30 mai 2011

Faut-il avoir peur des indignés ?

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" - Nom d'un Milton Friedman, les légumes se mettent à bouger ! Et ils pensent en plus !" pouvait-on entendre dans les couloirs de Matignon ces derniers jours.

La bactérie X-aspération a déjà fait 10.000 victimes en Espagne et bien plus en Grèce. 1000 cas suspects ont été détectés ces derniers jours dans le XIe arrondissement de Paris[1]. Statique, le foyer infectieux a fait l'objet d'une pulvérisation préventive dimanche soir

Les autorités sanitaires européennes laissent entendre ce lundi que la source de contamination de ces jeunes, ces "indignés" autrefois nommés "les légumes", n'avait toujours pas été identifiée

« - Chômage, manque d'espoir, manque d'imagination, envie de câlins, d'être la nouvelle star... Tant que les experts économiques et sociologiques ne sont pas capables de circonscrire avec certitude l'origine de l'agent pathogène, l'alerte générale sur les indignés reste valable » a déclaré la ministre de la Protection de la rente et des créanciers, Christine Lagarde, en réponse à la cruciale question que lui posait le polémique Elkabbach : « - Alors, doit-on vous appeler Madame le Directeur ou Madame la Directrice du FMI ? ».

La menace européenne d'une propagation nationale de la bactérie X-aspération inquiète en plus haut lieu, même si pour le moment, officiellement, on ne montre aucun signe de fébrilité. 

Préventivement, les autorités médiatico-sanitaires de plusieurs pays européens déconseillent la consommation d'images des "indignés" et particulièrement celles en provenance de la Puerta del Sol à Madrid où, chaque soir, le foyer se révèle particulièrement actif et créatif. "- Si jamais la fièvre ibérique se mêle aux variantes épidémiques égyptiennes ou tunisiennes dont la résistance n'est plus à démontrer, alors là oui, notre système immunitaire sera affecté et il y aura plus que de la merde dans le ventilo pour le grand capital, mais pour l'instant bof..." Nous déclare ce chercheur à l'OMS, Organisation mondiale de la soumission

"Indignés" en jargon marketing désigne l'individu dont la résignation et la flexibilité aux diktats du marché approchent du point de rupture, bref qu'il se met à réfléchir à sa condition, et pire, à discuter et à chercher des solutions autres que celles que les dévots du capitalisme lui servent assorties d'un taux d'intérêt. Avant qu'il n'en arrive là, il convient de lui vendre quelques manuels et DVD sur le sujet. 

A ce stade, Michel Godet, de l'institut d’intérêt du public de Michel Godet, en charge du respect moral du capital et de la lutte contre les virus fragilisant la conversion libérale à coups de pompes dans le cul du corps social français, a confirmé que le petit raout du week-end à La Bastoche coûterait à La France deux points de croissance. Même si, pour le moment, le kebab-frites de la Rue de la Roquette et les vendeurs de bobs ambulants « Hasta la revolución siempre ! » made in Singapour ont explosé leurs bénéfices de 2700%. 

« - Mais pas de panique : grâce à l’action conjuguée et en profondeur de l'antiviral JJPernaut, de la tri-thérapie antibiotique multi-plateau Drucker (Marie, Lea et Michel) ainsi que des antibiotiques   Cofidis et Cetelem, le risque de propagation nationale des métastases reste minime » pointe du doigt Godet. 

Par précaution, le CSA a interdit les citations à l'antenne des facteurs aggravants du virus F*cebook et Tw*tter.  Une source anonyme du CSA s’alarme tout de même : "- Si la tendance continue, pour les calmer, on va devoir réembaucher Eric Zemmour à la télé à la rentrée !"


Dans un communiqué commun, les ministères de l'Economie et celui de la Santé et des jeunes (récemment fusionné avec celui de l'ennui et des concombres) ont précisé que la contamination était peut-être liée à un sentiment largement répandu chez les moins de 30 ans "de se faire niquer dans les grandes largeurs par ce système aux mains des vieux". Invité des Grosses têtes d'RTL, le caustique François Baroin ironise : "- Les plus de 30 ans sont évidemment dans la même situation, mais, hi hi, ils ont des crédits sur le dos ces cons !"

A Beauvau, on s'inquiète aussi d'un hypothétique désordre de juin. "- Même le traitement annuel Roland Garros s'est révélé sans effet : "ça" préfère rester dans la rue. La faute aux nouvelles technologies probablement".  Ce qu'un indigné, joint par réseau social, nous confirme avant d'être coupé dans son stream : " - L'important pour faire la #frenchrévolution, c'est d'avoir une batterie d'I Phone bien rechargée !".  

