26 mars 2010

Ondine Boutique 7

Chaque semestre, Brigitte lançait l’appel des 22 du secteur 3 allant de la Lorraine aux Landes.

Comme un seul homme, toutes les responsables des succursales de linge de maison rappliquaient au siège. L’excursion redorait leur blason et les sortait du train-train des relations avec la direction basées sur l’échange de deux mails quotidiens : un le matin pour fixer l’objectif de la journée, le second le soir pour sceller le classement des performances d’une boutique à l’autre.

Une journée aux petits soins de l’employeur leur conférait cet éphémère et dérisoire sentiment d’appartenance aux hautes sphères, communion minimum nécessaire pour motiver à leur tour les escadrons de la génération Y à temps partiels et éclatés.

Terminées les réunions à l’hôtel. L'économie s’enlisant, une salle de réunion fut réservée dans le bunker aux vitres teintées. Derrière ses grilles automatisées, le siège social bordait l’artère de modernité transperçant les faubourgs ouvriers de l’ancienne région textile en cours de tiers mondialisation.

Tapotant son gobelet de café froid en attendant le début du meeting, Ondine scrutait ses collègues en hauts talons faire rebondir les conversations cellophanées sur le tapis de sol du consensus marchand : Applications 3G au forfait « qui m’a rien coûté parce que c’était une promo d’enfer », plateau tv de la soirée d’hier ou alors les enfants, cette peine et O ma joie, la grande qui regarde télé-diète et le petit dernier qui la boxe parce qu'un 32 pouces c’est fait pour jouer à Couille of Duty.

« - Natacha de Nantes et le merchandiser Grand Ouest… Ils couchent ensembles ! » Lança fière Claire.

« - Non ! » Fit Marion les yeux ronds.

Dès que l'on comparait les stats inter-boutiques, courbes, indicateurs mensuels, hebdomadaires, quotidien, horaires et, nouveauté de la direction, en temps réel, la réfractaire Ondine fondait à son tour dans le lexique de la course à la gagne promue par la firme :

Nous sommes une belle et grande famille dont chacun des membres doit écraser les scores de l’autre boutique pour bien se faire voir.

Mantra d’une stupidité sans nom s’avouait Ondine mais enfin bon. Depuis une décennie, pour un salaire à peine dopé, chaque matin elle pointait au mur des lamentations, cavalait, ré-achalandait, encaissait tout en faxant, portait les cartons et débouchait les latrines en balançant du sourire au client, s’acharnait à remplir les procédures postées quitte à parfois dépasser sans frais, d’une heure ou deux, les horaires prévus.

Au bout de quelques mois, la drogue à la performance s'auto-distillait chez les responsables de boutiques. Elles sélectionnaient à leur tour le personnel selon sa capacité à se laisser submerger sans brocher par le flot corporate.

La direction n’avait alors qu’à opérer plus ou moins subtilement quelques shoots de motivation (promesses de prime) non pour faire atteindre aux responsables leurs objectifs (ceux-ci étaient calculés au plus probable pour ne jamais être atteints) mais pour les discipliner. Tout travailleur devait être occupé même inutilement.

La responsable dépassant les objectifs pouvait au mieux prétendre à une prime trimestrielle de 200 euros. Les mauvais mois, la boutique d'Ondine flirtait avec les 130.000 euros de C.A. Aucune des 22 responsables du secteur 3 ne décrochait le pompon depuis le krach de 2008. D’autant plus dommageable que chacune d’entre elles avant la déroute des banques, « quand tout allait bien », considérait la carotte comme un salaire.

Ces temps de précaire prospérité révolus, chaque soubresaut de l’économie mondialisée se transformait chez les cadres de terrain en pénalités intimes, la direction ne trouvant qu’à dire : Réalisez vos objectifs et montrez plus de détermination.

Ondine et les autres filles payaient d’un surplus de travail la baisse des embauches et l’abandon du recours aux coûteux intérimaires.

« Les temps sont durs » lui rétorquait systématiquement Kevin, fièrement promu régional en sus des trois boutiques restant sous sa gestion. Le bellâtre gérait désormais la moitié du territoire français (les régions étant passées de dix à trois en deux ans). Certes Ondine gagnait moins qu’en 2007 pour plus d'heures mais Kévin, lui, éclatait les scores de la progression immobile en triple S, surtension de stress statique. Le winner cumulait cinq fonctions, théoriquement payables à un salaire distinct, mais se contentait d’une rémunération à peine plus épaisse que celle d'Ondine mais d’un ronflant « régional réseau Centre et Nord et Est » gravé en typo dorée Century Gothic sur sa carte de visite à gros grains.

