30 octobre 2013

Détruire la virilité (au jardin d'enfants)

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Cet après-midi là, j'accompagne ma fille de quatre ans au jardin d’enfants. Vu le temps de plomb, ils ne sont que deux : la petite et un gamin du même âge, appelons-le Marc-Antoine. Le garçon est accompagné par une grand-mère chic et échappée des beaux quartiers, et ce qui semble être le père du gamin : un quadragénaire sentant bon le cadre sup. dont l'insistance à ne rien comprendre au concept, pourtant pas bien complexe, du tourniquet m'incite à conclure qu'il doit être responsable financier ou un truc dans le genre.

Le petit Marc-Antoine crapahute sur la cage à poules, enchantant sa Mamy qui capture sous toutes les coutures au Galaxy S à l'étui YSL, les exploits de son héros maladroit.

MAMY NEUILLY 
"On va envoyer les photos à ta maman qui est au travail…"

Armé d’un grand bâton de bois mort, ramassé au bordure de square, voilà que Marc-Antoine entame la parade du mousquetaire avec ma fille dans le viseur. Il lui court après en manquant de l’éborgner sous le regard éteint de son père et les extases de sa grand-mère. Je vois le mal partout, mais je ne peux m'empêcher de noter le caractère phallique de l’instant, qui plus est relevé par les propos du garçon. Je cite :

MARC-ANTOINE
"T’as vu mon grand bâton ! J’ai plus le grand bâton donc je suis plus grand que toi !"

Point discutable : ma fifille à son papa étant plus grande que ce petit con. Stoïque, je m’assois sur le banc gardant un œil agacé sur le manège du Dirk Diggler du bac à sable ostensiblement snobé par ma gamine. Elle lui préfère l’ascension d’une cabane à toboggan au sommet de laquelle elle observera, vaguement blasée, ce marquage de territoire.

MAMY NEUILLY
"Lâche un peu ton bâton Marc-Antoine, tu risques de lui faire mal à la petite fille."

C’est vrai, bourgeois ou pas, il serait dommage d’entrer dans des procédures judiciaires et des frais de santé à débourser à cause d'un bout de bois brandit dans un square public. Marc-Antoine consent à baisser la garde.

Bientôt, le garçon ramasse dans une flaque un bonnet dégoulinant abandonné là. L’éponge informe suscite l’intérêt des deux enfants. Mais, devant la crasse du truc tricoté, Marc-Antoine le lance à ma fille en ajoutant un : "Tiens, nettoie-le !". Bon Ok, je range dans ma poche cette baffe qui me démange : Marc-Antoine est avant tout le fruit de son environnement. Cette thèse se trouve validée par la réplique de sa grand-mère :

MAMY NEUILLY
"Oh Marc-Antoine ! Elle me regarde avec un soupir amusé visant à créer une complicité malgré nos différences sociales sur la base idéologique supposée aussi évidente que commune : Comme quoi c’est bien dans les gênes !"

Mamy fourrure sous-entend donc que, tandis que les mini-hommes font la danse du chibre en sortant connerie sur connerie, les femelles, pas dupes, ont déjà intériorisé à quatre ans qu’elles sont là pour gérer le linge sale du super héros. Le sexisme est ici intégré et revendiqué, comme un ordre naturel, par une femme ayant sur tous les protagonistes de cette histoire l’expérience des années.

Cette anecdote m'est revenue en mémoire grâce à cet article de Crêpe Georgette (auquel je vole une partie du titre). Je vous le conseille de lire. C'est court, provocant, mais des points sont justes dans la connotation positive de la virilité, sa sémantique, et ce l'on y rattache culturellement (quelque soit les classes sociales) : implicitement la supériorité de l'homme sur la femme pour aboutir à cette bizarrerie (ne reposant sur rien de scientifique) assimilant "courage" et virilité (Ça va du fameux "pas de couilles" à "fais pas ta gonzesse").

Inversement, on renvoie au champ de la faiblesse, de la médiocrité et de la sous-performance, tout ce qui est défini (par les hommes, la ruse est là) pour être le rôle des femmes (en gros : tâches ménagères) ou ce qui est considéré comme leur nature exclusive (forte sensibilité, expression des sentiments, s'occuper des enfants...). Inversement, les travers du mec (violence, roulage des mécaniques, lourdeur de la drague et plus si pas affinités...) sont ainsi magnifiés par défaut.

