15 mars 2012

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Apocalypsimmo 4: Aidez-les !

Il est de retour, il a la rage. Jean Perrin, le président de l'Union Nationale des Propriétaires Immobiliers tire la sonnette d'alarme dans un communiqué lacrymal. Parait que la pression fiscale sur les propriétaires est intenable et que ça va finir par les faire fuir de l'investissement locatif.

"Selon les taux d’imposition applicables, il apparaît que la rentabilité nette d’un immeuble locatif ancien tend à se rapprocher de zéro si l’on additionne notamment l’impôt sur le revenu, les prélèvements sociaux et, le cas échéant, l’ISF et/ou la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus instaurée en 2012."

Que répondre à Perrin? Que depuis que "l'investissement locatif" est devenu un sport national sponsorisé par l'Etat (se défaussant ainsi d'investir dans la construction de logements sociaux), les prix des loyers n'ont cessé d'augmenter, les conditions d'accession à la location sont de plus en plus ubuesques. Peut-il seulement le comprendre? Fiscalité varie, mais souvent proprio ne comprend que profit. Perrin y va donc de son communiqué en attendant, tel le Mickaël Vendetta du PAP, de menacer de quitter le territoire s'il ne peut plus faire du +10% à l'année. Louer n'est pas assez "rentable"? C'est trop compliqué? Personne ne les empêche de mettre en vente. Avec une hausse de +215% en 15 ans dans l'immobilier ancien alors que le CAC 40 en cumulé n'a grimpé "que" de 110% dans la même période, la culbute m'a l'air encore bien indécente.

Jean Perrin dénonce "un matraquage des propriétaires bailleurs". S'il y a resserrement récent, toujours relatif mais "faut bien rembourser notre dette ma brave dame", il reste de la marge avant de récupérer les dizaines de milliards d'exonérations fiscales cramées lors de la dernière décennie. Et  certains mécanismes sont encore bien effectifs !
(Le retour du Jedi les a recensés pour vous.)

Des mécanismes se retournant parfois sur "les petits épargnants" voulant se la jouer maître des loyers d'un ou plusieurs Scellier à Nullepartville mais avantageant toujours celui disposant d'une bonne assise financière et pouvant encore acheter aujourd'hui en plein Paris (là où le m2 est le plus inabordable pour le commun des mortels) une studette avec une ristourne finale de 40%. Ne parlons pas des ribambelles de propositions que je reçois pour "investir" dans l'immobilier en Allemagne (l'immobilier y est 2X moins cher qu'ici, ça aiguise les appétits) ou en Israël. 

Et Perrin d'enfiler les perles sur le requiem pour un bailleur martyrisé:
"Les revenus fonciers sont donc déjà plus taxés que les revenus du travail ou ceux de capitaux mobiliers."

Suggérons à Perrin d'aller bosser à l'usine, s'il veut être moins taxé. Concernant l'ISF et l'immobilier, basé sur mes modestes observations en milieu thuné: les 2/3 des propriétaires qui devraient s'en acquitter à cause de leur(s) maison(s) passent au travers, du fait de son mode de calcul basé sur la comparaison avec un bien présentant des critères rigoureusement identiques (compliqué à établir, spécialement dans l'ancien).

Pour ce qui est du "risque" de fuite des spéculateurs de la pierre, l'immobilier étant un de ces rares domaines où la créativité individuelle n'a d'égale que la souplesse morale du législateur: je ne m'inquiète que moyennement. Exemple: Dans le numéro du 7 mars de l'Expansion spécial immobilier, après 20 pages nous rabâchant que la pierre est à la fête à Paris (un indice chez vous: le nombre de SDF explose) et que c'est "encore le moment d'acheter", un publi reportage didactique nous explique le pourquoi du comment de "la location meublée" (comprendre avec un frigo cash converter à 60 euros) à bail réduit. Figurez-vous qu'elle offre une rentabilité 15% supérieure à "la location vide" pour un travail bien moindre, avec une imposition classée "bénéfices industriels et commerciaux": bien plus avantageux que la location traditionnelle.

Autres exemples parmi les propositions indécentes, surfant bien sur la légalité, régulièrement reçues (notez l'argumentaire, cliquez pour agrandir):


Alors Perrin, heureux ?