Mais cela elles ne le savaient pas. Kevin entretenait le mystère sur son salaire. Elles tueraient toutes pour avoir sa place.

C'est que les 22 enduraient depuis quelques mois les effets de la crise même à la maison : - de pognon, + de factures.

« - C’est à cause de la Grèce !» lâcha Isabelle qui l’avait entendu hier chez Pujadas en se trompant de bouton entre la 6 et la 3.

« - Ouais mais quand même ! J’ai la haine, ils nous ont mis à deux dans les chambres d’hôtel ce soir ! » Soupira Mathilde.

« - Ah Bon ? On n’a pas de chambre individuelle ! » S’insurgea Sonia

« - Chier, déjà qu’ils déprogramment Grise Anatomie à cause du foot ! »

Des claquements de talons aiguilles sur les dalles en lino à l'approche mirent promptement sous cloche l’insurrection se fomentant pas loin du thermos à chirloute tiède faisant office de machine à café.

T-1000 façon Truffaut : ses longues jambes étaient de long compas pointus arpentant les couloirs des succursales de province, insufflant aux bataillons compétition et discipline. Femme qui menait les femmes, la sculpturale Brigitte traçait sa route, raide comme son eye-liner. Fallait pas l’emmerder avec une demande de RTT ou un congés maternité ! Nous étions des guerriers.

Avec un aplomb évoquant l'éducatrice du PAF récemment décédée, Brigitte entra dans l’anti-chambre claquant trois coups secs dans ses mains.

BRIGITTE
« - Mesdames ! Si vous voulez bien me suivre »

La mêlée entra deux par deux et en cadence dans la pièce. Avec ses tables beiges et son paperboard froissé, la salle stimulait chez Ondine les réminiscences, aromatisées au stick UHU, de l’écrin collégien de son interminable adolescence.

Brigitte branchait fière son Heil-Phone sur l’écran plat et lança ce qu’elle appelait « le podcast vidéo de la direction. »

BRIGITTE
« - Nous sommes modernes. Nous passons au Aïe tek. »

Les collègues écoutèrent religieusement la parole patriarcale du responsable de filiale…

LE PDG
« - Crise en chinois veut dire opportunité…. »

Ça commençait mal.

Ondine ne retint que peu des mots qui suivirent, lexique au chloroforme d’un refrain tournant ad-nauseum depuis des semaines.

LE PDG
«- Il faut faire craquer nos clients. Innover. Rester sur nos fondamentaux. Bien gérer. Se laisse aller. Respecter la norme. Entreprendre. Se ré-inventer. Respecter la norme. Les filles, je compte sur vous… »

Ondine rangée des tabloïds s’était arrêtée sur l’interview du PDG dans un Valeurs Actuelles de février feuilleté chez ses vieux: « - Nous allons nous recentrer sur les activités fondamentales » disait le fils à papa au sourire de glaise. Activités fondamentales : celles qui font du blé. Le milieu de gamme était mort, tombé au champ des soldes, pulvérisés par les tentations de ce net au business modèle exemplaire puisqu'expurgé de l'humain.

On ne vendait du linge de maison que dans de deux secteurs désormais : Du drap pour fauchés tissé loin des yeux par des encore plus pauvres et de la super matière en soie, chère et choyée, pour ceux qui peuvent et aiment s’offrir de la qualité.

Endormie par l’élocution au caramel du PDG, Ondine, mollement accoudée, laissait couleur son regard sur les bidonvilles du quartier. Un siècle plus tôt, ici se fabriquait à perte du vue des draps. "Sa boite" importait aujourd'hui l’essentiel de la production de Chine.

LE PDG
« - Il faut dé-den-si-fier. (comprendre : on va enlever de la came parce qu’on a plus d’argent pour en acheter). Nous entrons dans une philosophie de contraction budgétaire.(comprendre : on ne vous augmentera pas). Notre enjeu est simple : multiplier par 3 nos bénéfices. (comprendre : on va virer à la brouette.)»