Il n'en fallait pas moins pour qu'un collectif de députés de la "droite populaire" monte au créneau pour réclamer interdiction pure et simple des moins de 40 ans dans la rue et ce, en raison de la sécheresse. " - Un ensoleillement massif en été favorisera une reprise, voire une multiplication des cellules actives. Et alors là, ce sera l'anarchie !" déclare Eric Ciotti, Député UMP des Alpes-Maritimes, se prononçant toutefois pour une dérogation spéciale afin que les jeunes puissent se rendre à leurs "stages d'été" rémunérés en demi ticket-resto.

«- Les DRH ont également été sensibilisées, afin qu'elles détectent et dénoncent la présence de la bactérie X-aspération ou toute trace d'indignation dans les entreprises » a déclaré samedi soir, le ministre de la Santé Xavier Bertrand.  Même si l'on sait de source officieuse que les autorités renforcent le dispositif de surveillance en liaison avec les sociétés Taser, Atlantico et les sprays oculaires Pleurtamer, X.Bertrand a toutefois mis en garde contre toute « forme d'affolement » face au péril jeune. «A partir du moment où on ne les écoute pas, il n'y a pas de raison qu'on les entende, mais on ne veut pas prendre le risque d'un blocage de l'activité. » a-t-il assuré sur France5 face tandis que Paul Amar lui tendait un plateau d'assortiment meringué "Calèche" de chez Delacre

Si les autorités françaises incitent les médias à en rester à la médication massive du désherbant informatif DSK aux vertus hypnotiques bien connues, au commissariat à la rentabilité on reste confiant : " - Les grandes vacances approchent, les indignés devraient se disperser d’eux-mêmes."

Mais, en cas de récidive, l'Elysée se prépare à une violente riposte thérapeutique. Grâce à un drone télécommandé, nous avons ainsi pu nous fournir la Une du prochain Figaro "d'urgence" sur le sujet : 

"- Carla et le Roi, dans l'intimité d'un couple d'Etat."


[1] on nous signale également des bassins séditieux en province

29 mai 2011

Mother's day

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Bon, même si on est ici très éloigné de l'esprit de la fête pétainisto-commerciale, ce dimanche est l'occasion de ressortir - dans sa version vinyle qui craque - un de mes titres préférés, le "Mother's day" de 24-carat black (un seul - ou presque - et superbe album sorti chez Stax en 1973 et passé inaperçu à l'époque : Ghetto misfortune wealth). 

9.30 minutes du pur plaisir, toutes les occasions sont bonnes...



Et remember...  Peace, love, Unité 2012 and having fun...

28 mai 2011

Gil Scott-Heron est parti

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Hier dans l'après-midi, comme souvent, un album de Gil Scott-Heron m'accompagnait. "Free Will". Ce matin, j'apprends qu'il n'y en aura pas d'autre. Je l'ai revu pour la dernière fois l'an passé avec son grand tee-shirt rouge débraillé sur la scène du New Morning. C'était son "retour". Souriant, il déclamait : "I'm new here". 

Nous nous sommes quittés sur une excellente soirée.




26 mai 2011

L'unité à gauche : un programme, un candidat

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2012 s'annonce pire que 2002 et 2007 réunies : Le monarque est méprisé, le politique déconsidéré, l'opposition divisée, malgré les bons sondages du moment la machine à perdre socialiste se réenclenche et Marine Le Pen récolte tout ce qui tombe. 

A quelques-uns nous avons rédigé cette lettre à tous ceux qui font de la politique à gauche dont je vous laisse découvrir les conclusions... Publiée sur le site Unite2012.fr et reprise ce jour sur plusieurs blogs politiques, la lettre est à faire tourner et à adresser à vos élus (maires, députés, sénateurs, liste ici) en les incitant à signer et à réagir. 
"Lettre ouverte d'un électeur à tout ceux qui font de la politique à gauche.