Marc-Antoine est surement un bon gamin qui a déjà eu douze cours d’initiation scolaire sur l'importance de fermer le robinet d’eau quand il se brosse les dents. Pourtant, dans son environnement immédiat, on lui dit déjà à quatre ans que les tâches se repartissent selon le sexe, des années avant qu'on lui parle de sexualité (si on en lui en parle). Il fait déjà le tri entre ce qu’il est "normal" de faire avec son bâton, ou avec un bonnet sale, suivant que l’on ait un zizi ou non. (Il remplacera "zizi" par "couilles" d'ici quelques années, deviendra père à son tour, perpétuera le cycle et sera probablement effrayé par l'intolérable montée de la "domination féminine").

On peut on doit parler de la sous-représentation des femmes (je veux dire hors sphère commerciale), un manque de parité dans les institutions ou des plafonds de verre de la progression salariale, mais le cœur du sexisme commence dès les premières années. Ce sont elles qui conditionnent les représentations, l’image de soi, son degré de confiance pour faire entendre sa voix et s'imposer.

Illustration : Jeux interdits, René Clément (1952)

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Passe ton bac d'abord
Les aventuriers du Salam aleykoum maudit

29 octobre 2013

Écotaxe et Patafix

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Encore une fois, chapeau ! Cinquante énervés en bonnets rouges, télécommandés par le Medef et la FNSEA, encouragés par Christine Boutin, Marine Le Pen et l'UMP (à l'origine de la loi en question), ont fait reculer le gouvernement sur l'application de l'écotaxe

Que voilà un Premier Ministre bien fier de lui, mais qui comprend tout à l'envers :

Jean-Marc Ayrault cède par peur de la violence, et c'est précisément parce qu'il est faible que la violence continuera. Non content de ne pas savoir expliquer les lois ou défendre ses quelques convictions, le gouvernement capitule craignant la fronde. Ça devient une habitude (enfin sauf lorsqu'il s'agit de la destruction des acquis sociaux, où là, reconnaissons-le le gouvernement montre un certain courage à défendre les intérêts du patronat).

En réponse, le syndicat des patrons fait d'ailleurs part de sa déception :

Entre le ratage total de l'affaire Léonarda et la volte-face sur cette mesure verte (Je me demande encore comment des écologistes peuvent rester dans l'équipe ?), je n'ai plus de mot pour qualifier l’exécutif sur le blog. J'ai tout mis dans le bouquin et j'y ai d'ailleurs esquissé la suite des événements. Tout le monde va s'y mettre : "et il y a trop de radars, on ne paiera plus nos PV !", "et nous on paiera pas nos impôts !"... Un vrai festival de l'individualisme sous le grand signe du "ras le bol fiscal" qui sera, plus que l'insécurité ou la peur de l'immigré, le vrai point de ralliement des droites (voir ci-dessous), et dont l'histoire retiendra que l'on en doit la création marketing à un certain Pierre Moscovici, ministre socialiste de l'Économie et des Finances.

Ah oui tiens, au passage, cet abandon coûtera 800 millions au contribuable.

La seule (maigre) bonne nouvelle dans cette déconfiture du pouvoir, c'est qu'elle survienne aussi rapidement.

Ça nous laisse trois bonnes années pour remonter la pente.

20 octobre 2013

Le piège à compassion

par

Après soixante-douze heures de pataquès compassionnel (mon petit doigt me dit que cette mise en Une a un autre motif que la bonté), François Hollande finit par trancher dans l’affaire Léonarda pour trancher à moitié. 

La jeune fille est autorisée à revenir en France pour étudier, mais sans sa famille. Alors que son expulsion (à la source du merdier) a été motivée par souci de ne pas la séparer de sa famille, celle-ci arrivant au bout de cinq ans de recours légaux. 

François Hollande demi-rate donc encore un moment de com’.

Il paye trois prix :

1 / Une politique d’immigration non assumée. Et je le répète ici, il n'y a pas de honte à avoir un contrôle des flux, même si dans le cas d’une Europe ouverte, ça se complique sérieusement. Dans le cas de Léonarda, la situation était claire : seules les conditions d’expulsion ne l’étaient pas. L'immigration n'est pas une thématique essentielle. En n'assumant pas plus franchement son traitement, la gauche laisse croire que c'est un problème de taille et sert donc la droite.