Ondine décodait : « - Donnez-vous à fond jusqu’à la grande liquidation »

Serrant sa cravache, Brigitte enchaînait enivrée avec son animation Power-pontes sur la nouvelle gamme d’été : Fibres et réalité. Les adoratrices griffonnaient mécaniques un discours abscons. Aucune ne prit l’initiative de faire remarquer à Brigitte, au bord de la caresse onanique, en s’écoutant parler, que la police de caractères sélectionnée Miniluxman et l’usage d’un mot sur deux en anglais rendait l'argumentaire hermétique.

Seul explicite : le tableau des résultats entièrement barré de rouge.

Les derniers chiffres de l’entreprise se vomissaient catastrophiques : –50 à –80%, une dégringolade pas imaginable il y a un an.

«- Comment expliquez-vous une telle chute des ventes ? » Assena t-elle sévère.

Personne n’osait répondre la seule explication logique : « - Bah y a plus personne dans nos boutiques parce que les gens n’ont plus de pognon. D’ailleurs à ce sujet : si vous nous augmentiez… »

Brigitte changea de slide.

Dans la salle on se passait des mots, on se lançait de salasses antisèches à propos de Natacha de Nantes, en essayant de ne pas se faire chopper par la rectrice.

BRIGITTE
« - Il faut fine-tuner vos fondamentaux. Redynamiser le team-spirit. Ré-insuffler du brand-value dans le mass-market. Il faut solidifier le building-project. C’est pour cela que je vous ai préparé des exercices à faire à la maison et entre vous. C’est basé sur Koh-Lanta. »

Les trois syllabes du jeu télévisé sortirent de l’inanition les blasées. Brigitte constatait que seule l’utilisation de ce type de références, sur fond d’images qui bougent avec 30% de PDM, titillait l’intérêt des managers.

Une fois les tables poussées, les exercices à base de secrets pliés dans une feuille avec éviction du groupe à la clé, obtinrent d'ailleurs un franc succès.

Ondine, honteuse, n’osait pas avouer son envie pressante : Dire à toutes ici de jeter leur poste de télé. N'ayant rien déjà rien capté au "topic" de la dernière réunion « séduction du chaland par l’érotisme de la taie d’oreiller » dont l’axe analytique était honteusement pompé à "Belle toute nue", Ondine s’interrogeait sur la nécessité de posséder cet écran pour travailler en harmonie spirituelle avec ses collègues. A voir les sautillements hystériques de celles-ci à l'annonce des résultats, la réponse s'imposait.

BRIGITTE
« - Dans la dernière saison de Koh Lantha. Il y a les rouges et la jaunes, et y a une équipe qui ne sait pas travailler c’est parce qu’elle sait pas jouer collectif. Ça, c’est très instructif. Qu’apprenons-nous dans cette émission ? Hein ? Hein ? »

CLAIRE BOUTIQUE 12 timide
" - Qu’il faut mettre de côté ses différences, pour converger vers la réalisation de l’intérêt de tous ?"

BRIGITTE soulagée (groupe compliqué ce matin)
" - Voilà ! "

ISABELLE BOUTIQUE 9 levant la main.
" - Vous êtes certaine que c'était pas plutôt la saison 5 ?"

Vint l’heure salvatrice de la pause déjeuner. Là aussi, finie l’habituelle partie gourmande au relais château du Moulin St-Peyrolles.

BRIGITTE
« - Découvrons la nouvelle cantine ! »

Le siège regroupant ses enseignes dans le même building relégua la cantine au réfectoire adjacent. La décoration à base de poutrelles dénudées, genre entrepôt réaménagé, cachait mal le fait qu’il s’agissait effectivement d’un entrepôt réaménagé. Préau à salariés, bouffarium sombre au brouhaha caverneux, appelez-le comme vous voudrez pour Brigitte c’était

BRIGITTE
« - … convivial, appétissant et open-space. »

Par chance, les couverts du repas étant en plastique, Ondine à l'ouïe fragile s’économisait quelques décibels. Ce midi, la théma du self se titrait au feutre fluo sur le tableau magique :

"L’Itali et ses nouilles."

Entre deux succions de lourdes pâtes au basilic de synthèse, les responsables échangèrent dans le registre « famille ».

« - Et ton mari il fait quoi ? »

« - Et ta petite ça va ?»

« - Et ça lui fait combien à ton Théo ?"

Ondine abhorrait ces interrogatoires poussés avec étalage de photos qui tapissait peu à peu la vie réelle à la teinte bleu police des pires pages de Facebook. Les « pics » de la vie de famille des filles en couple et les forfaits SMS illimités des copines célibataires : deux plaies majeures du monde moderne. Pour s’en sortir, Ondine inventait une vie sans mari et sans enfant, avec des amants halés en Tunisie et un sex-toy qui fait coin-coin pour se relaxer dans le jacuzzi ecolo-responsable. Voilà qui contentait l’assemblée.