Le Kremlin-Bicêtre, mai 2011
Chers camarades,
Comme disent les Chinois, il est des coups de massue qui rendent lucides : si la gauche veut remporter les élections présidentielles de 2012, elle devra aller unie au combat dès le premier tour.
Imaginer que tel ou tel candidat ou candidate évitera la dispersion des voix à gauche entre vos différents partis, provoquera le réflexe d’un vote « utile », est un pari dangereux, une illusion entretenue par des sondages dont on connaît la volatilité… et la fiabilité.
Enterrer Nicolas Sarkozy trop vite est tout aussi illusoire. C’est un redoutable adversaire en campagne électorale, chacun le sait. C’est un des rares domaines où sa compétence n’a pas encore été mise en doute.
Mais surtout, Marine Le Pen sera vraisemblablement au second tour, nul besoin de sondages pour le craindre.
L’élection présidentielle de 2012 se gagnera donc au premier tour. Autrement dit, celui des deux candidats, de gauche ou de droite, qui aura le plus rassemblé son camp avant le scrutin présidentiel aura de fortes chances de l’emporter, soit parce qu’il sera face à Marine Le Pen, scénario hélas le plus probable, soit parce qu’il aura obtenu un score élevé au premier tour et aura donc créé une dynamique suffisante pour gagner le second.
C’est le bête et implacable raisonnement arithmétique qu’impose notre scrutin majoritaire à deux tours. On peut regretter qu’il en soit ainsi, qu’il ne nous soit plus permis de faire un « choix de coeur » au premier tour. Mais c’est comme ça.
Cette réalité électorale doit conduire les politiques que vous êtes à agir en conséquence, c’est à dire à vous battre pour que ce soit bien le candidat de gauche qui rassemble le plus efficacement son camp dès le premier tour, et non celui de droite, Nicolas Sarkozy.
Inutile d’attendre le dernier moment pour bâcler un marchandage de circonstance, purement politicien, ou le programme et les idées passeront à la trappe. Inutile encore de compter sur un accord entre les deux tours, vite fait bien fait, entre les partis de gauche au cas où ce serait l’un des leurs qui accède au second tour. Dans le premier cas, face à Le Pen, pourquoi le candidat s’embarrasserait-il d’une négociation avec ses amis politiques alors qu’il est pratiquement certain d’être élu ? Dans le second cas, face à Sarkozy, redoutable candidat, le spectacle de chefs de partis de gauche se rabibochant opportunément après une campagne qui les aura durement opposés sera d’un effet déplorable et ne peut que favoriser le candidat de la droite.
Avez-vous le droit d’envisager cette défaite ? N’avez-vous pas, au nom de la confiance et des mandats que vous ont confié le peuple, des obligations, dont celle de gagner pour mettre un terme à la politique désastreuse menée par Nicolas Sarkozy ?
Chers camarades, il est temps d’atterrir. D’arrêter d’avancer en ordre dispersé, avec des candidatures tactiques, « providentielles » ou fantaisistes. Bref, il est temps de prendre la mesure de cette nouvelle donne électorale et d’en tirer les conséquences. Dès que possible, vos partis doivent travailler ensemble à une plateforme commune et à la désignation d’un candidat unique pour toute la gauche. Après tout, les primaires ont bien été imaginées pour cela, non ?
Rappelez-vous : n’avaient-elles pas vocation, à l’origine, à sortir des logiques partisanes en s’adressant à tous ceux qui « partagent les valeurs de la gauche », qu’ils soient roses, verts ou rouges ? Imaginez la dimension que prendraient ces primaires si elles mobilisaient tous les partis ! Elles donneraient un autre souffle à la campagne et un autre poids au candidat ainsi désigné. Et avouons-le, elles seraient sûrement prises beaucoup plus au sérieux qu’aujourd’hui.
Pour vous, responsables politiques, ce ne sera pas facile de dépasser les clivages et les rivalités d’appareils, on l’imagine. Certains d’entre vous ne souhaiteront peut-être pas monter dans le train de l’unité. Mais l’enjeu est à la hauteur de l’effort : pour que la gauche remporte ce scrutin présidentiel, l’unité et les concessions qu’elle implique, sont le prix à payer et, soyons plus positifs, le défi à relever.
D’ailleurs pensez-vous sérieusement qu’un programme qui rassemble tous les partis de gauche soit un défi aussi insurmontable ? Nous partageons tous un socle de valeurs communes : écologie, services publics, société solidaire, emploi pour tous, fiscalité redistributive, laïcité, régulation de la finance, éducation, innovation, recherche, et bien sûr, l’ambition d’une France forte, généreuse et influente sur la scène mondiale.
Chers camarades, quelle tâche plus stimulante qu’un programme unitaire pour ceux qui aiment la politique et veulent changer les choses ! Ce n’est pas une utopie, c’est une nécessité. Les électeurs le sentent et multiplient les appels dans la presse et sur le Net. Nous sommes à un an de l’échéance, vous avez encore le temps de vous y mettre. N’attendez pas.
Un programme, un candidat… la victoire en 2012 !"
Captainhaka : Le grumeau, Custin d’Astrée : 365 mots
Cycee : bahbyccDominique Darcy : dominiquedarcy, 
Eric Citoyen : Mon Mulhouse, GaëlDe tout et de rien, 
Jean-Claude : Slovar – Les nouvellesJean Renaud Roy @jr_roy
Juan : SarkoFranceJules Praxis : @jules_praxis
Le Coucou : Le coucou de ClaviersMelclalex : A Perdre la raison,
MrsClooney : La femme de George (s)Nicolas : Partageons mon avis,
Nicolas : La rénovitude, Nicolas Cadène : Débat socialiste, 
Rimbus : Rimbus le Blog, Romain Pigenel : Variae
Ronald : Intox2007Jacques Rosselin : @rosselin, 
Seb Musset : Les jours et l’ennui de… Stef : Une autre vie, 
Sylvie Stefani : Trublyonne, Vogelsong : Piratages, 
Valérie de Saint-Do : Microcassandre,
Yann Savidan Carnet de notes de…, Zeyesnidzeno : La France a peur

