28 juin 2013

Pourquoi Internet nuit gravement à la santé (et jamais la TV) ?

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Donc voilà. La journaliste de la télé m'appelle :

"- On m'a dit que vous étiez blogueur actif et on va faire un sujet sur l'addiction au réseaux sociaux. Qu'est-ce que vous auriez à dire ?".

Je rétorque que je vois peu de similitudes entre un blog et facebook et que, bon, je réseausociotte modérément (4000 tweets par an, une broutille comparé à Christine Boutin un matin de procession). Son enthousiasme tombe net. Je ne reproche pas aux journalistes TV d'avoir un angle, je leur reproche d'avoir toujours le même dès lors qu'il s'agit des "réseaux sociaux" sur internet. Au choix : danger ou addiction. (En option, la variante économique : "Ces jeunes entrepreneurs américains devenus milliardaires après avoir créé un réseau social").

Je réponds à la journaliste que, même virtuelles, ces interfaces de communication sont des objets comme les autres. C'est l'usage qui fait le défaut et l’excès qui est néfaste : pour Facebook  l'étalage non réfléchi de données personnelles (les siennes et celles des autres), et pour Twitter le papillonnage, au final la déconcentration aussi bien dans le travail (spécialement lorsqu'on écrit. Poke @MoiMême) que dans la vie réelle (La tête baissée sur sa Time-line, on est au mieux à 60% avec son interlocuteur physique. En marchant, la probabilité de se prendre un poteau full face augmente de 82%, ce qui est un vrai danger collatéral du net). Mais là encore, il y autant de pratiques et de conséquences que de caractères, sans compter que la fonction crée l'organe. Il est probable que les nouvelles générations développent bien plus aisément que leurs aînés la faculté du multitâches : facebooker, dire à son ou sa chéri(e) qu'on l'aime tout en évitant les lampadaires. 


Viens le test de la journaliste (aka le casting) :
"- Pourriez-vous passer d'internet une semaine ou deux ?"
"- Oui" (t'as vu un peu la tronche du héros moderne).
" - Ah

Là je sens mon interlocutrice dépitée, genre "Mais bordel, je ne trouve personne accroc aux réseaux sociaux ! Comment vais-je faire mon sujet sur les accrocs aux réseaux sociaux ?". Cherchons un peu de matière, histoire de réseauter et de socialiser avec la télé. Je ne vois que deux aspects des réseaux sociaux susceptible d'entraîner un effet de manque : le rythme d'information (le besoin de savoir tout, tout le temps, en temps réel. Pour se sentir raccroché à la communauté de ceux qui savent) et l'évaluation permanente de sa notoriété, le shoot à l'ego (Pas de mise de départ, ça commence très rapidement avec quelques mentions ou like). On parle ici d'effets pour une minorité, et rien qui ne puisse se régler sans une petite prise de distance, voire une période d’abstinence. 

Bref, je suis le mauvais client pour le reportage. Rends-toi compte, je réfléchis sur l'usage du "réseau" tout en en minimisant son importance, voire même en lui trouvant des effets positifs[1]. Pas grave, j'invite donc la journaliste à se libérer de la dépendance de la profession aux sujets négatifs sur le sujet pour s’intéresser à d'autres addictions technologiques beaucoup plus répandues comme euh... la télévision (3h16 par jour et par français en 2011). 

Pourquoi donc ne voit-on pas plus de sujets à la télé (même juste un pour commencer) sur ces drogués de Cdanslair, de Game of Thrones, de The Voice, du bulletin météo, de Plus belle la vie, de Confessions intimes ou des débilités d'M6 ou sur ces hypnotisés de l'info en continu et des priorités au direct de la TNT ou encore les cas les plus désespérés s'enquillant sans broncher 3 épisodes des Experts chaque soir depuis 10 ans ?[2] Autant de programmes d'ailleurs passablement commentés en simultané sur Twitter et Facebook, ce qui en facilite l'éloignement ces soirs-là.

Toxico potentiel, je n'en reste pas moins un gars sympa. Et, comme j'ai quand même bien envie de voir ce reportage : 

Si vous êtes accroc aux réseaux sociaux, blog ou site SNCF.
Si vous le vivez vraiment mal, en menaçant de dépecer votre entourage au smartphone. 
Si, pour combattre cette addiction à la notoriété facile, vous souhaitez la confesser face caméra à la France entière.  

Contactez-moi, je transmettrai votre dossier à la télé.

Dis-lui merde au réseau. Ensemble nous guérirons ! 

[1] Ignorés aussi les côtés positifs d'une présence active sur les réseaux sociaux, ces dizaines de personnes que j'ai rencontrées en vrai via Twitter ou Facebook, ou des opportunités professionnelles que l'on y décroche. J'ai pourtant de beaux exemples.
[2] A mon sens, bien plus inquiétant que de parler avec ses potes en ligne.

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27 juin 2013

Dans l'antre du libéral de l'immo

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Libéral est furieux. Contre la ministre du Logement évidemment. Dans l’idée, il n’aime pas l'intervention de l'Etat et que celui-ci puisse renforcer l'encadrement des loyers et lui établisse un loyer de référence. Pourquoi saccager ainsi le fruit de son placement spéculatif lui-même fruit de son travail ! (et d’un avantage fiscal ou d’un héritage éventuellement, libéral insurgé n’étant pas à une contradiction près).