13.30. Retour en classe.

De l’après-midi de réunion, en raison d'une poussive digestion de ravioles mal cuites, les salariées n’imprimèrent rien. A peine se réveillèrent-elle lorsque se propagea dans la salle cette terrifiante rumeur : le basilic du midi s’était massivement coincé entre leurs chicots. Interdiction de rire.

Brigitte sortit de sa sacoche à lanières de cuir, l’upgrade printemps-été de la bible interne : Le code soumicus dont elle connaissait le moindre alinéa.

420 pages de règlement intérieur qui, du calibrage d'une anodine étole en fond de vitrine au nombre de pets quotidiens autorisés par stagiaire, derrière une syntaxe opaque et didactique, camouflaient l’accumulation des tâches pour les salariés de la filiale passés de 325 à 250 les douze derniers mois.

BRIGITTE
« - Nous allons revoir les "process". Les enseignes résistant le mieux sont les plus procédurières. Nous allons renforcer nos procédures internes pour devenir un RPP (réseau presque parfait) et régénérer l’appétence du prospect vers un "success-goal "que je souhaite aussi "bottom-up" que "top-down". »

Ondine comptabilisait les vocables à la mode. A chaque réunion des mots montaient en notoriété : « Appétence » et « procédure » formaient le duo gagnant du moment. L’année dernière c'était « juste » et « green », celle encore avant « zen » et « compatible » , celle d’avant se dissipait en volutes sur le court-bouillon des espoirs contrariés… « travailler plus » et « gagner plus » peut-être bien.

Malgré ses malheureux éclairs de lucidité la rendant encore plus déprimée, Ondine s’enlisait avec ses compagnes de galère relative dans la schizophrénie néo-managériale. Le code soumicus n’autorisait aucune initiative individuelle. En revanche, les responsables endossaient chacune la paternité de tel ou tel échec. On n'est pas nommée « responsable » pour rien.

Survivait dans la mémoire de toutes, l’exemple sacrificiel de la dernière réunion. Maxine, boutique 17, fut publiquement humiliée par Brigitte, pour son manque de rigueur et son abus de biens patronaux à base d’excès de photocopies couleurs de ses enfants (capture de vidéo-protection en guise de pièce à conviction).

C’est Kevin qui, dans le prolongement des fracassantes révélations, avec force courriel calomnieux et campagne d’intimidation, la poussa à quitter l’entreprise d’elle-même sans un centime d’indemnisation. Personne n’eut de nouvelles depuis. Personne n’en voulait.

Cette fois Brigitte mutualisait les pertes : « - La faute est collective ». Par rapport à il y a deux ans ou le moindre mois en négatif dans une boutique ostracisait direct son responsable, Ondine et ses concurrentes trouvaient qu’elles s’en sortaient bien. Ce qui ne présageait rien de bon.

Après un exercice de balle au prisonnier que Claire prit en plein tarin qui lui niqua sec sa monture à 115 euros, la nouvelle gamme fut présentée aux essoufflées : Des couettes à 90 euros, des polochons à 110, une parure à 220. Pas assez chic et déjà trop chère, cette gamme comme la dernière tournerait à l’échec tranchait en secret Ondine qui n’avait ouvert la bouche de la journée que pour mentir ou euphémiser.

Brigitte regardait son groupe et leur lança un vibrant encouragement :

BRIGITTE
« - Je vous demande de réfléchir chacune aux moyens de décrocher vos objectifs qualité et faites-moi remonter vos initiatives par mails. »

Toutes applaudirent.

La sonnerie de 17h dirlindingdongua. Elle se précipitèrent vers la sortie sous la bienveillance maternelle d'une Brigitte satisfaite d'avoir remplit sa mission.

Celles venues de loin se dirigèrent comme convenu au Tarte Hotel de la ZAC sans nom, les autres se retrouvaient sur le quai de la Gare.

Ondine les y observait à nouveau manipulant leurs Beurkberry en échangeant dans une langue étrangère :

« - J’ai vu que t’avais fais 88 à Pocket friends ! »

« - Ouais mais Flore elle a fait 100 !»