24 mai 2011

En finir avec le logement social (par l'UMP)

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Hommage à la redoutable inventivité des députés UMP. Après la défense des excès de vitesse, les voilà qui nous proposent de régler en une passe législative l'épineux problème du logement social (1 million de logements manquants, 700.000 demandes en attente) et du "trop faible" pourcentage d'endettement immobilier des ménages (endettement qui, au prix d'une génération sacrifiée, a pourtant si bien réussi à nos amis espagnols au point qu'ils le célèbrent aujourd'hui dans la rue).

Comment ?

Trop simple ami pauvre que tous les éléments poussent dans le goulot d'étranglement de la propriété à crédit : il suffit de faire rentrer les accessions à la propriété grâce au PTZ+ dans le quota de 20% de logements sociaux imposé par la loi SRU.  C'est d'un cocasse consommé. L'un est un mécanisme social où les pouvoirs publics tentent d'assurer, via un loyer modéré, un toit aux ménages les plus fragiles, l'autre, d'influence 100% privée, est un achat de bien surévalué assorti d'une dette conséquente (un mécanisme de subvention de la bulle immobilière dont on sait désormais qu'il bénéficie prioritairement aux ménages les plus aisés : 35.6% des bénéficiaires se situent dans les deux tranches les plus hautes des revenus, contre 13% qui se situent dans les deux tranches les plus basses.)

Voici l'argumentaire d'un des dépositaires (J.M Roubaud) de ce projet de loi (parmi lesquels on retrouve comme par hasard des députés-maires de communes largement sous les 20% de la loi SRU) :

"Ne pas comptabiliser l'accession sociale à la propriété dans ce quota de 20% de logements sociaux obligatoire est un sérieux frein pour les municipalités à pouvoir répondre à l'aspiration forte des Français de devenir propriétaires de leurs logements."  

Bref, une pataphysique arithmétique frisant la sorcellerie dans la droite ligne du mode de calcul éjectable permettant de comptabiliser deux millions de chômeurs là où il y en a près de cinq, de se féliciter d'une hausse de la croissance là où il y a huit millions de pauvres ou d'affirmer que Christine Lagarde y connait quelque chose en économie

Répétons-le à Monsieur Roubaud : il reste des Français qui n'ont PAS ENVIE de devenir propriétaires. Encore moins avec un crédit à perpétuité conditionné (avec de la chance) à un job à rétribution et durée aléatoires, avec des coûts des transports, d'énergie et de nourriture qui explosent. 

"- Oui mais, euh M'sieur Musset, l'acquisition d'une maison protège les faibles. La propriété individuelle, c'est la liberté.

Dans le monde de Winnie L'Ourson peut-être. Dans le monde réel, je constate régulièrement l'inverse. Les aspirants bourgeois payent au prix fort (soumission familiale et salariale totale, éloignement géographique et pouvoir d'achat déchiqueté) un choix qui est avant tout celui que banques, promoteurs, publicitaires, et maintenant l'Etat, leur assènent en attendant que la belle bulle pète (et l'expérience prouve que c'est toujours l'incrédule le moins solvable qui est le plus éclaboussé.) 
(émancipation leçon n14 : "le marché ne peut pas tout.")

Cette proposition de loi, pervertissant la définition du "social", répond de la détermination depuis quatre ans d'une droite néo-conne à en finir avec les HLM

De deux façons. 

