15 octobre 2009

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Pas de pitié pour le revolving

Christine Lagarde, Ministre de l'économie animée d'une foi indéboulonnable en un libéralisme triomphant qui confine parfois au ridicule, dépose ce jour à l'assemblée un projet de loi visant à recadrer le crédit à la consommation renouvelable.

C'est le type de crédit que l'emprunteur appelle génial, revolving ou escroquerie suivant le stade de remboursement où il se trouve.

Au menu : Encadrement publicitaire type "Attention, le crédit endette", facturation des intérêts «intercalaires» (pénalités) pour ceux qui sont sortis du surendettement (alors qu'il conviendrait d'éviter de les y faire rentrer) et répartition des mensualités entre capital et intérêt (dans une proportion restant toutefois à définir).

Comme la consommation des ménages même aux poches trouées, c'est toujours ça d'emmagasiné pour la sacro-sainte croissance et que les traites renouvelables ad-vitam c'est fondamental pour le cash-flow des créanciers (banques, établissements spécialisés, VPC, organismes de rachat de crédit, assureurs et enseignes de la grande distribution) [1], il s'agit ici (comme dans la pub Cetelem) de responsabiliser (mais pas trop) les organismes prêteurs sans passer pour leur attaché de presse auprès des floués.

Pas question de supprimer l'arnaque à 20% du revolving à l'évidence conçue pour ne jamais être remboursée mais prendre à la gorge le plus longtemps possible l'emprunteur.

"- Parce que l'interdire, ce serait la facilité ! Le crédit est utile et nécessaire" Lance Lagarde au JDD. (déjà vu ici)

Ancien service pour riches ciblant désormais les pauvres, le crédit revolving c'est la quasi certitude pour le souscripteur de devoir à moyen terme en prendre un second pour rembourser le premier et ainsi de suite. Maintenu sous l’eau sans réelle connaissance des contrats signés aux clauses hiéroglyphiques toujours merveilleux au moment de signer, ni de ses moyens de défense (limités), parfois menacé, parfois honteux, l'endetté devenu surendetté au grand bonheur du prêteur, endure son enfer en solitaire.

Je n'exonère en rien ceux qui, sur la base d'un catalogue avec des couleurs flashies leur promettant une 3e naintendo à -50% pour 2 achetées, tombent à répétitions avec un laisser-aller déconcertant dans le piège du fric facile dont ils devraient instinctivement se méfier mais si l'on parle souvent de surendettement on pourrait également concevoir la notion de surprêt.

Etant donné la clientèle désormais visée, pourquoi la difficulté à rembourser de celle-ci (lorsqu'elle est prévisible) ne serait-elle pas pénalement reconnue, au moins pour moitié, comme une faute du prêteur ?

Pourquoi ne pas poursuivre banques et établissements pour avances d'argent abusives ? C'est simple : Il n'y a pas de fichier permettant de collecter les informations sur la totalité des crédits [2]. Selon Christine Lagarde ce serait " très lourd sur le plan des libertés individuelles." Une première au pays du fichage !

La responsabilisation du crédit comme la moralisation des banques sonne tel un oxymore. Il faut inévitablement passer par la case punition pour renverser la vapeur et qu'elle aille un peu plus dans le sens des vrais intérêts du client. Mais "punir" est un gros mot dès lors qu'il s'applique aux puissants.

D'un point de vue client (mis à part rémunérer plus les gens, ce qui semble exclu sous ce régime), il y aurait des solutions pour réduire son malheur :
-Interdire le crédit revolving.
-Instaurer un fichier national des crédits,

-Instaurer la coresponsabilité pénale du prêteur en cas d'endettement abusif,
-Permettre les class actions.

(procédure collective économique et efficace d'inspiration anglosaxonne crainte par les établissements bancaires bizarrement repoussée à "l'après-crise" par la Ministre.)

Et plus simple, mais pas très UMP compatible :
-Créer un service de crédit d’état prêtant à des taux raisonnables avec un vrai suivi et des propositions de financement cohérentes.

Au hasard : Pourquoi ne pas se servir de la banque postale ?

