31 juillet 2008

LES JEUNES NE SONT PLUS CE QU'ILS ETAIENT

par
A l’époque, les jeunes travaillaient moins. Le taux de chômage qui affectaient leurs rangs avait grimpé de 7% entre janvier et juin 2008. Les employeurs le criaient à longueurs de talk-shows à la radio :

« Le jeune n’est pas courageux il est trop exigeant. Et puis le jeune est trop joueur et il brûle des voitures. ».

Ils achetaient moins de maisons les méchants ! Où passaient les primos-accédants, les indispensables baudets courant après la carotte de la propriété immédiate ?

Laissant désormais la télévision à la vieille génération, les jeunes se mirent à réfléchir, s’informant sur le réseau au sujet des vérités camouflées par les médias et sur les dernières arnaques que le système des possédants leur préparait.

En ère libérale, les jeunes étaient, suivant leur proportion dans le spectre social, de la matière première négociable à bon prix pour soutenir l’activité ou bien de la quantité négligeable, variable d’ajustement des périodes de crises. Les générations de jeunes se succédaient telles des bûches à jeter dans la cheminée des conjonctures consécutives.

Le bon côté de ces années de crise, c’est que l’on pouvait rester jeune plus longtemps. Les conditions d’admission dans les rangs de la jeunesse s’assouplissaient sous le poids de la précarité généralisée. Bientôt tout ce qui n’était pas propriétaire, endetté, salarié en CDI était jeune. L'expérience mise à part, il y avait de plus en plus de similitudes entre jeunes payés au lance-pierre et retraités aux pensions de misère.

La jeune colère grondait sourde, inaudible par la France des dinosaures dominants et déterminés à rester positifs jusqu’aux dernières minutes avant l’explosion de leurs jardinets.

Dans ces années de gris, le jeune, trop brillant, était une menace pour l’état.

Exigeant, moins crédule, assoiffé de bon temps, pas pressé d’acheter, n’ambitionnant pas prioritairement une vie salariée… Pour toutes ces raisons, et comme rarement depuis des décennies, le jeune me redonnait confiance en l’avenir.


Ci-dessus : illustration tirée des "Révoltés de l'an 2000" (Quien puede matar a un nino ?) bijou provocateur de Narciso Ibanez Serrador qui vient enfin de sortir en DVD et qui n'est pas sans rapport avec mon billet. Car, il y est question de jeunes qui se révoltent à leur manière.

30 juillet 2008

CHACUN CHERCHE SA CLAQUE

par
J'étais bien décidé à ne pas allumer la télévision... Et patatras, je tombe sur un sujet propagandiste au 13 heures de "la première compagnie" au sujet du nouveau concept marketing pondu par un stagiaire fatigué de Séguéla : ""La maison au 15 euros".

Décodons : Il s'agit de vendre ce que l'on arrive pas à vendre depuis 6 mois à des gens à qui on ne voulait pas vendre il y a encore 2 mois.

Où comment le marché, ayant intégré la dégringolade à venir, s'apprête à plumer les derniers poulets avec la contribution active de l'état qui veut passer pour un bon samaritain.




Rappelons au gouvernement que les plus démunis ont besoin d'un toit et non d'un crédit.

28 juillet 2008

LA BELLE AMERICAINE

par
Le Sénat américain a voté Vendredi dernier un plan de sauvetage du secteur immobilier américain à l'intention, prétendue, des 8 500 familles qui tombent chaque jour sous le coup d'une saisie. Le président Bush devrait le valider dans la semaine.

On retiendra que ce week-end, John Mac Cain, depuis un supermarché Safeway (équivalent Lidl) de l'Ohio et Barack Obama depuis un salon cosy du Hyatt de Londres, s'y sont déclarés favorables.

Comment donc l'état américain va aider les endettés ? En leur proposant de contracter un emprunt supplémentaire : Un prêt fédéral à taux privilégié. Sorte de RMI mais remboursable et avec intérêts. Le gouvernement voit les choses en grand : 300 milliards de dollars d'enveloppe budgétaire. Les marchés applaudissent.

Le plan prévoit des mesures de relance de l'immobilier pour les primo-accédants. Ceux qui achètent leur maison entre avril 2008 et juillet 2009 peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt à hauteur de 7 500 dollars, remboursable sur 15 ans. Combattre la misère pas le risque de plus de misère. Je ne sais plus si c'est José Bové ou Bernard Tapie qui disait : "Plus on fauche, plus on récolte de blé". Anyway, promoteurs et banquiers retrouvent goût à la vie.

Le texte prévoit 4 milliards de dollars à destination des collectivités locales pour qu'elles réhabilitent les logements saisis et les zones pavillonnaires à l'abandon. A l'échelle de la catastrophe, autrement dit, rien.

Le texte annonce également un plan de sauvetage des deux géants du refinancement hypothécaire, Fannie Mae et Freddie Mac, menacés de banqueroute, entièrement sous perfusion du trésor public américain. Autrement dit : C'est juste énorme. Le citoyen finance les banques qui ont contribué à l'appauvrir. Comme disaient les Beatles débarquant aux Etats-unis en pleine guerre froide : « We're back in USSR » !

Sur une note positive (car on me reproche un certain pessimisme c'est mal me lire) : Concédons que les autorités américaines sont conscientes de la crise (« la plus grave qu'ait connu notre pays » selon Christopher Dodd, président des affaires bancaires au Sénat), et qu'au moins, elles agissent (spéciale dédicace à Lagarde et Châtel, nos Pipo et Molo locaux de l'apocalypse économique qui continuent à claironner que tout va bien, à tour de vidéos non-regardées sur Daily Motion ).

Après avoir heurté l'iceberg, les américains accélèrent le navire au risque d'en prendre un autre, tandis que Les Français continuent à chanter sur le pont que "les Icebergs ne tombent jamais 2 fois au même endroit".

Notons juste des techniques interventionnistes américaines de type communiste qu'on aimerait voir appliquer à toutes les époques et pas seulement aux classes moyennes "victimes" d'une trop grosse soif de consommation.

J'étais en 2003 au Michigan et en Ohio, il y avait déjà des villes fantômes et personne ne bougeait le petit doigt. L'heure était à la guerre contre la menace terroriste. Il a fallu attendre que la crise immobilière atteigne La Californie, La Floride et la population blanche des suburbs jadis garantis chics, bref que le capitalisme fou devienne lui-même une terreur pour que l'état s'active enfin.

Cette mesure d'urgence cache mal le manque d'imagination du politique (surtout à la veille d'échéances électorales). Aider les gens surendettés en les endettant encore plus, à part prolonger un peu plus la vie des suceurs organismes de crédit : Qui sera gagnant tous comptes faits ?