Libéral est en colère, il menace de tout casser : Plus personne d'entre lui ne va vouloir investir, parce que ses rendements vont baisser ! Les mises en vente vont augmenter et les prix de l'immobilier chuter ! Et tous ces logements pas assez chers ça va être la galère !  Terminé les temps de la justice individuelle où Libéral bailleur pouvait faire le bien de tous en multipliant par deux son rendement locatif en dix ans dans les zones tendues !

Mais comment va s'en sortir le pays avec tous ces loyers que libéral n'encaissera plus ? Bah, c'est simple, comme toujours Libéral le moderniste en retournera au cœur de cette révolutionnaire analyse qu'il n'a pas dépassée depuis 30 ans[1] : La France, elle est foutue ! 

Pourtant.

Libéral véhément n’est pas le dernier à gueuler sur le manque de compétitivité du travailleur français. Pas assez productif et ne tirant pas la croissance vers le haut, et pour lequel Libéral conseille un traitement de choc : qu’on le paye moins ce feignant surprotégé et qu’on l’envoie en Chine, et à ses frais, pour voir comment travailler mieux, qu’il y meurt s’il est faible car seuls les forts doivent survivre, et bon de toutes les façons 8 euros de l’heure c’est déjà 15X trop pour celui qui n’est pas entrepreneur !

Pourtant. Le faible prix des loyers (3X moins cher qu'en France) est une composante essentielle dans ce "miracle" de la compétitivité allemande, cet objet de concupiscence des gang-bangs de BFM Business.



C'est vrai que libéral venère, en plus de sa maison secondaire dans le Var, avec ses dix studettes qu'il loue à un SMIC chacune en zone tendue à du touriste japonais ou à de l'étudiant à papa friqué, on ne peut pas vraiment dire qu’il tire la croissance locale.

Même la vidéo-surveillance de sa maison secondaire, il la sous-traite à l’étranger parce que "les tarifs sont plus compétitifs". Et sur le marché du patelin où il a acheté (pardon investi), on est formel : la productivité de la cagette de fraise ou du poulet rôti, Libéral ne la booste que très rarement dans l’année. Comme ses copains se déplacent en meute, ils ont tous acheté au même endroit et désherbé la population locale : "ces péquenauds qui ne comprennent rien au marché". Ou plutôt qui le comprennent très bien, mais trop tard : il n’est plus pour eux.

Mais n’allez pas croire que Libéral hargneux a une dent contre les pauvres. D’ailleurs l’autre jour, sur une route du patelin à l’abri des regards (preuve qu’il ne fait pas ça pour la gloire), il en a autorisé un à venir s'encastrer contre son Cayenne, histoire que le damné goutte lui aussi un peu de son succès. C’est vous dire s’il n’est pas si sectaire, et au fond de lui un peu partageur. Et puis les limitations de vitesse, c'est dépassé. 

Oh, mais attendez. Je découvre aussi dans sa littérature que, dans les cas les plus graves, libéral multiproprio n’a de maison d’aisance que dans ses rêves humides de pouvoir. Que son portefeuille patrimonial en est encore à l'état de fantasmes et le Cayenne à celui de support à branlettes punaisé en poster sur le mur moisi de sa chambre d'ado attardé. Zut. Libéral courroucé a un (petit) salaire minimum garanti et à 27 ans vit encore chez papa et maman, ne disposant pas du capital risque pour se lancer dans la location d'un 15m2 qui boufferait 80% de ses revenus.

Oui, Libéral violent peut aussi être ce neuneu persuadé que vouloir avoir c’est déjà un peu être, et qu’à le regarder pathétiquement singer l’oppresseur chacun en conclura que c’est un vrai winner.


[1] Oui, cette date depuis laquelle le pays a commencé à glisser vers le libéralisme.

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- Décryptons le cri du libéral de l'immo
- Pauvre petit propriétaire
- L'appel de Duflot : "Dieu est partage"

19 juin 2013

[Exclusif] Les vraies raisons du vote FN

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Il faudra d’abord retenir du premier tour de la législative partielle à Villeneuve-sur-Lot qu’un type de 23 ans sans l'once d'un début de programme peut désormais faire 26% au premier tour sur la seule base de son étiquette FN.

Ou, quand le clash de kikoolols s'applique à la démocratie.

Alors oui, je sais, il n'est pas raisonnable de faire de projection sur les prochains scrutins nationaux à partir d'un scrutin local, et le FN ne gagne ici qu'un millier de voix en un an, là ou le PS (dont c'est la huitième torgnole électorale en un an) en perd 14.790. Et puis c'était la circo de Cahuzac, et puis il a fait beau aussi...

Toutefois avançons quelques craintes de voir ce type de résultats se reproduire aux prochaines élections si le gouvernement n'obtient pas des résultats significatifs sur l'emploi très rapidement, et en usant d'un langage intelligible si possible (sans répéter Allemagne et compétitivité quatre fois par phrase).