2 / Vouloir satisfaire en permanence un électorat qui ne votera jamais pour lui, et trahir à répétition l’électorat qui a voté pour lui. Quel sera l’aboutissement électoral de cette équation ubuesque : une méga tarte aux élections intermédiaires. La gauche n’ira pas voter, la droite ira voter à droite ou l’extrême droite. Valls a beau être populaire, il ne générera aucun vote pour le PS.

3 / Il se laisse encore avoir par le rythme de l’info continue. Celle-ci a horreur du vide. Sarkozy et ses sbires dictaient l’agenda médiatique, Hollande et ses ministres le subissent, se retiennent et finissent par craquer. Pour faire n'importe quoi.

Ce feuilleton (car il y aura d'autres épisodes va savoir) ne changera rien pour les autres expulsions et tous les autres drames. Quant à l'indignation suscitée, qu'en restera-t-il dans deux semaines ? Y aurait-il eu un tel barouf si cette expulsion survenait durant les vacances ? Sur cela les indignés devraient s'interroger aussi.

On notera tout de même l’effort de certains médias pour démonter cette famille, puis donner la parole à Léonarda en direct open bar épidermique depuis le Kosovo (ce qui enfonce son cas encore un peu plus). 

Les mêmes ne donnent quasi jamais la parole aux Roms en France (en bas de leurs locaux). Les mêmes faisaient d’un bijoutier assassin un héros et hésitent à aller à Trappes quand il y deux cailloux lancés.

Et pour finir, ça n’arrivera pas souvent promis, permettez-moi de citer ceci :

« Il faut, par contre, définir des critères cohérents entre eux, lisibles par tous et appliqués de manière identique sur tout le territoire pour l’obtention des titres de séjour. Il n’est pas acceptable, comme c’est le cas aujourd’hui, que les règles soient interprétées de manières différentes selon les préfectures et aboutissent à la situation absurde du « ni expulsable, ni régularisable ».
Trop longtemps en matière d’immigration, la gauche s’est retrouvée ballottée entre le discours de la droite et celui des associations. Il est grand temps qu’elle pose enfin les bases de sa propre politique en ce domaine ». 
Manuel Valls in l'énergie du changement (2011), cherche-midi editeur.

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18 octobre 2013

FN : lutte des races ou lutte des classes ?

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J'allais écrire un billet sur ce débat qui revient souvent : Faut-il stigmatiser les électeurs du FN ou chercher à les comprendre en y mettant les formes ? 

Et puis, je suis tombé sur le dernier numéro d'Envoyé Spécial sur les "nouveaux visages du FN". 

On y suit trois trentenaires candidats FN pour les municipales : son vice-président, Florian Philippot, un transfuge de l'UMP et une commerçante, novice en politique et propulsée candidate par le parti dans son village des Ardennes.

Au gré de sa campagne de terrain sous les caméras de France 2, cette jeune femme carbonise en quelques minutes les laborieuses tentatives de Marine Le Pen pour rendre cool, crédible et modéré le parti d'extrême droite. Après moult approximations et l'expression de diverses peurs, la commerçante finit par se lâcher totalement et comparer trankilou pépèrlito Christiane Taubira à un singe[1], en ajoutant qu'elle n'est pas raciste et a des amis noirs.

(je vous conseille de visionner le doc en entier sur Pluzz)

Réaction du FN : suspension de la candidate. Parfaite introduction pour le billet que je voulais faire depuis un petit moment :  1 / Le FN ne crée pas la bêtise, il la récupère et l'instrumentalise. Et dès fois, comme hier soir, ça lui pète à la tronche en prime-time. 2 / C'est loin d'être un parti aussi charpenté qu'il le prétend et qui reste bien embarrassée par la fougue de ses troupes (c'est un paradoxe pour un mouvement qui se veut démocratique).

La réaction du FN envers sa candidate est symbolique de ce rapport. La candidate du terrain  est envoyée au front, va trop loin devant les caméras, contrevenant avec la ligne marketing décidée à Paris, et se voit éjectée pour avoir (pour reprendre l'expression consacrée et entendue dans le reportage) dit tout haut ce que chacun penserait tout bas. 

Au-delà de "la lutte des races" qui, il suffit de gratter un peu, reste une base commune, le vote FN se divise  à mon sens en deux catégories principales :

D'un côté, la compote des colères (légitimes ou pas) provenant de gens qui n'ont juste aucune architecture politique ou instruction historique minimale. A leur décharge, à force de patauger dans la crasse de l'époque sans aucune autre grille d'analyse que celle des écrans, on finit par penser de la merde, et ce faisant, on renforce la crasse de l'époque. Et là, le boulot (colossal) est autant politique que culturel.