Extrapolons cette méthode au domaine des énergies renouvelables... Mac Cain et Obama, se sont unilatéralement déclarés ce week-end, en faveur du développement d'une alternative au pétrole (Mac Cain au "late show with Conan O'Brien" à même cité La France et ses 80% d'énergie atomique comme modèle, avant d'ajouter quelque chose comme « si les Français sont devenus pro-américains, on peut passer au tout nucléaire. Tout arrive »). Si le nouvel élu à la maison blanche réagit à la crise des carburants avec la même inventivité dont le président actuel fait preuve face à la crise immobilière américaine, on peut tabler sur un doublement des plates-formes pétrolières d'ici 5 ans.

Le cœur du problème reste l'incapacité de l'occident à s'imaginer hors de l'éternelle croissance, même lorsqu'il est pris en flagrant délit de Krach.

Cette loi prouve une chose : Le souhait du gouvernement américain que le pays retourne en arrière et s'en tienne à l'hystérie immobilière des années passées. Le politique se moque des contrecoups écologiques ou humains tant qu'ils n'atteignent pas un seuil critique (appauvrissement trop rapide de l'électorat middle-class).

Cette loi souligne également le rôle essentiel du crédit particulier dans une économie américaine virtuelle. Crédit particulier qui, en gros, ne génère rien si ce n'est du bien à usage privé (des pauvres maisons de piètre qualité, du gros 4X4 pour aller bosser et rembourser la maison).

Si La France est moins touchée par la crise immobilière - ce n'est pas moi mais Christine Lagarde qui le dit -, c'est précisément que la dette française est plus une affaire publique que privée. En échange de cette dette publique chaque citoyen bénéficie de services à couts réduits ou gratuits (routes, hôpitaux, crèche, sécurité sociale...). Services que l'on considère en France comme acquis et qui font cruellement défaut dans des pays de type Etats-Unis où, en période de retournement économique, le citoyen se retrouve littéralement sans rien.

Réfléchissons...Le gouvernement français fait de la réduction de la dette publique "sa priorité" (d'où la fermeture discrète cet été du centre de sécurité sociale de mon quartier) et de l'accession à la propriété pour tous les français une autre "priorité" (cf. Maisons à 15 euros par jour).

Vieux pays ou pas, les mêmes causes produiront les mêmes effets.

25 juillet 2008

LA DISPARITION DES POETES ENCERCLES

par
"Joie et allégresse, je me soumets au flux continu des accompagnateurs de promesses !
O ! objectivité des médias pressés, du palais lequel d'entre vous sera le favori ?
Presse, radio et télé, vous propagez pourris.
Ce matin vous m'appreniez que ce serait une belle journée,
Qu'il ferait bientôt beau pour nos restaurateurs,
Que le temps était déjà radié pour les chômeurs,
Et comble du bonheur,
Que maintenant le prix de l'essence baissait :
"moins quatre pour cent de plus quarante pour cent".
Joie et allégresse, Médias de France, je partage votre liesse.
Mocassins vernis du pouvoir, comme je vous comprends :
A la fin c'est toujours celui qui vous écoute qui l'a dans les fesses."

Ci-dessous : spécimen de raclure politique en vitesse de croisière, capturé dans son environnement privilégié, mais évaluant encore mal le danger de l'abus de promesses non respectées.
L'important dans la chute, ce n'est pas l'atterrissage mais l'image au JT.


24 juillet 2008

LA NAISSANCE D'UNE NATION ?

par
alternative (n.f.)
1.solution de remplacement.
2.situation où il n'y a que deux choix possibles. (ex :
la bourse ou la vie)

Expliquons-nous : Si je publie moins de billets et de vidéos cet été, c’est que je suis plongé jusqu'au cou dans l’écriture d’un nouveau livre. En bon monomaniaque, j’ai du mal à me concentrer sur autre chose. Il y a pourtant à dire sur une actualité politique au top de son infamie.

Ce que vous faîtes.

Permettez-moi donc de vous remercier pour vos marques de soutien et vos courriels déchaînés. Leur rythme a explosé depuis le début de l’été. Je suis, comment dire, rassuré par la causticité, la clairvoyance et la violence de ce pugilat anti-puissants en totale opposition avec la soumission pépère qui
catatonise la presse française du 15 juin au 1er septembre. Je cite, pèle-mêle, les gros titres de l’été :

«
Cœur Caraïbes pour Ingrid Betancourt », « Le Tour de France propre, cette fois c’est la bonne, si si on vous le dit », « Travaillez pour gagner plus, mais n’oubliez pas bébé dans la voiture », « Vacances en France, partez de chez vous dans un rayon de 4 kilomètres » .

Comme beaucoup d’entre vous, je sens l'onde sourde de rébellion qui se propage à travers le pays, l’autre pays, notre pays. Je suis convaincu que nous vivons sous l’apparente torpeur nationale, une période historique dont on reparlera ému dans quelques décennies.

Bien sur, tant que leurs rédactions ne sont pas en feu, aucun média n’en fera écho.

Pour certains cela passe par un retour au potager, pour d’autres il est question de squats et de nouveaux carburants, d’autres organisent des entraides locales, distribuent du purin d’ortie ou opèrent une veille sanitaire de l’internet.

Et de citer Danton qui au moment de monter à l’échafaud alors qu’on lui tendait une tasse de
Banania, avouait : « Quand même ça réchauffe ! »

C’est donc à nous lecteurs, blogeurs, travailleurs, chômeurs, résistants d’octets ou sur le terrain, de relayer "la flamme de la vie". Grandiloquent certes, mais ce n'est ni plus moins de cela dont il s'agit.

Les temps se gâtent, sûrement. La crise est devant nous, évidemment. Et pourtant, malgré les apparences, les sales lois discrètement passées l’été, l’atomisation en cours des libertés individuelles, le dynamitage de la liberté de la presse, le remodelage des institutions et la mise à sac du secteur public, rien n’est perdu, bien au contraire.

Et de paraphraser Steven Seagal dans «
Tatane Fighter IV » avant qu'il n'assomme son assaillant d’un fameux moulinet : « C’est quand il n’y a plus rien à perdre que tout se gagne ».

Ma conviction se renforce en vous lisant : Il faut jouer de la solidarité populaire pour développer non des alternatives - néologisme - mais une alternative regroupant tout ce qui n’émane pas de l’ordre des puissants, n’est pas sous sa gestion et dont il ne tire aucun bénéfice. Récupérer nos vies, récupérer nos familles, récupérer nos journées. Rendre le système obsolète, bouter hors-jeu ses codes en chassant nos addictions et nos automatismes, d’abord ceux nous reliant au travail salarié et à l’argent***.

Pas facile ? Commençons chacun à notre petite échelle par partager, juste partager. Le reste viendra.