Quelles sont les raisons qui pousseraient en 2014 (et après) ce peuple de France avec un profond sens de l'Histoire et une grande mémoire à voter pour un FN qui, malgré ses efforts de ripolinage, suinte à 300 bornes à la ronde le racisme et l'incompétence ?

Elles sont plus complexes qu'il n'y parait, et au nombre de 712[1] car la force d'un bon marchand de glaces c'est la diversité des parfums proposés :

- Les affaires,
- La dogme de l’Europe à tout prix (quitte à un peu chier sur les peuples),
- La fraude fiscale des élites,
- Les élites,
- La corruption réelle,
- La corruption fantasmée,
- La politique sociale-libérale du gouvernement,
- Les reniements des promesses du même gouvernement,
- La complaisance des médias en quête de spectacle et les efforts répétés de l'éditocratie pour dédiaboliser le parti,
- Le Hollande-bashing,
- L'Hollandisme béat,
- Les déclinologues qui prospèrent en pérorant sur l'effondrement de la France depuis un demi siècle à la télé avec un ton toujours plus alarmiste,
- Les journalistes qui les relaient encore et toujours,
- Les émissions de télé à la con à toute heure de la journée qui avilissent ou terrorisent,
- Les fonctionnaires parce qu'il y en a trop,
- Les fonctionnaires parce qu'il y en a pas assez dans mon village et que je dois faire cinquante bornes pour remplir un papier,
- Les radars automatiques et l'essence trop chère,
- La relégation loin des centres d'activité à cause de l'immobilier trop cher,
- L'intransigeance à mon égard, le laxisme envers les autres,
- La TNT gratuite,
- La publicité,
- Toutes ces choses que je ne peux pas acheter, 
- Les Grandes gueules d'RMC
- La mobylette qui passe dans la rue,
- L'insécurité (y en a partout. Oui bon pas chez moi, mais j'en ai vu à la télé),
- Ceux qui gagnent plus que moi alors qu'ils en font moins,
- Les assistés en Mercedes,
- Les Rroms qui n'ont pas payé pour leur terrain alors que nous ça nous a coûté 20 ans de crédit,
- Les étrangers. Parce que faut pas déconner on n'est plus chez nous avec tous ces gens à cartes d'identité française (mais attention je ne suis pas raciste, c'est dépassé tout ça, Marine c'est pas son père),
- Les bobos (Fiente parisienne dont j'achète les marques favorites sur le bon coin et écoute les musiques avec six mois de retard),
- Nos traditions qui se perdent, (Jeanne d'Arc, De Gaulle et euh... putain j'ai oublié le troisième, vous voyez ça commence !),
- Le mariage des pédés, 
- Le fait qu'on parle trop du mariage des pédés,
- La censure envers les anti mariage pédés,
- La persécution envers le politiquement incorrect dans ce pays c'trop intolérable,
- Allez osons l'avouer, ils n'auront pas notre liberté de penser : la dictature socialiste.
- Les impôts ouais y en a beaucoup trop (Personnellement j'en paye pas, mais ça bloque le pays),
- Mon chef (en plus il n'a pas un nom très catholique),
- La chef de mon chef, (oui, parce qu'en plus c'est une femme qui dirige le service, elles nous dévirilisent j'vous dis !),
- Le voisin qui fait encore des travaux chez lui (putain mais avec quel argent ?),
- Ceux qui me traitent de "gros con" parce que je dis que dès fois Marine n'a pas tort,
- Ceux qui tentent de comprendre et d'excuser mon vote. Je les aime bien ils me rendent intelligent, 
- L'extrémisme de l'extrême-gauche qui provoque les skins dans la rue alors qu'ils allaient tranquillement acheter un bouquet de fleurs pour la fête des mères,
- La faiblesse des mots de la gauche,
- La rhétorique de l'UMP,
- La perdition de l'UMP,
- L'explosion de l'UMP,
- Sarkozy qui a ouvert la voie, trahi, échoué et qui va se représenter, trahir, échouer.
- La cécité d'une partie du PS,
- Le retour du religieux,
- La théorie du genre (hein ? Oui, je sais pas ce que ça veut dire, mais y a le mot théorie dedans ça me donne un genre),
- Le soutien discret de la bourgeoisie (mais qui, ça ne fait pas un pli, en cas de duel préféra toujours l'extrême-droite à la gauche même tiède),
- L'appui des libéraux qui la rejoindront en remuant la queue impatients d'en foutre plein la gueule aux feignants aux 35 heures alors qu'ils pourraient facile en faire 90 comme les enfants chinois,
- Le chômage évidemment,
- Le travail mal payé aussi,
- Le travail pas payé, surtout,
- Le travail que tue l'espoir d'une vie meilleure,
- Le travail que je ne trouve jamais plus de deux mois d’affilé et jamais avec des horaires décents ou un salaire correct mais dont on me répète qu'il va falloir que je m'y colle jusqu'à la fin parce que je vis plus longtemps et que c'est une évidence SCIEN-TI-FI-QUE alors que je n'ai même plus de quoi me soigner mes hémorroïdes,
- Ma colère,
- Ma tristesse,
- Mes hémorroïdes, 
- Ceux qui disent que le vote FN va inexorablement monter,
- Ceux qui le sous estiment,
- Quand Marine parle,
- Quand Marine se tait (car finalement avec tout ça, elle n'a plus grand-chose à dire pour engranger).