Pratiquement. Par la réduction progressive des subventions. Par la privatisation progressive du parc (200 milliards d'euros de plus-values latentes qui échappent au marché, ça ne peut pas durer !). On s’orienterait même si l'on en croit certaines "notes blanches" vers la revente de logements sociaux à leurs locataires "pour en financer de nouveaux" (heu enfin... subventionner du PTZ+). D'autre part, on s'oriente vers la baisse de la collecte pour le logement social dans un livret A repris en main par les banques privées. Organismes "dans le besoin" qui veulent également s'attaquer au marché du PLS (prêt locatif social) : bien juteux est le business du pauvre qui veut devenir proprio. Avec la bénédiction du gouvernement, nos banquiers du social se préparent donc à nous concocter de jolis prêts pour fauchés qui auront le double effet de définitivement appauvrir les souscripteurs et de faire grimper de plus belle les prix.

Idéologiquement. En martelant que la propriété à n'importe quel tarif est seule garante de l'émancipation suprême. Si d'un point de vue électoral, la supercherie est rodée (Margaret Thatcher et George W.Bush doivent leur réélection à ce type de politique mi-banque, mi-public subventionnant la bulle), les conséquences économiques dans ces deux pays prouvent l'inévitable limite d'une dynamique artificielle déconnectée des "fondamentaux" comme on dit. 

En France, ce soutien gouvernemental envers la hausse perpétuelle de l'immobilier, quitte à sacrifier les nouveaux arrivants que l'on pousse sur la planche savonnée de l'endettement, s'explique aussi par l'attention portée à l'électorat plus âgé.  Ce dernier, pleinement propriétaire depuis des années et plus mobilisé dans les urnes, est la cible des aménagements gouvernementaux (Scellier, Robien et autres exonérations fiscales...) visant à renforcer sa suprématie (sans travailler, c'est ça qu'est rigolo !). 

Pour maintenir la suprématie des rentiers, il faut constamment stimuler l'envie de posséder de celui qui se tue à la tâche et finit dans le mur en s'étant préalablement délesté de son pognon passé, présent et futur. On comprend alors l'absolue nécessite pour la droite d'en finir avec ce "logement social" grippant l'ordre pyramidal. 

21 mai 2011

La révolution des bagnoles

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La voiture à papa (et à maman aussi) est une sorte de point zemmourien de la société où les réactionnaires s'accordent avec les libéraux pour dénoncer, fort d'un argumentaire niveau académie Norauto première année, une intolérable atteinte aux droits de l'homme moderne d'exploser la tronche de son prochain : le vil briseur de notre hédonisme mécanique.

L'autre jour, passée la publicité pour le nouveau "cross-over" avec canapé en croûte de cuir, pare-buffles, lecteur blu-raie, machine à capsules de chirloutte dédicacée par Clooney himself et amortisseur en tungstène vermifugé pour que l'homo-tobilus puisse boire son Schweppes agrum' sans se tâcher lorsqu'il roule sur les corps d'enfants, les experts de C dans l'Air affirmaient que l'augmentation mensuelle de morts sur les routes de France (+20%) était due à un printemps trop sec. Les mêmes nous expliquaient trois mois plus tôt que la hausse de janvier (encore 20%) résultait d'un hiver trop humide. 

Suite à ces mauvais chiffres, le gouvernement ordonnait un train de mesures orientées sur la collecte de pognon (rapport que les recettes fiscales liées aux radars ont chuté de 16% en 2010). Il n'en fallait pas plus pour titiller les philosophes du levier de vitesse et autre torche-édito chez Atlantico (deux doigt dans la bouche, un sur le nez) nous pondant alors de vibrantes plaidoiries à 4,5 g dans le sang, à base de "les limitations de vitesse tuent la responsabilité individuelle". 

Tremble gouvernement inique ! A l'heure où tonne la colère du peuple ibériqueles fous du volant appellent à la révolution et vont bientôt déferler sur la capitale avec leurs tableaux de bord en ronce de noyer, armés de GPS et de kits mains libres.
(collector : il s'agit bien du réalisateur du "Cercle des poètes disparus".)

Annoncée pour le 2 janvier, la révolte de l'homo-tobilus, odieusement abusé dans son droit de transgression, est soutenue par quelques députés (de droite). Rigolo : l'étude de la dernière séquence législative nous informe que ceux-là ont au moins autant de responsabilité que la météo dans la brusque hausse de la mortalité routière :  

Septembre 2010 : Suite aux amendements déposés par les mêmes députés de droite alarmés des renvois de carte UMP d'électeurs chauffards, la commission des lois planche sur un assouplissement du système à pointC'est l'occasion d'une journée de débats et de "libre antenne" radio. Thème : "faut-il assouplir le permis à point ?" Entre deux commentaires d'homo-tobilus "honnêtes" et excédés par cet état castrateur qui les "piège" encore en flagrant délit de non-respect de la loi (qu'ils exigent par ailleurs ferme pour les délinquants multi récidivistes de la cité), les députés "pro assouplissement" noyautent les ondes. L'Elysée suit ce dossier avec attention. C'est la rentrée, la popularité est en berne, les cantonales approchent, le thème est porteur, les articles à charge sont légion. Xavier Bertrand s'exprime en faveur d'une réduction du temps de récupération des points et déclare : "accorder un peu de souplesse encouragera les comportements vertueux, mais fera casser le trafic de points mais aussi la conduite sans permis." Bref, il y a déjà du relâchement dans l'air.

