant la séance plénière de samedi matin sur "comment la gauche peut reconquérir les catégories populaires ?" restera le moment fort de l'université "on" (et le 1er étage d'un "coup" puisqu'il est suivi moins de 48 heures après de l’évacuation d’un camp de Rroms dans la ville dont il était maire).
Que le ministre de l’Intérieur, chauffé à blanc, livre un discours nerveux avec des références au drapeau, à l’hymne national, à "l’ordre républicain" face "à la jungle", parfois borderline avec le sarkozysme, n'est pas surprenant. La nouveauté ? Il est désormais ovationné sur le démantèlement des camps de Rroms là où l'an dernier sur des thématiques proches il était sifflé.
A-t-il rempli l'espace Encan avec ses troupes ? Non. La seconde personne la plus applaudie par le même public était le porte-parole du PC dix minutes avant, pas vraiment sur la même ligne. Nous constatons juste dans le public moins de costards et de CSP+ que l’an passé[1]. Nous avons ici à faire à des militants de base d'âges vraiment divers, des gens de province, une partie de cette fameuse catégorie populaire qui était le centre du débat et dont Laurent Bouvet (gauche populaire) précisait en préambule qu'elle déborde les zones ghettos où droite et gauche pensent, (souhaitent ?), qu'elle se cantonne.
A-t-il rempli l'espace Encan avec ses troupes ? Non. La seconde personne la plus applaudie par le même public était le porte-parole du PC dix minutes avant, pas vraiment sur la même ligne. Nous constatons juste dans le public moins de costards et de CSP+ que l’an passé[1]. Nous avons ici à faire à des militants de base d'âges vraiment divers, des gens de province, une partie de cette fameuse catégorie populaire qui était le centre du débat et dont Laurent Bouvet (gauche populaire) précisait en préambule qu'elle déborde les zones ghettos où droite et gauche pensent, (souhaitent ?), qu'elle se cantonne.
La reprise à la droite des questions d'ordre ou de sécurité par les socialistes est une bonne chose (voir ici). En revanche, ce focus sur une minorité électoralement inoffensive (et une part très minime de la délinquance) accompagné d'une parade, nerveuse et acclamée, du premier policier de France est un mauvais signe. Cela validerait la thèse voulant que, malgré les résultats électoraux de la gauche, la droite des sept dernières années a gagné dans les mentalités tout autant qu'elle a influencé les stratégies politiques du camp opposé, une fois celui-ci au pied du mur.
Valls, le changement ou la continuité ? La suite du dossier le révélera rapidement.
Pour le moment cette séquence Rroms peine à occulter ce qui ne sera pas fait et escamote ce qui est déjà accompli. Qui, à part Martine Aubry en conclusion de l'université, aura rappelé que, par exemple, c'est mercredi prochain qu'aurait dû être appliquée la hausse de la TVA votée par la précédente majorité, annulée par la nouvelle ?
Illustrations: S.Musset
[1] nettement moins de journalistes également
14 comments:
Pas d'accord avec le fond de ta note. Mais s'il ne se trouvait des personnes qui, comme toi,se posent des questions sur la gestion de ces problèmes, n'ayant qu'une vision extérieure de ces camps et des préoccupations humanistes sincères face à une indéniable misère, cela signifierait que nous sommes sous un régime totalitaire : ce qui est immensément loin d'être le cas.
Pour comprendre qu'on NE PEUT PAS laisser ces camps s'établir ni perdurer, simplement revoir le film de Luis Bunuel : Los Olvivados. Quelques 60 ans ou presque après sa réalisation, pas une image, pas une parole, pas une ligne, n'a à en être changée.
Belle journée.
Bises
Los Olvi(d)a(d)os !
@ladyapoline > Rien contre l'application de la loi. J'ai fait un billet là-dessus. Ce qui me chiffonne 1 / c'est l'absence de solutions de relogement 2 / c'est la remontée exclusive de cette question pour masquer tout le reste 3 / C'est l'association des 2.
De plus, c'est une stratégie com de très court terme. Ça a foiré avec Sarkozy au bout de quelques semaines. On prend exactement le même chemin. Enfin, je ne demande qu'à être agréablement surpris.
Bref, Il est plus facile d'expulser 20 Roms que de faire pression sur PSA. C'est le fond de l'équation j'en ai bien peur.
sseb : le gouvernement ne communique pas spécialement sur les roms. C'est cette question qui est mise à l'ordre du jour médiatique. L'intervention de Valls n'a porté que sur la loi en général, pas sur ce dossier.
"...les impatiences suscitées par l'alternance..."