* notons la recrudescence sur ce blog de calembours avariés et autres jeux de mots approximatifs, premiers signes extérieurs d'une déliquescence morale.

** Ne pas croire les écrivains dont le métier est d’être en promotion à la télévision : Ecrire un livre bouffe à la fois votre temps et votre moral. (d'où les calembours)

*** Pour ma part, avec 14 euros sur mon compte et à peu près autant d’heures salariées depuis le début de l’année, je fais preuve de bonne volonté.

VAL..., DE GRACE !

par
Philippe Val, poignant, en rajoute une couche dans le nouveau Charlie. Non Philippe, c'est normal, et plutôt rassurant, de retrouver des « bêtes et méchants » sur le net quand les hommes du président, eux, officient à Charlie Hebdo. Rédaction dans laquelle, c'est le buzz du bourreau qui te le dit, sont distribués gratis des abonnements Darty Box à vie.

Pour que Siné reste dans la maison, tapez et .

22 juillet 2008

JACK CASSE !

par
Parce qu'une image vaut mille mots et qu'il fait bien trop chaud pour disserter sur les errements de ce lèche-b. qui est à la gauche ce que notre président est à la démocratie.


19 juillet 2008

AU VERT ET CONTRE LUI

par
Fin de journée en bordure de foret. Depuis deux semaines, il n’avait croisé personne. Ne descendant plus au village, les vivres commençaient à manquer. Son chat s’inquiétait. L’ermite s’habituait fort bien à la seule mélopée des oiseaux aux heures orangées. Parfois, il guettait tapi derrière son clavier espérant qu’elle grimpe là-haut lui rendre visite.

ELLE
Ça avance ce bouquin ?

LUI
Je suis au bout du rouleau. Mon héros est un con. En plus j’ai plus de Pépitos.

ELLE
Essaye de finir sur un note un peu légère cette fois.

LUI
T’inquiètes. A la fin mon héros, il lui reste tellement pas de pouvoir d’achat pour recharger son revolver qu’il se tire une balle de ping-pong.

(Ci-dessous : Au seizième jour de captivité, illustration d'un écrivain insoumis simulant l'accalmie. Malgré l'exil et la torture du passé composé, il est revigoré par la réception continue de témoignages de soutien et de courriels anti-nabot. Le rythme et la virulence de ces derniers s'accroissant chaque jour, il retrouve confiance en la rebelle nature de son pays et anticipe de furieux lendemains.)


17 juillet 2008

PHILIPPE VAL ME DECOIT

par
Le directeur de Charlie Hebdo qui en appelait à liberté de la presse, et à Sarkozy, pour la défense du droit à caricaturer catholiques et musulmans vient de virer Siné pour antisémitisme.

16 juillet 2008

POUR QUI SONNE LE GLAS ?

par

9.2 % de hausse sur un an. Avec une telle inflation, la bataille américaine pour "le pouvoir d’achat", c’est dépassé.

Non, aux États-Unis désormais la grosse question, la "big issue", c'est "le pouvoir d’habiter".

Ce soir dans son célèbre talk-show sur CNN, Larry King reçoit Barbara de Santa Barbara (ça ne s'invente pas). En duplex californien, Barbara est la star de la soirée. Un nouveau people surgi de l'espace ? Non, une femme du peuple qui survit dans un monospace. Depuis son expropriation par la banque il y a deux mois, son mini-van est parqué dans un de ces bivouacs pour néo-indigents aménagés par les municipalités à leurs périphéries. A l'arrière du van, la sexagénaire enlace ses deux labradors tandis que Larry lui demande comment elle en est arrivée là :

- Je n'ai pas fait attention, je n'ai pas assez lu, je pensais que tout irait bien.

Souriante, la déshéritée de la middle-class comme il y en a des millions déclare que l’être humain est ainsi fait par Le divin qu’il peut s’habituer à tout. Elle passe bien à l’image et vend bien son baratin, ça devait être une commerciale.


Depuis deux mois, Barbara a rejoint les parking perdus de ces américains qui ne se pensaient pas si pauvres ou s’imaginaient moyennement riches, chassés de leurs maisons pour cause de banqueroute personnelle. On en compte 6 pour 1000 américains selon CNN.

Rivée à son gros véhicule, "thank god!" déjà remboursé, une main sur le bible l'autre sur ses baveux cerbères, l'américaine fidèle en un demain éternellement mieux patiente sereine que les temps changent.

- Ça va pour l'instant Larry, c'est l'été, il fait chaud.
Sur le plateau de Larry, 4 experts en économie et immobilier, les mêmes qui ont poussé Barbara à acheter six ans plus tôt, saluent son témoignage positif, la preuve d’un caractère constructif qui ne se laisse pas abattre, une "true american". L’une d’eux, presque humaine, lui donne des leçons de vie dans la plus pure tradition du "coaching" de téléréalité histoire que la pauvresse, quémandant désormais sa pitance à l’assistance sociale, vive plus dignement son quotidien.

Après la page de publicité, Les experts-Washington répondent à Larry que, "oui, le rebond sera plus long que prévu mais que tout rentrera dans l’ordre". Après le marché, on ne sait pas ce qu’il y a, vraisemblablement rien donc il faut le sauver coûte que coûte. Les anciens dévots du capitalisme à la dure et autres pyromanes de la spéculation immobilière saluent l’action de l’état qui, avec l’argent du contribuable*, va renflouer les caisses des banquiers spécialisés dans le crédit immobilier véreux, Freddie Mac et Fannie Mae. Ça s’appelle du communisme appliqué aux banques, j’en ai déjà parlé ici.
Après cinquante ans de propagande médiatique passée à terroriser des générations d’américains, de La chasse aux sorcières à Rocky IV , au sujet d'un communisme qui sonnerait la fin de l’american-way-of-life, l'Armaggeddon conjoint du marché et de l’idéologie bourgeoise, voilà qu'on explique aujourd'hui sur CNN comment le communisme (spécifiquement) appliqué aux banques va sauver l'économie.

Barbara attend l'hiver attachée à son pays, soudée à son histoire, à ses valeurs et à ses grands entrepreneurs : Rockefeller, Al Capone et Disney. Licenciée économique d’un poste qui lui laissait peu de temps pour elle, Barbara va désormais pouvoir lire. Gatsby Le Magnifique par exemple, un classique. Dans cette fable sur l’opulence des nantis rédigée dix ans avant la grande dépression, Francis Scott Fitzgerald gravait en prose la tendance du capitalisme à venir, gestion virtuelle en perpétuelle crise dans lequel le pays s’engouffrait pour, tôt ou tard, en sortir perdant. Le poète écrivait :

« There are no second acts in the american dream »

On ne lit pas assez les poètes. Sensibilisés aux effets plus qu’aux causes dont au fond ils se moquent bien, leurs analyses économiques sont souvent plus justes que celles des experts qui, eux, sont intéressés.