Ah flûte, j’ai cru comprendre qu'elle aussi devait élargir son fonctionnement, histoire que le client bénéficie de cette concurrence dont il payera le prix... à crédit.

* * *

[1] Avant le vol à l'étalage, la grande distribution redoute que l'intégralité de ses clients se mettent à payer comptant !

[2] De l'efficacité actuelle du fichage bancaire appliqué au crédit : Alors que votre rédacteur qui n'a jamais contracté de crédit ne reçoit aucune offre pour cartes de fidélité et autres réserves d'argent immédiates, un de ses amis massivement surendetté en reçoit trois par jour.

13 comments:

Anonyme a dit…

Bonsoir seb je fais régulièrement mes courses chez LECLERC bah oui il faut bien que je mange de temps en temps c'est pratique c'est a 100 mètres de chez moi , et chaque fois que je passe devant l'accueil je rigole quand je vois une pancarte publicitaire marquée "FINANCEMENT HÉLIUM" , c'est vraiment les gens pour des buses . Si j'y pense je prendrais discrètement une photo .froeze

Anonyme a dit…

Très bien ce billet, avec des propositions et le démontage du mécanisme de l'endettement.

Simple et de bon goût, à faire circuler.

Bravo! J'espère en avoir d'autres du même tonneau.

Anonyme a dit…

re le sinistre

excellente vidéo.

Christine Lagarde (qui cache si bien la situation REELLE aux USA et dans divers pays européens dont l'Angleterre avec l'aide de nos médias complaisants) veut continuer à faire tourner l'argent pour les établissements financiers afin de soit disant les sauver de la faillite, en pompant le blé là où il s'en trouve toujours : dans la poche des pauvres et des classes moyennes, et des névrosés à la CB en général.

Il reste quant même que les principal coupables dans cette histoire sont les gens, qui ne veulent pas arrêter de consommer frénétiquement, alors qu'ils n'ont pas l'argent ni les moyens intellectuels de leurs ambitions.

Les rares mecs que je connais qui prennent des crédits "revolver" à 6 mois à 6% et après à 20% ont les moyens financiers et intellectuels de s'en débarraser en moins de 6 moins.

Enfin, si vous voulez de bonnes infos économiques, arrêtez de regarder la télé, et allez sur le net.

Je suggère de regarder les vidéos d'interview de Gerald Celente, Jim Rogers (grand gourou de l'investissement qui a senti la merde arrivé depuis bien longtemps), les rapports du LEAP 2020, les vidéos et le blog de Jovanovix, et l'article suivant pour les USA : http://www.jaccuse.free.fr/wordpress/?p=121. Un certain Abourayan fait aussi des vidéos sur le sujet, avec une forte connotation religieuse.

Dom a dit…

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Quand l'arbre cache la forêt...

Ce ne sont pas seulement des millions de personnes qui sont endettées.

C'est l'ensemble du système capitaliste, qui est en FAILLITE DEPUIS SA CREATION.

Le système capitaliste ne crée PAS de plus-value, au contraire il la DEGRADE.
La cause en est la DIVISION DU TRAVAIL et le machinisme de masse.

La valeur des objets produits en série tend vers zéro (d'où la consommation frénétique, d'objets qui valent de moins en moins en terme de travail, de savoir-faire et de plus-value).

Ainsi le capitalisme est voué PAR DEFINITION à sa course en avant dans le CREDIT, qui seul permet son développement et son APPARENTE rentabilité.

Un capitalisme d'ETAT (avec crédit d'Etat), qui assurerait une répartition parfaitement EGALITAIRE des revenus au niveau mondial, serait confronté AU MEME PROBLEME : la faillite.

Tant que sera maintenu la DIVISION DU TRAVAIL, qui va de pair avec la division sociale, nous n'en sortirons pas !

