2 mai 2020

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#confinement jour 48 et 49 : La politique de la peur

Marche sur le bitume humide vers Montparnasse au 1er mai. Il est midi je suis parfaitement seul. Il y a un ici nous étions pris au piège avec L. sous les lacrymos des policiers, sans aucune raison autre que la volonté de nous effrayer (ce qui réussissait d'ailleurs). C’était mon troisième défilé du 1er mai sous tension en 3 ans : nassé, bombardé de lacrymos et donc masqué, déjà. Alors que cette fête des travailleurs est au départ une fête populaire, elle est devenue dangereuse en République du Baltringuistan.

J’ai assez fait de manifestations sous Sarkozy (avec mes enfants) parfaitement bien encadrées et sans débordement (alors que les effectifs policiers étaient bien plus importants et le niveau de défiance largement comparable) pour pouvoir affirmer qu’il y a depuis trois ans une volonté policière de dégrader l’image des mouvement sociaux, à commencer par les plus populaires et inoffensifs comme le 1er mai, en les laissant sombrer dans la violence, voire en en y contribuant activement. La police est toujours à l’image des gouvernements, et depuis quelques années celui-ci est violent et maladroit. Le gouvernement crache sur les gens, sur la contestation, la police crache du Lbd et son mépris est toutes vannes ouvertes, logique.

Pour être parfaitement honnête, cette radicalisation côté policier n’a pas commencé sous Macron mais sous François Hollande, période Valls, dans la foulée des contestations parisiennes de Nuit Debout en mars 2016 et des semaines de mobilisation dans les rues contre la loi travail. Nuit Debout qui a été sujet de moquerie n’est rien d’autres que la version anticipée, plus éthérée, plus "bobo" si vous voulez, des Gilets Jaunes à venir. Cette autogestion énervée de la Place de la République qui a duré trois semaines a clairement marqué un changement dans la gestion des mouvements sociaux par les forces de l’ordre.

Quatre ans plus tard, après des centaines d’yeux crevés, de membres amputés, de morts injustifiables, il faut prendre le petit mot matinal de notre conseiller clientèle en chef sur les « chamailleries » du 1er mai pour ce qu’il est : une preuve de mépris de plus, son retour à la normalité.

A mesure la menace du virus diminue la présence policière, elle, augmente dans les rues de mon quartier. Au bout de deux mois alors que la perspective d'une "libération" approche, Il rejoint ainsi le niveau constaté dans des régions de France où le nombre de contrôles est inversement proportionnel à celui des personnes hospitalisées.

C'est résumer la seule stratégie (claire) gouvernementale actuelle : maintenir la peur. Et il faudra la maintenir plus que jamais face au constat du fiasco sanitaire gouvernemental et de la catastrophe économique qu'il aura généré. D'autant que la crise économique engendrera mécaniquement une montée de la colère sociale. Bientôt le virus n’aura même plus de raison d’être, seul restera le dispositif répressif. Nos esprits sont formatés par deux mois d'angoisse confinée et de menace aussi totale qu'invisible. 

Soit vous avez peur et vous êtes soumis, soit vous êtes un ennemi.





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1 comments:

Elie Arié a dit…

Cette "violence policière" ( mais est-elle moins violente dans d'autres pays? Lesquels ? ) me semble d'autant plus inutile qu'il y a longtemps ( 30 ans, environ) que les manifestations ne sont que des rituels qui ont largement fait la preuve de leur inefficacité. Elles n'ont strictement rien obtenu, à part le retrait du CPE sous Villepin, et cela uniquement à cause des émeutes dites des " cités", que le gouvernement cherche à éviter à tout prix ( voir les dernières instructions à la police : ne pas faire de zèle juste pour quelques voitures qui brûlent... )
Par contre, je me demande où vous avez été chercher que le virus est devenu moins dangereux... alors qu'on en est à la découverte de 14 variétés ( ben oui, il mute beaucoup... ) ce qui rend problématique la découverte d'un vaccin unique et définitif.
Une consolation : cette pandémie est peut-être en train de résoudre le problème des retraites.

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