Et La France me direz-vous ? Tout va bien. Pour l’instant, le combat c’est encore "le pouvoir d’achat". Question immobilier, "nous devrions être moins touchés". C’est ma muse à moi, Christine Lagarde**, qui me l’a soufflé.


Deux conseils de poète pour la route :
- Oubliez la saison 4 de Lost (SPOILER : L’île va disparaître). L’action cet été c’est sur Bloomberg Tv que ça va se passer (SPOILER : les illusions vont s’évaporer)

- Pour conserver votre argent : favorisez votre poche plus que votre banquier.


* Ce type qu’on taxe du berceau à la pierre tombale, qu’entre temps on a fait trimer avant de le jeter à la rue sans soins ni armure.

** Ce ministre des finances qui, tous les 3 mois, use jusqu’à la corde toutes les ficelles du media-training pour annoncer au peuple, sourire crispé, qu’elle réévalue à la baisse la taux de croissance français.
Selon ses savantes corrections, ce chiffre devrait rejoindre celui quasi nul que je prévoyais il y a un an du fond marécageux de mon amateurisme de "déclinologue".

15 juillet 2008

L'AUTRE PAYS

par
Isolé dans ma brousse natale à plancher sur quelques écrits laborieux, je tente une mise à distance de l’actualité. Hier matin, en réponse aux échos de la fanfare villageoise et mu par l’élan patriotique que l’on me connaît, je m’arrêtais l’espace d’une solennelle pause télévisée sur la retransmission du défile parisien du 14 juillet.

Fidèle à sa nature, devant des militaires sur la réserve, le président goguenard y célébrait la république, assorti de stars du show-biz et de quelques dictateurs. A en croire La première compagnie et France Gueux, c’était merveilleux.

Dans la soirée, je tombai sur l’instructive vignette "no-comment" sur la chaine Euronews.

J’y redécouvrais, sous un autre angle sonore, un long plan du matin. La caméra devançait en travelling la voiture du président qui, remontant les Champs-Elysèes, saluait son jouet, son pays. Non tartiné de la confiture audio des médias français, le plan séquence livrait dans toute sa crudité la bande-son ambiante. Intrigué, je mis le volume du poste à fond. Malgré les fastueux arrangements du président et les éditoriaux du Figaro ce 14 juillet à Paris retrouvait un peu de son esprit. Jusque dans ma campagne hors du temps résonnaient distinctement les sifflets et les huées du public au passage du premier des Français.

Loin des euphémismes et des cire pompes de palais, cela devait être une autre histoire, un autre pays, La Réalité.

update : La vidéo ici
update 2 : Ici aussi, c'est pas mal

14 juillet 2008

RECADRAGE

par
Parce que nous nous étions déjà bien accrochés sur le sujet, le soir du 6 mai 2007 elle m’avait envoyé un texto vengeur :

Y triomphait un seul mot : « Dommage ! »

Bien sur, elle n’avait jamais voté mais c’était une inconditionnelle du nouveau président. Il avait du charisme, il avait tout compris. Un peu l’inverse d’elle. Si Caroline avait eu du courage ce soir-là elle aurait foncé à La Concorde mais bon, à 20h22, elle n'en avait déjà plus et y avait le coffret 2 de Grey’s Anatomy et un bol de tarama sur canapé à terminer.

Je ne la vis plus pendant un an.

Je la croisa récemment dans un fooding d’apprentis bourgeois. Caro la déprime se plaignait de trop travailler. Harassée, elle se rechargeait en RTT "bien méritée".
Sa tache salariée consistait à s’assurer de la bonne soumission d’un réseau de télé prospecteurs. On l’avait bombardé cadre : elle était fière mais ne comptait plus ses heures. Lentement mais sûrement, sur ordre d’une direction qui la traitait au bâton, elle virait les plus bas qu’elle dans la hiérarchie en redoutant, en cas de défaillance, d'avoir à rajouter son nom à la liste.


Comme d’habitude, nous nous engueulâmes à propos des 35 heures. Selon elle, la raison de tous les malheurs.

Je ne comptais pas sur Caroline pour défendre les acquis sociaux. Malgré sa paye nivelée au minimum syndical, elle prenait systématiquement le parti de la direction.

- Ce sont des feignants ! Faut supprimer les 35 heures. (Comprendre que cela devait concerner "les autres" ceux qui gagnaient moins qu’elle.)

Je lui répondais en substance qu'au fond cela me touchait peu. Par chance, je n’étais pas de ceux salariés dont les sondages indiquaient les uns après les autres qu’en plus de s’appauvrir, leur moral s’effritait comme jamais.

Lorsque j’appris la semaine passée, le réajustement par les députes UMP du « forfait jour » pour les cadres qui fera exploser le nombre d'heures pour cette catégorie professionnelle (qui en fait souvent déjà 48) et diminuera mathématiquement son pouvoir d’achat, j’eus envie de faire quelque chose que je ne fais jamais : Renvoyer à Caro, dent pour dent, mot pour mot, son texto d’il y a un an.

Et puis non. Une voix intérieure, Sainte Glande peut-être, me souffla : Pardonne leur car ils ne savent pas toujours ce qu’ils font. Pardonne leur car, malgré ce qu’ils croient encore, ils ne seront pas les derniers à payer leurs erreurs.

Pour la version rurale tapez ici.

13 juillet 2008

'TITE SAUTERIE CHEZ LES SARKO-BRUNI

par
La routine. Rachida est tombée dans la sangria. Bernard Laporte, s'il veut pécho, doit se montrer plus offensif.


Source McCabinet

12 juillet 2008

LA MULTIPLICATION DES PAINS

par
En ce jour béni d'anniversaire de coupe du Monde française, Ingrid Betancourt se recueille à Lourdes. Oui mes frères, encore un miracle médiatique ! L'enterrement discret des 35 heures par les députés aura été survolé par les journaux télévisés.

CHASSE A LA SORCIERE (must be the season of the witch)

par
Intéressons-nous toujours à l’inintéressant, là où dort l'essentiel.

Le récent lynchage médiatico-politique de Ségolène Royal va réussir à me faire aimer cette femme.
Constatons que le gouvernement, la droite dans son ensemble, son organe de presse propagandiste et les "roboches" affiliés se sont déchainés sur une Ségolène Royal presque oubliée.

Un pallier de la haine fut franchi cette semaine. Le Figaro, palme de l'indignation, titrait, de mémoire samedi dernier, quelque chose comme "l’ignoble attaque de Ségolène Royal sur Nicolas Sarkozy". Après le gonflage à outrance des propos de l’ex-candidate à la présidentielle au sujet de la récupération politique* par Nicolas Sarkozy de la libération d’Ingrid Betancourt, les snipers à costards Kiabi de L’UMP se lâchèrent. Après tout youpi, c’est l’été :

Frédéric Lefèvre : « Tenter de rompre l'unité nationale qui se fait autour de la libération d'Ingrid Betancourt, est tout simplement pitoyable. » > Où ça une émotion ? J’ai l’impression que la saison 2 de « Secret Story » suscite plus de passion.

