Update : Un traqueur de propagande m'a averti des photos de Madame Sarkozy paradant en reine dans le dernier Vanity Fair :
Habitué à ses violentes analyses - l'homme cherche la marque du malin derrière chaque logo -, je n'ai pas pris au sérieux sa description du cliché, jusqu'à ce que je le vois et que je l'associe instinctivement à un autre :
Ce tableau de Delacroix représente le soulèvement populaire contre Charles X en fin juillet 1830 qui aboutira, mal ou bien, à la république aristocratique d'aujourd'hui.
Sur vos interrogations, je me suis attardé à mon tour à disséquer cette association opérée par mon subconscient.
Sur le tableau de Delacroix, peint presque simultanément à la révolte, une femme porte le drapeau du pays et court en haillons depuis les bas-fonds du pays vers la république au milieu de compatriotes, pauvres et bourgeois, qui meurent pour défendre la cause. Son rôle : symboliser les révoltés. La violence et les tripes convergent vers le rouge.
Sur la photo du magazine, prise avant une révolte dont nous ignorons encore la forme, une fille d'aristocrate et icône de la jet-set marche sur le toit de la république. Elle est seule. Son rôle : cacher le mécontentement des citoyens, précaires ou classes moyennes. On observe une tache rouge - son habit dispendieux - sur du gris uniforme.
Le tableau est l'introduction, épique, confuse et porteuse d'espoir, de la république, la photo en est la conclusion, triste réalité figée. L'étendard rouge n'est plus sanglant, il est devenu celui du glamour et de l'argent roi. Le drapeau de la nation a disparu.
Le tableau invite le peuple à participer, la photo lui signifie qu'il ne fait pas partie du tableau. Le peintre est avec le peuple, la photographe (Annie Lieibowitz) est avec La Cour.
Prises toutes deux fin juillet, ces images qui pour des raisons opposées appellent à la révolte, se retrouveront à travers les siècles. L'une est le début de quelque chose, l'autre en est la fin. Et inversement pour les optimistes.
Pourquoi me hasardai-je donc à associer ces deux images que tout oppose ? Car de la chute, toujours violente, des royaumes travestis en république, ce sont l'iconographie propagandiste et les représentations artistiques contemporaines qui témoignent le mieux. A n'en point douter, ces deux-là, riches des deux attributs, s'afficheront à quelques pages de distance dans les livres d'Histoire des prochaines générations.
Voilà, je ne vois pas d'autre explication possible.
("Belle milliardaire sur le toit de la République", Vanity Fair 2008)
Habitué à ses violentes analyses - l'homme cherche la marque du malin derrière chaque logo -, je n'ai pas pris au sérieux sa description du cliché, jusqu'à ce que je le vois et que je l'associe instinctivement à un autre :
Ce tableau de Delacroix représente le soulèvement populaire contre Charles X en fin juillet 1830 qui aboutira, mal ou bien, à la république aristocratique d'aujourd'hui.
Sur vos interrogations, je me suis attardé à mon tour à disséquer cette association opérée par mon subconscient.
Sur le tableau de Delacroix, peint presque simultanément à la révolte, une femme porte le drapeau du pays et court en haillons depuis les bas-fonds du pays vers la république au milieu de compatriotes, pauvres et bourgeois, qui meurent pour défendre la cause. Son rôle : symboliser les révoltés. La violence et les tripes convergent vers le rouge.
Sur la photo du magazine, prise avant une révolte dont nous ignorons encore la forme, une fille d'aristocrate et icône de la jet-set marche sur le toit de la république. Elle est seule. Son rôle : cacher le mécontentement des citoyens, précaires ou classes moyennes. On observe une tache rouge - son habit dispendieux - sur du gris uniforme.
Le tableau est l'introduction, épique, confuse et porteuse d'espoir, de la république, la photo en est la conclusion, triste réalité figée. L'étendard rouge n'est plus sanglant, il est devenu celui du glamour et de l'argent roi. Le drapeau de la nation a disparu.