« - Moi avec mon Nokio je n’ai aucun problème d’application. Ça fait 4 mois que je l'ai et il est tombé en panne que 2 fois : j’ai de la chance. »

Pas loin d’un type tapant son coma éthylique contre une affiche rétro-éclairée « le retour du positif », d'autres lançaient des invectives contre les grévistes. Pourvu qu’elles puissent choper leur correspondance à l’heure, elles avaient du riz à récolter dans leurs fermes virtuelles une fois rentrées au cocon de parpaings. D’autres se chamaillaient au sabre laser imaginaire en pouffant. Le reste se calait d'instinct au diapason du pronostic culinaire du combat des potées savoyardes ce soir à la télé.

Ondine pensa un instant à son gamin, à ses notes à l’école, à ce qu’il ferait quand il serait grand, à ce qu’elle ferait d’elle dans deux ans. elle fixait le ballast sous le plomb des pensées.

Le train entra en station dans un crissement de frein strident. Buste redressé, visage irradié par le premier rayon de soleil de la journée dépassant d’une masse chiffonnée. Ondine, boutique 7, suivit ses collègues dans le wagon. Au fil des babillages et alors que le train s'enfonçait dans la nuit, elle dispersait sans peine le souvenir de cette journée.

Évidemment...

Le suicide raté de Brigitte se jetant d'une poutrelle de la cantine pour éclater du cul un saladier de poulet colombo en pleine théma « caraïbes » cannibalisa les commérages de la réunion semestrielle suivante animée par Kevin.


Illustration : Sortie des usines Lumières, 1895.

18 comments:

Guyb a dit…

C'est drôle comme la réalité écrite sans aucun tabou semble être une caricature.

Pourtant, pour avoir été dans le passé un « partenaire » privilégié de manageurs des magasins de téléphonie je peux certifier que la réalité peut parfois être bien pire que ça (humiliations en public, harcèlement, ordres volontairement contradictoires, moqueries, etc.)

Une partie des chefs de secteur, manageurs et vendeurs (ceux un minimum expérimentés) sont bel et bien conscients de ces réalités. Certains préfèrent fermer les yeux et encore « y croire ». D’autres, n’y croient plus et regardent par lassitude le système auquel ils se soumettent passivement d’un œil semi-amusé. C’est le cas de notre Ondine.

Anonyme a dit…

Tu décris finement, Seb, ces milliers d'Ondine qui se diluent patiemment dans l'aliénation passive du quotidien. Certaines d'ailleurs, deviennent des Brigitte, à force de méthode Coué, et puis comme Brigitte, tentent de se suicider un jour.

Le système est là fort à propos pour aider ces Brigitte désœuvrées à se remettre de leurs émois : une bonne psychothérapie, pour faire admettre l'erreur dans la douceur d'une pénétration anale hypocrite et consentie, et puis si ça ne marche pas, Brigitte sera invitée à faire le bien autour d'elle, à répandre une parole qu'elle ne veut plus entendre pour elle, mais dont elle est tellement imprégnée, que son seul espoir de survie est d'alimenter la machine à conforter la misère.

Brigitte, redevenue Ondine, ne parvient pas à retrouver une quelconque fierté. Mais elle finit par oublier que son coeur, enfin rendu à sa bonté, bat au rythme d'un pacemaker que l'État lui prête à crédit, pour pomper un sang qui n'a jamais vraiment coulé dans ses artères.

A l'heure de sa mort, Ondine pourra quand même se dire qu'elle aura fait ce qu'il fallait, malgré les erreurs. Elle aura consacré le reste de sa vie à s'amender, à aider ces pauvres... qui ne mourront jamais avec autant d'honneur.

Xavier Bignet, mais c'est dommage.

Anonyme a dit…

Ce qui est navrant , c'est la vanité des exploités . Ils refusent d'admettre , même dans leur for intérieur qu'ils sont malheureux .
Mieux vaut AVOIR L'AIR d'un gagnant ( et donc continuer à dépérir ) aux yeux des autres , que d'avoir le courage de reconnaître que l'on a pris un mauvais chemin et qu'on veut en changer ( et donc améliorer sa situation puisqu'on va faire le bilan de tous les changements possibles et agir ) .

Pourquoi est-ce que les ficelles de l'exploitation humaine sont inchangées depuis des millénaires ?

Parce que les vices des hommes sont les mêmes : le meilleur moyen d'avoir le pouvoir et de dominer autrui , c'est d'utiliser comme ressort tous les vices que peut compter l'âme humaine : cupidité , vanité , égoïsme ...