Hervé Morin parla d’indécence, Luc Châtel** de « Bourtitude » > Non mais franchement les gars, vous vous êtes regardés ?

Mention hors-sujet à Claude Géuant :« Elle devrait assumer que Nicolas Sarkozy est président de la République. » > Quel rapport ? N’est-ce pas à la droite d’assumer qu’elle n’est plus candidate ?

Quelques jours après, Ségolène Royal évoquant la mise à sac de son appartement met nébuleusement en cause « Le clan Sarkozy », nommant à la télévision du plus vieux nombre ce qu’Internet dénonce entre gens bien énervés. Rebelote, le tout chapeauté par le premier ministre qui conclu brillamment sa saison politique par un : « Elle perd le contrôle d’elle-même ».

La où entre l'apparition de Sainte-Betancourt et la grande transhumance Bison futesque, sa petite agitation serait passée inaperçue, à cause du courroux des nervis de l’UMP qui accusent Ségolène de mythomanie, l’impression se propagera, indicible, qu’il n’y a pas de fumée sans feu. La Royale en sortira grandie. Elle est la première de cette stature, depuis François Bayrou (RIP), a évoquer en place publique la nature et les méthodes des Neuilly-boys à la tête du pays, un inquiétant mix entre Mickey Parade, Scarface et La bande du drugstore.

Au-delà de l’anecdote et du fait que tout ce boudin nerveux contribua à minimiser le traitement médiatique de la mise en kit simultanée des 35 heures***, la mentalité de droite est résumée dans la virulence de cet acharnement. Violence verbale contre-productive surtout lorsque son propre poulain s’enfonce dans la vase, que l’on osera bientôt plus sonder, du dégoût français.

Constatable à une tablée standard de CSP+, lors de la poire de fin de banquet, dès lors que l’on évoque le nom de l’ex-candidate, cette haine des gens de droite pour les représentants de la gauche même quand la gauche n’est pas au pouvoir, qu’elle ne risque pas de l’être avant un moment, quand elle est au plus bas dans les sondages et qu’elle n’est même pas de gauche, m’a toujours effrayé. Au fond, la "vista" de droite est condensable en un slogan :

Tout doit disparaître !

Être violemment « anti-Sarko » quand celui-ci concentre tous les pouvoir entre ses mains, ça s'appelle de l’opposition, au mieux de la résistance, en tous les cas la preuve d’un semblant de conscience. Etre violemment « anti-Ségo » quand on est de droite et que son « clan » dispose de tous les pouvoirs exécutifs et législatifs d’un pays, de la connivence des sphères économiques et audiovisuelles pour ne pas dire plus, c’est au minimum de la connerie au pire, un aller simple vers la dictature.

* récupération au final plus émotionnelle que politique. Quand, à court d’arguments, l’homme politique se révèle impuissant, il exhorte les gens à prier.

** Un ministre qui sait faire ses courses.

*** ce dont Ségolène, invitée sur le plateau de France 2 deux heures après le vote de la loi par les députés, n'a pas parlé non plus.

10 juillet 2008

EXPLICIT LYRICS

par
Dans la rubrique « S’ils finissent empalés sur les grilles de L’Elysée en flammes, faudra pas venir gueuler ! » voici une petite interview de Serge Dassault donnée sur I-télé.

Serge Dassault est un de ces fils de milliardaire devenu gâteux. Si rappelez-vous, il traitait la semaine dernière les chômeurs de "parasites" alors que l'unique client du business de son papa est l’état. Le genre de dinosaures repus de thunes qui avec la consécration de leurs poulains sortent du bois pour mieux vous piétiner. Aujourd’hui, le vieux Dassault Junior nous donne un cours de bonne conduite en milieu libéral.

C'est simple, point par point, je pense exactement l'inverse. Document à conserver comme table de lois qu'il convient de combattre si l'on veut rester un individu.


Et dire qu’on dit parfois que mes critiques de la société sont violentes. Je suis un nain à côté de Monsieur Dassault. Merci à Arnaud pour cet envoi vraiment très instructif.

UN ROMAN FRANCAIS

par
Entres ici Patoche d'Arvor ! Tu gagnais en un mois ce que la majeure partie d'entre nous gagne en trois ans. Pendant 21 ans, tu as bercé un pays de ta voix imbibée de naphtaline. Grand adoucisseur qui ne peluchait jamais, ce soir sur "la première compagnie", ce sera ta dernière à la tête du 20 heures.

Et moi comme d'habitude, je ne te regarderai pas. Ah ça non, plutôt me taper un Steven Seagal sur RTL 9 !

MANGEZ DU PANDA !

par
Quand l'actualité, rarement de bonne humeur, m'offre une petite recette de mondialisation sympa, je ne la garde pas pour moi :

Aujourd'hui, je vous propose : le blockbuster d'animation (plat pour 6 milliards)
Ingrédients : quelques dizaines de millions de dollars, du pragmatisme, s'entourer de jeunes talents de l'animation, payables au minimum syndical, si possible de pays différents.

Recette :
Débutez avant toute chose par une massive campagne de promotion mondiale pour tapisser le cortex des plus jeunes.

Oubliez le film, concevez d'abord licences et peluches.

Puis, faites un film en images synthétiques. Débarrassez vous de toute trace d'individualité ou de tout risque d'onéreuse dépendance contractuelle avec des acteurs humains.

Pensez tout de même un peu cinema :

Choisissez le sujet le plus indolore et surtout le plus consensuel. Cela peut éventuellement faire passer votre entreprise pour un mécène, ou mieux comme "soucieuse de l'environnement" (C'est comme le mécène mais sans avoir à donner de l'argent.)

Imprégnez votre récit de valeurs humanistes pour le rendre inattaquable.

Surtout, ne pas oublier d'intégrer à la pâte deux ou trois gags un peu chiadés (basés sur la culture populaire très récente ou contemporaine) histoire de faire croire aux parents qu'ils auront bien fait de céder aux enfants et ainsi provoquer un surplus de bouche à oreille au sein d'une nouvelle strate de consommateurs traditionnellement hermétique à ce type de films.