Janvier 2011 : mortalité + 20%. Logique.

Février 2011 : l'assouplissement du permis à point est voté. Nouvelle journée de débat et de "libre antenne" pour discuter si, oui ou non, la loi est efficace alors que, depuis la prise en main de la thématique par Jacques Chirac, le nombre de morts sur les routes a été divisé par deux. Tous les arguments étant bons, ces résultats servent aujourd'hui de base aux apologistes du néo-laxisme pour l'homo-tobilus : il n'y aurait plus "que" 4000 morts par an sur les routes, 20 airbus Rio-Paris, une broutille quoi.) 
(Clique pour agrandir. Source : sécurité routière.)

Mai 2011 : Le législateur a officiellement relâché la pression, nouvelle augmentation de 20% des morts. Le gouvernement ne décide pas de revenir sur l'assouplissement, mais au contraire d'appliquer dans l'urgence un ensemble de mesures jugées radicales (alors qu'elles le sont peu) par "la droite populaire" (alors qu'elle ne l'est pas du tout). En tête de liste : la suppression des panneaux indiquant les radars automatiques[1] et l'interdiction des appareils embarqués les signalant au conducteur deux kilomètres avant[2].
(Ralentissement de la baisse de la mortalité depuis 2009.
Comme par hasard, parallèlement à la généralisation des systèmes portatifs permettant de signaler les radars automatiques.
Clique pour agrandir. Source : sécurité routière.)

Non satisfaits d'avoir contribué à augmenter le nombre de morts sur les routes, nos députés attentifs à leur réélection défient désormais le gouvernement et le menacent ! Certains annoncent leur participation à "la fronde" du 2 juin prochain ! Bigre. A ce rythme-là, dans deux semaines, nos ronds de cuir vont crisser du pneu jante large de BX tunée le samedi soir sur le parking du Leclerc. J'aurais aimé observer une telle hargne à défendre les intérêts d'une classe moyenne qui a bon dos sur la question de la suppression de l'impôt sur la fortune ou l'atomisation des retraites. 
(Le gouvernement restera-t-il ferme avec les délinquants de la route ? La circonspection s'impose.)

En autres cocasseries, sur son blog Lionnel Luca (député UMP Alpes Maritimes, pas vraiment l'apologiste du laisser-faire en matière de délinquance spécialement lorsqu'elle implique des mineurs et des étrangers) s'offusque de la politique de répression de son propre parti ! Ce qui ne l'empêche pas (chassez le naturel...) de réclamer plus de répression... pour les autres (comprendre : "ceux qui conduisent mal").

Précision : On reconnait l'homo-tobilus délinquant à sa façon de s'auto pardonner d'enfreindre la loi en permanence au nom de sa prétendue expérience, diplôme qu'il s'auto décerne également (c'est plus simple). Au royaume des fous du volant, tous les hommes ne se valent pas, tous les permis ne sont pas égaux. 

("- Heu Robert Ménard c'est sur quelle station ?"

Pour l'occasion, ça (re re)débat à la radio. On y entend la sempiternelle rengaine du "moi je ne suis pas dangereux, je roule beaucoup" légitimant les petits écarts permanents propices aux plus gros carnages. On y clame un désespéré et trop rationnel : "je ne peux pas tout le temps surveiller mon compteur" (mais par contre mon application Heil Phone anti radar c'est possible). On y plaide un humaniste : "Les gens ont en ont ras le bol de la répression" (je la note celle-là elle pourra resservir). On s'y insurge d'un syndical : "un permis de conduire = un permis de travail" (merde, pas un CDI en 20 ans et pourtant je n'ai fait que deux fautes au code) et l'on dénonce des coupables toujours plus sanguinaires : "C'est la faute aux voitures qui sont trop confortables. Moi je m'endors à 130 à l'heure, donc faut que je roule plus vite. "[3] 
(On reconnait le vrai révolutionnaire à sa Citroën, qu'il a acheté à crédit si c'est un véritable anarchiste.)

