4 février 2023

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Retour sur le film : God Told Me To (Larry Cohen, 1975)

Un flic fervent catholique, sosie de Houellebecq jeune, enquête dans un New-York bien crasseux sur une épidémie de meurtres aux divers auteurs que rien ne prédestinait à tuer. Ils se justifient tous comme un seul homme en prononçant ces mots "J'ai tué parce que Dieu me l'a dit". 

En plein milieu des années 70, tout juste sorti de sa phase "blackspoitation" et avant son hit horrifique Le Monstre Est Vivant, Larry Cohen, le créateur des Envahisseurs et le prince du pitch qui tue (les films ne remplissent pas toujours les promesses), tourne à l'arrache pour une poignée de dollars God Told Me To (Meurtres Sous Contrôle en VF) : un polar urbain tourné en mode quasi documentaire dans sa première partie (on voit régulièrement dans le cadre des figurants malgré eux qui se demandent ce qui se passe). C'est nerveux, filmé à l'épaule les deux tiers du temps et monté en mode turbo (comme souvent chez Cohen dont je doute qu'un seul de ses films fasse plus de 85 minutes). 

Le petit tour de force du film, et ce qui le démarque du thriller initial, est qu'il glisse en cours de récit vers le surnaturel en se renouvelant esthétiquement. À mesure que l'enquêteur est provoqué dans sa foi, le rythme se calme, les éclairages sont plus travaillés, le récit quitte littéralement le rez-de-chaussée des choses pour s'enfoncer dans les entrailles bouillantes de la ville ou dans ses hauteurs mystiques. On pense d'ailleurs souvent à Angel Heart d'Alan Parker, tourné dix ans plus tard. Superbement photographiée et bien endiablée, cette série B qui tient autant de Werner Herzog que d'Abel Ferrara, passe très honorablement le test des années.



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