J'ai parfois l'impression, en lisant divers forums, que ce sont les électeurs de Sarkozy qui manifestent le plus d'impatience..
On saura que vous savez de quoi vous parlez le jour on vous cesserez de parler de «roms». Tout le monde le sait, ces gens viennent de Roumanie. Ce sont des Tziganes. C'est ainsi qu'ils s'appellent eux-mêmes. Le jour où vous serez capables de parler des Tziganes de Roumanie, on saura que vous parlez de la réalité au lieu de parler de vos leçons de bonne conscience monopole du coeur de bobocratie de gôche.
Assez d'accord avec votre billet. Ce qui m'inquiète le plus, en fait, c'est peut-être cette phrase:
"Il est désormais ovationné sur le démantèlement des camps de Rroms là où l'an dernier sur des thématiques proches il était sifflé."
Après la droitisation de l'électorat de droite par Sarkozy, avec les résultats que l'on sait, voilà la droitisation de l'électorat de gauche, jusqu'aux militants PS, par Valls. Les résultats seront les mêmes: aucun problème ne va être résolu et le FN continuera de monter.
Le gouvernement risque en plus de s'aliéner ceux qui ne veulent pas d'une politique de répression aveugle, qui n'en voulaient déjà pas sous Sarkozy / Guéant, et qui n'en veulent toujours pas avec Valls. Rien de mieux pour démobiliser l'électorat de gauche et donner du crédit aux thèses de l'extrême droite...
On aurait pu espérer que l'équipe Hollande serait meilleure que la précédente sur ces sujets au moins, mais à moins d'un changement de cap rapide, on dirait bien que c'est raté.
Misère...
ladymachine ça t'a perturbé les camps de harkis en France ? ON A PU pourtant les laisser en place pendant des dizaines d'années
Le truc qui m'a le plus agacé concernant Valls date des primaires socialistes. En effet, quand un journaliste ou un intervenant TV disait par exemple que Rachida Dati était une belle femme, on avait toutes les Sophie de Menthon de France et de Navarre qui s'insurgeaient en criant au machisme, que c'était pas la question et que c'était une question de compétence... .La suite nous a en effet révélé leur étendue, de ses compétences. Et quelques mois plus tard, les mêmes Sophies en voyant Manuel Valls "Haaa, qu'est-ce qu'il est bel homme". Là j'avais vraiment envie de la baffer, la De Menthon. C'est déjà souvent le cas d'ordinaire, mais là, comme dit le ch'ti, l'élastique il était tiiinnndu.
" Manuel Carlos Valls, ministre français de l'Intérieur, a-t-il oublié ses origines? Son père Xavier, artiste peintre catalan, avait obtenu une bourse de la France avant de s'installer à Paris en 1949. Il venait rejoindre les dizaines et dizaines de milliers de républicains espagnols ayant trouvé l'accueil solidaire du peuple de France, pas des autorités parisiennes qui, quelques années auparavant, avaient traité comme des chiens 500.000 réfugiés fuyant la dictature franquiste. En 2012, Valls, celui que la France a nourri et éduqué, se comporte comme le ministre de l'Intérieur qui en février 1939 parquait les républicains espagnols dans les camps de concentration d'Argeles et d'ailleurs. Les enfants des républicains espagnols ont honte de l'un d'entre eux.
José Fort "
Un commentaire sur la forme seulement : ce tic de mettre en gras des tas de phrases supposément plus importantes, c'est laid, et c'est accessoirement prendre le lecteur pour un con.
La solution de mettre, pour rythmer un peu les blocs de texte (puisque c'est le but, je suppose), quelques liens hypertexte choisis est sans aucun doute meilleure et plus élégante (et lisible).
Je dis ça, je dis rien.
"On saura que vous savez de quoi vous parlez le jour on vous cesserez de parler de «roms». Tout le monde le sait, ces gens viennent de Roumanie. Ce sont des Tziganes. C'est ainsi qu'ils s'appellent eux-mêmes."
Ah mais NON! pas du tout. Faut lire ça:
http://lmsi.net/Les-Roms-une-nation-sans,1092 (paragraphe intitulé "Pourquoi le terme de "Rom")
Si ça ne fonctionne pas comme "preuve", ça veut au moins dire qu'il y a possibilité de penser autrement.
"Si ça ne fonctionne pas comme "preuve", ça veut au moins dire qu'il y a possibilité de penser autrement."
Bien sûr. Il y a d'un côté les tziganes roumains et d'autre part ceux qui parlent des roms.
On s'en cogne on descend tous d'ancêtres noirs
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