Le tableau invite le peuple à participer, la photo lui signifie qu'il ne fait pas partie du tableau. Le peintre est avec le peuple, la photographe (Annie Lieibowitz) est avec La Cour.
Prises toutes deux fin juillet, ces images qui pour des raisons opposées appellent à la révolte, se retrouveront à travers les siècles. L'une est le début de quelque chose, l'autre en est la fin. Et inversement pour les optimistes.
Pourquoi me hasardai-je donc à associer ces deux images que tout oppose ? Car de la chute, toujours violente, des royaumes travestis en république, ce sont l'iconographie propagandiste et les représentations artistiques contemporaines qui témoignent le mieux. A n'en point douter, ces deux-là, riches des deux attributs, s'afficheront à quelques pages de distance dans les livres d'Histoire des prochaines générations.
Voilà, je ne vois pas d'autre explication possible.
17 comments:
Euh je ne suis pas sur de bien comprendre le sens des deux images. Tout les oppose. L'une c'est elle qui mené à la où nous en sommes aujourd'hui. L'autre c'est une pouf, seul sur un toit.
S'il faut comprendre que c'est une simple opposition je trouve ça léger. (Je n'ai pas lu l'article. L'anglais et moi on est pas très copain).
S'il faut comprendre que Seb voit la Carlita comme notre meneuse à la révolution que certains attendent. Ben je ne comprend plus Seb.
Le sujet étant la révolution, je me demande en quoi une révolution sera une solution au problème. Quel système sera mis en place ? Qui gouvernera ou dirigera la communauté Française ?
Un moitié vieux qui aime lire Seb, mais qui la ne comprend pas très bien :)
Heu ... ben y a plein de chose à dire :
Le premier tableau y a plein de gens (pauvres) et meme des morts (beurk, je préfère les carcasses de voiture carbonisées). Et tout le monde suit la porteuse du drapeau. La république est symbolisée par une femme, c'est plus attirant, rassurant.
Dans le deuxième, tjrs une femme mais elle est seule (moins de riche?), et le drapeau elle s'en ai fait une robe (en ne gardant qu'une couleur :) ).
Le deuxième tableau parait moins effrayant, le luxe et le confort matériel sont plus attrayants que la violente révolution.
En tout cas, sur les deux, c'est une femme qui mène le peuple de France et de Navarre, tous les regards sont tournés vers elles.
Merci denis pour ta traduction. Mais je ne te suis pas partout.
Le premier tableau est la révolution. Le second en rien pour moi n'évoque la révolution. Cette femme je ne la connais pas. Je suis tellement inculte en terme de chanteur et de star qu'avant qu'elle soit avec le petit Nicolas je n'avais jamais entendu son nom. Alors de là à faire pour elle un parallèle avec la révolution ça me choque.
C'est comme je le disais dans mon précédent billet. Je doute que Seb veuille nous montrer cette photo pour nous dire c'est elle qui nous conduira à la révolution.
Et si c'est juste pour dénoncer cette comparaison. Je ne comprend pas pourquoi Seb à mis ces images sur son blog sans faire de commentaires.
Copier coller d'un dictionnaire :
" Etymologie : du latin "revolvere", rouler en arrière.
Une révolution est un changement, un bouleversement important et brusque dans la vie d'une nation. Le terme de révolution s'applique à de nombreux domaines : social, politique, économie, culture, morale, science, techniques...
Sur le plan politique, une révolution est la suppression de manière brutale et parfois sanglante de l'ordre établi et du régime politique en place ainsi que son remplacement par une autre forme de gouvernement. Le propre de la révolution, par rapport à une révolte, une insurrection, une réforme ou un coup d'Etat est l'instauration de manière irréversible d'un ordre nouveau.
Bien que souvent présente dans la révolution politique, la violence n'est pas nécessaire pour caractériser celle-ci. Ce qui importe est avant tout l'ampleur et la rapidité des changements."
J'ai laissé l'origine latine, parce que je crois cela colle parfaitement dans le context actuel.
Je trouve l'opposition assez bien vue. Pour faire court, l'une représente LA révolution, l'autre la CONTRE-révolution. Une opposition gauche-droite en qq sorte.
