21 mars 2010

Donner de la voix, tracer une voie

[dimanche 13h]

Tu dis souvent : "Voter sert la machine."

Ne pas voter ne l’enraye nullement.

Je vais voter (pas satisfait du poids de la gauche de gauche au premier tour mais confiant). Une victoire des socialistes dans ce scrutin n'augure rien pour 2012 tant qu'ils ne s'opposent pas plus fortement au grand démantèlement en cours.

D'un autre côté, il faut également que l'électeur change ce pourquoi il vote (ou s'abstient).

En 2007, au fil d'un processus de sape idéologique, ils sont beaucoup à avoir choisi le pack « pognon et individualisme » incarné par Le Monarque et l’abstention actuelle doit plus à ce sentiment de trahison des CGV qu'à l'analyse qu'ils se trompaient d'analyse.

C’est à l'individu de se repenser en tant que citoyen avec les autres et non en tant que « moi seul contre tous », de modifier vers le haut sa grille de lecture et ses aspirations.

Ce manque de projection se métastase dans la société. Sous-France, France du milieu, nous allons tous dans la même direction : certains en payent déjà le prix fort, d’autres se bercent d’illusions tant qu’ils ont encore les moyens de les entretenir, certains stigmatisent des responsables histoire de se soulager ou de se défausser de leurs propres responsabilités.

Tu dis aussi "Les hommes politiques sont tous des pourris". Ce sont d'abord des hommes et des femmes. Certains agissent au mieux, d'autres se laissent aller à un fatalisme se renforçant jour après jour via des petits renoncements contrebalancés par des petits conforts. Ce sont ces renoncements cumulés qui forgent l’autre partie de l'abstention.

Certains ont intérêt à te dégoûter du débat public, de la politique comme bataille d’idées, histoire de te laisser patauger dans un marasme existentiel en usant des nombreux moyens à leur disposition pour atrophier ta capacité d’analyse (et d’idée même qu’il puisse y avoir une alternative). Leur champ d'action est très large : Dézinguage de l'éducation, modelage des médias, taille au burin des conditions de travail et de la façon morale dont tu dois considérer le travail...

Le dégoût du processus démocratique sert, à terme, le pouvoir le plus rude.

Ce n’est pas parce que des politiques agissent mal, ou pas assez, que tout est à jeter. C’est à nous de quotidiennement montrer qu’ils doivent nous considérer autrement, de participer localement, c’est à nous d’élever le débat quand ils veulent le niveler, le réduire à la com' ou à deux thèses opposées : nous c’est le progrès, les autres c’est mauvais.

Au regard du désastre gouvernemental, je préfère des régions socialistes. S'il veut prétendre à plus, ce parti doit vite proposer des choix de société tranchés, lisibles et ré insuffler un rêve collectif qui fasse oublier le mythe tenace de l'american way of life.

10 comments:

Anonyme a dit…

La question du vote a déjà été débattue, on ne la résoudra pas en argumentant pour ou contre, mais en nous renouvelant pour lui redonner un sens.
Je partage entièrement ton analyse, Seb : nous devons repenser des tas de choses. Et aider ceux qui n'y croient plus à y croire à nouveau. Et proposer.

Xavier Bignet, abstention les yeux. Désolé... ;)

Anonyme a dit…

http://www.liberation.fr/politiques/0101625716-comment-peser-sur-le-bulletin-tu-t-assieds-dessus

Unknown a dit…

Tu oublies l'abstention par absence du choix idoine. Quand tu analyses une situation si tu ne trouves aucun choix possible à faire en l'état, tu ne choisis pas , et tu travailles à créer les conditions d'apparition de la solution.

Croire qu'en l'état de ce qui est proposé il y a l'once d'une solution à la situation actuelle, et que donc il faut voter pour choisir la meilleure, c'est se tromper quand à la profondeur de la remise en cause à effectuer non pas seulement pour les politiques mais surtout pour soi même.

Unknown a dit…

C'est la première note du sympathique camarade Seb avec laquelle je m'estime en désaccord complet. L'abstention devenue majoritaire, je crois qu'elle constitue de fait la parole électorale la plus forte. 100% d'abstention : telle doit être l'horizon ; et tout suffrage inexprimé compte !
De toutes façons cela n'y change rien compte tenu du personnel politique non moins affligeant à gauche qu'à droit. A terme, voter entretient l'UMPS impolitique et mondialiste. Seu ne plus voter laisse rêver de magnifiques auto-effondrements... On passe de l'impossible au probable, voire à l'inéluctable.

BA a dit…

Taxe carbone : Chantal Jouanno se dit «désespérée».

La taxe carbone, mesure emblématique voulue par Nicolas Sarkozy après le Grenelle de l'environnement, n'est plus, du moins sur le plan national. C'est François Fillon qui l'a annoncé en personne mardi matin aux députés UMP, déclenchant aussitôt des réactions très contrastrées.

• Chantal Jouanno «désespérée». La secrétaire d'Etat à l'Ecologie a été l'une des premières à réagir, expliquant être «désespérée de ce recul, désespérée que ce soit l'écolo-scepticisme qui l'emporte» dans un entretien accordé à l'AFP.

http://www.lefigaro.fr/politique/2010/03/23/01002-20100323ARTFIG00605-taxe-carbone-chantal-jouanno-se-dit-desesperee-.php

Nouvel Hermes a dit…

Très juste ce billet: tous nos malheurs viennent de cet "american way of life"! les politiques en sont responsables mais le peuple aussi, moutonnier, qui a baissé l'échine devant la bétise et la propagande télévisuelle.

ROSSEL a dit…

Accepter de participer à une partie dont on sait les dés pipés revient à légitimer la tricherie. Les élections ne sont que l'os que l'on donne au chien pour qu'il s'amuse et les votants sont d'éternels cocus. Certes les abstentionnistes se feront socratiser comme tout le monde ,mais au moins n'auront-ils pas eu la bassesse de ce prêter à cette humiliation. La classe politique n'est que l'instrument dont usent les vrais meneurs de jeu pour distraire le peuple en lui donnant l'illusion de sa souveraineté. Il est agréable de voir que de moins en moins de gens se laissent berner par les mascarades électorales. Les partis soi-disant alternatifs (NPA ,FN, et autres boutiques d'importances variables) ne sont que d'habiles pièges à cons pour électeurs au bords de la crise de nerfs et qui se la jouent au rebelle de Prisunic en glissant leur bulletin dans l'urne et ont pour fonction d'étouffer dans l'oeuf toute authentique explosion sociale.
Ne pas aller voter ,refuser de se prêter à la comédie pseudo-démocratique est avant tout une question de dignité.

ROSSEL a dit…

lmon

Lionel a dit…

@ ROSSEL

C'est une réflexion assez proche de celle qu'a menée en 2007 Cécilia Sarkozy.

Bon, allez, un smiley.

Le_M_Poireau a dit…

Je rappelle régulièrement ce que beaucoup oublient : les hommes politiques ne nous dirigent pas, ils nous représentent !
Quand on voit ce qu'on choisit, ou qu'on refuse de choisir, pour prendre le bâton de maître, ça fait peur !
Sommes nous si vils ?
:-))

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