Et bien sûr, last but not least :

- Et puis quoi, où est le mal ? On n'a jamais essayé le FN. On peut bien essayer ? 
(NDLR: marche aussi avec le saut à l’élastique sans élastique)

Nos conclusions sont formelles. A ce jour, TOUT strictement TOUT profite au vote d'adhésion au FN. Car, et je suis d'accord sur ce point avec Florian Philippot, n°2 du parti, qui affirmait dimanche soir: "le FN est aujourd'hui un vote d’adhésion". Oui, on ne peut faire l'impasse sur la nature profonde, morale et économique, de ce vote de merde. Et l'électeur doit faire face à ses responsabilités. Le vote FN, libéral un jour, populaire le lendemain, xénophobe toujours, est le plus simple pour ne surtout pas se remettre en cause personnellement. D'un coup de baguette magique : changer les autres sans avoir à se changer soi. 

En cela, c'est un vote profondément dans l'air du temps et promis à un bel avenir.

[1] liste non exhaustive que nous vous invitons à compléter en prospectant dans votre entourage. Vous verrez, en tapotant un peu, ça tombe tout seul de l'arbre.

13 juin 2013

Les professionnels

par

Vingt kilomètres par temps lourd jusqu’au bourg dans le monospace à la clim cassée, Maurice se gare en sueur et à la bourre sur le parking de son Pole Emploi attitré. C'est moins cher de loyer, mais c'est chiant d'habiter loin.

Aujourd’hui l'ex-cadre commercial de 48 ans, chômeur longue durée, est convoqué à l’atelier "Imaginer de se poser la question de la décision d'entamer une formation pour se former en vue de postuler sur des offres différentes".

Ça va dépoter.

Pas de queue aux guichets. Mais où sont donc les cinq millions de sans-emploi ? Chez eux, songe Maurice puisqu'il est depuis longtemps inutile de bouger pour actualiser sa situation ou postuler.

Il tend sa convocation à la jeune personne en formation d’hôtesse d’accueil. Elle suit les indications d'un agent plus âgé qui la supervise en buvant son café dans un mug Johnny au Parc des Princes 1993, derrière son dos.

 - Désolé pour le retard, j'ai été convoqué par Monsieur Bonnet pour la formation de 13h30 Se confond en excuse Maurice.

- Non. C’est madame Zorg. Votre conseiller a changé rétorque l’hôtesse.

- Ah encore? mais ça fait 4 fois en un an que ça change.

- Je sais mais vous savez c'est parce qu'ici, peu de gens sont titulaires d'un CDI, donc entre les fins de CDD, les démissions et les mutations, ben oui ça fait du mouvement, et comme vous êtes inscrit depuis longtemps...

- Évidemment concède Maurice, balayant d’une aristocratique sagesse toute tentative d’amorce de polémique avec la jeune recrue.

- Bon, je vais bosser. Tu vas t’en sortir estime l’agent au mug Johnny contenant un renvoi tripoux-lentilles.

- Oui fait la jeune au supérieur déjà parti recharger le mug.

En fait non. L’ordinateur fait pouic. Imprévu. Les regards des intervenants se crispent.

- Oulala, mais il est 13h40. Je ne sais pas si vous allez pouvoir rejoindre l'atelier, ils ont déjà commencé, je vais voir...

Elle part, et revient en indiquant à Maurice le couloir:

 -Vous avez de la chance. Ils en sont à l'appel, vous pouvez entrer. 

Verni qu'il est le Maurice. Il s’enfonce dans le couloir à l’éclairage au néon. Sur les murs sont placardées des affiches de gens souriants avec des casques sur la tête et des gros dossiers dans les bras. Ils sont occupés donc heureux. CQFD.

Maurice rentre dans la grande salle. C’était moins une. Au milieu d’une trentaine de sièges vides, 6 personnes sont attablées en U. du jeune, du plus âgé, un gros baraqué qui ressemble à Baleine dans Full Metal Jacket, une fille en sari sortie d'un film de Bollywood, du hipster de sous-préfecture et du bien vêtu à la mode Soyez Select de chez Franprix. Au bout du U, deux conseillères badgées, la cinquantaine, l’une à jupette marron, c'est Madame Zorg, l’autre à gilet damier tricoté en laine, classent et reclassent leurs papiers.

En bon commercial Maurice dit - Bonjour moi c’est Maurice. Un murmure suit. Une des conseillères lui donne un questionnaire, et le cadre lui demande :

- Euh dites, on finit à quelle heure ? Parce moi je dois aller chercher mes gosses à l’école à 16h30. 

- Mon Dieu vous n'aurez jamais le temps de tout faire, on en a pour trois heures plus un entretien individuel d'une heure. Écoutez si vous n'avez pas le choix tant pis, on prendra rendez-vous pour l'entretien un autre jour. 

- Ouh la la non ! convient Maurice.