Euh, j'ai bon là ? Je suis sur la bonne voie ?
Ces deux images me font penser à la France-musée: une glorieuse histoire que l'on ne cesse de mettre en valeur pour les touristes.
Il faut bien que nous trouvions notre place dans la mondialisation. Pourquoi pas celle de l'art de vivre à la française?
Les concitoyens les plus combatifs auront toujours l'Europe pour s'exprimer.
Update publié ;)
Devant la recrudescence du spam d'opinion, les commentateurs sont invités à s'identifier d'un petit nom. Tout anonyme sera crédité UMP. La direction.
Le commentaire anonyme était le mien. Désolé.
L'analyse sur antagonisme et la complémentarité temporel de ces deux images et interessante.
Sur le tableau sa bouge il y a la foule (les veaux) qui suivent un "icone" portant les couleurs de la France revolutionnaire.
sur la photo tout est figer le gris ambiant contrastant avec le rouge flambloyant de la robe qui, elle, semble créer un mouvement. La photo ne porte aucune reference historique.
il faudrait demander au phototgraphe qu'elle eté sa démarche artistique au moment du cliché.
"[...] au milieu de compatriotes, pauvres et bourgeois, qui meurent pour défendre la cause [...]"
Un bourgeois peut faire la révolution ? Pour contester le système il serait capable de carboniser SA voiture ? Il est possible que le bourgeois soit dans la meme situation que le pauvre : plus rien à perdre ? Ce n'est pas antinomique ?
Ayant recemment lu un bouquin sur l'economie (redige par un liberaliste, mais un livre d'economie n'est jamais neutre, parole d'experience). On pouvait y lire. Quand les bourges suivent la revolution, c'est qu'ils en attendant une situation plus confortable une fois le retour a l'ordre...
Et comme çe fut inexorablement le cas a cette epoque la. On peut dire que oui.
a Denis > L'histoire nous apprend que c'est souvent la bourgeoisie qui initie la révolution, l'instrumentalise, y participe un peu pour en bénéficier beaucoup.
(Le tableau de Delacroix met effectivement en scène différentes classes sociales de l'époque, et n'oublions pas qu'il a fini par illustrer le billet de banque de 100 francs)
Rapporté à aujourd'hui, on peut penser que "le changement" ne passera pas par une révolte des "miséreux" qui se révèlerait surement contreproductive (ils seraient stigmatisés, déclarés responsables de leur sort) mais, par le point de non-retour du mécontentement petit-bourgeois (la classe moyenne) qui cautionnera alors la révolte.
On en est encore loin mais, ce gouvernement précarisant tout azimut va peut-être réussir le tour de force de se mettre tout un pays à dos.
A partir de là...
Once again:
"Les hommes ne font pas la révolution, les révolutions se font avec des hommes."
Il me semble que nous sommes d'accord sur le fond : le bourgeois peut cautionner la révolte et/ou la suivre (de loin) à son profit. Mais y participer activement ... signifirait que le bourgeois n'est plus bourgeois non ?
"le point de non-retour du mécontentement petit-bourgeois (la classe moyenne)"
tout est dit.
Le mot clé étant classe moyenne.
J'avais lu il y a un an ou deux que pour qu'il y ait révolution, les classes moyennes devaient être touchées. C'est une ligne qui fait bouger les choses. Ce point de non retour est une des conditions sine qua non d'une révolte. Reste les médias qui, selon ma lecture ancienne, sont également une étape centrale car c'est au moment où les médias commenceront à se faire le relais des contestations, des mouvements qui se créeront. De mémoire, le relais par l'information constitue également une condition sine qua non.
Je regrette de n'avoir jamais conservé ce texte, trouvé sur le net, parce que depuis il me trotte souvent dans la tête, et que cela m'empêche de sourcer ce poste.
que de jalousie dasn tous les propos que je lis sur ce blog. c'est édifiant et affligeant. et lorsque vous serez de l'autre côté de la barrière vous vomirez sur les autres, c'est ainsi que s'exprime toute la misère et crasse humaine
Napo
Enregistrer un commentaire