De l'autre côté, des gens qui savent très bien ce qu'ils font et pour qui ils votent. On aura tort de penser qu'il s'agit d'un vote de la misère (la thèse qui arrangerait tout le monde). On voit dans quel état de panique, la simple esquisse d'un demi-risque qu'il puisse y avoir une politique vaguement de gauche  a mis en transe le (large) monde de la rente dès le lendemain de l'élection de François Hollande. Ce monde-là préférera toujours n'importe quelle droite, à n'importe quelle gauche. Appelons ça l'identité fiscale. Et vu la farce qu'est devenue l'UMP, et dans quel état de porosité idéologique Nicolas Sarkozy a laissé ce parti, le pas se franchira vite (on l'a vu à Brignoles).

La seconde catégorie dupe et dupera la première. 

Pourquoi deux électorats à priori contradictoires (le type qui galère et celui qui veut protéger son capital des types qui galèrent) se retrouveraient-ils dans le vote FN ? Toujours pareil : la peur, l'individualisme et le toujours plus.

La peur.
Les uns ont peur qu'on leur vole une identité culturelle qu'entre deux tranches de Pizza au Coca devant Les Experts Las Vegas sur leur écran made in China, ils sont incapables de définir. Les autres ont peur de payer pour les autres. Les uns expriment leur peur de la mondialisation en pointant du doigt les "immigrés" ou les "musulmans" (notions vagues tant elles recoupent bien vite tout ce qui n'a pas la peau blanche). Les autres travestissent la peur Facile, pratique, pas cher, simple comme un forfait téléphonique et permettant d'éviter l'autocritique : l'autre est un type bien pratique.

L'individualisme.
Si le vote FN se veut un vote de rejet du "système" politique, il est en revanche un vote d'adhésion... à tout le reste. Sous l'angle du "tout pour ma gueule", c'est la continuation du système, mais débarrassé du vivre-ensemble. Sans les autres, le monde, euh pardon le pays, euh pardon ma salle à manger serait soudainement plus agréable à vivre. Peur et renfermement sur soi s'auto-alimentent.

Comme en son temps pour le vote Sarkozy, le vote FN n'est qu'une conséquence de la société du laid, avec sa consommation à outrance et son cortège de frustrations sur lesquelles des médias en quête de spectacle déversent des baquets d’angoisses et de tentations (passez une soirée sur les principales chaines de la TNT, et vous comprendrez de quoi je parle).

Le FN n'est qu'un récipient entre de mauvaises mains. Il se remplit des névroses, de l'individualisme bourgeois et de l'inculture de l'époque. C'est pour cela que le FN "newlook" est souvent un bon objet de télévision : ils ont la même logique pour capter l'audience. 

[1] cette comparaison tourne sur Facebook depuis un moment, bien au-delà du FN.

Articles connexes 

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17 octobre 2013

Léonarda et la (non) politique de l'émotion.

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C'est fâcheux : passer cinq ans à critiquer le sarkozysme sur le fond (inhumanité) et sur la forme (politique de l'émotion) et retomber dedans. 

Ne comptez pas sur moi pour crier "Valls démission !" au sujet de l'expulsion de Léonarda. Enfin pas plus spécialement qu'avant. Pour moi, le cas du Ministre de l'intérieur est réglé depuis longtemps : c'est une pure construction médiatique, et une épine dans le pied du gouvernement qui, de jour en jour, se transforme en bûche (Et non, ce n'est pas un barrage anti FN, comme je l'entends souvent. Populaire ou pas, je doute qu'il génère ne serait-ce qu'un seul vote supplémentaire pour les socialistes).

Je poserais juste quelques questions. Pendant combien de temps encore, allons-nous faire de la politique de l'émotion au coup par coup ? Pendant combien de temps encore 20.000 Roms vont être instrumentalisés à gauche comme à droite dans le débat politique, et tout ça pour un statu quo ? Rien ne change pour eux, rien ne change dans notre regard. 

De deux choses l'une : soit on régularise massivement (Pourquoi pas. A condition de l'assumer, de l'expliquer fièrement et de mettre des moyens en oeuvre.). Soit, on accepte un contrôle des flux migratoires. Une expulsion est TOUJOURS un drame et au-delà de la méthode employée ici, le fond du problème reste l'expulsion, ou pas, d'une famille qui était au bout des recours légaux. 

