25 mars 2014

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En route vers l'inertie


Ah et oui, il y avait des élections. 

Il y a six ans, j'aurais fait du lol, et surement commenté une claque envers un pouvoir désavoué à la première élection intermédiaire. Je me serais moqué des réactions des ténors du parti de la majorité dépêchés sur les plateaux télévisés au soir du premier tour des municipales pour nous expliquer que "non, ce n'est pas un vote sanction"[1], "que les efforts n'ont pas encore porté leurs fruits", "que le chômage baisse", "que le second tour est décisif", "que la route est longue, la pente est raide, qu'il faut faire barrage au FN et que ma belle-sœur en a et que d'ailleurs on l'appelle tonton et qu'il est hors de question pour nous, socialistes, de changer une politique de droite qui gagne". Mais non, là je suis dans l'état d'esprit de notre Président, retranché dans mon palais coupé du monde et je n'en ai juste plus rien à secouer des Français, toisant de mon dédain dandy la déliquescence d'une société du repli, souhaitant presque Sarkozy se représente tant il est le seul à pouvoir remobiliser la gauche autour d'un joli projet commun, viscéral, mais porteur de tous les possibles : lui coller une seconde raclée.

Dimanche, mon dégoût d'une "information" hystérique le disputait à la lassitude d'une situation électorale classique (un mauvais résultat pour la majorité dans un scrutin à mi-mandat est aussi surprenant qu'un dimanche après-midi télévisé avec Drucker).  

Même la montée largement surexposée du FN dans une poignée de mairies ne me provoque rien tant elle fait partie du spectacle, du piment démocratique, de la nécessaire preuve par l'exemple (il faut en passer par là, et les expériences municipales passées du FN se sont toutes transformées en fiasco) et de la logique du moment : cette déconnexion au mieux, l'encouragement au pire, de nos gouvernants envers une société du travail totalement individualisée, aux divertissements médiocres, une société de la bouffe avariée et du mal-soin, sans mémoire à plus de trois jours, pathologiquement craintive de la différence, qui revendique son ignorance et sa part de barbarie, une société de l'impatience où l'esprit de consommation et la notion de rentabilité s'étendent à tous les pans de la vie quotidienne, sentimentale et familiale, bref une société de merde, technologiquement très connectée et paradoxalement plus que jamais divisée en ghettos sociaux générationnels et ethniques, ne peut à terme que générer une expression démocratique de merde. Enfin... pour ceux qui votent encore tant l’exercice, matérialisation même symbolique d'une vision collective, devient absurde dans cet océan de défiance, de pessimisme et de chacun pour sa gueule qu'est devenu La France (abandonnée à l'Europe elle-même abandonnée au marché).

Sans une véritable politique de gauche (et là, plus rien n'est lisible à gauche pour l'observateur lambda qui ne veut pas "se prendre la tête", au bas mot les deux tiers des inscrits), au sens collectif du terme avec rééquilibrage des injustices, d'une façon ou d'une autre, sous un nom ou un autre, le FN arrivera aux commandes du pays. Tout, du haut en bas de la pyramide des exploiteurs et des exploités, des cyniques aux abrutis, des incompétents surpayés aux chômeurs ignorés, des rentiers aux jeunes endettés, des libéraux winners aux salariés insultés à longueur de journée, tout converge pour que le pire se concrétise depuis l'isoloir de nos aigreurs. 

A chaque soir d'élection, les pleureuses sous spots à tungstène des hauts plateaux du savoir sanglotent en direct haute définition sur le record d'abstention. Totalement égoïstement, à mon tour, par défaut, je n'y vois pas la pire des nouvelles dans le désastre. 

C'est probablement cette abstention qui nous préserve d'un score de droite encore plus fort.

[1] Envoyer Moscovici pour faire le SAV des socialistes et mobiliser pour le second tour, peut-on pire opération de com' ? Le mec est une publicité ambulante pour un vote anti-PS

Illustration : Jefferson Airplaine, Bless its pointed little head

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5 comments:

Unknown a dit…

Au moins on est d'accord sur Mosco, les pleureuses,...

Anonyme a dit…

Ça fait du bien autant d'abstentionnistes ! C'est pas encore assez mais on avance.
Je me demandais, puisque vous ne roulez ni pour Hollande&cie ni pour le reste(enfin je crois), ça vous dirait pas avec vos nombreux copains blogeurs de faire monter une chtite grève générale pour mai ou juin, ça commencerait dans les bureaux de la prod. où vous devez être un paquet, pour s'étendre aux autres catégories de travailleurs, libérés par l'absence de boue dans les tuyaux, à la française, on montre l'exemple.
Vive la truite !

Unknown a dit…

Oui, cette soirée électorale était d'un ennui, on se serait cru aux élections du quinquennat précédent.
Même les candidats FN ont réussi à me faire sourire tant leurs discours étaient plat, convenus, stéréotypés...tu parles d'un changement...
allez hasta siempre, et banzaï.

ISARAIN a dit…

Fulguro post dans ta face
Respect

Unknown a dit…

Le Front « de Gauche » passe des accords avec la droite solférinienne. Le masque tombe. Mélenchon est un sous-marin des socio-collabos chargé de ramener au bercail les brebis récalcitrantes. Les « têtes dures » sont des couilles molles. Aujourd’hui comme hier et bien moins que demain : élections, piège à cons !

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