S'ensuit une longue explication scolaire des deux conseillères sur le but de l'atelier, la procédure que tous vont devoir suivre pour comprendre le travail à faire, qui consiste en gros à mieux faire comprendre à ceux qui n’ont pas de travail qu’ils cherchent un travail mieux. En résumé, déjà que t'as pas de salaire quand tu bosses, mets tes plans de carrière dans la poche.

Le ton monotone et saccadé, avec mention de numéros de paragraphe et d'alinéas, ressemblant à s'y méprendre à la notice de montage du jacuzzi que Maurice a installé la semaine dernière chez des bourges du coin pour se faire un peu de blé, provoque quelques perplexités dans la petite assemblée.

Au bout de cinq minutes, la dame au gilet s'arrête, essoufflée, et regarde désemparée Madame Zorg. A l’issue d’un conciliabule, les deux se tournent vers l’assistance et s'excusent :

- Oups. Désolé en fait cette fiche était pour nous, pour vous aider à comprendre le but de l'atelier. Mais comme c'est nouveau pour nous aussi, et qu'on n’a pas eu le temps de l'apprendre, en fait vous nous servez un peu de cobayes, hi hi.

Personne ne rit.

- Heu bon... On va passer directement au QCM. Remplissez le questionnaire et on fait le point dans trente minutes.

Le QCM comporte dix questions d’une complexité allant de Etes-vous à la recherche d'un emploi depuis longtemps? au subtil Voulez-vous faire une formation ?

Les conseillères ne s’attendaient visiblement pas à une telle vivacité : En 120 secondes tout le monde a coché ses cases.

- Bon ben… alors on va passer à la suite, c'est une exercice rigolo qui va vous paraître bizarre, mais c'est in-dis-pen-sable pour bien comprendre là où on va. Okay ? Lancent-elles d'un ton faussement désinvolte pour tenter de dissimuler qu'elles n'ont pas eu le temps de bachoter leurs fiches en 120 secondes pour la suite.

- OKAY répondent-ils d'un mou collectif.

- Alors si vous devez escalader l'Himalaya, que devez-vous prévoir ?

Tout le monde se regarde.

- Attendez c'est bien l'atelier « Imaginer de se poser la question de la décision d'entamer une formation pour se former en vue de postuler sur des offres différentes » ? demande Maurice.

- Oui, oui ne vous inquiétez pas, vous allez comprendre d'ici un moment où on veut en venir répond la formatrice au gilet.

A son tour, chacun émet des suggestions: de l'achat de piolets et de sacs à dos sur ventes privées, en passant par l’importance de nourrir Diego le chat avant de partir. C'est vrai que c'est rigolo. Et puis c'est long, ça occupe.

15h20. Le tableau blanc est plein de réponses. Les conseillères se décident enfin à passer à l'étape suivante : faire le parallèle avec l'action de se former. L’audience, pas préparée à une telle audace dans l'analogie, accuse le coup. On entend quelques soupirs.

Pas à l'aise et pour gagner du temps, Madame Zorg et la dame au gilet énumèrent directement la liste des choses à faire pour choisir et entamer une formation.

Un séditieux hausse le ton.

- On aurait pu gagner du temps en commençant par là, non ?

- Oui mais c'est pour bien que vous compreniez, parce que les gens ne comprennent pas tout vous savez...

- Ah.

- Bon alors maintenant on va faire un tour de table pour savoir ce que vous voulez faire. On commence par vous monsieur.

- Euh ben moi ça m'est un peu égal, depuis toujours je prends le moins pire. Faites-moi une liste des formations et puis je choisirai répond la quadra à veste militaire, qui a déjà de l’expérience dans l’expérience de se faire une expérience, et qui aimerait désormais faire l’expérience d’être payé à un salaire décent.

- Vous n'avez pas une idée précise ?

- Non, à la limite cariste dans un supermarché, j'aime bien les supermarchés, c'est cool. 

- Ah ben voilà une formation de cariste donc, ça c'est au moins c'est précis. 

Madame Zorg irradie, l'atelier commence à porter ses fruits.

- Ouais parce que j'ai déjà fait ça et je connais bien.

- Comment ça vous l'avez déjà fait?

- Ben je suis cariste.

- Mais alors vous n'avez pas besoin de vous former dans ce domaine, je ne comprends pas là.
- Non mais comme je vous l'ai dit je choisis le moins pire. Cariste c'est cool.

- Mais si vous êtes cariste Monsieur, pas la peine de suivre une formation de cariste, vous comprenez ?

- Oui mais comme ça au moins je connais, j'ai mes chances.

- Euh on va vous voir après en individuel, okay on va voir. Au tour de madame ?

La jeune femme en sari s'excuse dans un français difficile, elle ne sait pas trop, elle parle peu, n’est en France que depuis peu de temps et sourit pendant de longues minutes.

- Bon. On verra après pour vous jauge la formatrice en s'essuyant le front rageant intérieurement sur la pertinence de ce logiciel qui lui a rassemblé tous ces cons.

- A votre tour, jeune homme ?

Le gros type à crane rasé qui griffe la table avec son pouce renifle un bon coup et se lance.