Au lieu de gueuler sur l'attitude de Manuel Valls, il faut s'interroger sur nos lois, l'application aveugle de celles-ci, nos indignations épidermiques et nos capacité d'accueil. Des Léonarda, il y en a eu et il y en aura d'autres. Si la prochaine expulsion tombe le jour d'un match du PSG et non au moment du vote de la réforme des retraites à l'Assemblée, on en parlera tout de suite beaucoup moins, avec un retour au désintérêt initial. Jusqu'à la prochaine instrumentalisation. Au choix : Ho, le méchant Rom qui ne veut pas s'intégrer ! Hou, la gentille Rom expulsée !

Bref, le feu d'artifices qui continue.

J'espère pour Léonarda que le gouvernement fera preuve d'humanité. Je crains pour les autres Léonarda qu'il ne le fasse que pour elle. Je suis certain de pouvoir republier ce billet à l'identique dans un an. 


14 octobre 2013

[Exclusif] Brignoles est à droite !

par
"Le FN remporte l'élection cantonale partielle à Brignoles grâce à la gauche". Voilà en substance ce que l'on entend depuis hier.

Suggestion de présentation :

On ne minimisera pas la responsabilité du gouvernement dans la sanction des urnes (classique) lors d'une élection intermédiaire, mais s'il y a bien une connerie à dire, et qui est donc dite et répétée à la télévision (à croire que ça ne sert qu'à ça), c'est bien : "Le FN passe à Brignoles grâce à la gauche".  

Ce serait aussi bête que de prétendre que le FN gagne à Brignoles (élection déjà remportée en 2011) grâce à la publicité continue des chaînes d'infospectacle, rabâchant en boucle depuis deux semaines que le FN va créer la surprise autour de cette micro élection et que, par conséquent, 1 français sur 4 va voter pour un Le Pen aux prochaines élections ![1]. Hein, ce serait réducteur d'écrire ça ? 

Une seule chose est acquise à Brignoles : l'électorat de gauche ne s'est pas mobilisé au premier tour. C'est oublié un peu vite que le résultat du second tour est, avant tout, la conséquence d'un vote de droite dans un canton ultra marqué à droite, où le PS avait été éliminé dès le premier tour aux dernières présidentielles.

Si les Brignolais ayant voté UMP au second tour ne sont pas forcément de droite (Quelques restes du front républicain moribond ont juste fait doubler le nombre de voix pour la candidate UMP de 1397 à 4931 entre les deux tours), en revanche ceux qui ont voté extrême droite, eux, le sont très clairement. 

Qu'ils en aient conscience est une autre histoire. 

C'est le seul enseignement que je tire de ce scrutin : le FN prend lentement et sûrement la place de l'UMP. 

Je crois que Le Pen père disait "il vaut mieux préférer l'original à la copie". Et bien, après cinq ans de sarkozysme, la pyromanie opportuniste d'un Copé ou la dragouille FN du châtelain Fillon, les électeurs UMP commencent à suivre la formule. 

Et je ne vois pas, même en cherchant très fort, des traces de gauche là-dedans. 

[1] Quel scoop. Juste vingt ans que ça dure.


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12 octobre 2013

L'abondance

par

Passé revisité ?
Présent parallèle ?
Futur redouté ?

L'abondance est le roman d'une nuit blanche en mai 2014. Paul L. traverse en taxi, à pied et en vélo, une capitale hyper-connectée, mais coupée du pays, alors qu'un pouvoir socialiste en déconfiture célèbre en catimini sa deuxième année aux commandes.

Il croisera des hommes et des femmes d'image, des attaché(e)s de presse libéraux, des consommateurs d'info à la concentration courte, des têtes de gondole nationalistes, des électeurs trahis et d'autres qui se radicalisent, des touristes qui flânent et des salariés qui flétrissent, du désastre foncier et un acteur qui défiscalise, des blogueurs qui doutent, un réseau social en surchauffe et bien plus encore... (et oui, c'est l'abondance).

Après Avatar et Perverse Road, L’abondance est le troisième et dernier volet d'Un enfant du siècle. Attention, la couverture est trompeuse : ce n'est pas si noir. Quelques traces résiduelles de lol sont détectables. Avec nos excuses.

L'abondance de Seb Musset, roman 252 pages
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Les 19 titres de la play-list de L'abondance :


7 octobre 2013

L'Amazon anti-loi

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Amazon c’est très bien toussa, y a beaucoup de références, c’est merveilleux, ça va sauver la lecture. 