Non. Jaloux des avantages dont bénéficient les proprios de la première destination touristique mondiale, et pour "encourager l’investissement immobilier dans l’ancien", le patron du syndicat des proprios demande au gouvernement:
"- une baisse de la fiscalité des revenus fonciers,
- le rétablissement d’un abattement de 15 % sur les revenus fonciers,
- l’instauration d’un amortissement des immeubles acquis par les particuliers sur 30 ans,
- le plafonnement de la hausse de la taxe foncière."

Dans une première version de son communiqué, plus ambitieuse, il exigeait 100 balles et un Mars. Mais, au dernier moment, il s'est retranché dans le camp de la raison.

Et Perrin de conclure: "Il est primordial que la fiscalité ne vienne pas, en étant trop fluctuante et confiscatoire, pénaliser ceux qui ont fait le choix d’investir à long terme dans l’immobilier."

Une fiscalité fluctuante et confiscatoire? Elle va depuis 15 ans strictement tout le temps dans le sens de la bulle en multipliant les aides à l'accession à la propriété et à la défiscalisation (rien que la  TVA réduite sur les travaux à coûté 5,2 milliards à l'Etat en 2011, le PTZ encore 1.2 milliard, l'aménagement Girardin 4,7 milliards). Investir à long terme dans l'immobilier? Si je dois retenir une chose de ma petite expérience de 15 ans dans la torride jungle du bailleur, de la province à Paris, du jeune au vieux, c'est la cupidité décomplexée et bien évidemment l'absence totale de vision à long terme étant entendu que mes interlocuteurs se divisaient en deux parties:
1 / Ceux qui ont acheté un bien et sont convaincus que l'immobilier ne va jamais baisser.
2 / Ceux qui ont hérité d'un bien et sont convaincus que l'immobilier ne va jamais baisser.

Si la seule vision à long terme a des allures d'indiscutable certitude de type "bibiche, tu verras on va s'enrichir en revendant", cette dernière est vite rattrapée par un souci, lui, à très courte vue: "Purée Bibiche, faut rentabiliser fissa".

Nos proprios ont donc souvent recours à la "machine à sous", l'autre nom du locataire. Rien de tel qu'un type ou une famille sans alternative, coincés hors du logement social, pour s'assurer une confortable rente. Comme on dit à Athènes, le pauvre est un investissement dont l'on peut tirer des dividendes jusqu'à cessation d'activité. Ce n'est pas un hasard si, au même moment, la FNAIM suggère  un mécanisme "BP 3" qui lui permettrait de récupérer le marché du social (et ses commissions) via les bailleurs privés (et leurs commissions) avec, ce coup-ci, abattement à 100% (allons-y tant qu'à faire) sur les revenus fonciers des proprios.

Ça donc commence donc à chauffer sur le front de l'immobilier, les possédants n'ont pas l'intention de se laisser spolier par un marché à la baisse, et appelle à l'aide la main invisible ...de l’état.

Ils veulent investir? Qu'ils investissent dans les PME, qu'il investisse dans l'innovation, qu'ils fassent le pari de demain au lieu de chercher à conserver leurs avantages fiscaux au détriment d'une population captive.

Espérons que le ou la prochain(e) président(e) prenne la mesure de l'enjeu et sache pour qui trancher.

La condition préalable étant, bien sûr, d'en changer. Hein ?

* * *

P.S: De l'autre côté, loin des alchimies fiscales des bien-logés, chez ceux potentiellement éjectables à partir de demain matin 6h, on s'organise également avec la création du 115juridique.org site mettant à disposition le travail du DAL pour permettre aux avocats, mais aussi aux militants, bénévoles ou sans-abris ayant quelques compétences juridiques de saisir la justice administrative en cas de refus d'héberger les personnes sans-abri.
Illustration : apartmenttherapy.com

11 comments:

ALX a dit…

Il faut aider les bailleurs qui n'ont pas profité de l'augmentation des prix de l'immobilier, et avantages fiscaux!!

Laissez les tranquilles, ils veillent à notre bien être !

L'état ne peux rien faire, ils sont nos sauveurs. Ils ne sont qu'une minorité à profiter honteusement du mal logement en France.