Produisez-le pour la planète entière mais adoucissez-le aux oreilles locales avec un doublage-son par les notoriétés du coin. (Pas trop connues les notoriétés, ça entraînerait des frais. Optez pour des animateurs radios, des acteurs de second rôles ou, mieux, des candidats de la télé réalité. Doublez leurs cachets habituels, c'est pas grand chose pour vous, c'est énorme pour eux. De plus, vous vous assurerez leur totale dévotion lors de la phase d'exposition médiatique)

Passez en phase d'exposition médiatique.
Propagez l'idée au travers de press-kit (que vous avez préalablement distribuer gracieusement aux télés peu regardantes) que cette aventure vous a pris trois ans. Versez copieusement de longs "making-of" révérencieux tournés dans les studios californiens mais pour la manufacture, privilégiez la sous-traitance intensive en Asie.

Imprimez l'imaginaire féerique des petits et des grands : Faites un photo-call au Festival de Cannes réunissant les nouvelles voix de chaque pays posant l'une après l'autre autour d'un panda factice. Dans la réalité, Le Panda, star éponyme du film, cachera sous son costume un intermittent anonyme et sous-payé.

Pour réduire les coûts de promotion, la piraterie et accélérer le retour sur investissement : Sortez simultanément votre film dans tous les pays.

Servez-vous de votre force de frappe et de celle de vos amis :
Distribuez-le massivement en étouffant la concurrence, surtout la locale.

Médiatisez encore un coup juste avant la sortie, à base d'affiches, pour réveiller l'attention des plus jeunes et de leurs parents qui à ce stade-ci des vacances ne devraient montrer aucun signe de résistance.

Faites-en événement unique, encore mieux que la dernière fois, un truc inédit à ne pas rater.

Recommencez la même chose 2 à 3 fois par an.

9 juillet 2008

CHOC DES MONDES (III) : MA SOIREE CHEZ M6

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Au préalable, ayons une pensée pour nos amis "cadres", surtout ceux qui ont voté pour l'UMP en 2007 et qui, entre une prière pour Ingrid et une alerte à la mozarella contaminée, viennent de se faire sucrer par leurs charmants députés 17 jours de RTT.

Mais là n'est pas mon sujet. Quoi que au fond... si.

Revenons sur un récent épisode nocturne. Comme disait Bud Spencer à Terence Hill lors de leur gloire cinématographique : "Quand faut y aller faut y aller !". Samedi soir, j’ai pris sur moi malgré une grosse fatigue et une humeur de chien pour conduire ma moitié à l’annuelle festivité d’un ancien couple d’homos parisiens, anciens collègues de travail, émigrés financiers en lointaine banlieue dans ce genre de lotissements qui, il y a encore trois ans, leur faisait horreur. James et Michel sont fièrement installés dans un petit bourg coincé entre deux anonymes villes dortoirs de la lointaine banlieue sud.

Le coin est loin d’être le trou perdu qu’ils auraient pu craindre. Pour les mêmes raisons spéculatives propres à Paris, le couple de trentenaires a retrouvé ici plein de gens comme lui, ambitionnant la possession foncière mais n’ayant pas les bourses de la faire en ville.

A l'écart du centre ancien et des commerces, les petits conglomérats de lotissements accolés les uns aux autres ont poussé au milieu des champs. Y règne la promiscuité des habitations qui jouent à touche touche autour d’une voirie étriquée où s’entassent jusqu’à l’impossibilité de circuler les voitures des primos accédants. En compter minimum deux par habitations, généralement il s'agit de grosses cylindrées ou de 4X4 encore plus ridiculement à l’étroit ici qu’à Paris.

Malgré la surpopulation des zones pavillonnaires, il reste tout autour des paquetages isolés de maisons serrées des champs à perte de vue qui ne demandent qu’à être ravagés. A n’en point douter, ces régions déjà bien fournies en salariés enclavés, mais somme tout encore majoritairement en friche, ne sont qu’au début de leurs grands embouteillages.

C’est dans une de ces habitations clonées au fond d’une impasse tournant le dos au champ et avec vue sur mur, que la fête tambourine depuis deux heures son tam-tam tantôt "eighties" tantôt "nineties". J'y suis, dubitatif, allongé dans un transat dessiné par Valérie Damido avec mon assiette de chips. Laquelle de ces deux décennies de la déca-dance* fut musicalement la pire ? Comme dirait M.Emmet Brown, "c’est le genre de question paradoxale qui peut mettre en danger le continuum espace-temps".

Le flyer annonçait une assemblée bigarrée faite d’amis homos, de potes hétéros en couples ou célibataires et de quelques voisins. Les homos je commence à cerner, les célibataires y en a plein les bistrots de mon quartier mais ces voisins des champs, branchés et trentenaires respectant à la lettre les codes télévisés des magazines d’M6 de type "Parce que le bonheur est dans le prêt, j’achète ma maison les yeux fermés pour le décorer presque parfaitement et la revendre à ma nanny avant de finir aigri parce que je n ai plus de pouvoir d’achat pour faire le plein de mes deux 4X4", ceux-là, je piaffais d’impatience de les rencontrer en chair, en os et en baskets de marque.

L’aréopage était composé de quelques homos bien gentillets de deux lesbiennes accompagnées de Bifteck, un petit chiwawa si bien élevé que j’en concluais sans vraiment les connaître que ses maîtresses devaient être des filles biens, et de plusieurs jeunes couples de voisins ouvertement hystériques qui prétendaient à l’ivresse avec leurs succédanés de boissons énergisantes.

D’ivresse il y en eut peu d’autre que celle tolérée par les normes de la bienséance télévisée. Les amis parlaient de choses communes et qui sonnaient obscures. Ils riaient simultanément mus par des déclencheurs si indolores que je ne les percevais pas. Le moment et le lieu réunissaient en un théâtre de banalités tous les préceptes de ces émissions de coaching existentiel :

- La caution esthétique « homos » pour la touche « edgy » dans une soirée à dominante hétéro.

- Le copier-coller vestimentaire - je comptais huit paires de Converse blanches similaires chez les hommes et des hauts à fleurs identiques sur trois des huit filles présentes -. Vous savez ce que c'est : Quand on aime pas, on compte.

- La décoration soignée de l’endroit qui était l’écrin parfait à tout ce conformisme pixelisé.

J'y dénombrais pèle-mêle : Sur la terrasse à pelouse synthétique, des puits de lumières mauves et retro-éclairés qui humanisaient le béton beige, un balisage des volumes à la mini bougie aromatisée, un massif canapé gris occupant les deux tiers d’un salon blanc cassé et vert pomme, peu de meubles mais beaucoup de gadgets hi-tech, un cadre électronique où se surimposent les photos du bonheur conjugal de nos hôtes homos, une déserte en coffrage de papier mâché, un crêpage de mur aspect « rustique », un écran plat surdimensionné avec son home cinéma surpuissant qui fait juste mal aux oreilles, l’ambiance prairie dans les chiottes et une salle de bain tout de grands carrelages transparents.