Mais qui veut réellement que ça change vraiment ??...
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ZapPow a dit…

Mais qui veut réellement que ça change vraiment ??...
Oh, il y en a qui veulent réellement que ça change, et d'autres qui veulent qua ça change vraiment. C'est vrai que ceux qui veulent réellement qua ça change vraiment sont rares. ;°)

Mais trêve de plaisanterie. Ceux qui veulent que ça change luttent contre toute la machine de guerre du système : ils sont étouffés, ignorés, moqués, vilipendés… Le miracle, c'est qu'il y en ait, encore et toujours.

Dom a dit…

@ ZapPow : oui vous avez réellement raison pour de vrai ;-)) (bon d'accord :-)

Vouloir lutter contre la machine de guerre consiste aussi à combattre la propagande qui nourrit même les esprits les plus éclairés à leur insu (?).

Difficile de trouver les mots pour exprimer la perversité du système.

Les choses les plus simples (que j'ai du mal aussi à entrevoir) sont les plus difficiles à faire partager.
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Yves 93 a dit…

Bonjour,
dans les années 70, quand j'ai commencé à travailler dans la vente, il y avait une série de lois qui encadraient cet acte et qui sanctionnaient les abus.
Elles étaient basées sur un article du code civil "chacun est responsable des choses dont il a la garde" ainsi que sur une évidence: le professionnel en sait toujours plus que le non professionnel, c'est donc à lui, en cas de litige, à prouver qu'il a bien "informé" le "client"...
Que sont-elles devenues? Où est passé le bon sens, et plus simplement le sens de la justice?Bien cdt.

Anonyme a dit…

De toute façon, les économies occidentales sont été portées par une bulle depuis les trentes glorieuses.

Soit elles tombent à leur niveau réel (c'est à dire correspondant à celles de pays vieux, fatigués et endettés jusqu'au trognon, bref la France ne serait guerre mieux que l'Ukraine) ou font une nouvelle bulle. A mon avis ce sera sur le développement durable, qui explosera 7 ans plus tard, comme d'habitude.

Anonyme a dit…

ces credits revolving poussent les gens d'une part à consommer et d'autre part à bosser comme des forçats pour s'en sortir : tout bénéf pour la croissance. C'est pas l'UMP qui va nous pondre une loi restrictive là dessus.

Anonyme a dit…

la ménagère de moins de 50 ans que je suis constate en effet que les pubs déferlent sur les mômes jusqu'à les prendre pour cible pour vendre une bagnole à leur père, que noël a déjà commencé chez leclerc, que la boîte aux lettres vomit chaque matin des catalogues de jouets tous plus cons les uns que les autres (et parmi eux la super bagnole du personnage-ultra violent mais c'est pour la "bonne cause"- en plastique et le set manucure de la poupée -pétasse, mais c'est pour la "féminité"- qui n'a que ça à faire de se regarder les griffes, si c'est pas du conditionnement ça), et que le kaïd de la cour de récré est désormais celui qui a le dernier Iphone. argh.

Idée de fille donc: il me paraît urgent de ramener les consommateurs à la raison et surtout à la maison, pour s'occuper de la seule chose qui pourrait changer le monde, leurs enfants.

c'était la minute blonde de la femme au foyer, je retourne voir si le télé achat me propose de maigrir ou de cuisiner aujourd'hui. Suspense insoutenable, vous en conviendrez.

Anonyme a dit…

Décroissance...

Résistance...

Insurrection...

zacho a dit…

@Dom , que propose tu ?

L'abolition de l'usure ?

Stef a dit…

Bonjour

Le crédit est un objet absolument VITAL pour le système capitaliste mondial dans lequel nous vivons. En effet, actuellement, c'est le crédit qui CREE la masse monétaire. Sans demande de crédit, donc sans crédit revolving, immobilier, consommation et autres destinés aux entreprises, le système s'écroule comme un chateau de carte, faute de monnaie suffisamment disponible.
Ce commentaire est juste une mise au point. Juger si c'est bien ou pas est une autre question.
Pour comprendre la relation entre crédit et monnaie, j'invite les internautes à consulter la vidéo "l'argent dette" sur http://www.moneyasdebt.net/". Ce mécanisme m'a été confirmé par des salariés travaillant en Banque.
Bonne continuation Seb.

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