- Ah moi je suis un fou des flingues. Les armes ça je connais, je veux faire body guard parce que dès qu'on demande de savoir se servir d'une arme ça élimine tous les candidats et je peux me faire embaucher.

- Ah une formation d'agent de sécurité donc... trépigne la formatrice au gilet.

 - Ah non, je veux pas faire vigile, attention! Moi c'est bodyguard, avec les guns et tout. J'aime bien manipuler les armes. 

- Oui enfin vous savez, dans la sécurité je ne sais pas si le port d'armes est autorisé en France...

- Dans le privé si ! J'en connais qui font sniper dans le privé s’enthousiasme-t-il avec une œillade sa voisine exotique.

- Euh formation de sniper j'ai pas ça en stock, écoutez on va vous voir après okay ? 

- Ok, du moment qu'il y a des guns, moi je suis partant.

Il s'en retourne au grattage de table. Le film plastique est usé, il attaque le bois. 

La chenille redémarre jusqu'à Maurice qui commence à sérieusement s’alarmer. A ce rythme-là, demain soir on commencera tout juste à se frotter aux rudiments de l’alphabet.

- Et vous ? 

- Ben moi j'aimerais être formé sur le logiciel TrucSuperProductive 2.4 pour dessiner des maisons parce que je suis doué pour ça je le sais, et c'est que je veux faire. Mais je l'ai déjà demandé l'an passé, ça été refusé, trop cher... 

Maurice n’est pas tout à fait honnête. On lui a bien refusé sa formation trop coûteuse, mais on lui a proposé la même somme pour qu’il tente sa chance dans un autre département, histoire de faire baisser les statistiques locales du chômage.

- Ah, et oui vous savez les formations c'est un gros business, il y a 4 ou 5 types de financements, mais ça doit être cadré vous savez, donc si ça sort du cadre. 

- Et oui, pour un cadre, difficile de sortir du cadre...

- Hi hi, vous avez de l'humour. Ecoutez voilà un prospectus sur les prochaines formations qui pourraient vous convenir, rapport à votre profil, il y en a une qui peut vous intéresser et qui débute en 2014 et...

- 2014 ? Je suis en fin de droits dans un mois.

- Et oui je sais. Mais vous savez, on est débordé, les centres de formation tournent à plein régime, il y a la queue... 

- Ben au moins ça me laisse le temps de réfléchir.

- Bon ben on a fini, si vous avez des questions...

La puissance du colloque se suffit à elle-même. Et puis on a pris du retard. Les questions comme les entretiens particuliers sont facultatifs. Personne n'en a, tout le monde sort en saluant poliment, les deux conseillères soulagées. 

16h20. Maurice remonte dans son monospace, et en profite pour mieux scotcher l'affichette à vendre qui sous la chaleur s'était décollée.

Tournant la clef du contact, un bip alerte l'ex-cadre sur le très faible niveau d'essence. Heureusement que personne n'a encore répondu positivement à ses candidatures cette semaine: avec ce qu'il lui reste dans le réservoir et ses comptes à sec, Maurice n'aurait pas pu se rendre à un entretien de toute façon.

11 juin 2013

Les sentiers de la gloire

par

Il se mit à me raconter sa vie en plateau. Les postes de travail dépersonnalisés dans l’open-space où chacun se fliquait. Les reclassements inopinés au nom du time-to-move contribuant à la perte de sens de ce qu’il faisait alors même qu'on lui demandait de s'identifier à la marque. La justification autiste des aberrations managériales qu’il ne contestait pas puisqu'on fait comme ça ailleurs "puis c'est décidé au siège", que sinon c'est la porte et que c'est compliqué pour les mecs entre deux âges comme lui. Ses incessants "objectifs" qui étaient autant de collines à prendre à l'ennemi. Désormais "la faute à la crise" il les décrochait d'instinct sans prime à la clé, histoire de s'"auto évaluer" face à la concurrence de ceux qu'aux temps anciens on appelait les "collègues". 

Comme chaque dimanche après-midi, le petit salon était éclairé par l'écran géant. S'y mouvaient cette fois, glamours et en tenues d'apparat sur les marches rouge du palais des festivals, ceux dont les noms à eux seuls valaient des millions.

Lui, le teint terne, cramait clope sur clope, l'humeur encore enfouie dans le sable rhétorique d’une direction robotisée lui bombardant par courriel même la nuit les mots audace et initiative, tout en le cadrant jusque dans ses pauses pipi via quelque intermédiaire zélé l’humiliant pour l'exemple, et pour de vrai, au milieu du contingent des nouveaux arrivés. Les nouveaux, il fallait s'en méfier comme de la peste. Jeunes et guerriers, comme lui mais en plus optimisés, ils adoptaient sans ciller l’impératif de productivité pour des salaires à la baisse à chaque nouvelle fournée.

Je l’interrogeai, fasciné par son endurance. Comment pouvait-il encore accepter de travailler dans telles conditions ? Il reprit confiance, me rétorquant, fier d’y échapper et de n’avoir pas pris un jour de congés maladie cette année, que certains déprimaient sévères. A la télé, on voyait les plus faibles se suicider. On appelait ça les conséquences du burn-out.