Conduire n'est ni une promenade de santé ni un jeu, encore moins un confort. Conduire est une responsabilité au sein de la collectivité. Sur fond d'inconscience et d'un sentiment d'impunité du conducteur qui se conçoit meilleur que les autres, c'est également la cause de drames à répétition fauchant des innocents et ravageant familles et entourage. 

Et quid de l'exemple donné ? Comment empêcher un gamin de remonter en trottinette et à fond la caisse une rue en sens interdit ou un ado de garer son scooter au milieu du trottoir quand ses parents s'autorisent, en le revendiquant, à cracher sur les règles communes ?

Tu veux aller vite ? Prends le TGV ou fais du simulateur. Tu veux mieux circuler en ville ? Prends les transports en commun ou marche. Tu veux du confort ? Achète-toi une chaise longue pour mater ton DVD de Taxi 4.
(Le plus dur va être de convaincre Madame.)

Va savoir si c'est la paternité, mais je suis de moins en moins tolérant avec les j-en-ai-rien-à-peter-des-autres qui, à deux ou quatre roues, pullulent sur les routes. Malheureusement, l'augmentation des PV utorisera toujours le golden parachuté ou le fils à papa du 92 à conduire son Cayenne comme une queue. Il faut taper là où ça fait vraiment peur : le retrait du permis et la saisie du véhicule (à durée croissante - 1 jour, 1 semaine, 1 mois, 1 an. - suivant les récidives). Le tout précédé (on est de gauche tout de même) d'un rappel plus fréquent des lois, des limitations de vitesse et de "contrôles techniques" réguliers du conducteur (parce qu'un permis de conduire à 1500 euros pour les jeunes alors que des types sourds et aveugles, l'ayant passé en 1922, ont toujours le droit de conduire à contre-sens, ça va bien aussi)[4].

Bien sûr, cela implique de déployer des effectifsnon des machines automatisées. Bref de sortir du pognon, et non de chercher à en ponctionner en mode automatique sur des délits dont, si nous étions cyniques, nous pourrions concevoir que l'Etat, pas pure logique fiscale, n'aurait pas intérêt à réduire mais, au contraire, à provoquer.
(- "Non, vous n'aurez pas notre liberté de penser !" Kevin Automoto Voltaire, 1991-2011)

Longue et sinueuse est la route de l'apaisement automobile. Nos moteurs sont à brider (110 à l'heure c'est largement suffisant), l'urbanisation et nos comportements restent à modifier. L'exode urbain, les temps de trajet (donc les possibilités d'accident) reposent en partie sur notre conception de la voiture comme extension de la propriété privée et de la personnalité. On s'autorise à acheter loin de son travail puisque, sous l'effet d'une incessante propagande commerciale, le parcours en bagnole ("avé la clim" et les échos déculpabilisant de la "libre antenne") étant identifié comme un "un temps pour soi", un "moment de plaisir" sur le chemin du boulot, un "sas de décompression" sur celui du retour. Avec les risques qui en découlent : tout cycliste sur la route un vendredi en fin d'après-midi, à l'heure où le salarié motorisé "s'émancipe" pour le week-end sait de quoi je parle.
*
Considérant la voiture comme un impondérable, l'homo-tobilus a oublié le temps, les coûts et les effets secondaires de ce moyen de transport individualiste. Il s'en rappelle seulement, outré, limite ridicule, lors des inévitables hausses des carburants ou à l'annonce d'un serrage de boulon législatif. La voiture n'est pas un droit. Que l'homo-tobilus respecte la loi pour commencer. S'il ne le fait pas pour son prochain, qu'il le fasse pour son porte-monnaie. 
*
Changeons notre rapport à la voiture et à la vitesse et nous n'aurons plus besoin de nous embarrasser de gadgets à radars pour beaufs, de donner du grain à moudre aux élus sans programme ou encore de saturer les ondes de redondants débats entre deux réclames promettant l'autoroutière jouissance à vitres teintées pour moins de 300 euros par mois.
(L'insurrection qui vient.)

[1] Pourquoi les avoir installés en premier lieu est la seule question à se poser.
*
[2] Les avertisseurs de radars sont évidemment impossibles à interdire, et les distributeurs peuvent remercier le gouvernement de ce cette belle campagne de promo gratuite. 
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[3] Exemples entendus cette semaine sur les ondes.
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[4] ceci pour répondre à Jegoun m'ayant récemment promu Ministre des Transports dans son Shadow cabinet (alors que je voulais le logement !).