Pour la touche finale, entre un « Têtu, spécial transgression » et le catalogue printemps-été « Leroy Merlin » régnait bien en évidence sur les rayonnages de la bibliothèque le dernier Marc Levy**.

A son propos, à un moment une fille s'écria :
- Tu l'as lu ?

L'autre répondit.
- Oui, c'était génial !

Dans notre période sans couilles qui plébiscite en boucle le copier coller et l’éternel retour en arrière, je me demande souvent avec désarroi que pourra t-il rester esthétiquement parlant de nos années zéro ? Quel esthétisme généra de la nostalgie d’ici vingt ans comme le font aujourd’hui les films des années soixante-dix, surtout ceux de science-fiction qui voulaient faire moderne en esthétisant à l’outrance et qui pour cette raison précise feront désespérément « ancien » ?*** Avouons-le, dans vingt ans, à la vue des décorations en décalcomanies ou à l’évocation des bougies parfumées à la vanille qui embaumaient leurs salons éclairés par des lampes à variation de couleurs tamisées, mes amis d’un soir diront des trémolos dans la voix : « Ah tu te souviens, c’était les années M6 ».

Totale et arrosée de musique ambiancée, les émissions d’M6 leur dictent sur un ton sympa les comportements à adopter en société. Elles les habillent de la tête au pied. Elles les conseillent sur tout, de la façon d’éduquer leurs enfants à la teinte à donner à leur cuisine jusqu’au nombre de rapports sexuels à avoir par semaine.

Soudain, la machine à fumée se mit en branle, les danseurs à Converse exultèrent en hurlant sur du Martin Solveig. Allongé au bord du précipice aux clichés, au delà du cliché que j’aurais pu clicheter, en les regardant s’évertuer à être joyeux parce que c’est Samedi, j’imaginais que, comme TF1 fut la chaîne d’une génération qui lentement périclitait avec sa chaîne, M6 serait à jamais la chaîne de ma génération : Toutes deux montaient pour régner. Dans vingt ans, ma génération se passera en boucle avec nostalgie les émissions avilissantes qui auront fait d’elle la pathétique larve acculturée et vraisemblablement fauchée qu’elle sera devenue.

Sur ce, je suis allé les rejoindre dans le brouillard parfumé. Enfin de la vraie musique : C'était Patrick Hernandez qui hurlait Born to be Alive !

* Merci à anonyme, il se reconnaitra.

** On a trop tiré sur Marc Lévy. Son succès planétaire est porteur d’un message d’espoir pour tous les écrivains oubliés, même ceux ayant perdu l’usage de leurs mains. On peut écrire avec les fesses.


*** Il y aurait moult exemples de ces visions futuristes qui ne réussissent pas à dépasser le fardeau esthétique de leur époque, le plus ironique est peut-être celle d’entre elles considérée comme un chef d’œuvre : "A clockwork orange" de Stanley Kubrick 1971

8 juillet 2008

L'EMPIRE DU FAUTEUIL ROULANT

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J'adore les publications des mairies UMP dans les régions à forte dominance gériatrique. Dans un monde en pleine mutation où les cartes économiques se redistribuent, elles en disent long sur les chemins socio-professionnel et idéologique que prend la France.

Voici un article tiré du bulletin local d'une commune plutôt cossue des Yvelines qui a voté à droite entre 66 et 84% lors des 10 dernières consultations électorales.

Il est informatif quant à la situation du monde du travail présente et à venir rapportée aux prévisions démographies françaises pour les trente prochaines années.

Il est intitulé « Opération Yvelines etudiants-seniors » et voici ci-joint le reprise du texte avec, entre parenthèses la version décodée pour les moins de 22 ans :

Au préalable notons la photo d'illustration d'un couple de deux "seniors" souriants au demeurant pas si âgés (moins de 70 ans à la louche) qui partagent un sourire lubrique autour d'une jeune et charmante étudiante, naïve et tout aussi souriante.

L'article est sous-titré : "Quand des jeunes se mettent au service des Seniors durant l'été » (notez ici que "jeunes" s'écrit en minuscules et "Seniors" avec une majuscule)

"Pour la 5eme année consécutive (remember 2003) le conseil général des Yvelines reconduit l'opération « Yvelines Etudiants Seniors », pour lutter pendant les vacances contre l'isolement des personnes âgées à leur domicile, en favorisant des rencontres entre génération. "
(Lisez : Quinquas blasés partez tranquilles. Pendant que vous vous dorerez la pilule en Californie parce que le dollar est bas, vos enfants fauchés s'occuperont de vos parents sans blé)

"Concrètement, le principe est simple : il s'agit d'être ensemble, étudiants et séniors, de parler, de partager, de se promener, de faire des courses, de jouer aux cartes... Certaines de ses rencontres, véritables moments de convivialité, donnent parfois lieu à de nouvelles relations intergénérations."
(Lisez : Jeunes, vous passerez vos vacances à veiller du vieux parce que l'assistance personnalisée ça coûte trop cher. Ah oui, parce qu'à propos c'est payé à l'euro symbolique. Alors soyez gentils avec les vieux si vous voulez qu'ils vous lâchent un petit pourliche)

Vient le paragraphe qui assaisonne définitivement l'article :

"INFORMATIONS PRATIQUES

Etudiants : Réservé à des étudiants yvelinois, bacheliers, majeurs, ayant le permis de conduire et qui poursuivent des études supérieures (Rien que ça ? Moi j'aurais exigé en plus 2 mois de caution et un Prix Nobel en physique Quantique).

Ils seront sous la responsabilité de professionnels de l'action sociale (Question bête : S'il y a des professionnels de l'action sociale, pourquoi n'exécutent-ils pas leur job de professionnel de l'action sociale à un salaire de professionnel de l'action sociale ?).

Pour les étudiants intéressés par ce « job d'éte », il leur suffit d'adresser une candidature (CV et lettre de motivation) par mail."

"Seniors : Pour les personnes âgées, ce service est gratuit. (C'est plus simple)

Attention, ne me prenez pas systématiquement pour un méchant sans cœur qui piétine de toute sa haine le lien des générations. Le principe de tout cela me semble juste bien que j'espère développer de mon vivant social des relations de qualité avec mes proches qui m'éviteraient d'avoir à recourir un jour à ce type de veille sanitaire.

Ce sont les modalités d'application qui m'interpellent. Sur un lit d'exploitation sociale, je ne vois ici que les conséquences "sparadraptiques" d'un soucis de bonne conscience nationale 5 ans après les 15.000 morts de la funeste canicule qui, il faut le souligner, furent majoritairement abandonnés par les seuls grands bénéficiaires de cette nouvelle opération : Leurs proches qui cette année encore les abandonneront.

Quant aux jeunes français, ils ont ici l'exemple parfait de la façon dont ils sont considérés par leurs aînés : Des cons .