C'est pourquoi il est temps d'organiser une grande collecte de grande ampleur à l'image du téléthon !!

Ne laissez pas vos propriétaires dans la misère, aidons les durant cette crise!

Si comme moi tu travailles et que tu payes des impôts (sans te plaindre) mais que tu n'as pas les moyens d'acheter un logement ou de te loger décemment, dis toi qu'il y a pire que toi ; Il existe de pauvres propriétaires que tu as aidé par le biais de tes impôts (derobien, scellier, déduction intérêts impôts, crédits d'impot.....) qui ne s'en sortent plus aujourd'hui. Regardes leur petite mine , souvent ridée et aigrie par tant d'injustice!

Vraiment pitoyable !!! J'en ai la nausée!

Seb Musset a dit…

Joli commentaire ;)

dd a dit…

Oui, j'ai même sorti mon chéquier direct !

Un partageux a dit…

«[...] on ne veut pas que les prix du marché descendent au niveau des capacités financières des individus». Cette perle de taille hyperultraextra king size est du môssieur Jean Perrin ! Et on la trouve chez http://logement.blogs.liberation.fr/ qui l'a relevée et commentant : on est jamais trop gourmand.

Rafo a dit…

'faut pas oublier non plus la cellule psychologique.

Anonyme a dit…

J'ai entendu l'appel de monsieur perrin et je m'associe également à l'appel de sophie de menthon. Respectons davantage ceux qui portent cette planète et l'humanité à bout de bras, et qui sont ainsi la véritable colonne vertébrale de l'économie, et donc de la vie : LES RICHES !!

Comme dit Sophie, respectons la différence, car les riches eux, la font, la différence ! Pauvres propriétaires saignés de toutes part, on les assassine un peu plus chaque jour. Eux qui loge la france et les autres, ces autres qui auraient leur place dans un zoo.

Quelle horrible URSS islamique dans laquelle nous vivons.

Anonyme a dit…

Ce charmant monsieur devrait militer pour la baisse des prix de l immobilier. Rien de tel pour doper un placement
ex
appart valant 100 et rapportant 4 -> rendement 4%

si maintenant le meme appart ne vaut plus que 50 . le rendement passe a 8 % . elle est pas belle la vie ???

Et en plus il paiera moins d impots si on supprime le PTZ, les diverses aides type scellier ....

Je dois etre bete, je comprend pas que ce monsieur n y ait pas pense ;-))

savon liquide a dit…

Le pire c'est que je suis sûr que l'anonyme du 16/03 10:01 n'est même pas propriétaire ^^
(il parle d'eux à la troisième personne)

GNIII-Marre de vivre en URSS-GNIII a dit…

Non en effet je suis un auto-entrepreneur de choc(mais toujours prêt a sucer les verges du patronat parce que tout de même, faut pas déconner ^^) locataire. Je me sens suisse d'ailleurs en ce moment pour le refus des semaines de congés payés. Je refuse l'augmentation du smic et préfère travailler pour maximum 2 euros de l'heure histoire d'être plus con-pétitif que tout autre. Je suis je suis je suis ? Un couillon libéral ?

Faux je suis un Winner ultra-vivant bande de bolchéviks déjà morts ! ^^

Courage Libéraux ! Cette campagne est un temps perdu mais la crise de la dette va amener un 3ème tour où nos idées seront in-con-tour-nables !! \o/

nanou a dit…

plus serieusement, j'ai l'impression que c'est pas pres de s'arranger, vu que meme Hollande n'envisage nullement la suppression des aides style ptz +, qd je l'ai entendu dire qu'il voulait au contraire l'étendre, j'ai avalé ma salive de travers, c'est moi ou il a pas tout compris aux pbs de logement en france ?

Anonyme a dit…

Salut,

Deux articles du F*garo pour toi Seb :

http://bourse.lefigaro.fr/indices-actions/actu-conseils/l-immobilier-est-devenu-inaccessible-aux-plus-jeunes-176141

http://www.lefigaro.fr/immobilier/2012/04/02/05002-20120402ARTFIG00658-en-france-l-immobilier-revient-a-la-raison.php

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