20 mai 2011

L'instinct primaire

par

"Moi la situation, je la sens bien."  Le Monarque à des députés UMP, au sujet des élections présidentielles de 2012.

Ce dimanche matin, nous réalisions au détour d'un flash-info RTL que, dans une suite à Manhattan venait de se jouer sur un coup d'étage l'issue de notre prochaine présidentielle. A la clé : la réélection de celui que personne ne peut plus blairer. 

Hypothèse à ce jour, et malgré les sondages, malheureusement hautement probable.

Puis, se surajoutèrent sur ce blues naissant, les déferlantes du feuilleton "live from new-york" de conneries éditocratiques en temps réel au sujet du parcours policier, judiciaire et carcéral du puissant perdu. Rarement cette terreur du vide et du recul des chaines d'information les poussant à dire, écrire, redire et récrire le pire, ne m'aura autant écoeuré. A te dégoûter de vouloir devenir maître du monde.  Je ne vous ai donc pas inondé de textes ou de considérations sur ce sujet épais si représentatif de notre époque (pas plus que sur d'autres sujets d'ailleurs, l'info ayant cannibalisé nos cerveaux) : je n’en ai aucune, juste un sentiment mêlé de dégoût, de gâchis et de tristesse pour les protagonistes de cette sale histoire.


Mais, comme chantaient les Monty Python, voyons toujours le bon côté des choses : 

- Solférino devient The Place to be. Aux terrasses des cafés, on reparle enfin des socialistes qui, malgré la grosse baffe prise restent numéro un des intentions de vote. Et, parallèlement à la couverture pathologique des déboires glauques de l'ancien "favori", un réel suspens naît enfin autour du prochain candidat PS. 

- L’affaire DSK nous confirme les limites de l'espoir en l’homme providentiel, la maladie française. Il est trop dangereux de miser sur un seul individu. Il faut d’abord miser sur un programme, puis sur l’homme ou la femme l'incarnant. Face à Monarque isolé sans rêve et sans programme (hormis endetter les ménages et casser du pauvre), le prochain candidat socialiste aurait tout intérêt à miser sur la constitution d'une équipe autour de la défense du projet. L’affaire DSK "offre" l’opportunité de repenser notre rapport névrotique à la politique. D’un côté, chacun répète qu'il s’en fout, qu'il n'ira pas voter, que "le politique ne peut rien" et dans le même temps, conditionné par les médias, chacun place des ambitions ou du ressentiment dans tel ou tel candidat. Si d'aventure un socialiste décroche la timbale en 2012, il faudra qu'il se penche sérieusement sur la réforme de la Ve République et qu'on en finisse avec l'hystérie présidentielle.

- Si le PS a perdu un hypothétique candidat (qui se serait au mieux déclaré le 28 juin), le parti a surtout récupéré un mois sur le calendrier. Le mois de juin va être déterminant, non pas pour désigner un candidat, la primaires est là pour ça, mais pour afficher une image d’unité et non pas un énième triste spectacle des divisions et des querelles intestines avec remontée des prétentions présidentielles des seconds couteaux. Vu les réactions pathétiques de quelques notables complotistes ou pasmortd'hommesques du parti au sujet du pataquès de la 2806 on peut avoir des craintes (nous dirons qu’elles ont été dictées sous le coup de l’émotion et comme je l'écris en préambule : dans ce genre de situation, où nous sommes soumis à l’urgence artificielle du flux des images percutantes et des commentaires creux, le silence est préférable).

Dans cette perspective, et nous en parlions (sur fond judiciaire) hier à un colloque de blogueurs à bière, l'hypothèse de "l'homme humble" entouré d’une équipe crédible s'impose

Enter François Hollande. (et ouais l'histoire est facétieuse)

Je l’évoquais le mois dernier :  côté terroir, bonhomie rassurante, un début de campagne démarqué et cohérent autour de « l’homme normal » qui, à la lumière des infos de la semaine, se révèle plus que jamais pertinent (sans compter que le barnum du Sofitel redonne une virginité inopinée à notre Monarque). De tous les candidats socialistes, Hollande est également celui qui montre le plus cette déterminante volonté d’en découdre. Une volonté que Martine Aubry n’a (pour l'instant) pas.

Dans ce cadre, la primaire ne doit pas tant servir à faire émerger un candidat (d'autant qu'un duel final entre les deux ex Hollande etRoyal serait le comble du ridicule), qu'à susciter le débat et faire connaître le programme. Bref, à rendre le PS désirable. 

Putain de challenge.



Et pendant ce temps en Espagne...

Illustration : R.Siffredi dans Anatomie de l'enfer, C.Breillat. 2003

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