Arrête ami libéral, tu vas en mettre partout.

Amazon ne sauve rien du tout. Amazon c’est de la grande distribution qui se contrefout de ce qu’elle vend (Condorcet, des couches-culottes et du cassoulet) et des conditions dans lesquelles elle le vend. Quand à la diversité des références, on va se calmer aussi. La compagnie commande comme ailleurs ce qu'elle n'a pas en stock. Et, à cette vitesse de destruction de la concurrence, Amazon risque de devenir le seul distributeur de livres en France, et là on en reparlera du "choix".

Amazon traite ses salariés comme de la volaille, contourne le fisc et se permet avec l'argent volé dans la poche du contribuable d'offrir les frais de port au consommateur. Celui-ci se fait avoir en applaudissant. En tant qu’auteur, le site me met en conflit avec moi-même, vendant parfois mes bouquins moins cher que l'éditeur, pour un retour opaque. 

L'avantage indéniable d'Amazon, c'est l’accès aux livres dans les coins isolés. Là, il ne faudrait peut-être pas oublier que La Poste (oui ce service public "offert dans le prix") est donc pour beaucoup dans le succès d'Amazon et qu'il est malhonnête de sa part d'en gommer le tarif. Précisons aussi qu'il y a d'autres sites 100% français.

Amazon cause un préjudice énorme aux petits libraires. Le métier est en danger et s'adapte. Il y a une carte à jouer en proposant au client tout ce qu’Amazon n'offrira jamais : du conseil, de la relation humaine, une sélection avec un point de vue, des spécialisations, des rencontres avec les auteurs et la commande par internet aussi. Après tout, les libraires ont accès à un catalogue aussi varié : à vous de demander. Passer un quart d’heure dans une vraie librairie ou passer un quart d’heure sur Amazon, et l'on retrouve cet écart séparant la dégustation de pâtes aux truffes entre potes avec une bonne bouteille et un repas à base de Nuggets à l'huile, arrosés d'un Coca sans bulle, seul au Mac Do.

Donc, contrairement à beaucoup, je trouve très bien ce vote de l'Assemblée nationale contraignant Amazon a ne plus cumuler les frais de port gratuits et la réduction de 5% sur le prix des livres. C'est de la concurrence déloyale. Certes, c'est une goutte d'eau dans l'océan de l'optimisation fiscale de cette compagnie (la solution serait une harmonisation européenne, faisons un rêve), mais c'est un début de rééquilibrage dans une gigantesque entreprise de dumping marchand sur le dos de la culture.

6 octobre 2013

[fashion-week] Dis-lui zut au FN !

par
- Bon les gars, l'heure est grave. On va se prendre une ratatouille aux municipales avec les conneries du gouvernement. C'était une bonne idée de mettre le FN au centre du débat pour éviter de parler de l'ANI, de la réforme des retraites et de la hausse de la TVA, mais du coup bah... euh... faut trouver des idées

(Silence)

- Je sais ! On qu'à faire une politique de gauche !

- Du calme Gérard, t'es pas sur internet là. Je croyais que c'était clair pour tous : on a dit pas de populisme. Bon alors ? Pour les idées ? Personne ? Manuel ?

- On a qu'à dire que tout est de la faute des Roms.

- Manuel, on a dit "faire baisser le FN". Pas le faire monter.

(Silence)

- Bon. Et bien si c'est comme ça, on passe en procédure d'urgence. On sort l'artillerie lourde. On va dézinguer la blonde au canon scié, façon Machete Kills. Pas de pitié !

- Ahem... mais comment va-t-on faire Harlem ? 

- Simple. Camarades socialistes, laissez-moi vous présenter le TX2014 !


- Véritable machine de guerre dialectique, issue de la plus pointue des manufactures taïwanaises, le TX2014 ne laissera aucun survivant sur le champ de bataille électoral. Avec son interface à épingle permettant l'accrochage à son veston ou sur son cartable, et son intégration du langage jeune (notez la finition de la bulle façon BD et sa touche de rouge qui n'est pas sans rappeler nos racines sociales), il saura communiquer efficacement aux peuplades périurbaines. Autant vous dire que là, les méchants vont passer un sale quart d'heure !

(Silence)

Articles connexes :
En finir avec le FN
Les vraies raisons du vote FN
Au grand bazar du vote FN

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