Il est donc vital d'avoir reçu une instruction CLASSIQUE à l'école ( Platon , Molière , La Bruyère , Balzac ...) qui explore ce qu'est l'homme afin de comprendre notre société et AGIR pour qu'elle change . CAR ON PEUT CHANGER UNE SOCIÉTÉ EN RAISONNANT SES VICES .

ROSSEL a dit…

Tout en étant d'accord avec les propos précédents ,je ne peux m'empêcher d'être persuadé que la liberté et la dignité sont le cadet des soucis du commun des mortels. Aujourd'hui bien moins qu'hier en tous cas. Quelle que soit sa classe sociale ,l'individu actuel se préoccupe bien peu de la longueur de la laisse pourvu que la gamelle soit pleine. Le système ,en tournant en dérision toute valeur non marchande ,en faisant la promotion du matériel et de la satisfaction immédiate des envies les plus diverses(la pâtée) ,ne fait qu'accentuer une tendance naturelle. Il en résulte une veulerie généralisée voulue et planifiée qui fait croire au quidam qu'elle est la condition intrinsèque à son bonheur. Ceux qui essayent d'ouvrir les yeux des gens sont au mieux considérés comme des farfelus et au pire comme de dangereux hérétiques à l'encontre desquels tous les procédés peuvent être légitimement utilisés. Avec l'appui des faux rebelles remplis de bonne conscience héritiers de Torquemada, une nouvelle Inquisition s'est mise en place. Son rôle est de pourchasser tout déviant intellectuel tout en s'assurant par l'abrutissement généralisé (télé ,école ,élections ,pseudo-culture "jeune" ,loisirs débiles...)la complicité des masses à leur propre asservissement.

Kaos a dit…

"
Parce que les vices des hommes sont les mêmes : le meilleur moyen d'avoir le pouvoir et de dominer autrui , c'est d'utiliser comme ressort tous les vices que peut compter l'âme humaine : cupidité , vanité , égoïsme ...
"

Prends pas ça mal, mais si c'est pour dire ce genre de conneries, autant lire directement la Bible.

Anonyme a dit…

Kaos, sans considérations religieuses d'aucune sorte, lire la Bible n'est pas inutile. Certes c'est un objet de manipulation, qui raconte des sornettes invérifiables. Mais c'est aussi un édifice philosophique, et il me semble que c'est comme tel qu'elle doit être envisagée. Tous le problème venant du fait que ceux qui savaient lire à l'époque (les mêmes nantis qui aujourd'hui savent nous embrouiller avec des chiffres), en ont livré une interprétation qui servait leurs intérêts.

N'oublions pas l'épisode des marchands du Temple, dans le Nouveau Testament, c'est instructif à plus d'un titre, et tout à fait dans l'air du temps.

Ne pas lire la Bible est aussi absurde qu'y croire de façon littérale, et en général ce sont ces deux extrêmes qui s'affrontent sur ce terrain. C'est un peu comme les pro-Windows qui n'ont jamais touché un Mac, et les pro-Mac qui n'ont jamais touché un Windows : pour eux, le meilleur des deux mondes, c'est l'affrontement.

Ce que dit Set n'est pas dénué de fondement. D'ailleurs, n'est-ce pas ce que nous dénonçons à longueur de blogs ? Nous le faisons avec des mots plus modernes, mais au fond, n'est-ce pas parce que la crudité des propos est moins vendeuse que les palabres emberlificotées des "lettrés" ? Nous ne faisons rien de plus que réécrire la Bible, d'une certaine façon. Et il n'est pas dit que nous fassions mieux que nos prédécesseurs.

Xavier Bignet, amen (ton sac de couchage, on va y camper un moment, et puis du pain et du vin).

romain blachier a dit…

c'est vrai, bien d'accord avec le premier commentaire, le monde du travail ressemble trop souvent à sa caricature. D'ou des relations sociales dégueulasses en France.

Kaos a dit…

Pis le pro-Mac et le pro-windows, c'est comme le pro-macdo et le pro-quick, tu peux les foutre aux chiottes tous les deux sans réfléchir.