La bonne conscience s'achète mais l'humanité ne se commande pas.

Une bonne nouvelle toutefois, avec 22 millions de "Seniors" attendus d'ici 2040 (dont avec de la chance je ferais partie), on sait enfin quel secteur dynamique va booster La France pour le demi-siècle à venir.

Vous êtes jeunes ? Un seul conseil : dépêchez-vous d'être vieux.

7 juillet 2008

LA VIE EST DINGUE COMME UNE COMEDIE COLOMBIENNE

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Qui a dit que la vie était sans surprise ?

Honnêtement qui d’entre vous aurait pu imaginer il y a une semaine de cela qu’après sept années de captivité dans la jungle, Ingrid Betancourt échangerait des petits fours le vendredi suivant dans un salon de l’Élysée avec Chevalier et Laspalés ?

Pire, qui d’entre moi aurait pu imaginer que le surlendemain au coin de ma rue, ma baguette aux trois céréales sous le bras, je la croiserai, en chair frêle et en os craquants, main dans la main avec un ancien premier ministre, les deux entourés d’une nuée de paparazzis ?
La vie est vraiment trop dingue. Après tout Les français ont raison, vaut mieux dormir.

5 juillet 2008

PETIT ROBERT

par
Il avait beau avoir soixante dix ans, il déballait comme un enfant les paquets que le postier lui livrait quotidiennement. Ca trompait l’ennui de sa retraite. Ce matin, il piaffait. Il arrachait l’emballage de son troisième GPS acheté par correspondance ce mois-ci. Il voulait voir si la v3 était différente de la v2.

- Ah bah non c’est les mêmes... Se dépitait-il au final d’un soupir accablé une fois le paquet éventré.

Déjà le jouet ne l’amusait plus.

Au même instant, sur la station de radio périphérique à publicités pour femmes ménopausées, résonnait encore un énième débat entre experts autorisés minimisant, qui la récession, qui le cataclysme boursier en préparation, qui la baisse de l’immobilier. Un notaire joyeux et quand même gonflé conclu : « - c’est le moment d’acheter son appartement, surtout si on jeune ».

Publicités, débat, humour gras : A la maison des darons, les postes de radio hurlaient sur cette station en permanence dans plusieurs pièces à la fois, du soir au matin parce qu’ici plus personne n’entendais rien. La station de radio chérie avait sa vision du monde, rassurante : ceux qui avaient, auraient toujours.

Tout de même, un économiste un peu culotté fit part de ses craintes. "- Il y 'a un vrai risque de paupérisation durable pour les classes moyennes de France"

Le père, le paquet cadeau à la main, au milieu de ses emballages de papier se tourna vers son épouse, préposée depuis un demi siècle au lavage des pommes de terre. Il la regarda les yeux ronds, il venait d’entendre à "sa" radio quelque mystérieuse expression :


LE PÈRE
  Çaveut dire quoi "paupérisation" ?

4 juillet 2008

MOI AUSSI J'AI DES REFLEXES DE GAUCHE EPIDERMIQUES

par
Attention ceci est un billet écrit sous le coup de l'émotion en temps-réel lors des premières minutes de l'arrivée d'Ingrid Betancourt en France après six ans de captivité...

Il y a des sujets comme ça ou vraiment le contre discours n'est pas toléré.

De la caissière exploitée de ma supérette préférée au bon chef de bistrot tendance facho de mon village d'enfance, face à la libération d'Ingrid y a pas répliquer : « C'est merveilleux ce qui arrive. »

Ouais...

Qu'est-ce que ces dernières quarante huit heures m'ont appris ?

Que les hommes politiques sont irrécupérables : ils récupèrent.

Qu'Ingrid Betancourt est avant tout un homme politique.

Qu'Ingrid Betancourt ne présente pas son passeport quand elle arrive dans un pays et ça c'est quand même c'est honteux ! Mais que font les services d'immigration, moi j'y ai passé une heure la dernière fois !

Que le live soporifique toutes chaînes confondues de l'arrivée d'Ingrid Bétancourt cache un des informations du jour : la chute des cours à la bourse, prélude à un été catastrophique tous secteurs économiques confondus. On peut toujours espérer que des comités de soutiens se forment pour vous payer à manger. "Il faut garder espoir" parait que c'est la phrase du jour.

Que plus que jamais la religion, qu'elle soit religieuse ou people, reste l'opium du peuple, le contre feux idéal aux périodes de crise.
* à l'heure où j'écris (16h55), en attendant Ingrid dans la cour de Elysée Jacques Séguela cite Jean-Paul II.

"Entrez dans l'aspect-rance !"

NES UN 4 JUILLET

par
Aujourd'hui c'est fête nationale dans le nouveau monde.

Revenons sur les belles histoires de "réussite des pays étrangers" qui émerveillent ceux, en bonne santé, qui restent chez eux à regarder la télé.



Un petit exemple de ce qui vous attend :


envoyé par kamini-le-ouf
"Les images, filmées par une caméra de surveillance dans un hôpital de New York le 19 juin 2008, sont implacables.

Une patiente frappée par un infarctus tombe de sa chaise dans la salle d'attente des urgences psychiatriques de l'hôpital Kings County.

Un bref instant à quatre pattes, elle finit étendue à plat ventre sur le sol.

Pendant une heure, l'oeil de la caméra sera le seul qui regardera le corps de cette pauvre femme de 49 ans désormais morte.
Une heure durant laquelle ni un patient, ni le gardien, ni même un docteur qui passait par là, ni un quelconque membre du personnel médical aura remarqué quoique ce soit."

FETE NATIONALE : QUELQUES RESERVES

par
Hier place de l’hôtel de ville, J’ai vu une icône devenir un people.



Je sais pas vous, mais je sens que l’on va en bouffer du "bonheur de la liberté de la femme courage".

N'accablons pas notre président : au moins pour une fois, il n’y est pour rien. A quelques jours près, il aurait même du arrêter précipitamment son pèlerinage annuel chez Mickey.

Quelle joie de voir les rédactions parisiennes paniquer ! Tout de même, quelle idée de se faire libérer de sa détention au tout début des grandes vacances des journalistes !

Surtout, Qu'Indrig ne fasse oublier Edvige, la nouvelle création française votée dans la bonne humeur par une assemblée débonnaire : Le ficher d'identification des mineurs SUCCEPTIBLES de troubler l'ordre public ! Liberté chérie, j'écris ton nom en prime-time dans le journal TV !

1 juillet 2008

QUAND MONSIEUR N. JOUE A DOMICILE

par
Merci à nos amis de France 3 pour cette perle qui parle d'elle-même.

Banalités échangées entre un petit empereur retenu face à un parterre de journalistes globalement acquis : On la veut dans le bêtisier de fin d'année.

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