N’était-ce pas le plus bel hommage au dieu marché, en même temps qu’une extension interne du principe de compétitivité: l’offrande sacrificielle de l'inadapté justifiant en retour tous les discours sur l'effort, le courage et une totale dévotion ?  Celui qui s'était vu offrir un travail, peu importe lequel, avait le devoir d’y exceller conquérir la dignité de l’homme épanoui, peu importe le prix, et sans compter le nombre des années.

Sentant la situation tendue, je n'en dis rien et me contentai de lui tendre une nouvelle clope puisqu'il avait liquidé son paquet.


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7 juin 2013

Pierre Mauroy et la retraite à 60 ans

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Pierre Mauroy, premier ministre socialiste de 1981 à 1984, vient de décéder. Sous son mandat : la fin de la peine de mort, la cinquième semaine de congés payés et...la retraite à 60 ans .

A l'heure où l'on nous prépare gentiment à une nouvelle régression dans le domaine, (ré)écoutez une de ces dernières interventions au Sénat face à Eric Woerth lors de la bataille perdue d'octobre 2010. 

Espérons que ceux lui rendant hommage ce jour sauront s'en souvenir dans les semaines et mois à venir. (durée 7 mns)


Merci au blog de Claudine Lepage (j'ai eu du mal à retrouver ce discours)

4 juin 2013

Les classes moyennes n'existent pas

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"- On gagne toujours à partager"
Albert Jacquard en introduction d'Ainsi squattent-ils (demain en salles)

Cette histoire de baisse de plafond de quotient familial permet de ressortir l’argument de la classe moyenne "fiscalement matraquée" à grosses goulées radiophoniques de "c’est toujours les mêmes qui trinquent". La télévision n'est pas en reste, offrant des tribunes à des salariés à 8000 euros /mensuel censés représenter les "Français moyens" quant bien même ils font parti 1% des revenus les plus élevés du pays.

Bref, chacun est plus dans la classe moyenne que l'autre, avec son cortège de supplices supposés. Reprenons les chiffres de l'INSEE en 2008 (un graphique odieusement piqué à Jegoun


Certes, on pourrait rajouter à ce graphique, le "hors revenu", les soutiens familiaux ou institutionnels qui comptent dans la qualité de vie, mais ça donne une bonne base permettant, on l'espère sans y croire, que certains aient la décence de la mettre en veilleuse sur leur "torture" fiscale.

Selon le Credoc, deux personnes sur trois estiment appartenir aux classes moyennes, et seulement 5% faire partie des gens "aisés", le seuil subjectif de richesse étant placé à 4660 euros (seuls 3% d'entre eux atteignent cette somme).

Au-delà des chiffres, les quelques gueulantes entendues ici ou là (sous l'axe du pouvoir d'achat en moins et généralement de la part de ceux au-dessus de la fourchette indiquée) confirment à nouveau que le sentiment d'appartenance aux "classes moyennes" dépasse les seuls revenus, et qu'il est souvent plus ou moins consciemment employé comme la définition d'un mode de vie, culturel, une "identité sociale" sous-entendant la propriété, l'accès évident au grand buffet des choses, à la gamme des produits hi tech ou loisirs, "indispensables" et "vus à la télé", à forte valeur symbolique bourgeoise ajoutée. Se lover dans "la classe moyenne" c'est souvent se sécuriser à bon compte, se certifier d’être moins riche que le très riche et donc pouvoir prétendre à s’exonérer de ses obligations tout en étant suffisamment riche pour partager une partie de ses codes (et donc s'indigner face à toute baisse de standing, même à 64 euros par mois).

Quand un politique parle des "classes moyennes", il surfe sur un flou très pratique, et pour le coup "populiste", amalgamant des strates sociales dont les niveaux de vie vont du simple au quadruple. C’est presque exclusivement par cette défense générique, quasi culturelle, des "classes moyennes" que l’on arrive à faire adopter à des masses de pauvres la défense des intérêts fiscaux d'une poignée de très riches. 

Cela permet même, en cas de chahut dans les sondages, d'unifier tout le monde autour de la désignation d'un bouc-émissaire. C'est ainsi que le quidam, confortablement calé dans la certitude d'être de la "classe moyenne" (sous-entendu pile au milieu de celle-ci) exigera que les choses changent à commencer par les autres. Notons que les "autres" c'est large: cela va du train de vie du Rrom à celui du ministre en passant par celui de son voisin qui a un plus grand jardin alors qu'il est juste instituteur. 

Se définir "de la classe moyenne", c’est souvent excessif ou réducteur. Perso, j'ai une grille plus simple : on est riche ou pauvre. A ces deux catégories s'ajoutent les très riches et les très pauvres.

Ayant vu de certaines réactions à droite, comme à gauche, au sujet de cet aménagement du quotient familial (les nobles idées humanistes ne supportant parfois pour certains leur application concrète au quotidien), j'en conclus que le clivage sur ce sujet se loge dans le rapport intime de chacun face à la collectivité et à son degré d'addiction à la consommation superflue, et de quel côté balancent ses priorités. 