Kaos a dit…

@Bignet : Non, ce que nous faisons n'est pas réécrire la Bible. Du moins, je le souhaite. J'ai lu des bouts de Bible ici et là et Jesus me tape assez franchement sur les nerfs. Fils de Dieu ou pas. Note bien que je ne condamne pas la Bible parce que c'est un texte "invérifiable", moi aussi j'aime bien la science-fiction, mais pour les valeurs qu'il véhicule en particulier la morale et la famille pour l'ancien testament et tendre l'autre joue comme un con pour le nouveau. Pour aller vite.
Et parler des "vices de l'âme humaine" faut vraiment se droguer à l'idéalisme pour ne pas voir l'impasse permanente que présente ce genre d'analyse. Je veux bien écarter la Bible mais l'instruction classique sur le sujet classique, ça servira à rien et à personne. Ce sujet-là est mort avec le monde bourgeois classique et chrétien qui l'a inventé de toutes pièces. Et il faut l'enterrer avec les maximes à la con des "penseurs" de l'époque qui vont avec, dont tout le talent a été de donner des lettres à des banalités affligeantes.
Chier quoi...

Anonyme a dit…

Il n'y a pas que la Bible qui dise cela . Beaucoup d'autres religions . ET la philosophie aussi . Y compris celle des athées .


Voyez des philosophes aussi divers que :
Socrate , Kant, David Hume , Noam Chomsky ...

Ne prenez pas ça mal Kaos mais un type débitant des absurdités aussi grosses que celle de votre dernier commentaire ferait bien de toute urgence de s'instruire afin de ne pas mourir idiot .

Anonyme a dit…

Kaos, si vous persistez à ne pas prendre un peu de recul, quelqu'un tirera la chasse sur vous. Ce serait dommage, car vous défendez des idéaux qui se veulent humanistes.

Ceci dit, n'oubliez pas une chose : l'humanisme ne se fait pas sans l'humain, tel qu'il est, que ce soit heureux ou non. Vous voulez l'aider ? Comprenez-le. Mais ne laissez pas la brutalité des propos, dont je ne suis pas exempt, loin s'en faut, se muer en sauvagerie des actes.

Si vous voulez faire passer des idées, obtenir des réponses à vos écrits et vos commentaires, faites comme moi : patientez. Rome ne s'est pas défaite en un jour.

Xavier Bignet, canard de chiotte.

Le_M_Poireau a dit…

Je me demande souvent comment, dans les temps futurs, les historiens appelleront notre époque. L'âge des stupides ? L'âge des cupides ? L'ère du simulacre ? La montée de l'insignifiance dont parlait Castoriadis ?
Nous en sommes les témoins prisonniers, c'est terrible…
:-))

Kaos a dit…

Je ne vois comment je pourrais prendre ça mal, 'la' (pardon mais lol) philosophie a trop souvent été une sécularisation des conneries religieuses qui ne sauveront personne, ici ou ailleurs.
Pour un type fier de son instruction, "l'âme humaine et ses vices", ça fait léger côté matérialisme classique.
L'humanisme à l'ancienne est bon à foutre au feu pour la simple raison que l'humain qu'il décrivait est mort. Pour le nier, il faut vraiment être aveugle sur la massivité des moyens mis en oeuvres pour anéantir l'individu en tant que tel. Nous ne sommes plus que des mécanismes mesurables, identifiables, traçables et surtout optimisables (économiquement, de préférence, mais ça ratisse déjà large).
Pour parler de l'humain, il faudrait d'abord comprendre ce qu'il est devenu : une subjectivité parfaitement domestiquée par la pseudo-objectivité de l'économie. Et c'est pas avec des vieilles recettes à la con de l'éducation idéelle de nos aieux, par ailleurs respectables (ou pas, d'ailleurs), qui vont nous tirer du merdier post-moderne.
Oui, pour sortir la Bible et espérer y trouver quoi que ce soit qui puisse nous aider, faut vraiment avoir vu la Vierge.
Et si c'est pour trouver des auteurs qui pensent tout pareil mais qui le disent pas toujours, parce qu'ils ne le savent même pas ou même parce qu'ils le nieraient, c'est pareil. Les petits pères-la-morale de tous bords sont parfaitement inutiles, quand ils ne sont pas nuisibles au dernier degré.

Anonyme a dit…

L'humain a changé ?
Ha bon ?

Du temps de Socrate , les hommes étaient déjà cupides . Ils ont donc cessé de l'être ?

Pauvre Madoff alors ! Faussement accusé d'un vice qui n'existe plus .

Du temps de Socrate on disait déjà : "les étrangers ( métèques ) , dehors !" La xénophobie a donc disparue ? Pauvre Lepen , qu'on accuse d'une tendance qu'il n'éprouve pas !