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3 juin 2013

La politique familiale de justesse

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Le gouvernement vient d'annoncer la baisse du plafond du quotient familial de 2000 à 1500 euros dans un cadre de mesures visant à "rétablir l'équilibre de la branche famille de la sécurité sociale". 

C'était pas gagné, mais nous échappons à la fin du principe d'universalité des allocations familiales. Un moment évoquée, elle aurait ouvert la boite de pandore des "paliers" négociables à l'envi et applicables à d'autres secteurs.

J'entends déjà gronder la colère de ceux s'insurgeant d'ordinaire que l’Etat se mêle de mariage et d'enfants, traditionnellement enclins à gueuler sur les "assistés". Ils s'épancheront surement dans de longues tribunes télévisées qu'on leur subventionne un chouilla moins leurs mioches et qu'on leur "augmente les impôts", à eux, toujours à eux, eux les damnés de la femme de ménage qui arrive toujours avec dix minutes de retard.

Tu noteras que le travailleur est constamment sommé de faire des efforts, de bosser plus, ou pour moins cher, ou les deux, qu'il doit cotiser plus longtemps pour sa retraite et que surtout, NOUS devons faire des économies. Le NOUS n'incluant pas la partie supérieure des revenus, prenant pour sa part généralement très mal que l'on touche à ses remises fiscales personnalisées.

Car, non, il ne s'agit pas d'une hausse d’impôt, mais bien d'une baisse de niche fiscale. Et pour bénéficier une niche, il faut déjà avoir assez de revenus pour payer un impôt dessus. Ce qui n'est pas le cas d'une bonne moitié des français.

La conséquence de la baisse du QF reste TRÈS modeste. Le supplément moyen pour les familles concernés est de 68 euros. Soit à peine le prix d'un billet TGV pour venir défiler à la Manif pour tous. Il y en a eu 3 rien qu'en un semestre. A multiplier par 7, pour Marie-Eugénie et les six merveilles. 

Elle ne concerne que 15% des familles aux plus hauts revenus. Ex: pour 2 enfants, seules les familles au dessus de 5800 euros de revenus sont concernées. Si elle vous affecte, je sais ça fait du mal à entendre, c'est douloureux, à défaut du salaire je partage votre peine, mais vous faites partie des privilégiés. DEAL WITH IT.

Elle va essentiellement affecter les familles très nombreusesC'est expliqué ici.

 Elle est aussi assortie de la création de 100.000 places en crèche, 75.000 en maternelle et de 275.000 solutions d'accueil. Même si ce n'est pas assez (et que cela reste à être vérifié sur le terrain), ça va dans le bon sens, enfin je veux dire pour ceux qui n'ont pas spécialement de thunes.

La famille française n'est absolument pas "en danger".  Ça ne change rien pour les plus modestes (au contraire, voir plus haut), et pas grand-chose pour les hauts revenus

Quant à ceux qui s'estiment "moyens" (mais qui ne le sont pas) et qui gueuleront encore sur l'Etat "étranglés" qu'ils sont par  cette nouvelle et intolérable atteinte à leur "pouvoir d'achat", nous leur rappelons d'avance qu'il n'était moralement et financièrement pas très sain de tabler sur la part déductible des enfants dans le plan de remboursement du pavillon.

Illus : Bugsy Malone, A.Parker (1980)

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2 juin 2013

Hollande et l'équation impossible

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Quelques jours après l'hommage d'Hollande à Schroeder et ses réformes "courageuses", l’émission CQFD sur Itele publie un sondage BVA sur les français et le merveilleux "modèle allemand"[1] dont nous devrions parait-il nous inspirer.

On y apprend que 74.% des sympathisants de gauche en ont une mauvaise opinion.

(cliquez pour agrandir)

Le score global des sceptiques remonte à 53% grâce... aux sympathisants de droite qui en ont TRES majoritairement une bonne opinion. Oui, oui, les mêmes gens qui réclament la tête de Hollande depuis six mois dans la rue, le carré Hermés dans une main le pavé dans l'autre, en hurlant "Dictaturesocialissaaaan !". 

Seulement, les sympathisants de droite ne sont plus que 16% à penser que le président appliquera par chez nous le fameux "modèle allemand". (contre 37% à gauche) Et ce même si nous sommes déjà en chemin.

(cliquez pour agrandir)

Au-delà de l’impossibilité à satisfaire ceux qui ont voté pour la gauche en 2012 en appliquant une politique sociale-libérale, on capte avec ces chiffres que, même s'il continue sur cette ligne, François Hollande ne contentera jamais les sympathisants de droite.

Pourquoi donc poursuivre une politique à destination de ceux qui n’ont pas voté et ne voteront pas à gauche ?

[1] Sans salaire minimum, composé d'esclaves à 1 euro de l'heure et / ou à flexibilité totale, ou le précaire est culpabilisé alors que paradoxalement c'est le pays de l'union où le taux de travailleur pauvres a le plus augmenté : 15% et leur espérance de vie a reculé de 2 ans en 10 ans. Modèle par ailleurs inapplicable, nos démographies et l'historique économique étant radicalement différents.

Illustrations : Itele.

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