Votre erreur est de confondre la nature humaine et ce à quoi les élites oligarchiques voudraient qu'elle devienne .

La nature humaine est toujours façonnée par l'éducation .
D'ailleurs l'être humain est le seul animal à avoir besoin d'être éduqué .

Vous confondez la nature et ce qu'il convient d'en faire .


Ceci : "Nous ne sommes plus que des mécanismes mesurables, identifiables, traçables et surtout optimisables (économiquement, de préférence, mais ça ratisse déjà large). " n'est que le PROJET que caresse les gens qui ne jurent que par le pouvoir et la domination .

Parce que si l'être humain PAR NATURE est ceci , cela signifie que vous aussi KAOS vous n'êtes qu'un mécanisme donc , on ne vous doit aucun respect car une machine n'a pas de droit , il se contente d'être. Je ne manifeste aucun respect envers ma montre qui est un mécanisme ( n'oublions pas que nature désigne d'abord l'ensemble des êtres physiques , il serait donc étonnant et illogique qu'un art créé par l'homme , l'économie , qui n'existait pas au temps des dinosaures , soit un produit de la nature . )

En parlant de vos insultes sur ceux qui défendent une vision humaniste et non purement mécaniste , exploitante de l'homme , vous oubliez d'insulter ceux qui ont payé du prix du sang les avancées sociales par exemple . Il y a eu lutte entre patronat et ouvrier pour les congés payés , les retraites ... les patrons n'ont pas donné ça de plein gré .

Ceux qui ont donné leur sang , leur vie pour lutter contre l'intolérance et instituer par exemple la laïcité en France .
Ou l'instruction publique . Quand je pense que vous avez appris à écrire vos absurdités grâce aux " imbéciles " qui croyaient que l'homme n'est pas qu'un outil de production et qu'une mécanique .

Tous ces gens qui sont englobés dans votre mépris avaient cette vision de l'homme considéré pas uniquement "en tant que moyen" , qu'outil à exploiter , " mais aussi en tant que fin " , que finalité , l'accomplissement d'une vie qui vaut la peine d'être vécue en tant qu'homme libre physiquement et intellectuellement , qui jouit de l'existence .

L'imbécile qui a dit ça s'appelait Kant .

Mais pour vous il suffit d'être un de ces philosophes qui ont par exemple contribué à l'esprit des Lumières et à rédiger et à faire reconnaître les Droits de l'Homme pour qu'on soit un imbécile .

J'ai bien compris comment votre cerveau FONCTIONNAIT .
J'emploie un vocabulaire mécaniste car je n'ose , après les propos que vous avez tenu sur la nature humaine , je n'ose vous attribuer une pensée qui est une faculté échappant à une mécanisation totale . Certains rouages de la pensée relève du mécanisme mais pas tous .

C'est d'ailleurs pourquoi la pensée fait que l'être humain n'est pas un être comme les autres.
Il n'est pas pur mécanisme .

Mais vous semblez vous délecter à l'idée de n'être qu'un outil .

Et bien outil , servez vos maîtres , ceux qui peuvent vous achetez et faites taire votre prétention à PENSER , c'est trop haut pour vous et un outil ne pense pas .

ROSSEL a dit…

L'éducation n'est qu'un vernis nécessaire à la vie en société. Lorsque des catastrophes surviennent ou bien lorsque ses intérêts sont en jeu ,le naturel revient au galop et l'homme retrouve ses instincts primordiaux même s'ils sont habillés de diverses oripeaux destinés à se donner le change à lui-même. Seule une infime minorité de tous temps et en tous lieux a eu la volonté de s'affranchir des servitudes et avantages de la vie en société. Donc religions ,patries et familles ne sont pas prêts de disparaître. Le rôle du politique est de faire en sorte que règne l'harmonie au sein du groupe. Les illuminés qui ont prétendu changer l'espèce humaine en son essence ont toujours étés des remplisseurs de charniers.

Anonyme a dit…

"Les illuminés qui ont prétendu changer l'espèce humaine en son essence ont toujours étés des remplisseurs de charniers."

D'où l'échec du communisme et aujourd'hui du libéralisme.

Tout collectif ou tout individualiste ça ne tient pas. L'homme est un être social qui tend à se réaliser lui-même à travers les autres. Pour le dire vite.

ROSSEL a dit…

@ Tassin

Vos derniers écrits sont le bons-sens même.

Anonyme a dit…

@ ROSSEL :

Tachons maintenant de faire comprendre ça à des libéraux...

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